Depuis la reforme sus-évoquée, tous les
établissements de microfinance sont placés sous la tutelle
technique du ministère des finances. Ceux de type mutualiste (COOPEC)
dépendent également du ministre de l'agriculture en sa
qualité de tutelle traditionnelle du secteur mutualiste. Cette double
dépendance n'est pas sans poser quelques problèmes sur la
performance de ces établissements. La figure de l'annexe IV
schématise les liaisons hiérarchiques et fonctionnelles du
secteur des EMF.
Tableau n° 2 : Présentation
synoptique des axes de la réglementation des EMF.
CATEGORISATION DES EMF
|
Catégorie
|
Activités
|
Forme juridique
|
Capital minimum
|
1ère catégorie
|
Epargne/crédit uniquement avec les membres
|
Coopérative d'épargne et de crédit
(COOPEC)
COOPEC indépendantes
|
Dépend de la capacité financière des
membres
|
2ème catégorie
|
Epargne/crédit avec les membres et avec les tiers
|
Société anonyme
|
50 millions CFA
|
3ème catégorie
|
Crédit sans collecte de l'épargne
|
Diverses (ONG, Société, COOPEC, Etablissement
individuel...)
|
25 millions CFA
|
Source : travaux de l'auteur, construit à
partir du règlement CEMAC/COBAC
c) Le contrôle des EMF.
L'article 49 du règlement
01/02/CEMAC/UMAC/COBAC soumet les EMF à un triple niveau de
contrôle. Le premier niveau est celui du contrôle interne
exercé par les propres organes de la structure. Le deuxième
niveau est le contrôle externe effectué par le commissaire aux
comptes statutaire ou des auditeurs externes choisis en fonction des objectifs.
Le troisième niveau est exercé par la COBAC qui s'assure par des
vérifications sur place ou sur pièces du respect des normes. La
COBAC est habilitée à prendre à l'encontre des EMF
défaillants des sanctions pouvant aller jusqu'au retrait de
l'agrément.
Nous avons ainsi établi la taxinomie de la microfinance
au Cameroun qui se consolide progressivement sous l'effet d'une double
circonstance. Il s'agit d'une part de l'intense émulation mondiale en
faveur de la lutte contre la pauvreté qui met en exergue tous les
systèmes financiers pouvant permettre d'atteindre rapidement les
populations pauvres et d'autre part, du resserrement des conditions de
l'activité bancaire au Cameroun dû à la crise qui a ouvert
le champ aux autres intermédiaires financiers. L'encadrement des
pouvoirs publics et des bailleurs de fonds a permis à la microfinance
d'acquérir plus de lisibilité et de mieux s'insérer dans
le paysage financier.
1-4. LES ATOUTS DE LA MICROFINANCE
Le secteur de la microfinance que nous venons de
présenter bénéficie de nombreux atouts qui lui permettent
d'être en osmose avec les besoins de la population et expliquent la
prolifération de cette formule financière malgré le
durcissement des conditions de création. Nous allons procéder au
recensement de ces forces afin de vérifier plus tard si elles sont
utilisées à bon escient.
1-4-1. L'ASSISE CULTURELLE DE LA
MICROFINANCE
La microfinance est culturellement très proche de la
tontine et des autres formes de finance informelle avec lesquelles elle se
confond parfois. Elle réussit de ce fait, mieux que les banques
commerciales, à s'approprier de cette importante niche d'épargne
pour l'intégrer au système formel. De nombreux EMF dont les
promoteurs sont par ailleurs des membres de tontine ont ainsi mis en place des
systèmes de bons au porteur permettant les cotisations directement
à leurs guichets, ce qui limite les risques d'agression qui
pèsent sur les tontines. Et en règle générale, les
tontines sont une cible privilégiée des EMF qui
développent diverses stratégies pour les attirer. Ce qui est
intéressant à relever ici est la domiciliation directe du produit
de la tontine dans les livres de l'EMF, le bénéficiaire n'ayant
plus qu'à l'utiliser par tirages sur son compte dans l'EMF. Le compte
ouvert par celui-ci auprès d'une banque commerciale pour
sécuriser ses fonds permet de boucler le circuit de l'informel au
formel. Cette fonction de facilitation des flux entre le formel et l'informel
est à l'origine du classement des COOPEC dans le secteur semi- informel
par certaines études (Germidis, 1991).
Le micro crédit inventé par le Docteur Yunus
fait l'objet d'une appropriation culturelle camerounaise devant les nombreuses
barrières à la création ou à l'entretien des
groupes de caution mutuelle tels le déficit du réflexe de
solidarité en zone urbaine, l'ignorance et les tracasseries
administratives pour la formalisation des groupes en zone rurale et la
difficulté de planifier les besoins contradictoires des membres en
général.
1-4-2. LA SOLLICITUDE DES POUVOIRS PUBLICS
ET DES
PARTENAIRES AU
DEVELOPPEMENT
Les pouvoirs publics et les organismes d'aide au
développement sont généralement bien disposés
à l'endroit du système de la microfinance réputée
être très proche des couches pauvres de la population.
Après des décennies l'échec des programmes d'aide au
développement malgré la multitude des formules utilisées,
les bailleurs de fonds, obnubilés par les expériences heureuses
enregistrées sous d'autres cieux (Gramen bank au Bangladesh, Banco sol
en Bolivie...) voudraient diffuser ces modèles et s'appuyer davantage
sur la microfinance pour combattre la pauvreté. Cette orientation
justifie le vaste mouvement mondial en faveur de cette activité,
caractérisée par des appuis multiformes. Ainsi l'année
2005 a t-elle été proclamée année internationale de
la microfinance par la Banque Mondiale et de nombreux organismes tels le BIT,
le PNUD, l'ACDI, l'AFD, la BAD et la BDEAC.
La microfinance représente ainsi une opportunité
d'obtenir des appuis divers pour les populations pauvres, même si les
procédures sont parfois longues et complexes. L'Etat camerounais suit et
amplifie le mouvement à l'instar de l'engagement pris dans le Document
de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP)
approuvé par le FMI et la Banque Mondiale et dans lequel le gouvernement
camerounais accorde une large place à l'action en faveur du renforcement
des capacités et de la sécurisation de l'activité du
secteur de la microfinance. Il s'y engage en outre à s'appuyer sur les
systèmes financiers décentralisés pour assurer aux
pauvres l'accès au crédit.
1-4-3. LE MODE OPERATOIRE DES EMF
Il constitue un autre des atouts des EMF qui se distinguent
par leur souplesse et l'absence de toute discrimination dans les
entrées en relations, contrairement aux banques qui ne recrutent que la
clientèle capable de faire régulièrement des gros
dépôts. Les EMF, tout en faisant preuve de
célérité dans le traitement des dossiers, s'efforcent
également à adapter leurs produits aux besoins de la
clientèle, ce qui leur permet de financer `'l'infinançable''
pour les banques commerciales. Il se noue ainsi un lien de confiance qui leur
permet de mieux appréhender les éventuelles difficultés du
client et d'assurer un recouvrement ou un aménagement de créances
adaptés à la situation individuelle de chacun
(Trémollières, 2004).
Enfin, les EMF s'évertuent à développer
des programmes spécifiques pour les couches
les plus défavorisées comme les jeunes et les
femmes dont l'importance dans le développement social et
économique des PED est de plus en plus reconnue.
Cette osmose entre l'activité microfinancière et
les aspirations de la population nous projette dans la logique des technologies
autonomes ou appropriées en opposition avec les technologies
importées telle qu'analysée par Brasseul (1989). Cet auteur
recommande aux PED d'adopter, chaque fois que le choix est possible, des
technologies épousant, `'leur culture, leur niveau de vie et leurs
ressources. Les produits de ces technologies correspondent aux besoins des
consommateurs à faible revenu et elles opèrent sur une
échelle plus réduite pour générer des produits plus
simples et mieux adaptés aux besoins'' La microfinance, même sous
sa forme institutionnelle apparaît comme la technologie
financière la mieux appropriée aux besoins de la majorité
de la population.
CHAPITRE II
PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
DE L'ETUDE
2-1. PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
2-1-1.CONTEXTE
L'économie camerounaise s'est
caractérisée par un taux de croissance estimé à
2,6% en 2005, contre 3,7% en 2004. Cette décélération est
en partie imputable au secteur secondaire dont l'activité a connu une
baisse de 1,3% en 2005 concomitamment à la baisse du poids de la
consommation finale dans le PIB suite à la hausse des prix qui a
érodé le pouvoir d'achat des ménages.
Depuis plusieurs années, la croissance
économique est tirée par la demande intérieure, du fait
d'une contribution non significative de la demande extérieure nette,
lorsqu'elle ne vient pas, tout simplement, grever la croissance. Dans ces
conditions, les faibles performances de l'économie camerounaise en
général, du secteur secondaire en particulier,
résulteraient de la baisse de la demande intérieure en terme de
pourcentage de PIB, notamment la consommation finale privée. En termes
de pourcentage du PIB, la consommation finale privée
représenterait selon le rapport du document de stratégie de
réduction de la pauvreté au Cameroun (DSRP) 69,7% en 2005, contre
71,4% en 2004 .
Cette baisse serait elle-même induite par une
érosion du pouvoir d'achat des ménages, consécutive
à l'augmentation des prix de l'énergie, des droits d'accises sur
les tabacs, les boissons gazeuses, les jus de fruits naturels, la bière.
Toutes ces augmentations ont certainement eu un impact non négligeable
sur l'évolution générale des prix à la consommation
estimée à 2% en 2005, contre 0,3% en 2004.
La masse monétaire a connu une augmentation de 6%,
passant de 1434,8 à 1521,6 milliards entre 2004 et 2005. On note comme
fait saillant, un accroissement de 52,9% des avoirs extérieurs
nets ; lesquels sont passés de 312,9 à 478,6 milliards de
FCFA. En particulier, la situation du compte d'opérations affiche un
taux d'accroissement de 28,9%, en passant de 365,8 à 464,2 milliards.
Cette situation des avoirs extérieurs est due en grande partie au
rapatriement des recettes pétrolières, dans un contexte
caractérisé par des cours du brut exceptionnellement
élevés. Il y a d'ailleurs lieu de relever que cette
évolution à la hausse, s'observe pratiquement sans discontinuer
depuis 2000.
La situation des crédits intérieurs, selon le
protocole monétaire, affiche un taux de croissance de 5,6%, en passant
de 1237,5 à 1167,9 milliards de FCFA. Cependant, les créances
nettes sur le secteur public ont décru de 26,3%, passant de 474,7
à 349,9 milliards FCFA, on enregistre un accroissement de 8,1% des
créances nettes sur le secteur privé qui sont passées de
751,1 à 811,6 milliards de FCFA lorsqu'on sait que depuis 1998, les
crédits à long terme représentent environ 3% des
crédits intérieurs, il apparaît que le secteur bancaire ne
finance pas une croissance durable. Les crédits intérieurs sont
principalement constitués de crédits à court terme (dont
font partie les découverts consentis aux clients par les banques
commerciales). La balance commerciale est restée déficitaire. Ce
déficit est imputable à la stagnation des exportations hors
pétrole et à l'évolution défavorable des cours
mondiaux des produits y relatifs.
En ce qui concerne les finances publiques, les recettes
recouvrées se sont élevées à 1555 milliards en
2005, contre 1279 milliards pour l'année 2004, soit un taux de
croissance de 21%. Alors que les recettes pétrolières se sont
accrues de 35,1%, sous l'effet de l'augmentation des quantités produites
et des cours du baril, en passant de 325 à 439,2 milliards de 2004
à 2005, les recettes non pétrolières ont connu un
accroissement de 17,2%, en passant de 942 à 1104 milliards, du fait des
nouvelles mesures, notamment d'une amélioration des recouvrements. Les
dépenses quant à elles se sont réalisées à
hauteur de 1278 milliards en 2005, contre 1335 milliards en 2004, soit une
baisse de 4,3% d'une année à l'autre. L'excédent
budgétaire dégagé a permis essentiellement l'apurement de
la dette de l'Etat.
Malgré ces résultats, les indicateurs sociaux
demeurent à un niveau préoccupant, la pauvreté prend de
l'ampleur. En effet, presque la moitié de la population vit en dessous
du seuil de pauvreté, ce qui se traduit par l'aggravation du
chômage.
Ces performances économiques, bien
qu'appréciables, demeurent fragiles pour assurer une croissance durable
et soutenue en raison de la persistance d'obstacles d'ordre institutionnel,
juridique, économique et financier qui, faute de mesures correctives
adéquates
risquent d'entraver le développement économique
social. L'une des préoccupations
majeures du gouvernement est la mobilisation des ressources
domestiques dans un contexte où l'épargne extérieure
trouve désormais d'autres débouchés (pays
émergeants). C'est dans ce contexte que s'inscrit l'examen du
système financier du pays, composé :
v d'un système financier formel
constitué par:
- Les banques et les établissements
financiers ;
- La caisse d'épargne postale ;
- Les compagnies d'assurances ;
- Les intervenants boursiers ;
- Les établissements de microfinance qui regroupent les
coopératives d'épargne et de crédit et d'autres
systèmes financiers décentralisés.
v D'un système financier semi-formel et informel.
Parlant du secteur de la microfinance qui nous
intéresse ici, nous disons que face à la
rigidité des mécanismes du secteur bancaire
classique et à l'incapacité de ce secteur à
répondre aux divers besoins de financement de l'économie, il
s'est développé au Cameroun, comme dans beaucoup de pays
africains, des instruments populaires de l'épargne et de distribution de
crédit, appelé « établissement de
microfinance » ou EMF.
Ce mouvement s'est d'ailleurs amplifié ces
dernières années en raison de la perte de confiance du public
vis-à-vis du secteur bancaire.
Ces systèmes ont montré leur vitalité,
leur diversité, ainsi que leur capacité d'adaptation à une
clientèle qui ne trouvait pas de réponse à ses
problèmes de financement dans le secteur bancaire classique en raison du
coût administratif lié à la gestion de petits prêts
et de l'absence de garantie présentée pour la plupart des
candidats à l'emprunt.
Une étude sur les systèmes financiers
décentralisés (SFD) au Cameroun qui s'est déroulée
de mai à juillet 1997, complétée par celle de 2006 du PPMF
a permis d'identifier et de caractériser les différents types de
systèmes établis au Cameroun.
On en dénombre : le réseau des mutuelles
communautaires de croissance (M), le réseau des Caisses Villageoises
d'épargne et de crédit autogérées (CVECA), le
réseau Cameroon Cooperative Credit Union League (CAMCCUL), les caisses
mutuelles d'épargne et de crédit (CMEC) et le nombre
d'établissements indépendants de microfinance qui existent au
Cameroun, par catégorie et par province sans oublier les organes de
supervision et la sous-direction de la microfinance du MINEFI sur lesquels
notre analyse est axée.
v MISSIONS ET OBJECTIFS DU SECTEUR.
a) Missions
- Améliorer l'articulation d'une part entre les
institutions de microfinance elles
mêmes, et d'autre part, avec leur environnement
d'insertion ;
- Créer un cadre administratif, juridique et judiciaire
favorable et propice au
développement des institutions de
microfinance ;
- Promouvoir le professionnalisme par le renforcement de
capacités des
administrations en charge du suivi et la transparence dans la
gestion des institutions de microfinance ;
- Consolider et étendre le développement
harmonieux des institutions de microfinance
sur l'ensemble du territoire nationale ;
- Encourager les accords de partenariat entre les projets de
développement, les
organisations non gouvernementales, les institutions de
microfinance et le système bancaire ;
- Rapprocher les institutions de microfinance et les
organisations socio-
professionnelles des producteurs ;
- Permettre aux couches vulnérables,
défavorisées d'accéder au guichet de banque ;
- Offrir un service de proximité à ladite
clientèle par le biais des crédits à moindre
coût ;
- Poursuivre les mesures d'assainissement du sous-secteur en
vue de sécuriser
davantage l'épargne des adhérents ;
- Structurer les organismes de microfinance en
véritables institutions financières ;
- Préserver l'équilibre financier des
institutions de microfinance, gage de leur
pérennisation.
b) Objectifs
b-1) Objectif
général :
· accroître l'accès des populations aux
services financiers décentralisés.
b-2) Objectifs spécifiques :
- promouvoir l'épargne de la population cible de la
microfinance ;
- fructifier l'argent de ladite couche ou des adhérents
de la microfinance ;
- créer et améliorer un environnement
administratif, juridique et judiciaire favorable
au développement des EMF ;
- promouvoir le professionnalisme dans la gestion des EMF
c'est-à-dire former cette
couche à la gestion de l'épargne et du
crédit ;
- promouvoir le bien être de toutes les populations en
amélioration leurs revenus et
leurs conditions de vie ;
- contribuer au développement de l'économie et
du social au Cameroun.
2-1-2. ENONCE DU PROBLEME
Au Cameroun, la crise du secteur bancaire de la fin des
années 80 et la restructuration de ce secteur qui a suivi ont
entraîné la liquidation de plusieurs banques, la fermeture de la
presque totalité des guichets de banques dans les zones rurales et les
petites villes, et le licenciement de nombreux cadres de banque. Ces derniers
vont se reconvertir en créant de nombreuses coopératives
d'épargne et de crédit (COOPEC) qui sont rapidement
confrontées à `'l'effet domino'', fonctionnant ou essayant de
fonctionner comme des quasi banques.
Les années 90 vont également connaître de
nombreuses innovations et diversifications dans le secteur de la microfinance.
Un peu plus de 80% des institutions de microfinance (IMF) au Cameroun sont
déclarées ou enregistrées sous le régime
d'associations ou de COOPEC et sont ainsi régies respectivement par les
lois n°90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté
d'association et n°92/006 du 14 août 1992 relative aux
sociétés coopératives et aux groupes d'initiations
communes. Des nombreuses autres IMF sont soit des sociétés
anonymes, soit des projets.
Malgré ce grand engouement, la microfinance s'est
accompagnée d'une crise essentiellement dans le secteur des COOPEC, du
fait du manque de professionnaliste et l'absence de contrôle. Ceci va
amener l'autorité monétaire (Ministère de
l'économie et des finances) à prendre le contrôle de ce
secteur (qui là était sous la tutelle exclusive du
Ministère de l'Agriculture), à travers le décret du
premier ministre de 1998, (n° 98/300/PM du 9 septembre 1998 (fixant le
modalités d'exercice des activités des COOPEC, modifié et
complété par le décret n° 2001/023/PM du 29 janvier
2001, la procédure d'agrément), qui soumet désormais
toutes les COOPEC au régime d'agrément et au contrôle de la
part du Ministère de finances. Pour inclure toutes les formes
d'institutions de microfinance et renforcer le contrôle et l'encadrement
du secteur, un texte sous-régional est adopté par le conseil des
ministres des finances de la communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), et signé le 13 avril
2002, par le règlement n° 1/03/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux
conditions d'exercice de l'activité de la microfinance.
Par ailleurs, le règlement CEMAC/COBAC ne régit
pas la forme juridique de l'EMF mais seulement l'activité. Il
définit la microfinance comme étant une activité
exercée par les entités agréées n'ayant pas le
statut de banque ou d'établissement financier et qui pratiquent,
à titre habituel, des opérations de crédit et/ou de
collecte de l'épargne et offrent des services financiers
spécifiques au profit des populations évoluant pour l'essentiel
en marge du circuit bancaire traditionnel. Ainsi, il définit trois
catégories d'EMF : la première catégorie
constituée d'EMF qui ne traitent qu'avec les membres (ce sont les
mutuelles ou COOPEC), la deuxième catégorie regroupe les EMF qui
offrent des services financiers à des tiers (elles doivent avoir le
statut de sociétés anonymes) et la troisième
catégorie est composée d'EMF qui n'offrent que du crédit
et ne sont pas autorisées à mobiliser l'épargne.
Cependant, on note toujours une inégale
répartition des EMF sur le territoire national.
En 2002, 52% des EMF fonctionnels étaient
implantés en zone urbaine contre 48% en zone rurale. Trois des deux
provinces que compte le Cameroun à savoir le Nord-Ouest, le Centre et le
Littoral comptaient 60% des EMF fonctionnels, les provinces de Sud-Ouest, de
l'Ouest et de l'extrême-nord comptaient 28,7% de l'ensemble des EMF,
tandis que les provinces de l'Est, du Sud, du Nord et de l'Adamaoua ne
concentraient que 11,3% des EMF d'une part. D'autre part, face à
l'application de ce règlement CEMAC/COBAC, les EMF rencontrent des
difficultés telles que :
- la fragilité importante des EMF pour la plupart
liée à un personnel insuffisamment
qualifié, outils de gestion déficients
(système d'information défaillant, voire inexistant),
stratégie peu claire ou incohérente, niveau de structuration ou
d'institutionnalisation limité ;
- la non appropriation du règlement CEMAC/COBAC par
les principaux acteurs (la structure de supervision, la sous-direction de la
microfinance, l'association nationale des établissements de
microfinance, et les EMF) due à l'insuffisance de la qualité
et capacité en ressources humaines, financières et techniques,
et de la vulgarisation des structures d'encadrement. Ce qui se manifeste par la
non prise en compte des normes prudentielles qui constituent le cadre de notre
étude ;
- la non participation de tous les acteurs à
l'élaboration et à l'adoption dudit
règlement constitue l'élément
essentiel pour son application. Cette non participation se manifeste par une
interprétation biaisée du règlement CEMAC/COBAC ;
- l'existence d'une association nationale des EMF non
fonctionnelle ou déficiente;
- la méconnaissance du rôle et de la
différence entre la réglementation prudentielle et
non prudentielle ;
- la concurrence excessive entre structures : le
règlement CEMAC/COBAC ne permet
pas de résoudre les problèmes d'implantation
concurrentielle de diverses structures dans les mêmes zones.
Au vu de tout ce précède, le problème
fondamental identifié est la difficulté
d'application du règlement CEMAC/COBAC.
Face à cela, les questions suivantes méritent
d'être posées :
ü Quelles sont les difficultés réelles de
l'application du règlement CEMAC/COBAC du
secteur de la microfinance relatives aux normes prudentielles
au Cameroun?
ü Comment peut-on lever de façon durable les
principales difficultés constatées dans
l'application de la réglementation
prudentielle ?
ü Quelles sont les exigences (contraintes)
associées à l'opérationnalisation du
règlement CEMAC/COBAC en matière de normes
prudentielles ?
Pour répondre à ces questions, nous nous sommes
fixé des objectifs. Par la suite nous
avons formulé des hypothèses.
2-1-3. OBJECTIFS DE RECHERCHE
2-1-3-1. Objectif général
Contribuer à une meilleure application du
règlement CEMAC/COBAC, en normes prudentielles au niveau du secteur de
la microfinance au Cameroun.
2-1-3-2. Objectifs spécifiques
Pour atteindre cet objectif général, les
objectifs spécifiques ci-dessous ont été
formulés :
- Analyser les mécanismes d'appropriation du
règlement CEMAC/COBAC par l'organe de supervision et les structures
d'appui.
- Identifier les différentes contraintes des EMF
liées à l'application du règlement
CEMAC/COBAC au Cameroun notamment en ce qui concerne les
normes
prudentielles
- Evaluer la capacité en ressources (humaines et
financières) de l'organe de
supervision etde la sous-direction de la microfinance
du MINEFI à surveiller
et à contrôler l'application
du règlement CEMAC/COBAC.
2-1-4. HYPOTHESES DE RECHERCHE
Dans le cadre de cette
étude, nous avons formulé des hypothèses qui
sont :
H1 : L'insuffisance des
mécanismes d'appropriation du règlement CEMAC/COBAC par l'organe
de supervision et les structures d'appui est à l'origine de la
difficulté de son application.
H2 : Les contraintes
liées aux EMF, les informations disponibles et leur exploitation
dans l'application du règlement CEMAC/COBAC en
matière prudentielle expliquent la difficulté de son
application.
H3 : L'application
satisfaisante du règlement CEMAC/COBAC en normes prudentielles implique
une série d'actions coordonnées à différents
niveaux du secteur.
2-1-5. INTERET DE L'ETUDE
L'intérêt de la présente étude peut
être perçu de la manière suivante :
- servir de base de réflexion à
l'autorité monétaire (MINEFI), aux responsables des
EMF et de l'organe de supervision en vue de
l'amélioration des stratégies d'application, d'appropriation, de
vulgarisation et de diffusion dudit règlement. Cette étude donne
aux principaux dirigeants du secteur l'occasion de faire le point de situation
actuelle de leurs EMF afin de l'ajuster par la mise en oeuvre du
règlement CEMAC/COBAC et à la lumière des conclusions.
II-2. METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Selon Toumbi (2000 :11), la
méthodologie est « l'ensemble des moyens et des
méthodes mis en oeuvre pour collecter, analyser et interpréter
les données ».
Dans le cadre du présent travail, la
méthodologie utilisée est la recherche-action soutenue par
l'approche participative. Ladite approche se justifie par le fait que la
plupart des résultats décevants enregistrés par les
programmes et projets de développement dans nos pays sont imputés
aux approches et démarches de recherche classique utilisée. Ainsi
donc, elle privilégie l'implication des populations cibles aux
différentes phases qui sont : l'analyse-diagnostic, la
méthode de vérification des hypothèses, de l'action,
l'échantillonnage, la phase de l'exploitation et de l'analyse des
données.
2-2-1. PHASE DE L'ANALYSE-DIAGNOSTIC
BEAUDOUX, CROMBRUGGHE et al. (1992 : 53) disaient pour
montrer la
Pertinence de cette phase qu' : « une
piste, une hypothèse d'action et une simple intuition
déclenchent parfois un processus qui s'oriente vers une
action concrète. Mais il est nécessaire
d'acquérir une bonne connaissance du milieu pour
répondre aux questions posées lors de l'examen des points de
repère. Cette phase de réponse aux questions est ainsi
appelée diagnostic ».
Cette séquence (réponse aux questions) est
relative d'une part, à l'identification des problèmes du secteur,
à la détermination de leurs causes et d'autre part à la
recherche des actions correctives et des pistes de solutions appropriées
aux dysfonctionnements constatés.
La réalisation de cette phase s'est
déroulée de la manière suivante :
· les rencontres avec la direction de la formation et de
la recherche en vue des essaies de
formulation des thèmes et des problématiques
à réaliser ;
· La recherche documentaire à la
bibliothèque de l'ISPEC et à l'internet ;
· La rencontre avec les principaux acteurs et
intervenants du secteur de la micro
Finance au Cameroun;
· La prise de contact avec les responsables du secteur,
ce qui a permis de les entretenir
sur l'objet de notre étude et procéder à
l'élaboration du calendrier de travail ;
· La préparation des outils de collecte des
données : un questionnaire et un guide
d'entretien et d'observation ont été
élaborés à cet effet ;
· La collecte des données ;
· L'analyse et l'interprétation des
résultats, les propositions et les recommandations
optimales ci-possible.
Dans cette démarche, il y'a eu lieu de tenir compte de
la session de validation des résultats obtenus.
2-2-2. METHODE DE VERIFICATION DES
HYPOTHESES
Pour vérifier les
hypothèses, nous allons étudier chacune d'elle, en prenant en
compte des variables et des indicateurs d'appréciation inscrits dans le
tableau ci-après. Par la suite, nous allons utiliser une grille
d'évaluation qui va nous permettre d'apprécier en attribuant une
note. Pour ce faire, deux options seront prises en compte, soit que
l'hypothèse est confirmée, soit qu'elle est infirmée.
Tableau n°3: grille d'analyse des
hypothèses
HYPOTHESE
|
VARIABLES
|
INDICATEURS D'APPRECIATION
|
MODE DE COLLECTE DES DONNEES
|
GROUPES CIBLES
|
Dépendantes
|
Indépendantes
|
H1 : L'insuffisance des
mécanismes d'appropriation du règlement CEMAC/COBAC par l'organe
de supervision et les structures d'appui est à l'origine de la
difficulté de son application
|
Difficulté de son application
|
Insuffisance des mécanismes d'appropriation (supervision
et vulgarisation)
----------------------
|
- Nombre de fois que le règlement CEMAC/COBAC a
été vulgarisé (sensibilisé diffusé,
séminaires organisés, médias utilisés)
- Nombre de contrôles effectués et des
recommandations élaborées par la COBAC ;
- Effectif et niveau de qualification et compétence en
RH et RF du personnel de la supervision et des organes d'appui ;
- Nombre de formations organisées par les intenses de
supervision ;
- Examen du plan de communication ;
- Niveau de la structuration du secteur
- Niveau d'appropriation du règlement
CEMAC/COBAC ;
- Niveau de professionnalisme des intenses de
supervision ;
- Niveau d'organisation de l'association
professionnel ;
- Niveau de professionnalisme des EMF.
- Actions menées par de l'autorité
monétaire ;
- Apports des EMF vis-à-vis dudit règlement.
|
- Questionnaire/enquête/entrevue
- Enquêtes/entrevue/ recherche documentaire
- Questionnaire/enquêtes/entrevue
- Questionnaire/entretien/enquêtes ;
- Entrevue /enquête ;
- Recherche documentaire/entrevue
- Enquête/recherche documentaire
- Enquête/ entrevue/ observation d
- Recherche documentaire, enquête
- Entrevue/enquête/observation
- Recherche documentaire/entrevue
|
- Dirigeants, personnel, élus et autres
bénéficiaires ;
- Dirigeants, élus, personnel et autres
dirigeants ;
- Personnel, dirigeants
- Personnel des EMF
- Personnel, dirigeants
- Idem
- Personnel stratégique et opérationnel
- Elus, acteurs et dirigeants
- EMF et acteurs
- Personnel, dirigeants et élus
- Personnel, élus et dir.
|
H2 : Les contraintes
liées aux EMF, les informations disponibles et leur exploitation, dans
l'application du règlement CEMAC/COBAC en matière prudentielle
expliquent la difficulté de son application.
|
Difficulté de son application
|
contraintes liées aux EMF, des informations disponibles et
leur exploitation
----------------------
|
- Nombre des EMF qui possèdent le recueil de texte
COBAC et un manuel de procédures;
- Niveau d'organisation et d'information
- Existence des rapports d'activité ;
- Exploitation du document règlement ;
- Niveau de qualification du personnel des EMF;
- Niveau d'interprétation des ratios à appliquer
aux EMF ;
- Niveau de professionnalisme des EMF ;
- Moyens mis en oeuvre par les EMF pour se former et
s'informer des méthodes d'application du règlement ;
- (modules de cours organisés, par les EMF);
- Niveau de la maîtrise des normes
prudentielles ;
- Niveau de fonctionnement de l'ANEMCAM.
- Niveau d'appropriation du règlement
CEMAC/COBAC ;
- Niveau de professionnalisme des intenses de
supervision ;
- Niveau d'organisation de l'association
professionnel ;
- Niveau de professionnalisme des IMF.
- Actions menées par de l'autorité
monétaire ;
- Apports des EMF vis-à-vis dudit règlement.
|
- - Enquêtes/recherche doc.
- Recherche doc entrevue/enquête
- Recherche doc/entrevue/enq.
- Recherche documentaire/ enq.
- Recherche documentaire/entre ;
- Entretien/ entrevue
- Recherche documentaire/ observation directe ;
- Enquête/entrevue/ observation
- Recherche doc/enquête.
- Enquête/recher doc/entrevue.
- Entrevue/enquête/observation ;
- Recherche doc/ entre.
- Recherche documentaire/enq.
- Recherche doc/ enquête ;
- Recherche documentaire/ enq ;
- Enquête/ entrevue.
|
- Dirigeants, personnel, élus et autres
bénéficiaires
- Dirigeants, élus, personnel et autres personnels,
élus, dirigeants
- Personnel, dirigeants
- Idem
- Idem
- Idem
- Idem
- Personnel
- Stratégique et opérationnel
- Elus, acteurs et dirigeants
- EMF et acteurs
- Personnel, dirigeants et élus
- Personnel, élus et dir.
|
H3 : L'application
satisfaisante du règlement CEMAC/COBAC en normes prudentielles implique
une série d'actions coordonnées à différents
niveaux
|
Application satisfaisante
|
Série d'actions coordonnées à
différents niveaux
------------------
|
- Renforcement des effectifs et capacités du personnel
du département de la microfinance de la COBAC et de la sous-direction
pour peut être bien analyser ou exploiter les états
financiers et les rapports d'activités;
- Recrutement des cadres supérieurs qualifiés en
microfinance dans les strutures sus-citées
- Renforcement des capacités logistiques et
financières de ces structures ;
- Décentralisation du secteur ;
- Fonctionnement de l'ANEMCAM
- Mise en oeuvre d'une banque des données ;
- Créer une Direction Nationale autonome (supervision)
logée au sein de l'autorité monétaire.
- Niveau d'appropriation du règlement
CEMAC/COBAC satisfaisant ;
- Meilleure interprétation des normes
prudentielles ;
- Suivi de la réglementation respecté ;
- Examen du plan d'exécution ;
-Existence Contrôles réguliers et budgets
alloués
- Secteur de la microfinance professionnalisé ;
-Montant des apports des EMF vis-à-vis dudit
règlement.
|
- Questionnaire/enquête/entrevue
- Enquêtes/entrevue/
- Questionnaire/enquêtes/entrevu
- Questionnaire/entretien/enquêtes
- Entrevue /enquête ;
- Recherche documentaire/entrevue
- Enquête/recherche documentaire
- Enquête/ entrevue/ observation
- Entrevue/enquête/observation ;
- Questionnaire/ entrevue/
- Recherche documentaire/enquête
- Entretien/entrevue ;
- Recherche documentaire/interview
- Recherche documentaire ;
- Questionnaire/Entretien/Entrevue
- Recherche doc/Entretien/Questionnaire
|
- Dirigeants, personnel, élus et
autres bénéficiaires
- Dirigeants, élus, personnel et autres
- personnel, élus, dirigeants
- personnel, dirigeants
- - Idem
- - Idem
- - Idem
- personnel stratégique et opérationnel
- Elus, acteurs et dirigeants
- EMF et acteurs
- Personnel, dirigeants et élus
- Personnel, élus et directeurs
|
Source : nos recherches de 20072-2-3.
CONSTITUTION DE L'ECHANTILLONNAGE- CHOIX
DES GROUPES CIBLES
Pour mener à bien nos recherches, nous avons
opté pour un échantillon de 33% de l'effectif total des COOPEC
indépendantes et exhaustif pour les différents EMF en
réseau, le personnel du département de la supervision de la COBAC
et de la sous-direction du MINEFI, la population correspondante,
procédé à un tirage systématique et obtenu quarante
cinq (45) institutions de microfinance, soit vingt sept (27) et trois (3) par
catégorie dans les trois provinces qui constituent 60% d'EMF
fonctionnels au Cameroun à savoir : du Centre, du Littorale et du
Nord-ouest. Les provinces du Sud-ouest, de l'ouest et de l'Extrême-Nord
comprennent 28,7% de l'ensemble des EMF, mais notre étude retiendra neuf
(9) EMF, soit un (1) seul EMF par catégorie. Tandis que les provinces de
l'Est, du Sud, du Nord et de l'Adamaoua ne concentrent que 11,3% des EMF, notre
recherche se focalise également sur un (1) seul EMF par
catégorie, soit neuf (9) au total. Il va s'ajouter la population de la
cellule, celle de la supervision et le personnel ressources. Ainsi, la
population totale correspondante à la taille de notre échantillon
est présentée dans le tableau ci-dessous.
Tableau n° 4 : Echantillonnage
N° d'ordre
|
Population cible
|
Effectif
|
prévu
|
Touché
|
Echantillonnage
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
01
|
(EMF) Réseau CAMCCUL
|
176
|
86
|
48,86
|
86
|
100
|
Raisonné
|
02
|
(EMF) Réseau M
|
57
|
39
|
68,42
|
39
|
100
|
Raisonné
|
03
|
(EMF) Réseau CMEC
|
41
|
41
|
100
|
41
|
100
|
Exhaustif
|
04
|
(EMF) Réseau CVECA
|
112
|
52
|
46,42
|
52
|
100
|
Raisonné
|
05
|
(EMF) COOPEC indépendantes
|
137
|
45
|
33
|
41
|
91,11
|
Aléatoire
|
06
|
Personnel de la supervision (COBAC)
|
7
|
7
|
100
|
7
|
100
|
Exhaustif
|
07
|
Sous-direction de la microfinance (MINEFI)
|
6
|
6
|
100
|
6
|
100
|
Exhaustif
|
08
|
Personnes ressources
|
3
|
3
|
100
|
2
|
85,71
|
Raisonné
|
|
Total
|
-
|
279
|
-
|
274
|
97,01
|
-
|
Source : travaux d'étudiant à partir
des données recueillies du secteur
2-2-4. PHASE DE L'EXPLOITATION ET DE L'ANALYSE DES
DONNEES
2-2-4-1. Techniques et outils de collecte des
données
Les données collectées lors de
notre passage dans les structures sus-évoquées découlent
de l'utilisation combinée de plusieurs techniques d'investigation
assorties d'outils appropriés. Ces techniques sont : la recherche
documentaire, l'observation directe, l'enquête et l'entrevue.
2-2-4-2. Pré-enquête
Elle nous a permis de découvrir
sommairement les différentes structures, de recueillir des conseils, de
faire connaître l'objet de notre recherche, voire de susciter une
collaboration avec les membres des différentes structures de notre
étude.
2-2-4-3. Recherche documentaire
Cette technique nous a permis de collecter
des données et des informations secondaires sur les différentes
structures (secteur). Ainsi, nous avons consulté les documents tels que
les statuts, les règlements intérieurs, les manuels de
procédures, les manuels des gérants, les rapports
d'activités, les données statistiques annuelles et les
états financiers.
Par ailleurs, nous avons utilisé la même
technique pour avoir plus d'informations sur les difficultés
d'application de la réglementation micro financière de l'Afrique
centrale afin de préciser le sujet. La recherche documentaire a
été complétée par l'observation directe.
2-2-4-4. Observation directe
Notre séjour dans les différentes structures
nous a permis d'apprécier leur mode de
fonctionnement et de gestion. Des rencontres ponctuelles nous
ont permis d'apprécier également les comportements des acteurs,
clients, élus et sociétaires lors des multiples réunions
auxquelles nous avons assisté, l'engouement et le climat social qui y
prévaut. Ce qui nous a permis de confirmer certaines informations que
nous avons reçues lors des entrevues. Cette technique affûte notre
capacité d'analyse. Grâce à elle, nous sommes entré
en contact direct avec les réalités du terrain. Autrement dit,
nous avons été capable d'apprécier l'avancement des
activités, l'accueil réservé aux membres dans chaque cas
et la capacité des uns et des autres à pouvoir gérer les
conflits survenus. L'observation a été complétée
par l'enquête sur le terrain.
2-2-4-5. Enquête
Au cours de l'enquête, l'utilisation
du questionnaire a permis de toucher un plus grand
nombre de membres. Les informations collectées ont
permis d'avoir une vue d'ensemble sur les difficultés rencontrées
dans l'application dudit règlement et les solutions possibles.
2-2-4-6. Entrevue
Nous avons utilisé un guide
d'entretien. L'entrevue s'est déroulée sous forme libre avec
possibilité de sortir du sujet.
Cette technique a été
préférée à cause de son caractère convivial
et de la possibilité qu'elle donne d'élargir son champ
d'investigation, de recentrer ou de relancer des questions non répondues
ou incomplètes. Grâce à cette technique, nous avons
collecté des informations sur les limites et avantages de cette
réglementation et les pistes de solutions possibles.
2-2-5. TRAITEMENT DES DONNEES COLLECTEES
Les données ont
été regroupées par centre d'intérêt lors du
dépouillement. Le traitement a été manuel et s'est
effectué à partir des tableaux de synthèse. Les
informations collectées ont été analysées et
organisées à l'aide des techniques et outils statistiques,
d'analyse financière et d'autres outils d'analyse.
2-2-5-1. Outils statistiques
Nous avons utilisé les proportions et les moyennes
arithmétiques. Ces outils nous ont permis de décrire les
données recueillies et de comparer les caractéristiques des
différentes catégories d'individus.
S'agissant des techniques et outils d'analyse
financière, nous avons utilisé les normes prudentielles
spécifiques à la gestion des IMF. Ces normes nous ont permis de
réaliser un diagnostic sur l'impact de la mise en oeuvre de la
réglementation CEMAC/COBAC dans le fonctionnement et la gestion des IMF
au Cameroun.
v Les autres outils d'analyse
D'autres outils non moins importants ont été
utilisés. Il s'agit notamment de :
2-2-5-2. Grille d'évaluation
La grille d'évaluation nous a permis
d'apprécier le niveau d'exécution de chaque indicateur afin de
dégager les points forts et les points faibles. Cette grille permet en
outre d'analyser chaque hypothèse à partir des indicateurs et des
modalités correspondantes. En effet, une note est attribuée selon
chaque fonction, les notes varient de 1 à 10 points.
Si la note est inférieure à 7/10,
l'hypothèse est confirmée, par contre si elle est
supérieure à 7/10, l'hypothèse est
rejetée selon les cas. L'attribution des points s'est faite sur la base
des principes de gestion des normes admises dans le secteur, des données
collectées ou du bon sens du chercheur (Management intégral,
1998).
Le barème de notation des critères se
présente comme suit :
1 -2 = Déficient 5 - 6 =
Acceptable 9 - 10 = Excellent
3 - 4 = Faible 7 - 8 = Très
bien
2-2-5-3. Arbre à problèmes
Il a servi à présenter la
synthèse de la situation à laquelle est confrontée les EMF
face à l'application de la réglementation.
CHAPITRE III
PRESENTATION ET ANALYSE
DES
RESULTATS DE L'ETUDE
3-1. PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
3-1-1. EVOLUTION HISTORIQUE DU
CADRE REGLEMENTAIRE
Trois grandes périodes ont marqué la construction
du cadre légal et réglementaire de la microfinance au Cameroun.
Le tableau n°5 ci-après l'illustre :
Tableau n° 5 : Illustration du cadre
réglementaire
Etape 1
|
Avant 1992
|
Loi 90/056 du 19 décembre 1990 autorise
l'activité d'épargne et de crédit aux groupements de
formes diverses : associations et coopératives.
|
Etape 2
|
De 1992 à 2002
|
Loi COOP/GIC 92/006 du 14 août 1992 traite du cas
spécifique des structures non bancaires opérant
l'intermédiation financière (COOPEC)
|
Etape 3
|
Depuis 2002
|
Règlement COBAC 01/02/CEMAC/UMAC/COBAC place tous les
établissements sous la tutelle du MINEFI en autorisant des formes
diverses. Les COOPEC sont astreintes aux deux textes.
|
Source : travaux de l'auteur, construit à
partir des textes disponibles
a)- Principales caractéristiques de la
réglementation
- un caractère
sous-régional
La réglementation mise en place s'adresse à tous
les pays de la CEMAC (Cameroun,
Congo, Gabon, Tchad, RCA, Guinée Equatoriale) membres du
même système monétaire.
- Les organes d'application de la
réglementation.
Le Ministre des Finances est la tutelle de droit du secteur de la
microfinance dans chaque pays. Les établissements ayant gardé la
forme coopérative sont en outre placés sous la tutelle du
Ministre de l'Agriculture.
La Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC) qui est
déjà le gendarme de
l'activité bancaire joue le même rôle pour le
secteur de la microfinance en étant l'organe de
contrôle et de surveillance.
- une réglementation duale
La réglementation applicable aux EMF est en
réalité l'ajustement de 2 textes dont l'un, à
caractère administratif, fixe les conditions de
création et d'exercice des EMF, l'autre, à caractère
technique, cherche à assurer la permanence des dépôts et la
viabilité du secteur à travers un train de limites
opérationnelles qualifiées de ratios prudentiels.
- Une application
différée
Mise en place en avril 2002, la réglementation accorde
aux EMF un délai de mise en
conformité de 3 ans (avril 2005) pour la partie
administrative et 5 ans (avril 2007) pour la partie technique. Cette
différenciation concerne seulement les EMF en activité au moment
de sa promulgation. Ceux créés après avril 2002 ont la
contrainte d'être immédiatement en conformité avec les
textes.
- Résumé de la
réglementation.
La réglementation applicable aux EMF peut être
scindée en quatre ((04) composantes qui sont : la
catégorisation des EMF, le contingentement de certains actes, les
principales astreintes et les ratios. Le tableau n°6 ci-après en
fait une présentation schématique.
Tableau n° 6 :
Résumé de la réglementation
LES ACTES CONTINGENTES
|
Autorisation préalable
|
Simple déclaration
|
Interdits
|
· Changement de catégorie ou d'activités
|
· Ouverture nouveau guichet ou agence sauf EMF de
2ème catégorie (autorisation
préalable)
|
· Incorporation d'incapables juridiques et
économiques dans C.A. ou dans les Organes dirigeants
|
· Les opérations financières
spécialisées (exp. crédit- bail à titre
habituel)
|
· Cessation de fonction de dirigeant ou du commissaire
aux comptes
|
· Intermédiation financière avec
l'extérieur
|
· Modification structurelle (fusion, scission,
absorption, cessation d'activité...)
|
· Changement d'adresse ou de dénomination
|
· Opérations hors de sa catégorie
|
· Adhésion à un réseau
|
· Modification de l'équilibre des pouvoirs
|
· Utilisation du terme "banque" ou "établissement
de crédit"
|
LES PRINCIPALES ASTREINTES
|
· Dénomination toujours avec mention « EMF",
les références de l'acte d'agrément et la
catégorie
· Obligation d'adhésion à l'Association
Professionnelle
· Publication régulière des états et
des conditions applicables
· Respect des normes prudentielles
· Transmission régulière des états
à la COBAC
|
Ils sont au nombre de 21 visant à assurer la
disponibilité permanente des dépôts confiés aux EMF
par leurs usagers. Ils peuvent être regroupés en 4 grandes classes
:
· les ratios de structure financière visent
à assurer la solidité financière de l'EMF (ratios des
fonds propres, de constitution des réserves, de couverture des
immobilisations...)
· les ratios d'exposition aux risques qui disciplinent
l'activité de crédit (ratios de division de risques, de
couverture de risques, taux de transformation des dépôts, ratio
de liquidité...)
· la limitation du niveau de dépendance (nombre
minimum de membres, part maximum d'un membre, quota du recours aux emprunts
extérieurs, prise de participation...)
· les ratios de mesure de la transparence de gestion
(traitement des créances douteuses, production et publication des
états financiers).
|
Source : construit par l'auteur, à partir du
règlement CEMAC/COBAC
|
b)- Répartition des établissements de
micro finance par type et par province
Tableau n°7:
Répartition par province des EMF
PROVINCE
|
CAMCCUL
|
MC²
|
CVECA
|
CMEC SAILD
|
EMF Ind.
|
Total
|
Adamaoua
|
6
|
1
|
|
|
1
|
8
|
Centre
|
9
|
8
|
58
|
1
|
52
|
128
|
Est
|
2
|
3
|
|
2
|
2
|
9
|
Extrême-Nord
|
5
|
1
|
38
|
10
|
1
|
55
|
Littoral
|
23
|
7
|
|
5
|
51
|
86
|
Nord
|
6
|
1
|
16
|
2
|
2
|
27
|
Nord-Ouest
|
61
|
3
|
|
8
|
7
|
79
|
Ouest
|
19
|
28
|
|
13
|
12
|
72
|
Sud
|
-
|
2
|
|
|
3
|
5
|
Sud-Ouest
|
45
|
3
|
|
|
6
|
54
|
TOTAL
|
176
|
57
|
112
|
41
|
137
|
523
|
Source : sous-direction de la microfinance du
MINEFI (2006)
Tableau n°8 : Répartition des EMF
indépendants
PROVINCE
|
LOCALITE
|
Nombre d'EMF
|
Total/ Province
|
Adamaoua
|
Ngaoundéré
|
1
|
1
|
Centre
|
Makak
|
1
|
52
|
Saa
|
1
|
Yaoundé
|
50
|
Est
|
Abong-Mbang
|
1
|
2
|
Bertoua
|
1
|
Extrême -Nord
|
Maroua
|
1
|
1
|
Littoral
|
Douala
|
49
|
51
|
Nkongsamba
|
2
|
Nord
|
Garoua
|
1
|
2
|
Rey Bouba
|
1
|
Nord-Ouest
|
Bamenda
|
6
|
7
|
Nkambé
|
1
|
Ouest
|
Bafang
|
1
|
12
|
Bafoussam
|
7
|
Bandjoun
|
1
|
Dschang
|
2
|
Mbouda
|
1
|
Sud
|
Ebolowa
|
2
|
3
|
Sangmélima
|
1
|
Sud-Ouest
|
Buéa
|
2
|
6
|
Limbe
|
4
|
TOTAL
|
22
|
137
|
137
|
Localités pouvant être qualifiée de rurale
Localités urbaines
Source : COBAC (2006)
Schéma
n°1 : REPARTITION DES EMF PAR PROVINCE
CAMCCUL 5
M 1
CVECA 38 CMEC 10
Indpdts 1
Total : 55
CAMCCUL 6
M 1
CVECA 16
CMEC 2
Indpdts 2
Total: 27
CAMCCUL 6
M 1
CVECA
CMEC
Indpdts 1
Total: 8
CAMCCUL 61
M 3
CVECA 8
CMEC
Indpdts 11
Total: 83
CAMCCUL 45
M 3
CVECA
CMEC
Indpdts 2
Total: 50
CAMCCUL 2
M 3
CVECA
CMEC 2 Indpdts 2
Total: 9
CAMCCUL
M 2
CVECA
CMEC
Indpdts 3
Total: 5
CAMCCUL 9
M 8
CVECA 58
CMEC 1
Indpdts 52
Total: 128
CAMCCUL 23
M 7
CVECA
CMEC 5
Indpdts 51
Total: 88
CAMCCUL 19
M 28
CVECA -
CMEC 13
Indpdts 12
Total: 72
GENERALES
D'EXPLOITATION
Source : COBAC (2006) et archives des divers
réseaux
Ces tableaux et figure confirment la mauvaise
répartition des EMF tant entre les diverses
provinces qu'entre les villes et les zones rurales. Les
provinces du Centre et du Littoral constituent le groupe phare, la province du
centre cumulant le plus grand nombre d'établissements avec 128 EMF sur
les 523 examinés par notre étude qui y ont leur siège
social. Cet excellent score résulte de la forte concentration des
CVECA qui y ont ouvert plus de la moitié de leurs 112 caisses (soit 58,
pratiquement toutes en zone rurale) et des EMF indépendants (52 dont 50
pour la seule ville de Yaoundé). La province du littoral la suit avec 88
institutions dont 23 caisses du CAMCCUL majoritairement
disséminées en zone rurale (notamment dans les plantations
industrielles de HEVECAM, SOCAPALM et CDC) et 51 EMF indépendants
installés uniquement dans les villes de Nkongsamba (2) et Douala (49).
Les villes de Douala et Yaoundé abritent ainsi à elles seules 99
EMF indépendants sur les 137 agréés au 30 juin 2006, soit
plus de 70% de l'ensemble.
Les provinces du Nord-Ouest, de l'Ouest et du Sud-Ouest
forment le peloton suivant. Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest enregistrent
respectivement 83 et 72 institutions. Le réseau CAMCCUL est fortement
implanté dans le Nord-Ouest (61 caisses sur 176) où le mouvement
a 'ailleurs pris naissance et où se trouve son siège. La province
de l'Ouest compte également 72 EMF en tout dont plus du 1/3 sont des
MC². Il faut signaler que plus de la moitié des caisses de ce
réseau sont installées dans cette province et plus
particulièrement dans l'ancien département de la Mifi.
La province de L'Extrême -Nord occupe une position
médiane avec 55 établissements dont 38 CVECA et 10 CMEC. Elle
n'enregistre qu'un seul établissement indépendant qui y a
toutefois ouvert 13 de ses 17 agences dont plusieurs en zone rurale, s'agissant
de la province d'origine de ses promoteurs. Cet EMF (le Crédit du Sahel
en l'occurrence) y déploie une intense activité et anime un
réseau de petites caisses villageoises autogérées (non
agréés et non comptabilisées par notre étude).
Les provinces de l'Adamaoua (8), de l'Est (9), du sud (5) et
dans une moindre mesure du Nord (27) font office de parents pauvres de
l'implantation des EMF. Elles sont défavorisées par l'absence
d'infrastructures, l'éloignement, l'absence d'opportunités
économiques et la faiblesse du réflexe associatif (provinces de
l'Est et du Sud).
Cette inégalité de répartition des EMF
rejaillit sur la qualité et la quantité de l'offre. Les
populations rurales ont des difficultés à trouver des
financements tandis que la réactivité est plus rapide en faveur
des activités urbaines dès lors qu'elles acceptent de se
soumettre à un minimum de formalisme. Par ailleurs, les caisses des
réseaux qui assurent pour l'essentiel la couverture des zones rurales
offrent des produits stéréotypés, imposés par le
manuel de procédures collectifs rédigé par l'organe
faîtier alors que les EMF indépendants font preuve d'une
très grande créativité qui permet de multiplier les
solutions en faveur de leur clientèle urbaine.
Aussi, la synthèse des problèmes liés
à la réglementation prudentielle au Cameroun est illustrée
dans l'arbre à problème ci-après :
CONSEQUENCES
Rejet de la réglementation par les EMF et les acteurs
Schéma n° 2 : ARBRE
A PROBLEMES
Résultats enregistrés par les EMF et les acteurs
inadéquats
Déficience des normes prudentielles et non
prudentielles
Interprétation biaisée de ladite
réglementation
Difficulté d'application du règlement
CEMAC/COBAC
PROBLEME CENTRAL
Non appropriation du règlement CEMAC/COBAC par les
acteurs de la microfinance
Insuffisance de vulgarisation sensibilisation et diffusion du
de la microfinance
CAUSES
L'immobilisme de l'autorité monétaire
(Sous-direction de la microfinance
Non participation de tous les acteurs à
l'élaboration et à l'adoption dudit règlement
Fragilité importante des EMF pour la plus part peu
professionnelles
Déficience de l'association professionnelle de
microfinance (ANEMCAM)
Réticence des acteurs vis-à-vis du
règlement CEMAC/COBAC
Laxisme des organes de supervision
Non respect de la réglementation
Source : Travaux de l'auteur
Stratégies et politiques de mise en oeuvre de la
réglementation peu suffisantes
Insuffisance de ressources humaines financières et
technologiques
3-1-2. ANALYSE DE LA CAPACITE DE LA SUPERVISION
ET
DES STRUCTURES D'APPUI A S'APPROPRIER DE
LA
REGLEMENTATION
Pour faciliter ce travail, certains
indicateurs ou éléments ont été retenus. Ceux-ci
permettront un aperçu général des plus importantes
dimensions du secteur de la microfinance au Cameroun dans la mise en oeuvre du
règlement CEMAC/COBAC, particulièrement la réglementation
dite prudentielle. Leur bonne compréhension et leur bonne utilisation
permettraient une gestion financière satisfaisante.
Ils seront utilisés en fonction des données
collectées et résumées sur le tableau n° 9
ci-après.
Tableau n°9 : Analyse
de quelques indicateurs de santé/éléments
d'appréciation de la
structure de supervision et des structures d'appui
à la réglementation
Structures
retenues
Indicateurs/
Eléments d'appréciation
|
Département de la microfinance de la
COBAC
(supervision)
|
Sous-direction de la microfinance du MINEFI
|
Association professionnelle des établissements
de microfinance du Cameroun (ANEMCAM)
|
EMF
|
Effectifs
|
7
|
6
|
102
|
523
|
Cadres supérieurs
|
1
|
4
|
-
|
-
|
Agents
|
6
|
2
|
-
|
-
|
Compétence en microfinance
|
1
|
1
|
-
|
-
|
Nombre/% de contrôles exécutés depuis
2002
|
1
|
-
|
-
|
-
|
Niveau de vulgarisation de la réglementation
prudentielle en %
|
-
|
1%
|
-
|
2%
|
Niveau d'appropriation de la réglementation
prudentielle
|
-
|
25%
|
-
|
10%
|
Début d'application de la réglementation
|
15 avril 2007
|
-
|
-
|
-
|
Budgets alloués à chaque structure
|
0
|
0
|
-
|
-
|
Moyens logistiques
|
0
|
0
|
-
|
-
|
Source : construit par nous, à partir des
recherches effectuées
Nous pouvons dire à partir des
résultats du tableau n°9 ci-dessus que la supervision qui est
assurée au Cameroun par le département de la microfinance de la
COBAC est déficiente et le problème se pose avec acuité.
Car il est évident que lorsque la supervision veut être efficace
et efficiente, qu'elle s'opère avec un personnel qualifié et
compétent, des moyens financiers et logistiques existants,
adaptés et bien appropriés. .
Par ailleurs, il convient de rappeler que la structure de
supervision (département de la microfinance de la COBAC) fonctionnant
dans les conditions et contextes actuels est incapable de mener à bien
des contrôles systématiques réguliers. Par exemple, si
nous allons sur la base que 523 EMF agrées ou fonctionnant avec un avis
conforme doivent être contrôlés au Cameroun, et qu'il faut
consacrer en moyenne trois (3) jours pour chaque EMF, ceci fera mille cinq cent
soixante neuf jours (1569) soit en moyenne quatre (4) ans et demi
environ. Pour ce faire, s'il faut particulièrement
prendre en compte le cas de certains EMF de grande importance (COFINEST, FTSL,
COMECI, CCA, La Régionale, CAPCOL, Crédit Mutuel, National Port,
Bamenda Police, Crédit du Sahel, etc....) où la COBAC devra
passer dans chacune de ces institutions au moins deux semaines au regard du
volume des activités qu'elles brassent et du nombre de points de vente
dont elles disposent à travers le pays, nous pourrons aisément
avoisiner six (6) à sept ans pour boucler un tour complet de
contrôle au niveau national.
Quant à la sous-direction de la microfinance qui est
une structure d'appui de la supervision du secteur, elle a pour
attributions :
- le suivi de l'application de la réglementation
relative à la microfinance et au marché financier national en
liaison avec les ministères et organismes compétents ;
- le développement des stratégies d'emploi de
l'épargne ;
- la création et de l'aménagement d'un cadre
administratif et juridique propice au développement des
établissements de microfinance ;
- la promotion de partenariat entre les pouvoirs publics, les
organisations non gouvernementales, les établissements de microfinance
et le système bancaire ;
le suivi des relations entre les établissements de
microfinance et les organisations socio-professionnelles.
Selon des sources propres à la sous-direction de la
microfinance du MINEFI, celle-ci ne dispose d'aucun budget lui permettant
d'assurer ses attributions, encore moins celle liée au suivi de
l'application de la réglementation relative à la microfinance.
Son personnel est aussi limité du point de vue nombre et peu
professionnel, car, la sous-direction ne saura assurer pleinement ses
attributions avec un seul spécialiste ou des cadres non formés
en microfinance.
Les vérifications de portée
générale ont montré au tableau n°10 ci-dessous que
des insuffisances persistent dans l'organisation des établissements
financiers. Au cours de l'exercice sous revue, deux établissements de
microfinance seulement ont fait l'objet de vérifications
approfondies.
Tableau n° 10 :
Contrôles effectués par la COBAC en 2004
PAYS
|
NOMBRE DE VERIFICATION DE PORTEE GENERALE
|
NOMBRE DE CONTRÔLE PONCTUEL
|
Banques
|
Etablissements
financiers
|
Etablissements
de microfinance
|
Banques
|
Etablissements
financiers
|
Etablissements de microfinance
|
Cameroun
Centrafrique
Congo
Gabon
Guinée équatoriale
Tchad
|
5
0
2
2
1
3
|
0
0
0
1
0
0
|
1
0
1
0
0
0
|
12
3
4
4
1
2
|
0
0
0
0
0
0
|
0
0
0
0
0
0
|
TOTAL
|
13
|
1
|
2
|
26
|
0
|
0
|
Source : COBAC
En ce qui concerne la microfinance deux contrôles de
portée générale ont été effectués
seulement selon les statistiques disponibles jusqu'à ce jour.
3-1-3. ANALYSE DES PERFORMANCES DE LA
REGLEMENTATION SUR
LE CREDIT ET L'EPARGNE
L'Analyse des performances de la réglementation
CEMAC/COBAC sur le crédit,
tiendra compte à l'absence de certaines statistiques
tels que les résultats disponibles au niveau
du secteur, de l'évolution des données du
tableau n°11 du secteur de la microfinance qui peut être
appréciée selon trois critères :
ü l'évolution du nombre des membres dans les EMF
par an au niveau national de 1998 à
2006;
ü le nombre des EMF qui existe de 1998 à
2006 ;
ü l'évolution de l'épargne et du
crédit de 1998 à 2006. La gamme très variée des
établissements camerounais de microfinance a connu un
essor remarquable avec la promulgation du règlement CEMAC/COBAC relatif
aux conditions d'exercice et de contrôle de l'activité de
microfinance et des textes sur les associations et les COOP/GIC.
Tableau n° 11 : Evolution
des activités d'épargne et de crédit au Cameroun de 1998
à 2006
Eléments retenus
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Epargne mobilisée
|
20124341587
|
21454142535
|
25190470901
|
26802984347
|
27370765362
|
34841649398
|
38644856965
|
43416357280
|
45100000000
|
Encours crédit
|
12912445951
|
15220462728
|
17624304908
|
21463045711
|
31738652583
|
41702656611
|
52807015375
|
58086632631
|
66954336000
|
Effectif des membres
|
279373
|
286003
|
300 000
|
169383
|
172500
|
200 000
|
230 000
|
268 563
|
420 000
|
Taux de remboursement
|
64,16%
|
64,50%
|
68,99%
|
76%
|
74,18%
|
78 ,44%
|
92,65%
|
89,50%
|
81,99%
|
Nombre des EMF
|
436
|
434
|
652
|
630
|
606
|
369
|
402
|
498
|
523
|
Source : construit par nous à partir des
données de notre recherche
Du point de vue de l'effectif des membres, il ressort du
graphique ci-dessous, qu'il est croissant de 1998 à 2000. De 2001
à 2003, la baisse de cet effectif s'explique par l'assainissement du
secteur qui a conduit à la fermeture des EMF qui n'étaient pas en
conformité avec la loi et la réglementation en vigueur. De 2004
à 2006, on remarque une croissance des effectifs due à la
confiance suscitée par la réglementation.
Concernant l'épargne mobilisée, on remarque une
stagnation de l'épargne avant la réglementation. Avec la
réglementation, les différentes variables
présentées dans le graphique ci-dessous ont évolué
ainsi qu'il suit : l'épargne connaît une croissance
remarquable, de 2003 à 2006, on voit qu'elle est passée de 20,134
milliards de francs CFA en 1998 à 45,100 milliards en 2006 soit une
progression de 123,9% sur la période considérée. En
prenant en compte la mise en application de la réglementation dans le
secteur de la microfinance en 2002, on peut dire que la mesure a eu un impact
positif dans le secteur. En effet, on voit que la moyenne de l'épargne
mobilisée est plus forte (40,500 milliards) sur la période
située après la mise en oeuvre de la mesure (2002-2006) que sur
la période située avant la mesure (1998-2001) où la
moyenne est de 23,393 milliards. Elle a presque doublé,
crédibilisant ainsi l'avènement de la réglementation
microfinancière CEMAC/COBAC.
Quant à l'encours crédit, qui est un indicateur
caractéristique de la crédibilité du secteur, elle suit
presque la même évolution que l'épargne mobilisée.
En effet, la moyenne de l'encours du crédit sur la première
période (1998/2001) est de 16,805 milliards contre 54,862 milliards sur
la deuxième période (2002/2006). Ce qui dénote une
influence positive de la mesure sur l'environnement de la microfinance.
Parlant de l'évolution des EMF, on remarque une
croissance avant l'assainissement, après l'assainissement et la mise en
oeuvre de la réglementation, le nombre d'EMF a baissé
considérablement, ce qui nous fait comprendre que beaucoup des EMF
fonctionnaient dans l'illégalité. De 2004 à 2006, on
constate une augmentation progressive du nombre des EMF.
Le taux de remboursement qui est aussi un
élément important dans le crédit a connu une croissance en
2001, mais s'est accompagnée de la perturbation pendant les
périodes d'assainissement et de mise en oeuvre de la
réglementation d'une part. D'autre part, de 2003 à 2004 on
constate une augmentation du taux de remboursement due à la confiance
revenue dans le secteur. Au-delà de 2004 on remarque une baisse du taux
qui passe de 90% à 81,99%. Bien que ce taux soit bon au niveau national,
il n'en demeure pas moins inquiétant au niveau d'une structure de
microfinance.
Graphique n°1 :
Evolution de l'épargne mobilisée, de l'encours du crédit
et des effectifs des membres de 1998 à 2006
Source : construit par l'auteur à partir des
statistiques du secteur camerounais de la microfinance
En ce qui concerne les effectifs des membres dans les EMF, on
observe une évolution erratique car de 1998 à 2000, les effectifs
évoluent de façon lente. En 2001 on dénote une chute de
43,5% des effectifs par rapport à 2000 et qui reste quasi-stable en
2002. A partir de 2002, les effectifs reprennent leur ascension
haussière pour se situer en 2006 à 420900 personnes, soit une
augmentation de 144,00% par rapport à 2002, largement supérieur
au niveau de 1998. Au regard du graphique ci-dessous sur la période
1998/2006, on peut dire que les effectifs des EMF ont évolué en
dents de scie sur la période. De 1998 à 2001, l'effectif des EMF
est passé de 436 à 630 respectivement soit une augmentation de
44,5%.
En 2002, on note une baisse des effectifs par rapport
à 2001, ceci pourrait dénoter une
certaine anticipation sur la mise en application de la mesure
en 2002. Cette baisse est plus accentuée en 2003 avec l'assainissement
du secteur consécutif à la bonne application de la mesure. La
reprise de l'augmentation de l'effectif des EMF à partir de 2004,
illustre l'entrée dans le secteur de nouvelles entreprises mais en
respectant les contraintes imposées par la mise en application de la
mesure. Le niveau de 2001 n'étant pas encore atteint en 2006, la moyenne
des EMF dans la première période est de 538 contre 480 sur la
deuxième période.
Graphique n°2 :
Evolution du nombre des EMF de 1998 à 2006
Source : construit par l'auteur à
partir des statistiques du secteur camerounais de la microfinance
De 1998 à 2006, le taux de remboursement est
passé de 64,2% en 1998 à 82,0% en 2006, soit une progression de
17,8 points. Sur la première période, la moyenne de remboursement
est de 68,4% contre 83,4% sur la deuxième période, justifiant un
impact positif de la mesure sur le taux de remboursement des opérateurs
économiques en besoin de financement de ce secteur.
Graphique
n° 3 : Evolution du Taux de remboursement de 1998
à 2006
Source : construit par nous à partir des statistiques
du secteur camerounais de la microfinance
3-1-4. ANALYSE DE QUELQUES CONTRAINTES LIEES AUX
EMF PAR
RAPPORT A L'APPLICATION DE LA
REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE
Pour faciliter la compréhension, certaines contraintes
interviennent dans l'application de la réglementation prudentielle aux
EMF. Ces contraintes permettent un aperçu général des plus
importantes dimensions dans l'application de ladite réglementation.
L'usage, l'acceptation et la bonne compréhension de ces contraintes
conduisent à une gestion financière satisfaisante.
Il s'agit notamment de:
Ø la couverture des immobilisations par les fonds
propres. Les EMF ont la possibilité d'emprunter auprès des
structures externes alors qu'une partie de l'épargne qu'ils collectent
est permanente et peut être utilisée sans risque, surtout pour les
EMF de 2ème catégorie.
Ø L'encours global des engagements nets portés
directement ou indirectement par un
établissement assujetti sur ses actionnaires,
administrateurs, dirigeants et personnel
ne pourra excéder 20% du montant des fonds patrimoniaux
ou fonds propres de
l'EMF. Alors qu'on pouvait mettre ça sur la masse de
l'épargne et permettre aux
principaux opérateurs économiques des EMF
d'accéder à un prêt supérieur au taux fixé
par le règlement sans crainte surtout pour les établissements de
deuxième catégorie donc les SA.
Ø Le respect des 21 ratios prudentiels qui va aider
davantage à assainir le secteur dans son ensemble notamment :
- par l'augmentation du volume de crédit accordé
aux membres et usagers, car 70% en moyenne des ressources des EMF seront
désormais consacrées à l'activité de
crédit.
- par la sécurisation et l'accès permanent aux
dépôts des membres. Les disponibilités à trois mois
doivent désormais pouvoir faire face à 100% aux
exigibilités sur la même période. En d'autres termes,
à chaque fois qu'un usager se présente aux guichets d'un EMF, il
va pouvoir se faire rembourser tous ou partie de ses avoirs sans attendre
parce que le respect de ce ratio rend l'EMF liquide à tout moment.
- l'EMF doit gagner plus d'argent en mieux gérant sa
machine à produire qu'est le portefeuille de crédit. Cet argent
lui permettra de mieux consolider son assise financière par de nouveaux
investissements et l'amélioration des conditions de travail de son
personnel auquel on ne pense pas beaucoup.
- Le niveau d'engagement (crédit) de certains
dirigeants d'EMF doit désormais être maîtrisé car le
niveau de risque pris par un EMF vis-à-vis de ses dirigeants est
désormais limité à un pourcentage des fonds propres de
celui-ci.
- Enfin, les EMF seront tenus de se professionnaliser par la
formation de son personnel, la mise en place d'un bon système
d'information de gestion et d'un contrôle interne basé sur de
manuels de procédures bien élaborés. C'est ainsi qu'avec
l'entrée en vigueur des 21 ratios prudentiels COBAC et si toutes les
conditions sont réunies (publication du plan comptable et
contrôles réguliers systématiques) par la COBAC, le client
des EMF aura désormais accès à plus de crédit aux
conditions compétitives comme c'est le cas déjà
actuellement, il sera rassuré de la disponibilité permanente de
ses avoirs. Bref, il pourra désormais compter avec l'EMF pour le
développement de son activité.
Ø La quotité est de 30%, ce qui est normal, car
l'EMF doit toujours disposer d'une
trésorerie capable de faire face aux remboursements des
clients.
Ø Les EMF doivent se professionnaliser en investissant
de plus en plus dans le
renforcement de capacité afin de s'approprier du
règlement CEMAC/COBAC et particulièrement de la
réglementation prudentielle.
Ø La surveillance et le contrôle doivent se faire
suivant un planning bien défini pour
permettre au secteur d'atteindre les résultats
attendus.
Ø Se former et s'informer de l'utilisation d'un
système d'information et de gestion
efficient et l'usage précis des normes prudentielles
retenues par la COBAC.
Deux exemples sont retenus :
Le premier exemple illustre le système
d'information du secteur camerounais de la microfinance
Tableau n°12 : Utilisation
de certains documents de gestion
Libellé
|
Oui
|
Non
|
Suivez-vous un manuel de procédures ?
|
42%
|
58%
|
Avez-vous un plan comptable ?
|
55%
|
45%
|
Vos opérations sont-elles
informatisées ?
|
56%
|
44%
|
Source : Travaux de l'auteur
Nos enquêtes ont révélé selon le
tableau ci-dessus que le système d'information de gestion est
précaire avec à peine 42% des EMF qui suivent un manuel de
procédures, 55% qui ont un plan comptable et 56%seulement qui sont
informatisés. Nous avons pu consulter quelques manuels de
procédures pour nous apercevoir que, lorsqu'ils existent, ils font
l'impasse sur plusieurs opérations pourtant régulièrement
pratiquées par l'EMF, ccomme les `'opérations pour
soi-même''.
Il en est de même des plans comptables qui
hésitent souvent entre plusieurs systèmes comptables connus
(OCAM, SYSCOHADA, plan comptable spécifique des banques
élaboré par la COBAC, etc...) et ne numérisent pas
certaines opérations. De nombreux EMF ont par conséquent
beaucoup du mal à équilibrer leurs bilans et comptes
d'exploitation qu'ils stabilisent avec un compte `'opérations
diverses''dont ils auraient du mal à donner le détail.
L'absence du manuel de procédures et de plan comptable
clairs ont pour conséquence logique la difficulté
d'informatisation des opérations. Pour faire illusion, de nombreux EMF
se sont dotés de PC qui servent en réalité à faire
du secrétariat.
Le deuxième exemple est la connaissance du
·PPMF
Tableau n° 13 : Reconnaissance du
PPMF
Appréciation
Libellé
|
-
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Réponse
|
41
|
9
|
50
|
Connaissez-vous le PPMF
|
%
|
82%
|
18%
|
100%
|
Source : Travaux de l'auteur
Il ressort du tableau ci-dessus que neuf (9) EMF sur
50 interrogés soit (18%) déclarent ne pas connaître le
PPMF, ce qui constitue une proportion très élevée,
s'agissant d'une structure créée depuis six ans
déjà pour animer le secteur des EMF et servir d'interface avec
l'action gouvernementale et celle des bailleurs, il y a certainement un
déficit de communication à combler auprès de ces EMF qui
se situent en général dans les zones rurales.
Ø Rendre fonctionnel l'ANEMCAM.
Ø La constitution des dossiers d'agrément par
les caisses pose un problème par rapport à
l'éloignement. En effet, tout le service est
concentré à Yaoundé où se fait exclusivement le
dépôt desdits dossiers. Mais toute fois, il est utile de
reconnaître que toutes ces contraintes concourent à renforcer la
sécurité des épargnants, voire celle de tout le
système financier, impulsant ainsi la promotion de la microfinance au
Cameroun.
3-1-5. ANALYSE DES FORCES ET LES FAIBLESSES DE
L'OFFRE DE
MICROFINANCE
Le tableau n° 14 ci-après
répertorie par catégorie d'acteurs, les atouts et les pesanteurs
de l'offre de la microfinance.
Tableau n°14 : Analyse des atouts et
contraintes de l'offre de microfinance par catégorie
d'acteurs
Type d'acteur
|
Forces/Atouts
|
Opportunités
|
Faiblesses et menaces
|
Etat
|
Volonté manifeste d'appuyer le secteur
|
Intense courant mondial en faveur de la microfinance
|
Absence d'un véritable programme national de
microfinance
|
|
Importants moyens institutionnels et financiers (fonds PPTE)
|
Forte appropriation du phénomène de microfinance
par les nationaux
|
Irrégularité des sessions du CNMF et manque de
suivi des résolutions
|
|
Appui multidimensionnel
|
|
Réglementation insuffisamment diffusée
Le délai de mise en conformité par rapport à
la réglementation était trop long et a plutôt
enfoncé certains EMF
|
|
Meilleurs résultats chaque fois que le relais des EMF est
utilisé
|
|
Nombreux effets négatifs de l'offre directe par
l'Etat :
- Sentiment de gratuité de l'argent public
- Concurrence déloyale avec l'activité des EMF
- Imprécisions sur les critères...
|
|
|
|
Rareté des évaluations
|
|
|
|
Les pesanteurs administratives ralentissent de nombreux
programmes
Fréquentes interférences des autorités
administratives
|
|
|
|
Récupération par les élites locales à
des fins politiques provoquant des impayés
|
|
|
|
|
Association Professionnelle
(ANEMCAM)
|
Récente matérialisation de l'existence (locaux,
Secrétariat exécutif)
|
Bonnes prédispositions des pouvoirs publics et des
bailleurs de fonds
|
Déficit de communication avec la base
|
|
Légitimité institutionnelle
Adhésion de tous les EMF
|
Retour de la sérénité après conflits
de positionnement
(leadership)
|
Lenteur de transmission des dossiers au Secrétariat
exécutif
Absence de négociation directe avec l'APECAM et
l'association des Assurances
|
Organes faîtiers et assimilés
|
Assistance financière et technique au réseau
|
Ont la préférence des bailleurs et de l'action
publique
|
Non rémunération des réserves
constituées par les caisses
|
|
Production des états consolidés
Contrôle et audit des caisses
|
Longue expérience
|
Frais d'assistance parfois trop élevés
Immixtions dans la gestion courante (CAMCCUL)
Déficit de communication
|
|
|
|
Capacités humaines insuffisantes pour l'encadrement du
réseau CAMCCUL a une créance gelée de 4 milliards sur les
lignes des banques liquidées représentant les dépôts
des membres des caisses
|
EMF des réseaux et volets financiers des projets
|
Ciblent les couches faibles (femmes, secteur rural, petits
opérateurs urbains...)
|
Ont la préférence des bailleurs et de l'action
publique
|
Manuel de procédures trop rigide, ne permet pas les
innovations
|
|
Régulièrement audités et
contrôlés
Solide organisation administrative
|
Meilleure adéquation avec l'environnement
|
Déficit de communication dans le réseau CAMCCUL
|
|
Démocratie dans le choix des dirigeants
|
Parapluie de la structure faîtière dans les actes
administratifs (agrément par exemple)
|
Immiscions de l'organe faîtier dans la gestion courante
|
|
SIG efficient
Formation des élus et du personnel
|
|
Base de calcul des frais de siège et des frais
d'assistance inadapté (sur le capital et non sur l'activité)
|
|
Le CAMCCUL a créé une banque au service des caisses
de son réseau
|
|
Pression fiscale indue
|
EMF indépendants
|
Dynamisme des promoteurs
Participent à la réduction du chômage
|
Confiance restaurée des usagers envers le secteur
L'agrément accroît le prestige des EMF
bénéficiaires
|
Faiblesse des SIG
Dispersion opérationnelle
Faiblesse des capacités humaines et financière
|
|
Favorisent l'emploi féminin
Inventivité (produits à la carte)
|
Intérêt croissant des banques envers le secteur
Le développement des TIC favorise les transferts
rapides
|
Souvent marginalisés par les bailleurs et l'action
publique
Ciblent la clientèle de haut de gamme
Taux d'intérêt élevés- taux de
transformation élevé
|
|
Facilitent la connexion ville/campagne grâce à la
multiplication des agences
Réduction de la thésaurisation
|
|
Précarité de l'environnement administratif et
judiciaire.
Faible collaboration horizontale (absence de système de
compensation)
|
|
|
|
Le code OHADA protège davantage les débiteurs
Mauvaise gouvernance
Mimétisme des banques
|
Banques
|
Importants moyens financiers
|
Position de plus en plus favorable envers le secteur
|
Faible expertise dans le domaine de la microfinance
|
|
La microfinance est un marché captif pour les banques
|
Les EMF sont un créneau de saine utilisation de
l'excédent de trésorerie
|
De nombreuses banques veulent créer leur
établissement au lieu de collaborer avec ceux des nationaux
|
|
|
L'Union Bank est entièrement dévouée
à la cause de la microfinance
|
Refus de reconnaître la qualité
d'intermédiaire financier aux EMF
Il existe encore des banques qui ne veulent pas se compromettre
avec le secteur
|
Tontines
|
Rapidité des interventions
Formalisme simplifié
|
Liens de partenariat avec la microfinance
Concerne toutes les couches sociales
|
Cycles limités et prêts à court terme
uniquement
Intérêts très élevés
|
|
Rareté des impayés
Respect des engagements par les membres (rareté des
impayés)
|
|
Cercles fermés et parfois ésotériques
Forte coloration tribale
|
|
|
|
Absence d'adresse physique
Absence de légalisation
Repérage comptable très difficile
|
Source : travaux d'étudiant
Il ressort du tableau ci-dessus que la situation de l'offre de la
microfinance au Cameroun, présente grâce au nouveau cadre
réglementaire et au dynamisme des acteurs:
ü Une image améliorée de la
microfinance ;
ü Une volonté réelle des bailleurs de fonds
et des pouvoirs publics à appuyer le
secteur. Mais leur action devrait se situer dans une dynamique
de synergie au lieu de la dispersion actuellement observée et dont les
conséquences sont :
- La concurrence avec l'activité des EMF,
- L'arbitraire dans le choix des zones et la sélection
des bénéficiaires,
- La disparité des conditions (subventions contre
prêts remboursables, taux différents etc..) chez les mêmes
bénéficiaires etc...
ü Une meilleure situation des établissements en
réseau grâce à la mutualisation des
ressources et la diligence d'un organisme faîtier qui
assure la formation, le contrôle, la
représentation administrative et le refinancement. Ils
bénéficient en outre d'un meilleur système
d'information de gestion (SIG) caractérisé par
l'existence d'un manuel de procédures et d'un plan comptable
standardisé établi par l'organe faîtier, même si on
peut regretter parfois la rigidité de ce système qui n'autorise
pas les innovations;
ü Le gel d'une importante partie des ressources du
CAMCCUL auprès des banques
fermées. L'anomalie de cette situation tient de ce que
cet argent (4 milliards) provient de l'épargne collectée par les
caisses auprès des pauvres et devrait avoir un caractère de
créance privilégiée. Sa restitution constituerait une
importante bouffée d'oxygène pour le secteur ;
ü Une offre encore très en dessous de la demande
malgré la prolifération des EMF
sous forme d'établissements autonomes mais surtout
d'agences;
ü Une croissance dorénavant maîtrisée
des structures de microfinance depuis que
l'entrée en application de la première partie de
la réglementation rend obligatoire l'obtention de l'agrément
préalablement à l'ouverture des portes ;
ü Une couverture très
déséquilibrée du territoire national.
L'Est, le Sud, l'Adamaoua
sont insuffisamment couverts. Le Nord, l'Extrême-Nord,
l'Ouest et le Sud-Ouest sont moyennement couverts. Le Nord-Ouest, le Centre et
le Littoral connaissent une forte densité d'EMF ;
ü Un ancrage fortement urbain de la microfinance.
Quelque soit la province, c'est
dans les villes qu'on retrouve majoritairement les EMF ;
ü Un environnement administratif et judiciaire
précaire marqué par une fiscalité
imprécise qui ouvre la porte à de nombreux abus
de la part des agents du fisc obnubilés par le souci de l'atteinte des
objectifs quantitatifs qui leur sont assignés et par des
fréquents dénis de droit.
ü Une forte propension à financer le commerce et
les services au détriment de
l'agriculture. Une enquête menée en 2004
révélait que 33% d'EMF trouvait le financement agricole trop
risqué et refusait de s'y engager tandis que seul 16 % en faisait leur
activité principale. Le reste ne s'y intéressait que dans
l'espoir de s'attirer les faveurs des bailleurs de fonds ou des programmes
gouvernementaux ciblant ce secteur ;
ü Une faiblesse chronique des capacités humaines
et financières. La plupart des EMF
se créent avec des fonds propres insuffisants et ne
peuvent faire face à leurs charges de fonctionnement qu'en puisant sur
les dépôts des clients. La marge opérationnelle est
fragilisée (activités de crédit et même de simple
restitution des dépôts) et les établissements n'ont pas de
ressources pour recruter et rémunérer un personnel de bon niveau,
ni former le personnel en place ;
ü Une supervision insuffisante (rareté des
contrôles par la COBAC, mauvaise qualité
de suivi par les organes faîtiers). Il est d'ailleurs
à redouter que le délai accordé par la tutelle aux
établissements pour se mettre en conformité par rapport à
la réglementation n'ait plutôt contribué à enfoncer
certains EMF. Il aurait certainement fallu pendant ce temps organiser des
contrôles préventifs et pédagogiques ;
ü Une gouvernance de piètre qualité surtout
dans les établissements indépendants. Elle se caractérise
par la mauvaise gestion du personnel (non respect des droits essentiels,
absence des plans de carrière et même d'organigramme...), le
mauvais fonctionnement des organes statutaires, le non respect de la
réglementation, surtout en ce qui concerne les ratios prudentiels,
l'absence de collaboration entre les EMF aggravée par la non
effectivité de l'association professionnelle ;
ü Un taux de délinquance très
élevé qui obère la maigre trésorerie de ces
établissements. Nous avons relevé des taux
d'impayé allant jusqu'à 25% dans certains EMF. Les raisons en
sont multiples:
- La mauvaise maîtrise des techniques de montage des
dossiers par les agents de crédit,
- La faiblesse des garanties dans le contexte de rareté
des titres de propriété chez la clientèle informelle,
- La volatilité de la clientèle,
- Les insuffisances du code OHADA en matière de
recouvrement qui semble protéger le débiteur plus que le
créancier ;
ü Une association professionnelle qui tarde à
prendre ses marques et dont le rôle n'est pas encore très
perceptible. La légitimité est même contestée par de
nombreux établissements. La frontière reste encore floue entre le
Secrétariat Exécutif constitué depuis 5 mois et le Conseil
d'Administration qui gère encore la plupart des dossiers au quotidien
lors que tous ses membres sont des dirigeants d'EMF déjà
très occupés par leurs structures. Les ressources sont
insuffisantes pour assurer le décollage, beaucoup d'EMF étant
réticents à cotiser ;
ü Une position des banques de plus en plus favorable
envers la microfinance. Les
banques sont attirées par la trésorerie bon
marché des EMF et beaucoup veulent pour leur part profiter de
l'expertise des EMF pour recycler leur excédent de trésorerie
dans le microfinancement. Cette bonne prédisposition se
matérialise par la création de départements
spécifiques dans quelques banques comme l'Eco Bank, la CBC Bank
l'Afriland First Bank, ou l'Union Bank, qui est du reste une banque
créée par un réseau d'EMF. A la place d'un
département microfinance, la BICEC a plutôt un département
d'appui au monde rural qui gère les crédits à ce secteur
transitant par la microfinance. On regrettera toutefois que certaines banques
choisissent plutôt de créer leur propre structure de microfinance
(SGBC, Eco Bank) au lieu de collaborer avec les structures des
nationaux ;
ü Une offre à deux vitesses avec d'une part des
structures de microfinance à vocation capitaliste recherchant uniquement
le profit et d'autre part des EMF soucieux avant tout de trouver les solutions
aux problèmes des couches pauvres. Les premiers sont des initiatives
privées appartenant aux nationaux et se retrouvent en majorité en
ville, les deuxièmes, plus nombreux en campagne sont soit des caisses
membres des réseaux à vocation communautaire, soit les volets
financiers des projets d'aide au développement ;
ü Une interférence négative des pouvoirs
publics et des bailleurs lorsqu'ils procèdent
eux-mêmes à la prestation des services de
microfinance au lieu de la confier aux professionnels.
3-I-6. FORCES ET FAIBLESSES DE LA REGLEMENTATION AU
NIVEAU
NATIONAL
Tableau n°14 : Forces de la
réglementation du secteur de la microfinance
FORCES
|
Suivi du secteur par la délivrance des
agréments ;
|
Suivi des activités des EMF par les missions de
contrôle
|
Mise en place d'un cadre juridique acceptable par les acteurs de
la microfinance
|
Les épargnes des populations sont
sécurisées
|
Le secteur bénéficie de la discipline et de la
confiance des populations
|
Lutte contre la pauvreté
|
Elle donne plus de crédibilité au secteur
|
Assainir le secteur en créant une confiance par rapport
aux potentiels clients
|
Augmenter la capacité de l'épargne et du
crédit et éventuellement le taux de pénétration
|
Source : travaux d'étudiant
Tableau n° 15 : Faiblesses de la
réglementation du secteur de la microfinance
FAIBLESSES
|
Le caractère différé de la
réglementation, cette façon ne convainc pas
|
La loi prévoie des aménagements pour les EMF de
très petites tailles comme certaines caisses villageoises, que le
Directeur peut travailler à temps partiel ce qui n'est pas juste, car
l'on ne doit pas s'amuser avec l'épargne des déposants qu'elle
soit petite
|
L'attribution et la supervision des activités de
contrôles et d'inspections à la COBAC
|
La définition des formes juridiques qui ne sont pas
liées à la catégorisation des EMF
|
Au niveau de l'administration fiscale, rien n'est prévue
pour le secteur de la microfinance
|
L'inadaptation de la réglementation prudentielle à
toutes les catégories, notamment les petits EMF ruraux
|
L'exigence des sûretés réelles aux petits
épargnants et les clients exerçant dans le secteur informel
|
les conditions difficiles à remplir, notamment les fonds
de solidarité pour les EMF déjà opérationnels et
avec capital élevé. La non distinction des ratios par
catégorie, zone, cible et groupe d'activité.
|
La politique de provisionnement est difficilement applicable en
zone rurale
|
Source : travaux d'étudiant
3-1-7. LES INSUFFISANCES DES TEXTES
REGLEMENTAIRES
La définition des domaines d'intervention des EMF en
matière d'opérations de banque reste floue et certaines banques
ont peur de s'engager avec eux dans des opérations qui pourraient se
retourner contre elles en cas de problème. Il en est ainsi du
problème de l'endos des chèques pour encaissement par les EMF
complètement éludé par le règlement N°
01/02/CEMAC/COBAC. Le texte autorise les EMF à emettre des
chèques mais limite la circulation de ceux-ci à
l'intérieur du réseau des EMF sans préciser s'ils peuvent
ou non endosser en tant qu'établissement de crédit, ceux
émis par les banques commerciales. Ainsi une banque commerciale sera
toujours réticente à encaisser un chèque tiré sur
une autre banque commerciale et ayant transité par un EMF où le
bénéficiaire a son compte.
Ces insuffisances des textes font entendre que la microfinance
est un secteur trop risqué, ce qui jusifie la réticence des
banques à lui accorder des financements en espèces.
Les EMF que nous avons rencontrés déplorent les
mauvaises relations avec les banques qui sont réticentes à leur
ouvrir des comptes ou qui rejettent leur signature d'endos et leur accordent
difficilement de crédits. Celles qui trouvent ces relations cordiales
(18%) se plaignent néamoins de l'excessive surveillance dont leurs
opérations font l'objet. Ainsi, une facilité ne peut être
accordée qu'après parfait dénouement de la
précédente et le moindre incident peut donner lieu à la
cessation des relations. Seules 8% des EMF importants à qui les banques
font la cour en vue de récuperer leur trésorérie trouvent
que ces relations sont bonnes
3-2. INCIDENCE DE LA MISE EN OEUVRE DE LA
REGLEMENTATION
L'incidence de la microfinance dans le système
économique et social du Cameroun peut être jaugée à
travers sa participation à l'intermédiaire financière et
à travers son rôle dans la réalisation de certains
équilibres sociaux (création d'emploi, régulation des flux
sociaux, promotion du genre). On pourrait également voir si elle joue un
rôle dans le renforcement de l'intégration régionale.
3-2-1. CREATION D'EMPLOIS PAR LA
MICROFINANCE
En l'absence des statistiques consolidées
récentes du secteur, nous ne pouvons opérer que par extrapolation
à partir des chiffres de 2003 donnés par une étude de la
Banque de France qui accordait à la microfinance un effectif de 6 000
personnes. Malgré le filtrage réglementaire opéré
en Décembre 2005 qui ramène à 314 (contre 605) le nombre
d'établissements agréés, de nombreux établissements
sont restés clandestinement en activité. D'autres (surtout ceux
du réseau CAMCCUL) ont fusionné avec les établissements du
même réseau autorisés à continuer d'exercer et ont
conservé leurs effectifs.
En définitive, il y a eu très peu de
disparitions sur le marché. Par ailleurs, les ouvertures d'agences se
démultiplient comme nous l'avons déjà mentionné et
certains produits très prisés telle que la collecte quotidienne,
sont à très forte consommation de main-d'oeuvre (voir
encadré 2 confère annexe III). Au total nous estimons à
plus de 10 000 personnes l'effectif total actuel de la microfinance dans
lequel il y a une forte dominance féminine à cause de la
probité présupposée.
Les recrutements se font également en priorité
parmi les diplômés de l'enseignement supérieur et le niveau
moyen du salaire s'est fortement amélioré sous l'effet de la
concurrence. Dans les établissements que nous avons interviewés,
nous l'établissons à 150 000 CFA pour les cadres et à
80 000 pour le personnel d'exécution. Ce qui est largement au
dessus de ceux proposés par la fonction publique. Mais les performances
ne doivent pas masquer les faiblesses du secteur.
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