Croissance des dépenses publiques et incidence sur le développement au Cameroun: le cas du secteur éducatif( Télécharger le fichier original )par Romuald sostaine Foueka Tagne Université de Yaoundé 2 soa - Master/ dea NPTCI 2009 |
Section II- Vérification empirique de la loi de Wagner dans le cas du CamerounAfin d'expliquer la croissance tendancielle des dépenses publiques au Cameroun entre 1982 et 2007, nous proposons un modèle dans lequel on intègre à la fois le côté de l'offre et de la demande, ce qui diffère des modèles de dépenses publiques antérieurs. Au-delà de cette différence nous allons également analyser les propriétés des séries chronologiques54(*). Nous admettons qu'il n'y a pas de mécanisme d'ajustement des prix pour équilibrer l'offre et la demande étant donné que les biens et services du gouvernement ne sont pas nécessairement en un point d'équilibre mais peuvent se situer sur l'offre ou sur la demande, d'où la nécessité d'utiliser un modèle de déséquilibre. I-2-2-1- Présentation du modèleL'hypothèse fondamentale que nous cherchons à tester empiriquement stipule que la hausse tendancielle des dépenses publiques est expliquée par le niveau de développement. Ce niveau de développement induit : - une complexité croissante de la société qui exige des formes développées de la vie collective ; - un accroissement de la demande de certains biens publics : éducation, santé... ; - une intervention accrue de l'Etat, car ce dernier devra réguler ou favoriser le développement des activités de recherche, l'augmentation de la taille des investissements, les concentrations, les monopoles... ; - enfin, des recettes supplémentaires du fait d'une meilleure capacité à collecter les taxes. Il en ressort des facteurs de demande ou d'offre explicatifs de la hausse des dépenses publiques. D'où l'utilisation de trois équations pour définir notre modèle de déséquilibre : soit une équation où les dépenses publiques sont expliquées par les facteurs d'offre appelée équation d'offre ; une autre où ces dépenses sont expliquées par les facteurs de demande appelée équation de demande ; et une équation de quantité observée qui est le maximum de la demande et de l'offre a) Spécification des variables Les dépenses totales représentent la variable principale à expliquer. Nous y retiendrons les deux grandes rubriques des dépenses publiques que sont : les dépenses publiques d'investissement et de fonctionnement pour pouvoir expliquer également leur évolution. Nous utiliserons alors trois variables dépendantes : G = Part des dépenses totales dans le PIB GF = Part des dépenses de fonctionnement dans le PIB GI = Part des dépenses d'investissement dans le PIB
Pour pouvoir expliquer ces variables, nous allons nous servir des variables explicatives suivantes dont leurs choix seront expliqués dans le prochain paragraphe : - URBAN = la proportion de population urbaine dans la population totale - LogPOP = logarithme de la population totale - Y = revenu réel per capita au prix constant 2006 - RELPRICE = le rapport entre l'indice de prix à la consommation (pris comme le déflateur implicite de consommation du gouvernement) et le déflateur implicite du PIB - XM = la somme des exportations et importations divisées par le PIB - PUB = l'effectif total des employés du gouvernement en milliers. - DIRTAX = la proportion des impôts et taxes dans le PIB - DEFICIT = la proportion du déficit budgétaire du gouvernement dans le PIB - DUMCOAL = variable égale à 1 si le gouvernement est à l'intérieur d'une coalition et égale à 0 sinon - D1 = Dummy pour la stabilité macroéconomique ; D1 = 0 pour les années de récession (1986-1995) et D1 = 1 pour les années dites de croissance (1982-1985 et 1996-2007) b) Identification des équations d'offre, de demande et de déséquilibre i) Equation de demande GD = â0 + â1URBAN + â2LogPOP + â3Y + â4RELPRICE + â5XM + â6D1 + å Avec å terme aléatoire et â0 constante A l'aide des variables URBAN, LogPOP et Y nous pouvons tester l'hypothèse de Wagner en tenant compte du changement démographique. Le signe prédit est positif pour les trois premières variables explicatives55(*) car on s'attend à ce qu'elles influencent positivement la demande des dépenses publiques. L'augmentation de la population a un effet positif sur la demande de biens fournis par le gouvernement. L'effet de Baumol sera tester en utilisant la variable RELPRICE. Le signe attendu est positif, car suivant l'hypothèse de Baumol, il y a accroissement du prix relatif du bien public avec une demande inélastique par rapport au prix.
La redistribution aux groupes de pression est mesurée par une variable : XM l'ouverture de l'économie, qui nous permettra de tester l'effet positif de l'ouverture de l'économie sur la croissance des dépenses publiques.
GS = á0 + á1RELPRICE + á2PUB +á3DIRTAX +á4DEFICIT +á5D1+á6Dumcoal+ ì Avec á0 constante et ì terme aléatoire Nous tenons encore compte de l'effet de Baumol en utilisant la variable RELPRICE. Le signe du coefficient de la variable explicative PUB devrait être positif suivant la théorie de Niskanen (1968, 1971) puisqu'il suppose que les employés du gouvernement ont une préférence pour avoir des budgets trop élevés. La présence de la variable D1 reflète en quelque sorte l'effet de récession. Suivant la pensée keynésienne, le gouvernement devrait augmenter ses dépenses publiques en présence de récession d'où le signe de á5 devrait être positif (négatif dans le cas contraire). La variable DIRTAX est utilisée pour mesurer la capacité fiscale du gouvernement. Logiquement, on devrait s'attendre à ce qu'une hausse des recettes fiscales induise une hausse des dépenses publiques (á3 > 0) La variable DEFICIT est un indicateur de mesure pour traduire le recours de l'Etat à l'emprunt extérieur pour faire face aux difficultés de financement des biens publics. L'effet est donc positif. Lorsqu'il y a plusieurs partis au pouvoir, cela augmente l'habilité des groupes d'intérêt à influencer le niveau des dépenses publiques à la hausse. La variable dichotomique DUMCOAL teste cet effet positif sur le niveau des dépenses publiques. Dans le cas du Cameroun, cette variable prendra la valeur 0 pour la période d'étude.
Nous utiliserons en droite ligne d'Henrekson et Lybeck, la condition du maximum contrairement à l'hypothèse du côté court que l'on retrouve dans les modèles macroéconomiques de déséquilibre. * 54 Comme l'ont montré Nelson et Ploser (1982), la plupart des séries macroéconomiques sont non stationnaires à niveau. * 55 Le signe attendu pour le revenu réel par habitant est parfois indéterminé, étant donné que la taille du gouvernement est calculée à partir du revenu national. Selon l'étude de Abizadeh et Yousefi (1988) ces auteurs trouvent une relation positive entre la part des dépenses publiques et le PIB per capita dans un modèle de série chronologique pour le Canada pour la période de 1945 à 1984. * 56 Tel que mentionné ci-dessous, la robustesse de notre modèle aurait été affinée si nous étions allé jusqu'au bout du modèle de déséquilibre. Malheureusement, la résolution de ce modèle nécessitait l'utilisation d'un logiciel, LIMDEP, dont la manipulation n'est pas aisée. Le recours aux informaticiens et statisticiens qualifiés de l'université de Yaoundé II et même de l'INS s'est avéré infructueux. Ainsi, avons-nous admis par hypothèse, compte tenu des tendances factuelles observées dans les déterminants de la variation des dépenses publiques au Cameroun que c'est généralement la demande qui détermine le niveau des dépenses publiques. |
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