1-2-3. IMPORTANCE, ET CHAMP D'APPLICATION DE LA
REGLEMENTATION
1-2-3-1. Importance de la
réglementation
D'une manière générale, la
réglementation vise la protection des épargnants, la santé
et la stabilité du système, mais pas explicitement
l'accès. Pourtant, l'accessibilité accrue des services financiers
est la pierre angulaire de toute vision d'un secteur financier servant aussi
les pauvres. En conséquence, cet aspect peut devenir un objectif
important de politique publique. Dans l'exercice de leurs fonctions
prudentielles et de protection des consommateurs, les autorités
devraient, au maximum, réfléchir à l'impact de leurs
décisions sur l'accessibilité pour les populations pauvres et les
EMF. Elles doivent réfléchir aux effets de la
réglementation et de la supervision sur la création des
« conditions habilitantes »
G. ENESIS, (2004 :6).
1-2-3-2. Prudentielle (réglementation ou
supervision)
La réglementation ou la supervision est prudentielle
lorsqu'elle a pour objectifs spécifiques d'assurer la protection de
l'ensemble du système financier du pays par la prévention des
faillites d'institutions mettant en péril d'autres institutions ainsi
que celle des petits dépôts des particuliers qui ne sont en
position de surveiller eux- mêmes la solvabilité des institutions
micro financières dans les différentes institutions
agréées. Si la réglementation prudentielle ne prête
pas suffisamment d'attention à ces objectifs, il peut en résulter
un gaspillage des ressources déjà limitées des instances
de supervision, des contraintes de réglementation excessives pour les
institutions et un ralentissement de la croissance du secteur financier.
L'application des règlements prudentiels sur les quels
notre étude va s'appesantir (normes d'adéquation des fonds
propres, obligations des réserves et de liquidités par exemple)
exige pratiquement toujours l'existence d'une autorité financière
spécialisée. En revanche, la réglementation non
prudentielle (publication du taux d'intérêt effectif, des
noms des personnes exerçant un contrôle sur la
société, etc.), qui relève davantage d'un « code
de conduite des affaires », peut souvent être
exécutée par l'institution elle-même et être
confiée à des organes autres que les autorités
financières (CGAP, 2003) Directives concertées pour la
microfinance. Dans un certain nombre de pays, c'est l'insuffisance des
capacités de supervision qui vient compromettre les avancées
législatives et réglementaires en faveur de services financiers
accessibles à tous. On qualifie certaines règles de
« non prudentielles » non pas pour dire qu'il s'agit de
règles non substantielles, mais parce qu'il s'agit des règles qui
n'exigent pas de l'autorité de contrôle qu'elle se porte garante
de la solvabilité de l'institution
« réglementée » ou qu'elle assume une
responsabilité quelconque à cet égard. Elles portent par
exemple sur les aspects suivants :
v enregistrement et agrément;
v Divulgation d'information sur la structure du capital;
v Communication ou publication des états financiers;
v Normes de comptabilité et d'audit;
v Transparence des informations sur les taux
d'intérêt communiqués aux consommateurs;
v Audits externes;
v Limites en matière de taux
d'intérêt.
Ces règles n'impliquent pas que l'autorité
publique prenne position sur la solidité financière d'une
institution.
Elle n'engagent pas l'État à assumer une
responsabilité quelconque, explicite ou implicite, en tant que garant
des pertes des déposants en cas de faillite.
En conséquence, on pourrait raisonnablement envisager
une réglementation non prudentielle des IMFs ayant pour objet exclusif
le crédit, parce qu'elles ne mobilisent pas ressources substantielles
sous forme de dépôts.
1-2-3-3. Champ d'application de
la réglementation
Le règlement N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC Relatif aux
Conditions d'Exercice et de Contrôle de l'Activité de Microfinance
dans la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
réunit dans son champ d'application toutes les structures effectuant une
activité d'épargne et/ou de crédit, autres que celles
visées par les dispositions de la Convention du 17 janvier 1992 portant
harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de l'Afrique
Centrale. Les enquêtes réalisées en 2004 par le Centre de
Recherche et d'Etudes en Economie et Sondage (CRETES) ont en outre
montré qu'au sein de ce secteur, les structures de microfinance
présentent entre elles une grande diversité. Aussi, afin de
proposer une réglementation la mieux adaptée, il s'est
avéré nécessaire de les catégoriser.
Cette catégorisation tient :
- à l'activité
exercée. Il y a des structures qui effectuent exclusivement une
activité d'épargne ou de crédit ; celles qui
délivrent des services annexes tels que la fourniture d'intrants
à des agriculteurs ; celles dont l'activité d'épargne
et de crédit n'est que le volet accessoire d'une activité de
production et de commercialisation de denrées agricoles ou celles dont
le volet microfinance se développe à côté d'autres
volets d'intervention à caractère social ; et enfin, les
structures dont l'activité de microfinance est spéculative et
s'apparente à celle de marchands de biens et services.
- au choix institutionnel fait par les
promoteurs. Beaucoup de structures de microfinance ont en effet adopté
le statut coopératif ou mutualiste, d'autres un statut associatif,
quelques unes celui de sociétés de capitaux tandis que de
nombreuses autres, sans statut juridique spécifique, sont en voie
d'institutionnalisation.
- au mode d'organisation. Certaines
structures exercent leur activité de manière indépendante
tandis que d'autres sont rattachées à des réseaux
dotés d'organes faîtiers qui jouent généralement un
rôle de promotion, d'encadrement, de formation et de surveillance.
- aux populations-cibles auxquelles elles
s'adressent. Certaines visent la clientèle du milieu rural, d'autres
celle plus ou moins aisée du milieu urbain ; certaines font du
crédit social tandis que d'autres se spécialisent dans le
crédit dit productif.
- à la dimension des structures. On
observe en particulier une amplitude importante du niveau des fonds propres des
structures, de 100 000 à plus de 500 millions FCFA.
- enfin à la motivation des
promoteurs. A côté d'ONG à but caritatif dont le
volet microfinance est connexe à des activités à
caractère social comme la santé ou l'éducation, de l'Etat
entrepreneur, de bailleurs de fonds internationaux, existent aussi des
promoteurs individuels locaux.
La catégorisation proposée distingue les
structures exerçant une activité d'épargne et de
crédit (première et deuxième catégories) de celles
ayant exclusivement une activité de crédit (troisième
catégorie). Dans l'optique d'assurer une bonne maîtrise des
risques et de protéger les avoirs des épargnants, le dispositif
réglementaire est plus exigeant pour les deux premières
catégories.
Parmi les structures collectant l'épargne et
accordant des crédits, il est apparu nécessaire de distinguer
celles formées par des groupes solidaires dont les services s'adressent
exclusivement aux membres de celles faisant appel à l'épargne du
public et ayant le statut de société commerciale
créées à l'initiative de promoteurs individuels ;
c'est le sens de la distinction entre la première et la deuxième
catégorie.
En raison de l'appel à l'épargne du
public, les structures de microfinance de la deuxième catégorie
font l'objet de dispositions réglementaires plus contraignantes.
Enfin, au sein de la première catégorie,
la réglementation fait une place au statut associatif que des structures
choisissent de plus en plus pour l'exercice de l'activité de
microfinance, mais en exigeant un renforcement de leur organisation.
L'encadrement de l'activité demeure
cependant le coeur du présent dispositif.
Les opérations autorisées aux
entités de microfinance y sont définies et
géographiquement circonscrites. Elles comprennent des opérations
principales et des opérations accessoires.
Parmi ces opérations, les placements financiers
permettent l'instauration d'une relation normalisée entre les
institutions de microfinance et le secteur bancaire traditionnel, tandis que
l'interbancarité entre elles y est organisée de manière
à assurer la fluidité des échanges financiers dans le
secteur par la possibilité de créer des chambres de compensation
et la faculté donnée aux entités organisées en
réseau de se doter d'un organe financier ayant le statut de banque.
Par contre, la limitation apportée aux moyens de
paiement, ainsi que l'interdiction d'effectuer des opérations de banque
avec l'étranger, marquent une ligne de démarcation nette avec le
secteur bancaire traditionnel.
Les prérogatives dont dispose la COBAC dans le
domaine réglementaire introduisent la souplesse nécessaire
à l'établissement de normes prudentielles adaptées
à la diversité des établissements de microfinance.
Le mode d'organisation des structures
conditionne également certains aspects réglementaires.
L'intention de favoriser le regroupement des structures en réseau est
prise en compte. Les responsabilités des organes faîtiers y sont
définies, notamment en matière de représentation,
d'administration, de gestion et de contrôle. La faculté
d'introduire les demandes d'agrément des établissements
affiliés et de leurs dirigeants confère à ces organes des
prérogatives dans le développement des réseaux. En
contrepartie, les structures affiliées à un réseau
bénéficient de certains allègements en ce qui concerne la
qualification des dirigeants, le contrôle, le reporting et certaines
normes prudentielles, par rapport à celles exerçant leur
activité de manière indépendante.
Enfin, le texte contient un dispositif de normes
quantitatives qui constituent autant de signaux aussi bien pour les assujettis
que pour l'Autorité de contrôle. Ces normes qui visent à
assurer la pérennité du secteur, ainsi que certaines dispositions
relatives à la gestion des établissements sont
intégrées dans des règlements spécifiques
édictés par la COBAC.
Le présent Règlement de
référence et les textes d'application qui y sont joints
constituent le corpus des règles qui régissent l'activité
de microfinance dans la CEMAC.
1-3. PANORAMA DE LA MICROFINANCE
1-3-1. ORIGINES MONDIALES DE LA MICROFINANCE
Le crédit coopératif et populaire fait son
apparition au milieu du 19ème siècle en Europe
occidentale puis en Amérique du Nord avant de se répandre avec
une force inégale et sous des formes diverses dans presque tous les pays
du monde. Les premières caisses rurales sont créées dans
les campagnes allemandes à l'initiative de Friedrich Wilhem Raiffeisen,
Maire d'une petite commune du Sud de l'Allemagne. Le but est de faire jouer "la
garantie collective" pour faciliter l'obtention des crédits
auprès des banques à leurs membres comme cela se pratique encore
dans les sociétés de caution mutuelle. Il s'agit pour cet
humaniste de trouver des solutions à la souffrance des populations
rurales marginalisées par la révolution industrielle. En
même temps, deux contemporains de Raiffeisen, l'allemand Herman Schulze
et l'italien Luigi Luzzatti créent en zone urbaine des
établissements de crédit populaire pour fournir du crédit
aux artisans et aux petits commerçants urbains. Le mouvement s'est peu
à peu étendu aux pays voisins de l'Allemagne. L'Amérique
est atteinte en 1900 lorsque Alphonse Desjardins créé au
Québec les premières coopératives de crédit en
s'inspirant de l'encyclique " Revum Novarum" du Pape Léon XIII et
des expériences européennes. Du Québec, le mouvement va
rapidement se propager dans les provinces anglophones du Canada et atteindre
les Etats-Unis en 1909 sous le nom d'Unions de Crédit (Crédit
Unions).
Le crédit coopératif ci-dessus doit être
distingué du système de caisse d'épargne né
également au début du 19e siècle en Europe
occidentale et visant à mettre dans un esprit philanthropique, des
services financiers à la disposition des classes moyennes et des milieux
populaires urbains eux aussi exclus du grand capital. Le public visé ici
n'est pas la population à besoin de financement, mais celle qui
dégage une épargne. Les sommes déposées sur un
carnet d'épargne sont utilisées pour effectuer des prêts ou
des placements dont les intérêts permettront de
rémunérer les déposants après couverture des frais
de fonctionnement. Les pouvoirs publics vont chercher à profiter de
cette possibilité de se procurer des ressources abondantes dans des
conditions peu onéreuses et vont créer à leur tour des
caisses d'épargne nationales qui s'appuient sur le réseau des
bureaux de poste et celui du Trésor public.
C'est au Docteur Muhammad Yunus que nous devons l'acceptation
actuelle de la microfinance qui est un outil de développement ou tout au
moins d'intégration économique et sociale des couches
défavorisées. A la faveur de travaux pratiques avec ses
étudiants sur les théories de l'investissement, ce brillant
économiste bangladais découvre l'extrême indigence
financière de ses concitoyens fabricants de tabourets en bambou qui
n'ont aucun moyen de constituer des stocks de matières
premières. Leurs besoins en crédit est pourtant infime : 27
dollars en tout pour 42 paysans qui ne peuvent avoir accès aux banques.
Leur ayant prêté cette somme de sa poche, il peut
découvrir combien leur activité gagne en plus-value tout en
générant de nouveaux emplois lorsqu'ils peuvent acheter d'avance
la matière première, échappant ainsi aux fluctuations
importantes des prix. Il va formaliser cette expérience en
créant en 1976 la Gramen Bank qui propose des prêts aux
populations pauvres du Bangladesh et dont le succès va inspirer de
nombreuses autres expériences à travers le monde (voir
encadré 1 confère annexe III `'La Gramen Bank en raccourci'').
1-3-2. AVENEMENT ET EXPANSION DE LA
MICROFINANCE AU
CAMEROUN
Trois grands moments peuvent être distingués dans
l'avènement de la microfinance au Cameroun.
En effet, la microfinance sous sa forme traditionnelle
(tontine) date de plus d'un siècle au Cameroun. Les premiers
établissements s'ouvrent en 1963 avec la création de la
coopérative d'épargne et de crédit (« credit
union » ou caisse populaire) en zone anglophone du Cameroun sous
l'impulsion des missionnaires catholiques (hollandais) soucieux de
sécuriser l'épargne des paysans et de leur faciliter
l'accès au crédit en l'absence des banques commerciales (Ngwafor
Egbe, 2000). Cette activité restera pendant longtemps l'apanage des
régions anglophones du Cameroun avec une forte connotation corporatiste
(ces Coopec sont regroupées au sein de la Cameroon Cooperative
Credit Union League- CAMCCUL, le plus grand réseau
d'établissements de microfinance du Cameroun. Ce réseau a
même créé depuis 5 ans une banque commerciale : la
Union Bank of Cameroon) avant de prendre une envergure nationale à
la suite de la restructuration bancaire qui a mis au chômage de nombreux
cadres compétents en mal de reconversion. Le durcissement des
conditions d'accès au crédit à une large frange de la
population va s'y ajouter pour provoquer la deuxième révolution
du secteur. En effet, cet afflux de nouveaux acteurs provoque une croissance
exponentielle de l'activité qui s'étend également dans
tout le pays. Cette explosion du secteur n'est malheureusement pas
accompagnée par sa sécurisation, ce qui va provoquer au cours des
années 90 des nombreux incidents telles la disparition des
gérants avec la caisse, les tensions aiguës de trésorerie,
la multiplication des contentieux de recouvrement, les fermetures intempestives
etc. Ce désordre va inciter le ministre des finances, garant de
l'épargne publique à procéder au début des
années 2000 à la restructuration du secteur à travers
trois (3) principales mesures.
- La première concerne l'assainissement du fichier
pollué par de nombreux établissements fictifs n'ayant jamais
existé ou ayant fermé les portes depuis longtemps.
- La deuxième mesure porte sur le renforcement du
cadre institutionnel du secteur.
L'objectif visé est de dénébuler le flou
qui entoure l'activité de microfinance et sécuriser le secteur.
La conséquence de cette préoccupation sera la mise en place de
deux textes réglementaires dont l'un à caractère
administratif a pour vocation de préciser les conditions d'existence et
d'exercice des établissements de microfinance. Le deuxième texte
a un caractère technique et a pour but d'assurer la permanence de la
disponibilité des dépôts des usagers de ce secteur.
- La troisième mesure consiste en la mise en place des
mécanismes d'appui en faveur
de la microfinance par les pouvoirs publics avec le concours
des bailleurs de fonds. Le but visé est de renforcer les
capacités techniques, humaines et financières de cette
activité pour mieux l'utiliser dans la lutte contre la pauvreté.
Le lancement du Projet d'Appui au Programme National de la Microfinance (PPMF)
est la cristallisation de cette mesure. Le PPMF est une structure
étatique chargée de servir d'interface à l'action
gouvernementale et de drain aux aides des bailleurs. Il démarre ses
activités en 2002 avec une ligne de crédit de 8 milliards de FCFA
octroyée par le FIDA ; il lui revient d'oeuvrer auprès des
autres bailleurs pour augmenter la cagnotte.
Cet encadrement étatique, matérialisé par
l'institutionnalisation du secteur et la mise en place des mécanismes
d'appui et de financement permet à ce secteur de revendiquer la
qualité d'intermédiaire financier officiel au même titre
que les banques commerciales, même si elle n'a pas accès à
certaines opérations complémentaires de l'intermédiation
financière comme les endos de chèque pour compensation ou les
transferts internationaux. L'action de l'Etat est à la mesure des
sacrifices précédemment consentis pour la restructuration des
banques et procède de la mission régalienne de protection de
l'épargne publique. Elle témoigne aussi du souci des Etats de
la CEMAC de se doter d'un système d'intermédiation
financière performant, capable de soutenir leur développement par
la sécurisation des avoirs des agents économiques et surtout par
l'allocation rationnelle des ressources au secteur productif. Elle est enfin
une réponse à l'engouement mondial en faveur de la microfinance
qui se voit promue au rang d'instrument privilégié de lutte
contre la pauvreté et connaît ainsi sa troisième
révolution.
Le dynamisme du secteur des EMF se caractérise non
seulement par le grand nombre de structures (600 établissements environ
en 2002) mais aussi par une excellente implantation territoriale avec 287
localités couvertes (bulletin COBAC, 2000). Le secteur est devenu en
outre un important pourvoyeur d'emplois avec près de 5000 personnes qui
traitent un portefeuille d'environ 200 000 à 230000 clients (Banque de
France, 2003).
Le tableau n°1 permet de ressortir la part de la
microfinance au Cameroun et de se rendre en évidence que celle-ci n'est
plus un simple épiphénomène mais un paramètre non
négligeable de l'économie dont il convient d'examiner
l'organisation.
Par ailleurs la microfinance a permis de bancariser de
nombreux opérateurs qui
n'auraient jamais pu avoir accès aux banques
commerciales. Il s'agit non seulement de la multitude des acteurs du secteur
informel, mais aussi de toutes les PME/PMI incapables de satisfaire aux
conditions des banques en termes de dépôt minimum ou de garanties
(dans les rares cas où les crédits doivent leur être
accordés). Elle permet de ramener vers le circuit officiel une
importante masse d'argent qui circulait dans l'informel. Grâce à
des mécanismes de partenariat tissés avec le système de
tontine, la microfinance réussit également à
établir un pont entre la finance formelle et la tontine, cette formule
d'intermédiation financière dans laquelle se retrouvent
pratiquement tous les nationaux et dans laquelle se brassent parfois des sommes
énormes.
Tableau n°1: Poids de la microfinance (en
milliers) excepté le nombre des clients dans le paysage financier du
Cameroun (au 31/12/1999)
Année
|
Secteurs
|
Total Bilan
|
Fonds propres
|
En cours dépôts
|
En cours crédit
|
Nombre structures*
|
Nombre clients
|
2001
|
Microfinance
|
52619
|
7700
|
35790
|
25260
|
652
|
200 000
|
Banque
|
991421
|
131200
|
1170000
|
654000
|
15
|
250 000
|
Total
|
1044040
|
140 268
|
595 628
|
547 825
|
667
|
450 000
|
Part de la
microfinance
|
5,04%
|
5,47%
|
6,01%
|
4,63%
|
97,75%
|
44,44%
|
2003
|
Microfinance
|
52619
|
9720
|
41600
|
29700
|
603
|
230 000
|
Banque
|
991421
|
142322
|
1344827
|
920824
|
10
|
280 000
|
Total
|
1044040
|
252042
|
1386427
|
950524
|
613
|
510 000
|
Part de la
microfinance
|
5,04%
|
3,85%
|
3,00%
|
3,12%
|
98,36%
|
45,10%
|
Source : Rapport banque de France 2003
Il convient toutefois de souligner que la part de la
microfinance a plutôt baissé au niveau des fonds propres, des
encours dépôts et des encours de crédits, entre 2001 et
2003. Ceci est dû à l'assainissement du secteur et à
l'avènement de la réglementation.
1-3-3. ORGANISATION DU SECTEUR DE LA MICROFINANCE
AU
CAMEROUN
L'organisation du secteur de la microfinance tient compte des
types d'établissements, de la structuration de son secteur et du
contrôle des EMF.
a) Les types d'établissements.
L'enquête COBAC de l'an 2000, permet de
recenser trois types d'établissements de microfinance sur le
marché camerounais.
- Les structures de type mutualiste (Coopératives et
mutuelles d'épargne et de crédit) dominent le secteur avec
près de 95 % d'EMF, d'où la fréquente confusion entre
l'appellation d' EMF et celle de COOPEC au Cameroun. Cette
préférence s'explique par les facilités de constitution et
les exonérations fiscales dont bénéficie cette forme
juridique. Elle présente cependant l'inconvénient de restreindre
le champ d'activités en autorisant les opérations uniquement avec
les membres à l'exclusion des simples usagers.
- Les structures de type capitaliste sont les structures
effectuant l'activité de microfinance sous forme de
société de capitaux (sociétés anonymes
généralement). Peu répandue au départ à
cause de son coût fiscal, cette catégorie prolifère de plus
en plus sous l'effet de la transformation des anciennes COOPEC attirées
par la base de clientèle plus large.
- Les banques de projet qui gèrent les subventions
étatiques. C'est le cas des Caisses Villageoises du Projet Pilote
`'Crédit Rural Décentralisé'' créé en 1995
sur l'initiative de la Banque Mondiale et le projet Agence de Crédit
pour l'Entreprise Privée (ACEP) Développement Cameroun de la
coopération française spécialisé dans les
crédits aux toutes petites entreprises (TPE) urbaines. Elles
fonctionnent sur la base d'une dotation accordée par l'organisme parrain
et octroient uniquement des crédits sans collecte de l'épargne.
Les intérêts très réduits sont destinés
à couvrir les frais de fonctionnement.
Cette catégorie des établissements est
consacrée par la réglementation du secteur qui introduit la
notion de catégorie caractérisée par la forme juridique,
le type d'activité et la base de clientèle (voir tableau
2 ci-dessous: la catégorisation des EMF).
b) La structuration du secteur de la
microfinance.
|