Section 3 : Recommandations
Les méthodes statistiques ont permis de postuler une
relation quantifiable entre la variable à expliquer et celles qui lui
sont étroitement liées. A partir des résultats obtenus, il
s'avère nécessaire de faire des recommandations en vue
d'accélérer la réalisation de la SPPT au Bénin dont
l'échéance commune est, rappelons-le, fixée à
2015.
Les résultats du traitement des données sont
sans équivoque. Des variables explicatives de départ, quatre
à savoir Nombre d'Ecoles Maternelles (NEM), Pourcentage d'Ecoles
Primaires Publiques (PEPP), Taux de Promotion des filles (TPf) et Pourcentage
d'Ecoles en Situation de Discontinuité (PESD) déterminent
l'achèvement du cycle primaire par les filles. Elles sont
essentiellement liées à l'offre scolaire et à
l'efficacité interne du système. Mais ce sont surtout les deux
dernières qui retiennent principalement l'attention car elles
influencent fortement l'achèvement du cycle primaire par les filles.
Cependant, nous jugeons nécessaire de formuler des recommandations par
rapport à l'ensemble de ces quatre variables.
Paragraphe 1 : Retenir plus d'enfants dans le
système et augmenter l'offre scolaire
Il serait préjudiciable de continuer à
enregistrer des taux de redoublements très élevés. L'une
des mesures que nous préconisons et qui s'inspire de la réussite
des modèles guinéen et mauritanien entre autres, est de
généraliser le plus tôt possible la création des
sous-cycles au cours primaire, un sous-cycle étant composé de
deux classes consécutives [(CI et CP), (CE1 et CE2), (CM1 et CM2)]. Une
fois ces trois sous-cycles mis en place, il s'agira de rendre immédiat
le passage à l'intérieur des sous-cycles du primaire
c'est-à-dire faire passer systématiquement les enfants du CI au
CP, du CE1 au CE2 et du CM1 au CM2 au terme de chaque année scolaire. La
mise en application de ces sous-cycles d'apprentissage produira
inévitablement un
Dynamique de l'achèvement du cycle primaire par les
filles au Bénin Décembre 2006
« choc » positif sur les indicateurs
d'efficacité interne dans la mesure où elle permettra de
réduire considérablement les redoublements dans le primaire. Mais
nous ne devons pas occulter la nécessité d'y associer un
enseignement de qualité au risque d'enregistrer des taux de
redoublements et d'abandons élevés entre sous-cycles. Ceci passe
entre autres par le recrutement massif d'enseignants qualifiés et la
formation de toutes les catégories d'enseignants; la
disponibilité de structures d'accueil capables de répondre
à la demande scolaire. Parallèlement à ces mesures, un
accent particulier devrait être mis sur la sensibilisation. En effet, les
traditions ancestrales et la division sexuelle du travail placent la fille et
la femme en situation d'infériorité et limitent leur
disponibilité pour les activités d'éducation et de
formation surtout dans les zones rurales. L'école est souvent
perçue par les communautés comme une institution qui influence
négativement les enfants et particulièrement les filles en leur
inculquant des attitudes d'antagonisme envers la culture de leurs parents. A
cette perception négative de l'école, s'ajoutent les pratiques
traditionnelles des mariages forcés et précoces des filles contre
lesquelles il faudrait lutter.
Il faut aussi noter que les filles ne sont pas
encouragées dans leur évolution à l'école à
cause de l'attitude sexiste de certains enseignants qui n'ont pas le même
comportement vis-à-vis des filles que des garçons et qui
perpétuent l'idée de l'inégalité entre sexes. Les
conditions précaires des écoles, les installations insalubres,
l'absence des infrastructures d'hygiène (points d'eau et latrines) sans
compter l'insuffisance de matériel pédagogique,
l'éloignement de l'école par rapport au domicile sont d'autres
freins à la scolarisation des filles en milieu rural.
La deuxième mesure jugée nécessaire est
la construction d'un plus grand nombre de centres d'éveil surtout dans
les zones rurales. L'impact du préscolaire sur le scolaire a une fois
encore été prouvé dans cette étude. D'ailleurs
partant du constat que l'enseignement maternel est plus développé
jusqu'ici dans les milieux urbains en l'occurrence Cotonou et Porto-Novo, le
Gouvernement du Bénin a prévu d'accroître
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filles au Bénin Décembre 2006
sur la décennie 2006-2015 le taux de scolarisation de
la petite enfance dans un cadre soutenable de dépenses. D'après
le Document de synthèse du plan décennal de
développement du secteur éducatif 2006-2015, la
stratégie à mettre en oeuvre pour favoriser l'accès d'un
plus grand nombre d'enfants de la tranche d'âge de 3 à 5 ans
à un enseignement maternel de qualité passe entre autres par :
- la sensibilisation des communautés et élus
locaux sur les questions d'éveil de l'enfance pour susciter leur
adhésion pour la création d'écoles maternelles par les
communautés afin d'assurer une couverture équitable des zones
rurales et urbaines ;
- l'appui du Gouvernement aux initiatives éducatives
pertinentes des ONG, du secteur privé et des communautés en
faveur de la petite enfance par une subvention par enfant et par an. La
subvention de l'Etat devra servir à acquérir une partie du paquet
essentiel du matériel d'activités d'éveil et, au besoin,
à prendre en charge en partie la rémunération de
l'éducateur ou de l'animateur ;
- le recrutement d'enseignants qualifiés et
bénéficiant d'une formation adaptée à
l'enseignement maternel et la conception et la mise en oeuvre de programmes
adaptés à la petite enfance.
Cette mesure louable, non seulement doit être effective
mais devrait aussi s'accompagner d'une politique générale
d'activités génératrices de revenus aux parents pour
pouvoir leur permettre d'assurer en partie la scolarité de leurs
enfants.
La troisième mesure que nous proposons est la
construction d'un plus grand nombre d'écoles primaires publiques dans
les zones où il n'est malheureusement pas possible de créer des
écoles privées car le fonctionnement de ces écoles
nécessite des moyens qui doivent provenir en grande partie des
contributions payées par les parents d'élèves.
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filles au Bénin Décembre 2006
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