Le processus de formation de la culture strategique camerounaise: Analyse du role des écoles militaires( Télécharger le fichier original )par Aicha PEMBOURA Université Yaounde 2(Soa) - Cameroun - Diplome d`etudes approfondies - Master2 en science politique 2005 |
PARAGRAPHE 2 : LES ECOLES DE FORMATION INITIALES ETRANGERES, UN COMPLEMENT INDISPENSABLE POUR UNE FORMATION DE POINTE DES OFFICIERS CAMEROUNAISL'article 8 du décret N°2001/187 du 25 juillet 2001 fixant les conditions de recrutement et d'admission dans les Ecoles Militaires de formation des officiers dispose que « les élèves officiers formés avec l'accord du gouvernement dans les mêmes conditions que ceux du tronc « A » dans les écoles militaires étrangères, figurant sur une liste arrêtée par le Président de la République, suivent le régime du tronc « A ». Les officiers camerounais sont formés dans plus d'une dizaine de pays étrangers, parmi lesquels : les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Russie, l'Allemagne et L'Israël (Mouelle, 1996 :64) bien que le plus grand nombre soit formé au Cameroun. Les écoles militaires de formation, qu'elles soient au Cameroun ou à l'étranger, se présentent comme des vecteurs de socialisation et de transmission de cultures militaires différentes. Dans cette perspective, la culture militaire se transmettant par les enseignements et les stages pratiques reçus dans les centres de formation, nous nous arrêterons sur les programmes de l'école militaire interarmées de Saint Cyr en France ; de l'académie Royale de Meknès au Maroc et de l'académie hellénique de l'Air de Grèce (A). Nous analyserons par la suite les disciplines qui caractérisent la culture militaire dans ces programmes (B). A-DES ENSEIGNEMENTS AU CONTENU QUASI-IDENTIQUE, MAIS DIVERSITE DANS LES MISSIONS ASSIGNEES AUX OFFICIERSv l'école Militaire Interarmées de Saint Cyr (coëtquidan). Cette école est située dans la ville de coëtquidan, non loin de la Bretagne en France. En fait, l'école militaire interarmées est l'une des trois écoles militaires qui coexistent sur le site renommé de coëtquidan17(*). Les deux autres écoles sont l'école militaire spéciale de Saint cyr (l'aîné des trois) et l'école militaire du corps technique administratif. L'académie militaire de Saint cyr, a vu le jour à Fontainebleau en 1803 avec la création de l'école spéciale militaire 18(*)qui a par la suite été transféré à Saint cyr en 1808, pour s'établir enfin à coëtquidan depuis 1945 (« coëtquidan : la formation initiale », 2007). L'école militaire interarmées de Saint cyr que nous avons choisi pour étude, forme les futurs officiers de l'armée de terre, qui acquièrent des connaissances dans le domaine militaire et dans le domaine académique (« coëtquidan : la formation initiale »,2007). Les officiers camerounais issus du recrutement direct et formés dans cette école militaire, y ont accès, conformément à l'article 7 du décret N°2001/187 du 25 juin 2001. La durée de leur formation est de 24 mois. Les cours portent tant sur la tactique (enseignement militaire) que sur la politique de défense, l'organisation générale de la défense, la sociologie militaire, ou encore le nucléaire (entretien avec le commandant du 111e escadron Blindé de Reconnaissance : Lieutenant Ndzeng Mbida, ancien élève officier de l'école militaire interarmées de Saint cyr, février 2007). Ainsi, cette école a vocation à former des officiers qui occuperont des fonctions des hautes responsabilités. Car l'école militaire interarmées en particulier et l'académie de Saint cyr en général se veut une grande école du commandement, « former des chefs exemplaires fondant leurs actions sur l'excellence professionnelle, tel est l'objectif autour duquel s'articule son projet pédagogique globale : instruction, enseignement et éducation. Chef militaire, l'officier est à la fois un serviteur de l'Etat et un homme d'action nourrit d'une réflexion puisant ses fondements dans une culture étendue et entretenue. Il se doit d'être un décideur et un meneur d'homme maîtrisant l'art du commandement et sachant fédérer les énergies. » (« Coëtquidan : la formation initiale » :2007). Il doit de ce fait au terme de sa formation être détenteur des capacités demandées par le politique aux forces armées françaises en général et aux forces de l'armée de terre en particulier qui relèvent de la défense du territoire, de la manoeuvre en Europe et de l'action hors d'Europe (David, 1989 :51). v L'ACADEMIE ROYALE DE MEKNES AU MAROC Située à Meknès, l'académie royale accueille des militaires camerounais issus du recrutement direct et qui y accède conformément à l'article 7 du décret précité. La durée de la formation dans cette école est de trois ans. La première année, est consacrée à une formation commune de base, essentiellement militaire. Les deux dernières années sont constituées d'une formation à la fois académique et militaire. Les cours comme en France portent tant sur la tactique (enseignement militaire) que sur ceux d'enseignements généraux tels défense nationale ou encore histoire militaire. La spécificité marocaine en matière de défense nationale porte sur sa devise, qui est : « Dieu, La Devise et le Roi ». Soulignons dans cette perspective que les programmes de formation marocaine sont conçus dans le respect de la Devise qui en soit définit l'orientation à donner aux programmes de formation. Les marocains mettent un point d'honneur à enseigner aux militaires des techniques de combat sur le sable, car le Maroc est situé dans une zone sahélienne et fait face depuis des années au conflit avec la République Démocratique Arabe Unie, soutenue par l'Algérie et la Mauritanie. (Entretien avec le capitaine Ateba : ancien élève officier de l'académie royale de Meknès, février 2007). La mission de l'armée marocaine depuis sa création en 1956 est d'assurer la défense de l'empire : elle peut aussi participer dans les conditions déterminées par le roi au maintien de l'ordre public (« le véritable pouvoir de l'armée au Maroc», 2007). v L'HELLENIC AIR FORCE ACADEMY DE GRÈCE C'est la principale école militaire grecque qui forme des officiers camerounais dans le cadre de la coopération militaire entre la Grèce et le Cameroun. Les camerounais qui y accèdent sont issus du recrutement direct, conformément à l'article 7 du décret sus-cité. La durée de la formation dans cette Académie est de quatre ans. La première année est consacrée à l'apprentissage de la langue ; les trois autres années portent tant sur la formation militaire que sur la formation académique. La formation militaire comme partout dans le monde, porte fondamentalement sur la tactique et les techniques militaires, tandis que la formation académique couvre essentiellement ici les théories liées à la spécialisation (ingénieurs en aéronautique, mécaniciens, basiers). Cependant l'on retrouve aussi dans les programmes des cours sur l'histoire militaire, la géopolitique, les grands penseurs philosophes etc (Entretien avec le commandant Mekouabouth Mesmir ; ancien élève officier de l'hellenic Air Force Academy de Grèce). A la fin de leur formation, les officiers de l'armée grecque en général et de l'armée de l'air en particulier, doivent remplir des missions fixées par le politique. * 17 Notre choix s'est porté sur cette école car c'est la seule des trois où nous avons pu recueillir un certain nombre d'informations * 18 Aujourd'hui école militaire spéciale de Saint cyr. |
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