B- DES PROGRAMMES
D'ENSEIGNEMENT MILITAIRE MODERNE, VECTEURS DE TRANSMISSION DES MODELES
CULTURELLES AUTRES.
Le constat est clair pour tous les officiers camerounais
formés à l'étranger que nous avons rencontré. Ils
bénéficient dans la plupart des écoles militaires
étrangères fréquentées d'une technologie de pointe
par rapport à leurs camarades camerounais formés sur place. L'on
peut également considérer comme bénéfique pour le
Cameroun, la socialisation des élèves à des cultures
militaire variées. Nous recenserons donc rapidement, quelques
éléments de culture militaire, dans les programmes.
La culture militaire française vue à
travers le programme d'enseignement de l'école militaire
interarmées de Saint Cyr.
La culture militaire française permet à
l'officier français de raisonner et de se situer dans le monde à
partir de ses connaissances. Dans cette perspective, la politique de
défense française enseignée dans les écoles
militaires, est le produit de l'histoire de la France.
Ainsi, de tous les problèmes si nombreux que De Gaulle
a eu à résoudre au lendemain de la libération, celui de la
sécurité du pays était particulièrement important
et difficile. Aussi, pour assurer l'avenir de la France, s'agissait-il de
réaliser cette puissance nucléaire (Institut Charles De Gaulle
(dir.) 1983). Selon Dominique David, le système de défense
français, est en réalité en France, comme à
l'étranger, une production historique, qui doit tout à la
manière dont la France perçoit le monde, sa place parmi les
autres, ses moyens d'y parler (Dominique David.1989 :26).
L'indépendance, le rang et le leadership européen de la France
sont assurés par une stratégie militaire de dissuasion dont la
spécificité est bien connue : postulat du pouvoir
égalisateur de l'atome, dissuasion du faible au fort, suffisance et
proportionnalité à l'enjeu, stratégie de dissuasion totale
et globale, fondée sur la volonté du décideur et le
consensus national. L'instrument nucléaire de la France est pour elle
une garantie suprême, « objective » au sens où
il ne dépend pas de l'évolution des menaces adverses. La
spécificité de la dissuasion française doit être
perçue non comme menace, mais comme signe du prix que la France attache
à elle-même (Colson, 2006). L'essentiel de la doctrine
française de défense est contenu dans le livre blanc sur la
défense nationale publié en 1972 et modifié en 1994. Le
projet politique français consiste donc à garantir à la
démocratie française les moyens de se déterminer
librement. Cette stratégie générale de défense qui
consiste à dissuader tout adversaire potentiel susceptible de porter
atteinte à cette liberté où que ce soit, a
évolué dès 1994 vers la prévention et la limitation
des crises à travers le monde.
Cette défense comporte donc un volet militaire
essentiel, dont le noyau dur est formé par la puissance
nucléaire, autour de quoi s'organisent tous les autres moyens (David,
1989 :44). Ces autres moyens sont ici en l'occurrence les capacités
opérationnelles des forces armées françaises qui doivent
nécessairement avoir une cohérence avec la politique
défendue. Car les objectifs de cette politique de défense se
situent à trois niveaux :
- la nécessité d'assurer la
sécurité du territoire national et de ses habitants ;
- l'utilité d'une participation à la
sécurité en Europe et autour de l'Europe, particulièrement
en Méditerranée ;
- la nécessité pour la France de protéger
les territoires lointains qui de par le monde manifestent leur appartenance
à la souveraineté française. La France se doit ainsi de
faire face aux engagements qu'elle a prise à l'égard des Etats de
l'Afrique francophone ou de Madagascar, Etats forgés par la culture
française et ses lois (David, 1989 :44).
La politique extérieure faisant partie d'une
conception générale dont fait aussi partie l'organisation de la
défense, précisons que les trois éléments
principaux de la politique étrangère de la France sont : le
refus des blocs c'est-à-dire le non alignement sur les grandes
puissances ;la définition précise et donc limitée des
engagements français et un effort diversifié de
coopération internationale en vue de favoriser de bons rapports entre
les peuples (Colson, 2006).
En clair, la crainte de la remontée de la puissance
allemande et la conscience des faiblesses économiques et
démographiques de la France produisit un Etat d'esprit nettement
défensif qui se refléta dans sa stratégie militaire. L'on
comprend de ce fait que la culture stratégique française soit
défensive (Colson, 2006).
Les éléments de culture militaire
marocaine vus sous le prisme du programme d'enseignement de l'académie
royale de Meknès.
Dans le programme d'enseignements dispensé à
l'académie royale de Meknès, le cours de défense
nationale, est illustratif du désir du gouvernement marocain d'assurer
à ses militaires, la compréhension de leur action et de leur
environnement. Au Maroc comme dans plusieurs pays, la défense nationale
a subi un processus évolutif vers la modernité. Ainsi, les forces
armées royales ont été créées à la
veille de l'indépendance du Maroc en 1956 par le roi Mohammed V, le
grand père du roi Mohammed VI, roi actuel du Maroc. La décision
de créer en 1956 un ministère de la défense nationale a
été suivie le 25 juin de cette même année, par
l'institution d'une armée royale marocaine. Elle est placée sous
l'autorité directe du roi et porte désormais le nom de
« Forces Armées de l'Empire » et peuvent participer
dans les conditions que le roi déterminera au maintien de l'ordre
public. Quelques mois après sont édictés les textes de
base relative à la justice militaire, à la gendarmerie royale et
à un haut comité de défense militaire. En 1972, à
la suite d'une tentative de coup d'état faite au Roi, il y'a eu
suppression de la défense nationale, des fonctions de major
général et institution de l'administration de la défense
nationale rattachée au chef de l'Etat (« le véritable
pouvoir de l'armée au Maroc», 2007).
Le 14 mai 2000, le souverain Le Roi Mohamed VI, a
souligné que « la modernité est devenue une
exigence majeure, particulièrement dans le domaine militaire »
(« le véritable pouvoir de l'armée au
Maroc », 2007). Il a insisté sur l'amélioration des
méthodes de formation militaire, en modernisant ses outils et en
rehaussant le niveau intellectuel et scientifique des militaires. Un programme
qui reste pourtant à définir et à mettre en oeuvre pour
pouvoir faire face aux défis techniques, technologiques du monde
actuel.
Les éléments de culture militaire,
à partir du programme d'enseignement de l'académie
hellénique de l'air de Grèce
D'après l'histoire militaire
grecque, la Grèce ancienne : mère de la culture occidentale,
est une grande civilisation qui a été essentiellement
guerrière. Sur le plan géographique, la Grèce est dix fois
plus petite que la France.
La mer Egée et la mer Ionienne, permettent de courtes
traversées. Aussi, les grecs furent-ils naturellement des marins et des
commerçants, bien que pendant longtemps, ils aient
préféré la guerre sur terre. Mais par la suite, la
Grèce qui était essentiellement une nation de fantassins, mettra
sur pied une marine très forte. Dans l'histoire de ce pays, l'on
constate qu'il a toujours été jaloux de son indépendance
et de ses particularités (histoire universelle des armées,
1966 :54).
Ainsi, bien qu'il apparaisse que, la formation initiale en
tant que base de la formation du militaire joue un rôle dans la
socialisation des officiers à des cultures militaires
particulières, il n'en demeure pas moins que l'enseignement militaire
supérieur, soit à ce jour un pôle de formation par
excellence. Dans ce dernier, les étudiants sont plus outillés en
tant que militaires qui devront assumer d'importantes responsabilités en
Etat-major pour comprendre le processus stratégique, qui va du projet
politique à la stratégie militaire opérationnelle.
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