A. Les prescrits légaux et la réalité
observée : un contraste amer.
Pour l'UNICEF, on ne peut évoquer la
problématique de l'éducation en RDC sans parler de 30.000 enfants
soldats émanant de deux guerres, des 15.OOO enfants des rues qui
représentent de véritables « bombes sociales à
retardement » et provoquent l'insécurité dans les villes,
des dizaines de milliers d'orphelins et d'enfants sans parents biologiques
« confiés » à une famille. Cette institution estime que
3,1 % des enfants de 0 à 14 ans sont des orphelins et 9 % des enfants
« confiés ». Il faut ajouter à ce panorama les nombreux
enfants, en majorité des filles, qui sont contraintes pour des raisons
économiques de manquer l'école pour remplir des travaux divers
pour le compte de leur famille.80
Réinsérer ces enfants dans l'école est un
défi aussi fondamental que périlleux. Toutefois, des initiatives
existent, mais leur ampleur est limitée. Les affaires sociales et
l'UNICEF ont mis sur pied un programme de trois ans pour permettre aux enfants
des rues de rattraper leur retard dans les six années du primaire, mais
l'expérience qui est concluante n'a pas été
développée par l'Etat congolais. Ces modules ont pour but de
redonner confiance à ces
80 UNICEF, « Rapport MICS2 », cité
par le CWBCI, in Les Objectifs du millénaire et l'éducation
en Afrique, CWBCI, 2006, p. 54
enfants qui, ayant abandonné leur habit militaire, se
sentent faibles et perdent confiance en eux. Plus graves encore sont les cas
des filles qui ont suivi des soldats adultes et qui leur ont servi d'esclaves
sexuelles. Ces filles, qui ont parfois à peine 12 à 13 ans, sont
rejetées par la communauté.
B. Le retard enregistré par la RDC dans la
réalisation du deuxième OMD.
Face à ce constat malheureux, la RDC a
enregistré une baisse dans la plupart des indicateurs et n'atteindra
à ce rythme jamais le deuxième OMD à
l'échéance, estime le CWBCI.81 Près d'un enfant
sur d'eux n'a toujours pas accès à l'école primaire
à l'âge légal,82 le taux
d'alphabétisation stagne autour des deux tiers et les disparités
entre les sexes demeurent, sauf en primaire de Kinshasa. Par ailleurs,
seulement trois élèves sur dix achèvent le cycle complet
du primaire.83
Etant entendu que l'obligation première de la
réalisation des droits proclamés dans le PIDESC incombe d'avance
aux Etats, bien entendu en tenant compte des ressources disponibles, et que la
Déclaration du millénaire a apporté des engagements
nouveaux dans le chef des Organisations de l'ONU engagées dans la
protection des droits de l'enfant, vérifions à présent,
dans un deuxième chapitre, les points saillants sur l'effectivité
du droit de l'enfant à l'éducation en RDC.
81 CWBCI, Les Objectifs du millénaire et
l'éducation en Afrique, CWBCI, 2006, p. 32
82 Il est prévu à l'al. 1er
de l'art. 21 de la Loi-cadre que :« Ne sont admis en première
année du cycle primaire que les enfants ayant atteint l'age de six ans
révolus au plus tard trois mois après la date fixée par la
rentrée scolaire.
83 CWBCI, op.cit., p. 32
(c)
mutajustin@yahoo.fr
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CHAP. II. L`EFFECTIVITE DU DROIT DE L'ENFANT A
L'EDUCATION PRIMAIRE EN RDC.
Parler de l'effectivité du droit de l'enfant à
l'éducation primaire en RDC nous amène à aborder,
d'entrée de jeu, l'évolution du système éducatif et
socio-politique de la RDC (section 1ère), avant de
procéder à une analyse contextuelle de la question (section
2ème) et atterrir sur l'état d'avancement de la RDC
par rapport aux OMD (section 3ème).
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