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Mise en place des structures et problématique fonctionnelle de l'école haà¯tienne

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par Kathia RIDORà‰
Université adventiste d'Haà¯ti -  Licence en science de l'éducation 2009
  

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INTRODUCTION

1- Éducation, culture, nation, Etat, et société.
Importance et problématique fonctionnelle des systèmes d'éducation.

Certains concepts se caractérisent par leur extrême complexité, leur contenu subtil qui font d'eux des entités à la limite de l'indéfinissable. La culture, l'État, la nation, la société présentent cette riche personnalité conceptuelle.

C'est dans le contexte de leur extrême interdépendance que se situe, comme tout organique, l'éducation. Le sociologue Émile Durkheim avait perçu la complexité des éléments du tout social et l'intensité de leur mouvement interactif lorsqu'il définissait ainsi l'éducation : « L'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné »1.

Compte tenu des inévitables antagonismes qui nourrissent la dynamique de la reproduction sociale, l'histoire de chaque société charrie des difficultés de coordination entre les principales entités chargées de la fonction socialisante, notamment la famille, l'école, les divers canaux de communication de masse.

Le colonialisme et l'esclavage qui ont façonné la réalité socio-culturelle haïtienne dans un singulier contexte de violence systématique, de déshumanisation, restent présents au coeur des diverses institutions de notre pays. Générée par le système colonial esclavagiste, la culture haïtienne ne manque pas de drainer et de gérer l'héritage de ses contradictions. La cosmovision de notre peuple, véritable puzzle de valeurs, de perceptions hétéroclites, s'explique par les dominantes cosmopolites de sa genèse.

L'historien Dantès Bellegarde nous identifiait au moyen d'une expression originale et pittoresque : « Une macédoine de races ». C'est le bouleversant phénomène des migrations, opérées au fil des Temps modernes, qui explique le complexe ethno-genèse haïtienne.

Nos ancêtres d'origine africaine appartenaient à une multiplicité de civilisations d'un immense continent. Peuls, Haoussas, Fons, Mondongues, Minas, Bambaras, Ibos... sur le fonds amérindien

1 Durkheim, Emile.- Education et Sociologie. (Document exploré sur www.classiques.uqac.ca)

anéanti par la brutalité du colonialisme espagnol, générateur d'ethnocide, s'amalgamaient d'éléments européens d'origine diversifiée. Français, Anglais, Portugais, Espagnols, Hollandais, Danois..., engagés dans la plus vaste entreprise de colonisation de tous les temps, ont constitué une partie des ingrédients ethno-raciaux dont se compose la mosaïque humaine d'Haïti, l'une des plus complexes qu'il soit permis d'approcher pour ce qui concerne l'ethno-géographie du globe. On doit à cette aventure historique, la fascinante originalité de notre culture truffée de syncrétismes.

L'historien Moreau de Saint-Méry a fourni un répertoire des 118 composantes qui interviennent dans l'édification de la pyramide ethno-raciale saint-dominguoise. Y figurent les diverses nuances épidermiques, depuis le blanc, en passant par le quarteron, le mulâtre, le mamelouc, la chabine, le griffe, le marabou, le sacatra, jusqu'au noir, toutes créées par la littérature colonialiste pour asseoir la pigmentocratie.

C'est le legs colonial esclavagiste qui a fait d'Haïti le pays des préjugés de classes, de castes et de couleurs. Le mulâtrisme et le noirisme ont exploré, tout au long de notre histoire, les arcanes du cynique pouvoir politique haïtien.

Les subtilités des valeurs aliénantes et déshumanisantes qui étaient à la base de la société coloniale esclavagiste se retrouvent dans les structures de l'institution scolaire, car on ne saurait dissocier un modèle éducatif de l'histoire du peuple concerné.

Il s'agit d'une histoire dont la dynamique présente non seulement des méthodes singulières de mise en place des hommes, mais aussi des formes multiples d'oppression, des dissensions idéologiques, des luttes de résistance... La culture haïtienne se caractérise par ses étonnantes aptitudes à la résistance.

Haïti, société ambivalente, se nourrit de données conflictuelles. Ce sont des conflits de notre système éducatif que dégage le professeur Jean casimir quand il écrit :

« En Haïti, l'instruction et l'éducation constituent deux pôles qui se nient mutuellement. Elles reflètent, au niveau de la connaissance et de la perception du monde, les contradictions et le divorce entre les classes dominantes et les classes dominées. L'école et la famille sont des ennemis jurés, des institutions prises dans des structures culturelles distinctes »1.

A travers l'École haïtienne qui se veut porteuse de civilisation, les luttes, les contradictions prennent, au fil du temps, des formes nouvelles dont l'évolution aide à saisir les données de la problématique fonctionnelle du système éducatif national.

1 Jean Casimir. La culture opprimée. Imprimerie Media-Texte. Port-au-Prince, Haïti, 2006.Page 6.

2- Indissociabilité de l'Éducation et de l'État.
L'École : espace politique par excellence.

L'Education n'est jamais neutre, c'est un processus qui draine sa raison d'être, son format, sa trajectoire, de la manière dont la société est organisée. L'école que nous connaissons aujourd'hui n'a pas existé comme elle est dans le temps. Elle suit le rythme des changements et des besoins de la société dans laquelle elle évolue. Et ce changement se fait de manière différente d'une société à une autre. L'évolution de l'école en Chine, par exemple, ne suit pas les mêmes étapes d'évolution que celle de la France. Cette incessante métamorphose ne sort pas du néant, elle est la résultante d'une vision, d'une philosophie, et des besoins du moment de la société. En Europe, comme nous le montre l'écrivain Pétitat, l'école a joué un rôle moteur dans l'émergence d'une nouvelle société .Il en fut ainsi, par exemple, lorsque l'importance croissante de l'écriture, puis de l'imprimerie, exigeait une alphabétisation plus massive des nouvelles générations. Plus tard, l'école fut partie prenante du développement industriel.

Mais, ce besoin du moment dont nous parlons à l'instant, est lié à la vision socio économico-politique de ceux qui gouvernent. Pour approfondir mieux cette idée, servons-nous de cette analyse qu'a faite Frantz Fanon 1du rapport qu'il y a entre la société et la cellule familiale. Pour ce dernier, la structure familiale et la structure nationale entretiennent des relations étroites. Par exemple, la militarisation et la centralisation de l'autorité dans un pays entraînent automatiquement une recrudescence de l'autorité parentale. En ce sens, la famille est un morceau de nation. Aussi, n'y a-t-il pas une grande disproportion entre la vie familiale et la vie nationale. L'individu assimile les autorités rencontrées ultérieurement à l'autorité parentale. Ainsi, le comportement devant l'autorité est appris à l'intérieur de la famille.

Nous pouvons, sans exagération, remplacer dans ce texte la cellule familiale par l'école. Dans la mesure où, aujourd'hui, l'école est l'institution responsable de la formation des gens à un très haut degré. Le nombre d'heures qu'un enfant, dès l'âge de six ans, passe dans le milieu scolaire est nettement supérieur à celui qu'il passe dans sa famille. Alors, nous pouvons dire que l'école est l'un des piliers, un des maîtres à former des citoyens pour la société. Et si, entre la famille et l'autorité, il y a un rapport dialectique très fort, en ce qui a trait à l'école, cette

1 Fanon, Frantz. Peau noire, masque blanc. Editions du seuil, New York, 1952.

L'auteur fait une analyse socio-psychanalytique du racisme dans la société martiniquaise, et montre comment l'éducation véhiculée que ce soit dans la famille ou dans les institutions éducatives reproduit l'idéologie raciste de l'époque coloniale.

relation devient plus compliquée, puisque l'Etat est directement impliqué dans tout ce qui a trait au processus éducatif, et ceci, à tout les niveaux du cycle, que ce soit : le primaire, le secondaire, et même les filières professionnelles ou universitaires.

Alors, si l'éducation suit la trajectoire de la manière dont la société est organisée, de la vision sociale globale, les questions qui nous préoccupent dans ce cas sont:Comment sont organisées les sociétés dans le système où nous vivons? Et quel est le rôle de l'Etat dans ce modèle d'organisation?

Dans le système capitaliste, la société est divisée en classes. Il y a le groupe qui possède les moyens de production, le capital financier, et ceux qui doivent travailler pour faire fructifier ce capital, et gagner plus ou moins leurs moyens de subsistance. Mais, comment se fait-il que des gens, et d'ailleurs qui sont en majorité, acceptent leurs conditions d'opprimés dans ce système contradictoire?

Pour percer cette énigme, nous pouvons nous référer à la pensée de deux éminents sociologues critiques : Antonio Gramsci et Pierre Bourdieu. Pour le premier, la classe dominante tient l'hégémonie non seulement économique, mais également culturelle et idéologique. Alors, tous les secteurs qui auraient pour rôle de former la conscience du peuple comme par exemple:l'art, la culture, l'éducation, la religion, etc., sont atrophiés et appropriés par la classe dominante et deviennent des médias de transmission et de véhiculation de ses idées et de sa philosophie. En partant de ce même ordre d'idées, Pierre Bourdieu avance que la classe dominante, pour s'insérer dans l'esprit des gens et leur faire accepter leurs conditions de pauvreté permanente avec plus ou moins de calme, se sert de la violence. Mais une violence douce, symbolique, qui à l'aide des instruments de communication et des espaces de formation, traverse le mental et laisse à penser que ce modèle d'organisation suit l'ordre d'un déterminisme. Ainsi, les gens perçoivent-ils les choses qui sont historiques et culturelles comme naturelles et allant de soi. L'éducation qu'on reçoit depuis la petite enfance dans la famille, à l'école, à l'église, se charge de distiller dans le mental du peuple le venin du conformisme, du respect morbide de l'autorité, commencé dans le milieu familial, renforcé à l'école, et qui va atteindre son apogée dans le rapport Etat-individus, Etat-Société.

Venons-en au rôle de l'Etat dans ce rapport entre la classe dominante et la société. Des auteurs, comme Hobbes, nous présentent l'Etat comme le résultat d'un consensus entre les individus qui acceptent d'aliéner une partie de leur liberté au profit d'une institution. Parce que la liberté totale de chaque individu serait nocive pour le fonctionnement du groupe social. Alors, cette institution a pour rôle de faire une gestion impartiale de ce don, de

travailler sur ce dernier afin de le transformer en loi, et le redistribuer au profit de chaque individu de manière équitable. C'est de cette conception que découlent des idées comme quoi, l'Etat serait une institution impartiale, qui vise à établir des rapports d'égalité et d'équitabilité entre les individus du corps social.

Cette façon de présenter l'Etat se fait tout simplement effective juste pour donner bonne conscience à la bourgeoisie. En réalité, l'Etat est une institution formatée de toute pièce par la classe dominante pour légitimer sa suprématie, transformer ses intérêts en loi. Il joue également un rôle de soupape où la bourgeoisie délègue son pouvoir là où elle n'a pas l'audace d'intervenir directement. Le rapport qui existe entre eux n'est pas exempt de conflit. Toutefois, ils ne visent jamais à saper la base de cette institution. Au contraire, ils servent à introduire des réformes liées aux intérêts économico-politiques du moment toujours au profit de la classe dominante.

Alors, l'Etat, en ce sens, n'est pas une institution libre. La classe dominante contrôle de loin ou de près ses manivelles. Comme nous l'avons déjà affirmé, cette institution tient la ligne directive de l'éducation, et de l'école en particulier. Ainsi, pouvons-nous dire sans trop d'effort que l'école subit l'influence de l'idéologie de la classe dominante. Et que cette dernière s'en sert pour asseoir beaucoup mieux la base de sa domination. Alors, nul doute également que l'éducation que véhicule ce système est aliénant, et qu'elle vise à faire perdurer la domination socio-politico-économique de la bourgeoisie. En formant des cadres dociles et manoeuvrables pour ses industries,prolongeant ainsi le mythe de l'égalité des chances,en introduisant au sein du peuple des dominés aux aspirations dominatrices ,et qui sont des étrangers et pour leur classe ,et pour la classe dominante.

Le panorama, que nous venons de faire de la dialectique qui existe entre l'école et l'Etat, montre qu'il est difficile pour le secteur progressiste1 d'intervenir dans l'éducation au niveau de l'école. Mais, comme l'a noté Philippe Perrenoud, lorsqu'il s'agit de prendre des décisions, de rénover les programmes ou les méthodes,de fixer de nouveaux objectifs ou de modifier la structure scolaire,le changement passe évidemment par des décisions politiques. Mais, une politique de l'éducation pourrait se préparer dans et par la population, si elle est conscientisée et organisée. Et, c'est dans ce contexte que commence la grande tâche de la classe populaire.

Le système éducatif haïtien n'a jamais pu se libérer du legs colonial. Il s'avère que les incidences du vieux modèle pigmentocratique, déshumanisant des siècles antérieurs présentent une exceptionnelle verdeur dans l'organisation et le fonctionnement de l'école d'aujourd'hui.

1 La classe progressiste ici, fait référence à la classe populaire comme le conçoit K. Marx. La partie de la population conscientisée par rapport à sa condition d'exploité, qui au cours de son histoire a produit ses intellectuels organiques et s'est organisée pour maintenir la lutte dans une conscientisation perpétuelle de la masse.

Les programmes utilisés, les méthodes pédagogiques adoptées pour la transmission des messages scolaires, la langue retenue comme moyen de communication créent un malaise à l'intérieur de l'apprenant.

Dans la mesure où l'école, espace politique par excellence, évolue dans un contexte d'interaction permanente avec les autres éléments, elle se présente, d'après son profil travesti, comme un instrument d'aliénation. Nous voulons dire que l'institution scolaire contribue à ce que l'Haïtien devienne autre qu'il n'est, tout en travaillant à son échec dans sa quête en vue de conquérir son identité personnelle et (ou) collective.

Somme toute, il s'agit d'un complexe phénomène de structuration ethno-sociale, économique et politique que nous nous proposons de soumettre à une approche critico-analytique.

PREMIÈRE PARTIE

Genèse, structure et problématique fondamentale de l'École haïtienne.
(1492 - 1804)

CHAPITRE 1
Le malaise génétique de l'Ecole haïtienne

L'école haïtienne, fille de l'une des plus éprouvantes et émouvantes histoires du monde, porte dans ses profondes structures les relents d'une civilisation amérindienne assassinée par le colonialisme espagnol. Et elle assume péniblement le destin d'être une héritière du modèle colonial esclavagiste français, le plus déshumanisant de la Caraïbe.

Haïti, après avoir souffert, au lendemain de 1804, des actions révolutionnaires combien louables, mais hypothéquées et perverties par les élites, s'est trouvée aux prises avec un complexe bilinguisme et des bribes d'une civilisation occidentale déjà perverties dans la colonie à force de vouloir justifier et maintenir les relations de productions esclavagistes. C'est ainsi qu'au berceau même du premier Etat de l'Amérique latine et des Caraïbes surgissait l'une des plus subtiles problématiques de l'histoire universelle. S'y trouvaient imbriquées les données d'un héritage de plusieurs siècles d'inhumanité, de barbarie, d'aliénation des fondements mêmes de l'être.

A ce niveau, dans l'imbroglio des composantes d'ordre économique, culturel, politique et social, se situe l'ancrage de la singulière identité du peuple haïtien. Et les chaînes inextricables qui empêchent les ruptures nécessaires à notre libération s'expliquent en référence à cette genèse.

Dans ce chapitre, il sera question pour nous, d'exploiter la filière historique pour appréhender le malaise dont souffre, corrélativement à notre conformation socio-culturelle, le système éducatif.

A- Potentialité des socio-cultures amérindiennes et problématique d'un génocide.

<< Ce silence, qui se referme sur l'une des plus grandes civilisations du monde, emportant sa parole, sa vérité, ses dieux et ses légendes. C'est aussi un peu le commencement de l'histoire moderne >> 1. Cette citation de J.M. Le Cleziot sonne bien pour amorcer les premiers paragraphes du chapitre traitant de la complexe et singulière naissance de la nation haïtienne.

Avant l'intromission des Européens dans cette partie du monde, dont la dénomination renvoie au prénom d'Amérigo Vespucci, vivait sur tout le continent une multiplicité de peuples porteurs de cultures variées. Les cultures foisonnaient, Haïti, pour son malheur a vu s'établir les conquistadors qui en font la première colonie européenne du nouveau monde. L'île abritait plus de trois millions d'habitants. Christophe Colomb a laissé dans son journal manuscrit ses premières impressions : << Ce sont les meilleurs gens du monde... des peuples d'amour sans cupidité... Ils aiment leurs voisins comme eux-mêmes, ont le langage le plus doux et le plus aimable qui soit au monde... La manière dont ils agissent, leurs coutumes, leur docilité et leur jugement prouvent qu'ils sont gens plus éveillés que tous ceux rencontrés jusque-là 1>>.

Dans le texte << En hommage aux pionniers du bureau d'ethnologie d'Haïti >>, sélectionné par Odette R. Fombrum2, il est écrit que le peuple rencontré par Colomb dans l'île venait de la seconde vague d'immigrants, sortant de l'Amérique du sud, pour venir s'installer définitivement dans les Antilles. Plus particulièrement en Haïti, vivaient les Taïnos, branche de la grande famille des Arawaks. C'était un peuple sédentaire, possédant une agriculture très développée, un système social et un art de la poterie très évolués, maîtrisant le travail de la pierre, des coquillages, du bois et la vannerie. Ces gens vivaient dans des villages bien organisés, atteignant parfois une étendue considérable. Ainsi, nous pouvons comprendre que les Taïnos avaient un système social, politique et culturel organisé d'une manière qui aurait permis l'avancement de la société à son propre rythme, et un outil de communication, la langue Marconix comprise par tout le peuple.

1 Cité par O. R. Fombrum Page 87

2 Odette Roy Fombrun. L'Ayiti des Indiens. Édition Henry Deschamps, Port-au-Prince 1992. Page 15.

L'organisation politique et économique des Taïnos

D'après le texte << Histoire des caciques d'Haïti >> d' Emile Nau1, tout le pays était divisé en cinq grandes provinces, commandées chacune par un cacique principal.

La Magua, ou royaume de la plaine, comprenait toute la partie nord-est de l'île. Le cacique Guarionex y

régnait.

Le Marien, tout à fait au nord, renfermait les plus petites provinces de Guahana et de Cayaba, traversé en longueur par le fleuve Artibonico. Guacanagaric y commandait.

Le Xaragua se composait de l'ouest et de la grande bande du sud. Bohéchio en était le souverain, et après lui Anacaona, sa soeur, femme du cacique de la Maguana.

La Maguana, soumise à Caonabo, occupait le centre de l'île. Et enfin, le Higuey, situé à l'extrême, était dominé par le farouche Cotubanama.

Selon Rémi Zamor : << les Indiens, comme les baptisait Christophe Colomb, mettaient en commun les principaux moyens de production, particulièrement la terre. En effet le sol qu'ils cultivaient appartenait à tout le monde. Personne ne le possédait, ne l'achetait, ni le vendait >>2. A cause de cette propriété commune des moyens de production, aucun groupe n'assujettissait économiquement un autre groupe. C'était donc une société sans classes, qui vivait dans un contexte d'excellente collaboration. Malgré que d'autres auteurs comme Louis Maximilien et André Marcel d'Ans contestent le point de vue du professeur Zamor et soutiennent la thèse d'une hiérarchie ou d'une organisation inégalitaire de la société indienne, ils sont tous d'accord sur un point : << Le système de pensée amérindien, c'était l'absence de tous les rapports de domination et d'appropriation matérialiste, brutal et exclusive de la nature >>3. (Christian Monbrun)

1 Ibid page 55

2 Ibid page 42

3 Ibid page 43

La culture amérindienne

Dans le texte << Haïti préhistorique >>1, Daniel Supplice avance que, quand :

<< Les Espagnols commencèrent la conquête de l'île d'Haïti, le pays était occupé par des groupes ethniques descendants d'une race qui comptait déjà des siècles de tradition. Ces groupes qui avaient une culture à tradition séculaire, présentaient sans aucun doute des différences culturelles frappantes avec les envahisseurs venus d'une Europe renaissante. Ce fait différentiel a été fondamental dans la non valorisation et la sous-estimation d'un art, qui, malgré sa force et sa forme d'expression, offrait un contraste radical avec les idées et idéaux esthétiques du vieux continent >>.

Cette différenciation, comme le souligne Daniel Supplice, revêt une importance considérable pour l'analyste préoccupé par la compréhension des méthodes auxquelles ont recouru pour barbariser et dévaloriser radicalement le système socioculturel des Amérindiens. Car, l'Européen, se considérant comme le centre du monde et auteur de toute civilisation, ne pouvait concevoir qu'il existait diverses autres formes d'organisations sociales établies en rapport avec d'autres visions du monde que celle des occidentaux. Là se situe, pour l'essentiel, l'origine du drame généré par la rencontre des deux mondes. Le choc fut d'une brutalité exceptionnelle.

Chez les Amérindiens d'Haïti la culture s'exprimait particulièrement à travers la religion, la danse, le chant, la poésie, la sculpture. Tout un art de vivre se traduisait dans l'étroite connexion qui existait entre les diverses formes d'expression.

La religion et l'art chez ces peuples se confondaient dans la pratique du quotidien. Car, les formes sculpturales représentant des quadrupèdes, des reptiles ou des images naturels étaient divinisées. Selon Docteur Maximilien dans le texte << Catalogue de l'exposition précolombienne 2>>, << La caractéristique dominante de leur art majeur est la stylisation, procédé avancé témoignant de la capacité de l'esprit à isoler l'idée, c'est-à-dire d'abstraire, afin de l'exprimer de façon plus forte et plus sensible sous forme de symboles et d'allégories >>. Pour l'auteur, ce sont là des indices indubitables d'une civilisation à son apogée.

Les Indiens, à l'opposé des Européens qui se représentent le monde à travers une vision manichéenne, penché vers une tendance à la segmentation dichotomique, qui extrapole toute chose à une extrême limite positive ou négative sans aucun rapport dialectique ou de liaison, se tendent plutôt vers une tendance homogénéisante. Christian Monbrun3, dans le texte << Ni domination, ni appropriation >> souligne que : << le concept

1 Ibid, Page 64

2 Ibid Page 59

3 Ibid Page 43

de Dieu ou d'être suprême, n'existe pas dans la mythologie amérindienne. D'ailleurs, le culte est rendu et aux bons et aux mauvais esprits. Leur religion était polythéiste et ils attribuaient des facultés humaines à tous leurs Dieux. Il faut dire que les Indiens ne s'attendaient pas à un au-delà paradisiaque lointain, car la sérénité et le calme de leur mode de vie les mettaient déjà dans une ambiance ressemblant par bien des côtés à l'Éden des chrétiens ».

L'autre facteur important dans le modèle socioculturel des Indiens est l'importance de la danse et de la chanson dans leur vie quotidienne. Elles se représentaient, toujours selon Louis Maximilien dans le texte précité, « les manifestations sociales et religieuses primordiales de ce peuple qui avait cultivé les styles oral et manuel ». L'auteur rapporte que pour l'écrivain M.W. Irving,

« Leurs danses étaient de véritables hiéroglyphes en action pour ceux qui pouvaient les comprendre. Danses et chansons se composaient en schèmes rythmiques dont les temps étaient marqués avec l'importance d'une césure par le tambour ou la clochette. Ces schèmes étaient binaires, tertiaires, quaternaires, selon le caractère de la pantomime ou de la ballade ; enjoué, familier ou grave ; genre de prosodie aussi essentiellement humaine dans son rythme que la poésie d'un Claudel ».

Le jeu également tenait une place considérable dans le monde culturel du peuple. Chaque village avait son stade où se tenaient des activités sportives. Ces stades s'appelaient « Batey ». Pour André Marcel d'Ans dans le livre « Haïti, paysage et société1 », le Batey constituait le pivot de l'urbanisme taino. C'était sur cette place centrale de l'agglomération que se déroulait l'areyto ainsi que le jeu de balle, principaux rituels d'intégration civique et religieuse. Le jeu de balle, revêtait probablement, lui aussi, une valeur religieuse. Les Indiens utilisaient de grosses balles faites de résine, qu'on appelait copey. Une fois lancé, ce ballon ne devait plus toucher le sol : les membres des deux camps se le renvoyant le plus longtemps possible, sans cependant faire usage de leurs mains.

Tous ce que nous venons d'exposer sur l'organisation socio-culturelle du peuple rencontré par Christophe Colomb en Haïti, révèle l'originalité des structures d'un monde agencé différemment de celui des Européens. La civilisation amérindienne s'articulait autour de valeurs morales, de pratiques religieuses qui permettaient aux communautés de se réaliser pleinement, suivant un certain rythme, sur le plan économico-social. La rencontre des deux mondes fut à l'origine de l'un des pires génocides de l'histoire. Avec la disparition des victimes se perdait dans la nuit des temps l'originalité des savoirs, des savoir-faire, des intuitions, des formes de l'imaginaire, des manières de vivre qui contribuait à dynamiser une civilisation, à nourrir un modèle socio-éducatif.

1 Ibid page 43.

1.- Signification historique de l'anéantissement des aborigènes d'Haïti.

<< Le silence du monde indien est un drame dont nous n'avons pas fini aujourd'hui de mesurer les conséquences. Drame double, car en détruisant les cultures amérindiennes c'était une part de lui-même que détruisait le conquérant, une part qu'il ne pourra sans doute plus jamais retrouver >>1. J.M. Le Cléziot.

Des siècles après le génocide du monde indien, on n'arrive toujours pas à expliquer la rapidité avec laquelle ce peuple a été éteint. Des deux à trois millions d'habitants de l'Haïti de 1492, à l'époque des premiers cargaisons de nègres dans la première moitié du 16ème siècle, certains historiens parlent d'un << no man's land >> à Hispagnola. Déjà il ne restait plus l'ombre de ce peuple, seulement des cris de bêtes sauvages troublaient le silence pesant de l'île. Les rares Indiens qui y vivaient se réfugiaient dans les mornes pour échapper à la furie sanguinaire des Espagnols.

Un regard dans l'histoire de l'Europe des 15ème / 16ème siècles peut nous montrer clairement les facteurs objectifs motivant la brutalité sourde avec laquelle les conquistadores se jetaient sur le Nouveau Monde. Un écrivain comme Marx aurait parlé de la période de l'accumulation du capital, pierre angulaire du système dominant de notre époque. On peut y ajouter le besoin d'or pour frapper les monnaies, la cherté des produits venus des empires de l'est, comme les épices, la soie, les bois précieux, etc. Tout ceci a promulgué le développement de la géographie et justifie la multiplication des tentatives pour trouver une route menant directement vers ces pays considérés comme des réservoirs de biens précieux depuis le fameux voyage de Marco Polo. A cette époque, déjà des savants comme Galilée, Toscanelli, avaient compris et affirmé la rotondité de la Terre. Aussi est-il que Christophe Colomb, plus avisé que beaucoup d'hommes de son époque, et partant de cette rotondité, a montré qu'il est possible d'atteindre le paradis terrestre de Marco Polo en navigant vers l'ouest.

Ainsi pouvons-nous comprendre que l'aventure entamée par Colomb avait l'économie comme moteur principal. Toutes les parodies religieuses dont on embaumait cette aventure n'étaient qu'artifice et de

1 Une citation qui a servit d'amorce au texte précité.

seconde importance. C'est ainsi que la croix plantée au Môle Saint Nicolas allait être le signal de la destruction de toute la civilisation amérindienne, de l'Amérique du Nord jusqu'à la Terre de feu.

En Haïti, les conquistadors, découvrant un pays vierge et rempli de richesses, aveuglés par leur vision du monde foncièrement ethnocentrique et leur insatiable cupidité, ont rapidement décimé le peuple taïno qui avait une autre conception de vie par rapport à ces aventuriers bardés de fer.

Guerre atroce et inégale entre deux civilisations radicalement opposées. Alors, il s'ensuit la domination des Taïnos, qui furent précipités dans les mines d'or où ils moururent par milliers, exténués par la rigueur des travaux et les mauvais traitements. En plus des conditions de travail qui décimaient les Amérindiens, Jean Fouchard dans le livre << Les marrons de la liberté >>1, souligne qu'il vint s'ajouter les ravages d'une épidémie de variole qui emporta une grande partie de ceux qui n'avaient pas succombé par la faim, les fatigues et par les cruautés des sujets de la couronne d'Espagne >>. André Marcel d'Ans dans << Paysage et société >>2, renchérit qu' << un découragement sans pareil s'empara des Taino. Certains se suicidèrent. Les femmes cessèrent d'engendrer (...) >>. Il ajoute plus loin que << le paysage agricole des Tainos fut démoli suite à l'introduction de l'élevage par les Espagnols. Ces derniers lâchèrent sans plus de précautions vaches, chèvres, cochons et chevaux dans le paysage des Indiens, avec, pour résultat que ces animaux piétinèrent, foulèrent, arrachèrent, saccagèrent irrémédiablement les cultures tandis que par ailleurs, comme un foudroyant cancer collectif les épidémies faisaient une hécatombe de leurs populations >>.

Les figures (1, 2) montrent la férocité avec laquelle les Espagnols massacrèrent les indigènes. Las Casas raconte qu' << aucune langue, aucun récit, aucune habilité ne suffiront à raconter les faits épouvantables accomplis dans ces territoires >>3. Tous les moyens furent bons pour arriver à bout de ce peuple paisible : les chiens, les armes à feu, l'épée, les travaux forcés, etc.

1 Ibid Page 109

2 Ibid page 43.

3 Ibid Page 112

Comme résultat définitif, en moins de quarante ans, plus de 80% de la population indienne avait été décimés. Comme l'explique M.G. Le Cleziot dans la citation qui a servi de prélude à cette partie du texte, l'humanité jusqu'aujourd'hui n'arrive pas encore à mesurer l'ampleur des impacts de l'anéantissement quasi définitif de tout ce continent. Car aucune civilisation n'évolue en vase clos. Le système culturel, base de l'organisation sociale, tire sa force de construction dans les brassages et interactions avec d'autres cultures. La recherche de la compréhension des structures d'une société donnée, s'inscrit dans la perspective de cette quête infinie de l'homme pour percer les mystères de son être, car les humains au delà des fausses théories racistes qui soutiennent une hiérarchie de l'être, viennent d'une même souche et ont la même construction biologique. Aussi est-il que la destruction d'une civilisation si complète, avec sa structure langagière, son écriture idéographique ou figurative à base de symboles, l'ampleur de son art, sa littérature, ses croyances, retarde d'une manière ou d'une autre l'évolution normale du monde, et replace au coeur du débat anthropologique les questionnements sur les concepts barbare/civilisé derrières lesquels se cachent les visages nus des luttes économiques, assises fondamentales des plus atroces tueries.

2.- Contradictions épistémologiques du colonialisme espagnol et difficulté de gestion d'un
modèle socio éducatif opportuniste.

Le colonisateur, en face de ce peuple qui semble être la négation de toutes les valeurs occidentales, est pris de vertige et doit rapidement trouver une explication susceptible de justifier le rapt, qui depuis l'Europe s'inscrivait dans ces objectifs, et de se positionner par rapport à cet autre monde, car à cette époque la cartographie mondiale se limitait à l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Ces deux derniers espaces étaient d'ailleurs très mal connus des Européens. L'être européen se considérait comme le summum, et se donnait pour mission d'exporter sa civilisation ou de convertir de gré ou de force tout autre peuple ayant une autre vision du monde.

Le premier contact qu'avaient les colons et les indigènes était ambigu. À sa rencontre avec les Taïnos, Christophe Colomb louera le mode de vie paisible qu'ils semblent mener au sein de leur paradis où l'or n'avait aucune importance économique. Plus loin, comme le rapporte Beatrix Pastor dans son essai sur le << Discours narratif de la conquête de l'Amérique », cité par Laënnec Hurbon dans le livre << Le barbare

imaginaire >>1. Selon Laënnec, Béatrix a fait une enquête approfondie sur les codes qui régissaient les comportements de Colomb. Elle explique, qu'il s'agit, d'abord, d'une stratégie commerciale qui conduit à priver les indigènes de toute forme d'humanité. Mais également il était animé d'une sorte de panique liée à l'incompréhension de ces gens, quand il énonce : «ces caraïbes nus, pauvres et sans armes >>. Laënnec Hurbon ajoute : « donc aptes à être manipulés à merci, ne connaissent ni la religion, ni langue, sauvages devant être christianisés au plus vite... >>.

Comment comprendre la réaction des colons face aux indigènes ? Un parallèle entre les valeurs à la base des deux modèles éducatifs peut éclairer notre lanterne sur ce point, car l'éducation existe en symbiose avec les autres sciences humaines, elle est le résultat d'une organisation sociale donnée, qui, elle-même découle des fondements économiques et culturels, bases de toutes sociétés.

La société des Taïnos d'Haïti, comme nous l'avons mentionné tantôt est basée sur la propriété collective des moyens de production, qui à l'époque était la terre. Ceci représente la racine de la différence étanche entre les deux mondes. Tous les autres facteurs vont seulement se greffer sur cette réalité. La société indienne est une société dont les gens cherchaient l'équilibre en tout, les éléments de la nature étaient divinisés, donc maniés avec un respect profond.

Dans le texte « Ni domination, ni appropriation >>2, Christian Mombrun résume que « Ce qui caractérise le système de pensée amérindien, c'était l'absence de tout rapport de domination et d'appropriation matérialiste, brutal et exclusive de la nature,(...), il n'y a pas de dichotomie entre l'infra et la superstructure, pas plus de relation de production, de consommation, de résidence et de mariage inséparable de la religion et de la parenté, mais unité intérieure et continuité écologique entre les groupes humains et le milieu physique et biotique. C'était un des traits dominants des traditions mésoaméricaines et circumcaraibes >>.

Tandis que le système social européen était basé sur la propriété privée, la poursuite de la richesse sans égard pour l'équilibre naturel et humain. Et si besoin de justification religieuse se fait sentir, ils peuvent faire une interprétation appropriée de la Bible, montrer l'infériorité de tous les peuples non christianisés, en déduire la nécessité de les subjuguer pour leur propre salut. Une justification qui n'a pas eu le temps d'atterrir dans le cas de la colonisation de l'Amérique, car les besoins de l'or de l'Espagne étaient trop pressants pour perdre le temps à se traîner dans la christianisation de l'Amérindien. Il fut plutôt rapidement précipité dans les mines, et ainsi se dissipa le beau projet spirituel et alphabétique de la reine Isabelle. En effet, un article du Moniteur du 10 et du 14 mai 1923 écrit par

1 L. Hurbon. Le Barbare imaginaire. Editions Henri Deschamps, Port- au- Prince, Haïti, 1987. Page 9.

2 Cité par O. R. Fombrum dans le texte précité. Page 18

Charlevoix1 stipule que << La feu reine Isabelle fait recommander qu'on procurât aux enfants des caciques la meilleure instruction qu'il serait possible, et pendant plusieurs années... » Vers le début du XVIème, sous le gouvernement de Nicolas Ovando les pères Franciscains furent facilités à assumer le ministère religieux et éducatif des indigènes d'Haïti. Dans leur manuel d'histoire d'Haïti, Dorsainvil et les Frères rapportent que Nicolas encouragea les Pères Franciscains à élever un bon nombre de jeunes Indiens à qui il apprenait la doctrine chrétienne, à lire et à écrire en langue castillane, même quelques uns en qui il trouvait plus d'ouverture d'esprit un peu de latin»2. Mais Ovando, également devait satisfaire les besoins de la mère patrie en or et en richesses exotiques. Alors, s'imposa la nécessité d'une autre option. << Il abandonna la baguette du précepteur pour son épée ». Aussi est-il que toujours selon Dorsainvil : << Sous son administration également, les Indigènes furent poursuivis par le fer et le feu ; leur instruction fut négligée au point qu'on leur refusait le temps de se rendre au catéchisme »3. Ainsi, fut anéanti le grand rêve d'instruction de la reine Isabelle au coeur tendre, un coeur qui rapidement s'est endurci devant la nécessité de renflouer les coffres espagnols de l'or amérindien.

Ainsi se constituèrent les préludes historiques de la Nation Haïtienne, double héritière d'un modèle éducatif opportuniste espagnol et de celui de son voisin français, modèle qui a assuré la naissance et la maintenance de l'esclavage sous son visage le plus sauvage et douloureux. Tentant de donner une explication à la destruction de l'Amérique Précolombienne, les Indiens Mayas disaient : << Ils nous tuent parce que nous travaillons ensemble, mangeons ensemble, vivons ensemble, rêvons ensemble »4. Et Eduardo GALEANO renforce d'un ton chargé de nostalgie : << ... Ces traditions d'une société fondée non sur l'argent mais sur la solidarité, si vieille et si pleine d'avenir sont une composante essentielle de la plus authentique identité américaine : une énergie dynamique et non un poids mort ... »5.

1 Cité par E. Brutus. Instruction publique en Haïti. Editions Fardin, Port-au-Prince, 1948. Page 1.

2 Ibid page 2.

3 Ibid. Page 2.

4 Citation en amorce du livre précité de O. R. Fombrum : L'Ayati des Indiens.

5 Ibid

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