Harmonisation de la fiscalité de l'épargne en Europe( Télécharger le fichier original )par Moussa Sidibé université Paris XIII - Master Recherche droit européen et international (droit fiscal) 2006 |
Section 2 : La profonde divergence des politiques d'imposition de l'épargne en EuropeA l'analyse des différentes études menées sur la fiscalité de l'épargne en Europe56(*), il ressort une profonde divergence entre les politiques d'imposition. Celle-ci dépend de la place de l'Etat dans le financement des dépenses publiques d'une part, et d'autre part des régimes de financement des retraites dans ces pays. Ce qui s'explique par le fait que la fiscalité de l'épargne est un véritable moyen de politique économique et se manifeste par une disparité des régimes d'imposition de l'épargne. Paragraphe 1 : La fiscalité de l'épargne, un moyen de politique économiqueThéoriquement, la fiscalité, c'est à dire le système d'imposition d'un pays, a comme principal objectif le financement des dépenses publiques. Mais au-delà, la fiscalité de l'épargne est aussi un moyen entre les mains des Etats pour atteindre des objectifs économiques et sociaux. Les réalités économiques et sociales des Etats n'étant pas forcement les mêmes, il en résulte une forte disparité entre les régimes d'imposition prévus dans les différents systèmes. I- Les débats théoriques : l'utilisation de la fiscalité de l'épargne à des fins économiques et socialesEn matière d'épargne, la fiscalité répond à deux objectifs principaux : - D'une part, elle permet aux ménages, mais également aux pouvoirs politiques, d'arbitrer entre « consommation » et « épargne ». Ainsi, plus l'épargne est fiscalisée plus les ménages auront tendance à consommer et inversement. - D'autre part, elle constitue un outil d'orientation de l'épargne :
Enfin, avec la fiscalité de l'épargne, les pouvoirs politiques peuvent aussi engager des actions pour le financement des déficits publics de l'Etat, par une politique favorable aux placements obligataires. Au delà de la simple imposition de l'épargne, ces questions posent l'épineux problème des liens entre le niveau des prélèvements obligatoires et les dépenses publiques de protection sociale et aussi les questions de financement des retraites. En absence d'une compétence européenne sur ces questions, il va de soi qu'elles ont une forte influence sur les systèmes d'imposition, même celle de l'épargne des non résidents dont il est question dans notre étude. Par ailleurs, dans le droit interne des Etats, la pratique veut que toute modification de la fiscalité de l'épargne doit être la plus neutre possible pour le budget de l'Etat et pour les budgets sociaux. Au delà de cette neutralité budgétaire, la fiscalité de l'épargne doit assurer une neutralité technique sur le plan macroéconomique. En effet, elle doit assurer une certaine neutralité entre les différents produits de l'épargne. La fiscalité de l'épargne ne doit pas favoriser une allocation inefficace de l'épargne entre les différents produits existants, sauf lorsque cette différence est justifiée par la volonté des pouvoirs publics d'orienter l'épargne vers un produit particulier, au regard des priorités sociales. On voit, au regard de ce qui précède, que vu le poids de la fiscalité de l'épargne dans l'orientation de la politique économique d'un Etat, l'enjeu est énorme quant à une question d'harmonisation de cette branche de la fiscalité. Il explique donc la réticence des Etats membres sur la question, vue la sensibilité économique de la question. Cette sensibilité touche la capacité des Etats dans le financement de leurs besoins sociaux (sécurité sociale, retraite....). Et en absence d'une compétence de la communauté dans ces domaines, on en tire une disparité entre les régimes d'imposition de l'épargne. * 56 Par exemple l'excellente étude de l'OCDE : « L'efficacité des incitations pour remédier l'insuffisance de l'épargne retraite en Europe » OCDE 2005 |
|