Croissance des dépenses publiques et incidence sur le développement au Cameroun: le cas du secteur éducatif( Télécharger le fichier original )par Romuald sostaine Foueka Tagne Université de Yaoundé 2 soa - Master/ dea NPTCI 2009 |
I-1-2-2- L' « effet de déplacement » de PEACOCK et WISEMANUne autre explication théorique, proposée par Peacock et Wiseman, peut être mentionnée ici. Dans leur analyse des effets à long terme de l'accroissement des dépenses publiques qui s'est produit en temps de guerre, Peacock et Wiseman ont émis que cet accroissement avait levé les limites de la taxation, ce qui avait permis de maintenir ensuite en permanence un niveau plus élevé de dépenses civiles35(*). Ils sont d'avis que de tels accroissements des activités de l'Etat ont des effets de déplacement, de concentration et de contrôle. Selon eux, en période de stabilité, les considérations de fiscalité ont plus d'influence sur la taille du secteur public et son taux de croissance que les conceptions relatives à l'accroissement souhaitable des dépenses. Il peut donc y avoir une divergence persistante entre les concepts de dépenses souhaitables et ceux de limitation du niveau de la fiscalité. Cette divergence peut être réduite par les évènements comme les guerres qui peuvent, par un effet de déplacement, amener les revenus et les dépenses publiques à de nouveaux niveaux. Après les évènements, des idées nouvelles émergent concernant le niveau tolérable de fiscalité et un nouveau palier peut être atteint, les dépenses publiques représentant à nouveau une partie approximativement constant du PNB, même si les composantes de cette dernière ne sont plus les mêmes. Ils ont aussi avancé que cet effet de déplacement s'accompagne de l'apparition d'un processus de concentration apportant des changements dans l'importance relative des administrations centrales et des autorités locales, les premières assumant des attributions publiques nouvelles tout en s'attribuant des fonctions jusqu'alors exercées par les autorités locales. Ils ajoutent que les guerres forcent souvent les gouvernements et la population à prendre mieux conscience de certains problèmes, il y a là un effet de contrôle qu'on ne doit pas sous-estimer. Depuis cette étude de 1967, de nombreux efforts ont été faits pour soumettre la thèse de l'effet de déplacement à une vérification empirique et plusieurs d'entre eux ne l'ont pas confirmée, au contraire. En partie en raison du nombre croissant des données statistiques tendant à prouver le contraire (les guerres ne provoquent pas de tels effets de déplacement mais entraînent des temps d'arrêt dans la tendance à la hausse). Bird (1972) complète la thèse de l'effet de déplacement, en signalant une évolution contrainte par un effet de Cliquet. L'effet de Cliquet impliquerait le maintien des dépenses publiques exceptionnelles caractérisant l'effet de déplacement en périodes de crises ou de guerre. Le rythme de dépenses exceptionnelles se maintient même après le retour à une période économique stable ; les dépenses stratégiques militaires ou spécifiques de relance se transformant dès lors en nouvelles dépenses sous forme de transferts supplémentaires. L'effet de Cliquet est critiqué par Diamond (1977) qui suggère une autre présentation de la thèse de Peacock et Wiseman en la validant par le test de Chow sur le cas du Royaume-Uni pour la période 1885-1913 (remise en cause de l'hégémonie britannique avec l'industrialisation progressive des autres pays) et la période 1920-1938 (déclin économique britannique). Diamond confirme la croissance des dépenses publiques en période stratégique mais la justifie comme la recherche d'un compromis négocié entre l'Etat et les électeurs éventuels offreurs de soutien politique ou dans la logique d'Olson (1965) entre le gouvernement et tout groupe d'intérêt. Peacock et Wiseman, par la suite, ont modifié dans une certaine mesure leurs premières propositions et font maintenant valoir que les perturbations provoquées par les guerres modifieraient la structure des dépenses publiques. Toutefois, ce point de vue modifié transfère sur les questions de composition de la dépense l'accent mis précédemment sur le volume total. * 35 Les dépenses nouvelles engagées pour faire face à la crise ou à la guerre seraient ensuite maintenues sous d'autres formes. Aux dépenses militaires, par exemple, succèdent celles de la reconstruction ainsi que les pensions à verser aux anciens combattants et à leur famille. |
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