B. L'élaboration de plans et les mécanismes
tendant à l'amélioration de la prise en charge de la
sécurité.
L'organisation Maritime Internationale a prévu des
moyens de lutte spécifiques à chaque type de menace. Selon la
gravité de la menace et sa probabilité chaque exploitant organise
son service dans le sens de l'amélioration de la sécurité
pour mieux protéger ses passagers. Il faut noter au passage que ces
différents dispositifs sont presque tous interconnectés. Mais
pour bien les appréhender, on peut les saisir dans une succession
chronologique liée à la probabilité de leur mise en oeuvre
et à leur moment d'intervention.
D'abord nous nous intéresserons au dispositif
préventif. Cette phase préventive est régie par la partie
A du code ISPS, code pour la sûreté des navires et des
installations portuaires qui est d'application obligatoire pour les Etats
membres de l'OMI. Ce code, il convient de le préciser, est
complété par une partie B qui contient un ensemble de
recommandations en vue de faciliter et d'optimiser son application. La partie A
du code précité met à la charge des Etats et des
gouvernements certains aspects de la préparation matérielle du
dispositif préventif. Il règle les questions de formalités
et fixe les niveaux de sûreté requis pour une exploitation. Les
mesures préventives se retrouvent dans ce que le code ISPS appelle
51 L'Achille Lauro est probablement le cas de
détournement le plus célèbre de l'histoire malgré
le fait qu'il n'ait pas pu, par la suite, constituer un précédent
en matière de terrorisme maritime : 4 palestiniens surpris par hasard
par un garçon de cabine entrain de nettoyer leurs armes furent
contraints de passer à l'action alors que prés de 600 passagers
étaient à terre pour visiter les sites égyptiens. Ils ne
prirent alors en otage que les 150 passagers restés à bord avec
les 300 membres de l'équipage. Et ils n'ont pas pu se rendre au port
d'Ashod en Israël où ils avaient l'intention d'attaquer certaines
installations. Le paquebot resta sous leur contrôle pendant prés
de 72 heures avant qu'ils ne se rendent aux autorités
égyptiennes.
le plan de sûreté des navires et des
installations portuaires. Il s'agit d'une organisation préétablie
qui prend en compte les menaces probables et qui s'articule autour d'un
dispatching des rôles pour chaque membre de l'équipage en cas
d'imminence ou de réalisation des menaces à la
sécurité des personnes ou du navire lui-même. Ces mesures
impliquent la présence à bord d'un certain type
d'équipement et sa disposition dans des lieux précis permettant
leur usage optimal en cas de survenance d'un événement de nature
à compromettre la sécurité des gens présents sur le
navire. Ces mesures connaîtront une application efficace si elles sont
mises en rapport avec le rôle d'équipage. Aussi une formation du
personnel de bord à la lutte contre ces menaces s'avère
très pratique. C'est ainsi qu'un personnel bien formé et bien
entraîné est à mieux de lutter contre les menaces à
la sûreté maritime. Des exercices périodiques peuvent en
effet permettre à un équipage d'avoir un comportement
éclairé et efficient en cas de réalisation d'un
risque52. Ce type d'exercices permet, d'une part, à un
équipage de s'habituer à certaines situations de périls
qui peuvent menacer la sécurité du navire et donne, d'autre part,
une certaine information aux passagers qui auront une attitude plus
éclairée et plus propice au moment de réalisation desdits
menaces. Il faut aussi ranger au titre des dispositions préventives
tendant à l'accentuation de la sécurité des passagers
l'exigence d'une certaine qualification du personnel de bord. Les gens de mer
doivent, en effet, avoir un certain degré de qualification. Cela
contribue aussi très grandement à la sécurité des
passagers. Il faut d'ailleurs préciser que cette catégorie
d'employés est soumise plus ou moins à un régime
particulier qui est d'une rigueur aigue et d'une technicité assez
exceptionnelle.
A côté des normes préventives, il faut
relever les mesures de lutte et les mesures curatives. Au titre de celles-ci on
peut citer les plans de réaction attachés aux mesures
préventives, et les mesures de sauvetage et d'assistance dont la
relation est à faire avec la spécificité du milieu
maritime et en dernière instance avec le plan d'organisation de secours
(ORSEC) qui est prévu par les autorités
sénégalaise.
L'utilité du plan de sûreté d'un navire
est d'optimiser la réaction face à une menace. Ainsi le code ISPS
a donné un ensemble de recommandations aux
52 C'est ainsi que la LMDG, qui a en charge la liaison
entre la ville de Dakar et l'île de Gorée fait une ou deux fois
par an des exercices de simulation d'abandon de navire.
compagnies d'exploitation des navires et des installations
portuaires afin de parvenir à avoir un comportement adéquat face
à une menace. Ces recommandations vont tant du point de vue des
équipements installés sur les navires que des comportements
prescrits au moment de la réalisation des menaces. Les
équipements devant figurer sur le navire permettent tantôt une
bonne information et tantôt une bonne communication avec les autres
navires sur qui il pèse une obligation d'assistance envers les navires
en danger s'il n'y va pas de leur péril53. Cette obligation
d'assistance est, si elle n'est pas exécutée, une sorte
d'équivalence par rapport à l'infraction de non assistance
à une personne en danger. On pourrait peut être parler de non
assistance à un navire en danger
En plus de ce dispositif, on note que presque dans tous les
pays du monde on retrouve une organisation des secours qui manifeste la
solidarité entre les concitoyens qui est dans ce cas pris en charge par
les autorités publiques54. C'est ainsi que suite au naufrage
du joola, ce plan a été déclenché le vendredi 27
septembre dans la matinée, et a joué un rôle, peu ou prou,
déterminant dans la mise en oeuvre des secours par l'armée. Ceci
a permis la réquisition, entre autres, d'hôpitaux et de moyens
matériels tels des ambulances et les moyens de la marine, ceux de
certaines compagnies (telles MARITALIA, URD, TTSM, OCEANIUM, SOPASEN,
AFRICAMER, etc.,) ainsi que des remorqueurs de la SN/PAD pour
l'évacuation des rescapés et des cadavres
retrouvés55. Les opérations du plan ORSEC vont de pair
avec celles du Centre de Coordination des Secours (CCS) et du SAR. Il faut
remarquer la solidarité quand il s'agit de secourir des personnes en
matière maritime. Mais le souhait est que l'on n'en arrive pas à
ce stade et que l'on n'est pas à secourir des passagers. Et pour y
parvenir un certain nombre de garanties est requis pour mieux protéger
les personnes transportées.
53 L'article 233 pose l'obligation d'assistance et de
sauvetage et les articles 234 et s. posent le principe de sa
rémunération.
54 En France il appartient au préfet de
déclencher le plan ORSEC en cas de catastrophe. Ce plan permet de
mobiliser tous les moyens publics et privés pour le secours des
victimes.
55 Ces informations sont tirées du rapport de
la commission d'enquête instaurée suite au naufrage du joola pour
en établir les causes.
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