Croissance des dépenses publiques et incidence sur le développement au Cameroun: le cas du secteur éducatif( Télécharger le fichier original )par Romuald sostaine Foueka Tagne Université de Yaoundé 2 soa - Master/ dea NPTCI 2009 |
II-4-2-3- RecommandationsSelon la théorie marginaliste, l'élévation du bien-être passe par une meilleure utilisation des ressources existantes113(*). L'examen de l'utilisation des ressources publiques en éducation révèle quelques disparités liées à certaines caractéristiques socio-économiques. Ces disparités éveillent en nous des modestes recommandations qui pourront, dans une mesure dont nous espérons significative, apporter une valeur ajoutée dans la promotion de l'éducation dans la lutte contre la pauvreté. Ainsi, sans prétendre à l'exhaustivité, les responsables politiques en charge de l'éducation doivent : § Bien définir les clés de répartition des dotations budgétaires ; les dotations ne sont pas reparties de façon équitable entre les établissements de même niveau, situés dans les régions différentes ou d'une même région. Le rapport entre la dotation perçue et le nombre d'élève moyen montre une grande disparité. Il est important de répartir le budget alloué aux établissements scolaires sur des bases équitables et de définir clairement les clés de répartition de ce budget. § Maintenir la répartition des ressources publiques en éducation par sexe en supposant que l'indice de parité reste constant ou s'améliore. § Recruter et affecter des enseignants qualifiés dans les établissements scolaires appropriés. Et à ce propos l'ouverture d'une école normale supérieur à Maroua, est une initiative à encourager et à développer dans d'autres régions sous scolarisées. § Répartir équitablement les dépenses publiques en tenant compte des profils régionaux de pauvreté, des niveaux et des taux de scolarisation. Car les zones les plus pauvres sont les moins dotées en ressources publiques éducatives. § Augmenter l'effort budgétaire afin de passer à un niveau d'espérance de vie scolaire supérieur car selon nos calculs, l'augmentation d'un point du PIB en faveur de l'éducation augmente cette espérance de 2,26 années. Conclusion de la deuxième partie Toute dépense susceptible d'améliorer le niveau de formation d'un individu a pour conséquence d'augmenter sa productivité et donc ses revenus futurs, de la même façon que l'achat de biens de capital par une entreprise permet à celle-ci d'augmenter sa production et ses recettes ultérieures. Telle est la théorie qui, à quelques variances près, soutient fondamentalement l'analyse faite dans cette deuxième partie qui s'attarde sur le rôle de l'éducation, à travers ses dépenses, dans la promotion du développement au Cameroun. Le système éducatif camerounais est très marqué par l'action de l'Etat, qu'il s'agisse de l'offre d'éducation ou de la demande d'éducation. L'effort national en faveur de l'éducation est considérable, avec 3,1% du PIB consacré au secteur éducatif en 2004. Il s'avère selon nos résultats que ces ressources sont efficientes car elles permettent de générer, avec une espérance de vie scolaire de 6,54 années, 2,26 années de scolarisation, ce qui est mieux en comparaison avec les années antérieures où les niveaux de scolarisation étaient inférieurs. Ce résultat pouvant servir de levier en matière de politique éducative car, en ce qui concerne le capital humain, suivant les résultats de l'ECAM III, l'accroissement du niveau d'instruction du chef de ménage et de son conjoint contribue à l'amélioration de manière importante du bien être du ménage114(*). Mais toute mesure de politique pouvant être prise, doit intégrer le profil de scolarisation selon ses disparités spatiales et structurelles. Nous avons vu que la structure du système éducatif s'avère très inégalitaire dans la répartition des ressources publiques : les 10% les plus éduqués reçoivent 38% des ressources en éducation et 3 régions sur 10 s'approprient 57,4% de ces dépenses au cours de l'exercice 2003/2004. Ce qui, au-delà de tout progrès observé en matière de scolarisation, suscite des actions majeures pouvant réduire, voire éliminer, ces disparités afin de rendre compte d'un des objectifs sous-tendus par l'éducation, à savoir l'égalité des chances. CONCLUSION GENERALE Les préoccupations placées au centre de notre travail étaient doubles :
En ce qui concerne la première préoccupation, nous l'avons abordée en considérant un modèle de déséquilibre qui distinguait la demande et l'offre des dépenses publiques. Ce modèle était soutenu fondamentalement par quelques approches théoriques : 1) Du côté de la demande des dépenses publiques, nous avons évoqué la loi de Wagner, l'effet de Baumol, l'hypothèse de l'électeur médian et de la redistribution aux groupes d'intérêt ; 2) et du côté de l'offre des dépenses publiques, nous avons mentionné l'effet de Baumol, l' « effet de déplacement » de Peacock et Wiseman, les éléments de la théorie de la bureaucratie et la théorie de la capacité fiscale. Il s'avère en effet que, selon Bernard (1985), l'on doit distinguer et mesurer les effets relatifs de chaque facteur sur la croissance des dépenses publiques. Cette spécification nous donne divers résultats déjà présents dans la littérature économique: Le niveau du revenu réel influence significativement la variation de la demande des dépenses publiques ; La faible productivité des services publics et le montant des impôts et taxes agissent plutôt sur l'offre des dépenses publiques ; Les effectifs de plus en plus croissants des fonctionnaires explique la croissance des dépenses publiques de fonctionnement et enfin le taux de croissance des dépenses publiques d'investissement dépend de façon positive de son taux de croissance passé. Quant à la deuxième préoccupation qui portait sur l'incidence des dépenses publiques d'éducation, nous l'avons abordé à partir de deux approches. La première approche mettait en exergue le rôle primordial de l'éducation dans la promotion du développement. Ainsi, la théorie du capital humain et la théorie de la croissance endogène nous ont paru essentielles dans cette quête de justification théorique, auxquelles nous ajoutons de façon concise quelques nouvelles théories115(*) économiques en matière d'éducation ; La deuxième approche s'articulait en deux volets : - un volet descriptif où le secteur éducatif camerounais est décrit dans son ensemble (politique éducative et marché de l'éducation) ; - et un volet analytique qui apprécie l'effort national dans le dit secteur. Ainsi, il en ressort de l'exercice 2004 que les ressources éducatives sont globalement efficientes car, elles génèrent un nombre relativement élevé d'années de scolarisation (2,26 années). Mais une analyse en terme de structure de scolarisation et en application de l'approche bénéfice incidence permet de faire ressortir quelques disparités116(*), dont l'action gouvernementale consistera dans la mesure du possible à les réduire voire à les éliminer. Nous terminons notre réflexion par l'examen et l'appropriation des recommandations dont quelques unes ont déjà été émises dans chaque conclusion de chaque partie de notre travail. Ces recommandations mettent principalement l'accent sur des cadres d'actions et des stratégies à savoir : § La priorisation des dépenses publiques pro pauvres c'est à dire les dépenses dans les secteurs de réduction de la pauvreté ; § Le cadrage des dépenses publiques vers les dépenses pro OMD ; § La bonne définition des clés de répartition des dotations budgétaires en s'appropriant les bonnes pratiques, en matière de définition des priorités budgétaires, que sont : priorités définies par programmes et sous-programmes et non par ministères/secteurs ; protection des programmes prioritaires contre les compressions budgétaires ; protection des dépenses d'investissement et d'entretien ; amélioration de l'exécution et du suivi ; § L'accentuation de la coordination entre le programme pluriannuel et la libération annuelle des tranches budgétaires ; § L'utilisation efficace et efficiente des gains de l'allègement de la dette externe camerounaise. Ce qui permettrait de tendre vers les OMD en matière de croissance économique et de réduction de la pauvreté. Les autorités publiques doivent doubler d'ardeur au niveau de la qualité des dépenses et augmenter l'effort budgétaire dans les secteurs sociaux essentiels. La quantité étant partiellement assurée au vu des vastes projets d'investissement que connaît le Cameroun. § La crédibilisation de notre politique de développement pour le long terme telle que présenter dans la vision 2035, en améliorant la qualité des infrastructures publiques. En somme, il s'agit de développer une stratégie comptable DSRP-OMD-CDMT-DP qui serait un outil efficace et une plate forme à la fois de mobilisation des ressources publiques mais aussi d'allocations de ces ressources dans les domaines générateurs de développement durable pour le Cameroun. * 113 Jevons : « au fur et à mesure que l'on accroît, la quantité du bien considéré, chaque quantité additionnelle satisfait un besoin moins pressant, l'utilité marginale s'abaisse tandis que la quantité disponible augmente ». * 114 Par rapport à un ménage dont le chef n'a jamais été à l'école, un ménage dont le chef a fait des études primaire améliore sa consommation par équivalent adulte de 11%. Cet effet est respectivement de 26%, 38% et 75% pour un ménage dont le chef a un niveau d'études secondaire 1er cycle, 2nd cycle et supérieur. * 115 Théorie du filtre, théorie du signal, modèle arbitrage rendement-risque, théorie sociologique de l'individu rationnel, ... * 116 10% des plus éduqués absorbent 38 % des ressources publiques d'éducation et 3 régions sur 10 absorbent 57,4% de ces mêmes ressources. |
|