Paragraphe 2 : Eliminer la discontinuité
éducative
Le second problème véritablement crucial est
celui de la discontinuité éducative. En effet, l'étude a
montré que la discontinuité éducative qui est le premier
déterminant de l'achèvement exerce une influence fortement
négative sur celui-ci. Il faut à tout prix réduire le
nombre de ces écoles. Nous proposons dans un premier temps un
recensement minutieux de ces écoles puis ensuite une résolution
progressive mais rapide des problèmes auxquels elles sont
confrontées. Ceci ne saurait être possible sans la construction de
salles de classes équipées et le recrutement d'enseignants entre
autres. De même, il faudrait convaincre les parents de la
nécessité d'envoyer tous leurs enfants, filles et garçons,
à l'école surtout que le système politique actuel semble
faire de la gratuité à l'enseignement primaire une
priorité. Ainsi, on pourrait résoudre aussi le problème
d'effectifs de classe insuffisants qui explique parfois la décision du
chef d'établissement de ne pas ouvrir une classe compte tenu des
dépenses que cela entraînerait. Il faudrait aussi veiller à
ce que dans les nouvelles écoles créées, les
élèves aient la possibilité de bénéficier de
la continuité éducative.
Au niveau des communes du Bénin surtout celles rurales,
les élus locaux doivent aussi jouer un grand rôle si l'on veut
assurer l'instruction primaire pour tous les enfants d'ici à 2015. Il
faudrait sensibiliser les parents d'élèves des
dégâts de la discontinuité éducative et de
l'analphabétisme et susciter davantage leur implication dans la mise en
place de l'offre scolaire. Ceci permettra de réduire le nombre des
victimes de la discontinuité éducative.
Au-delà de toutes ces recommandations, il faut
améliorer la qualification du personnel enseignant qui est toujours
insuffisant, rendre plus accessibles les manuels scolaires et réunir
toutes les conditions indispensables au déroulement normal d'une
année scolaire pleine en évitant surtout les mouvements de
grève qui ne permettent
Dynamique de l'achèvement du cycle primaire par les
filles au Bénin Décembre 2006
pas d'achever les programmes d'études. Toutes ces
mesures que nous recommandons ont un coût qui sera inévitablement
élevé mais elles s'imposent car l'éducation et en
particulier celle des filles, loin de dépouiller les autres secteurs du
développement social, contribue à les renforcer. Autrement, nous
courons le risque de dépasser de plusieurs décennies
l'échéance de 2015 et de sacrifier inutilement des
générations d'enfants et en particulier de filles.
De nombreuses cantines scolaires sont créées
dans les écoles surtout dans les zones rurales dans le but
d'améliorer la scolarisation des enfants. Mais contrairement à
nos attentes, cette variable ne s'est pas révélée
déterminante de l'achèvement. Ce qui nous amène à
nous interroger sur l'efficacité de ces cantines et plus
particulièrement des cantines scolaires gouvernementales qui sont les
plus nombreuses. A notre avis, il faudrait surtout revoir le circuit de
distribution des vivres qui alimentent ces cantines. Il devrait y avoir le
moins d'intermédiaires possibles pour que les vivres parviennent
directement aux bénéficiaires, ce qui permettra aux populations
cibles de bénéficier réellement de ces cantines. Par
ailleurs il faudrait que ces vivres soient adaptés à
l'alimentation locale et que des missions d'inspection soient
régulièrement menées afin de vérifier le
fonctionnement des cantines.
Dynamique de l'achèvement du cycle primaire par les
filles au Bénin Décembre 2006
Les recherches ont abondamment prouvé les nombreux
avantages que peut procurer l'investissement dans l'éducation des filles
et, la communauté internationale s'accorde dorénavant sur le fait
qu'on ne saurait faire reculer durablement la pauvreté sans promouvoir
l'instruction des femmes au même niveau que celui des hommes. La
réalisation de l'EPT est donc plus que jamais un défi.
Au Bénin, des progrès ont été
réalisés au niveau de l'accès des filles à
l'école à travers notamment l'exonération, depuis 1993, de
ces dernières des frais d'inscription au primaire public, la
création de foyer de jeunes filles en 1996, l'appui aux associations des
mères d'élèves ou clubs de mamans afin de libérer
leurs filles pour l'école et les campagnes de sensibilisation.
Malheureusement, à ces taux d'admission élevés, on associe
des taux d'achèvement encore faibles. C'est donc cette question cruciale
de l'achèvement du cycle primaire par les filles qui a fait l'objet de
ce mémoire.
Les méthodes d'analyse factorielle utilisées
pour notre recherche ont permis de connaître la typologie des communes
où le taux d'achèvement du primaire des filles (TAPf) risque de
baisser en 2007 par rapport à la moyenne de 2005. Il s'agit
essentiellement des communes des zones rurales qui se retrouvent pour la
plupart au Nord. Elles ont aussi révélé que le pourcentage
d'écoles primaires publiques (PEPP), le taux de promotion des filles
(TPf), le nombre d'écoles maternelles (NEM) et le pourcentage
d'écoles en situation de discontinuité éducative (PESD)
sont les facteurs déterminants de l'achèvement du cycle primaire
par les filles. Procédant par la suite à une estimation par un
modèle logit à partir de ces facteurs, on retient que seules les
variables TPf et PESD déterminent significativement le
phénomène. Tandis que le TPf a une influence positive sur
l'achèvement, la discontinuité éducative constitue au
contraire un handicap à ce dernier.
Dynamique de l'achèvement du cycle primaire par les
filles au Bénin Décembre 2006
Partant de ces résultats, nous avons formulé des
recommandations qui se résument en deux points :
Augmenter l'offre scolaire à la maternelle et au primaire
et améliorer la rétention dans le cycle ;
Mettre en place les conditions de continuité
éducative dans toutes les écoles primaires.
Aller à l'école est un droit fondamental pour
tous les enfants et aujourd'hui, il est certainement nécessaire de
rendre gratuits et obligatoires les enseignements maternel et primaire quand on
a compris que l'éducation n'est plus un luxe. Mais la gratuité de
l'école primaire est une condition non suffisante pour atteindre
l'objectif de 2015 qui est celui d'avoir un TAP égal à 100%.
En effet, cette mesure aura surtout pour impact de faciliter
davantage l'accès des filles à l'école mais n'agira pas
remarquablement sur l'achèvement si l'on s'en limite. Alors si l'on ne
règle pas prioritairement les questions de discontinuité
éducative, de la diminution des taux de redoublement et d'abandon, du
manque d'infrastructures scolaires et de personnel enseignant, le Bénin
risque de ne pas être au rendez-vous de 2015.
Dynamique de l'achèvement du cycle primaire par les
filles au Bénin Décembre 2006
|