L'être en devenir, considérations aristotéliciennes sur le devenir( Télécharger le fichier original )par Martin MBENDE Grand séminaire philosophat Paul VI Bafoussam, Cameroun - Graduat de philosophie 2008 |
ConclusionEn somme, notre préoccupation tout au long de cette réflexion a consisté à mettre en lumière quelques unes des critiques formulées par Aristote à l'endroit de ces principaux devanciers sur l'examen du problème du devenir. Si le devenir apparaît à tout égard comme le propre des êtres naturels, il n'est ni un flux universel, ni continu comme l'avait pensé le philosophe d'Ephèse Héraclite. Et si pour les éléates l'Un est immobile et l'attribution impossible pour les mégariques, « c'est parce qu'ils n'ont pas distingué les significations (de l'Etre) qu'ils se sont égarés. »70(*) Ceux-ci en effet, n'avaient pas compris que si l'Etre ne peut provenir du non-Etre en soi, il peut tout de même provenir de cette sorte de non-Etre qu'est l'accident. Nous sommes donc de l'avis de François Châtelet qui résumant les approches héraclitéennes et parménidiennes du devenir affirme : « Dans le premier cas, ce qui manque, c'est un point fixe, un sujet premier, c'est-à-dire, l'essence ou la substance, l'être qui est chaque être en lui-même, l'ousia exclusive de toute autre en sa consistance propre, mais susceptible de recevoir des attributs distincts d'elle. Dans le second cas, l'ousia tient toute la place et ce qui manque c'est la reconnaissance des attributs comme d'une certaine sorte de réalité distincte de celle des essences. On avait successivement, dans la confusion de l'essence avec ses attributs, fait s'évanouir l'essence, dans la réduction des attributs à des essences, supprimé tout attribut. La racine commune de cette double erreur est une extension illégitime de la notion de contradiction, elle -même permise par des conceptions trop simples de l'être. »71(*) Quant aux Idées, leur immuabilité suffit à réfuter leur causalité. En plus de cela, la faiblesse de l'approche platonicienne du devenir tient en ce qu'il ne rend pas suffisamment explicite le comment du passage de l'Etre au non-Etre, de l'Un au Multiple, du sensible à l'Idée, en dépit de la pertinence du mythe de la caverne. Finalement, c'est dans l'analyse profonde du mouvement et des différentes scissions qu'il introduit dans l'Etre, qu'Aristote abordera la question du devenir. CHAPITRE III : LE MOUVEMENT ET SES INCIDENCESSUR LE DEVENIRIntroduction« L'Être se prend en de multiple sens. »72(*) Du point de vue du mouvement, il se laisse appréhender avant tout comme matière et forme. Dès lors, le mouvement apparaît comme le processus au bout duquel la forme advient à la matière. Ce processus presque toujours imparfait, requiert un certain nombre de causes qui sont nécessaires pour sa mise en marche. Le mouvement est donc provoqué et suppose de ce fait un moteur. Au terme de la série des moteurs intermédiaires, se trouve le Premier Moteur qui meut sans être mû. L'analyse du mouvement met par ailleurs en évidence des principes qui pourraient s'appliquer à tout être en devenir : la matière, la forme et la privation. Mais avant d'y arriver, commençons par quelques considérations d'ordre général. * 70 ARISTOTE, La physique, I, 8, 191 b, 10. * 71 CHÂTELET F., op. cit., p. 156-157. * 72 ARISTOTE, Métaphysique, Z, 1026 a , 10. |
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