Section 2- Les nouvelles approches
2.1- L'approche macroéconomique
Le taux de change réel
d'équilibre selon l'approche macroéconomique, nommé taux
de change d'équilibre fondamental9, est alors
défini comme le taux de change assurant simultanément la
réalisation de l'équilibre interne (l'économie se
trouve sur
son sentier de croissance potentielle ou
soutenable10) et de l'équilibre externe (son
compte courant est soutenable à long terme).
2.1.1- Détermination graphique du taux de change
d'équilibre fondamental
Si l'on suppose que la condition de
Marshall-Lerner 11 est vérifiée, alors la
relation entre le taux de change réel et l'équilibre
externe est claire : en cas de dépréciation du change
réel, le solde de la balance courante s'améliore.
L'équilibre externe est donc défini par
l'égalité du compte courant à une valeur
d'équilibre généralement reliée à la
soutenabilité des paiements extérieurs. Plus
précisément, pour maintenir la balance courante à son
niveau soutenable, toute baisse des exportations induite par une
appréciation réelle du change devra être
compensée par une baisse équivalente des importations, ce
qui implique dès lors une baisse de la production. Ainsi, dans
le plan (PIB, change réel), la pente de la droite
d'équilibre externe
est positive : elle indique les combinaisons du change
réel et de l'activité pour
9 C'est Williamson [1985, 1994] en cherchant à
expliquer les insuffisances de la PPA par l'absence de référence
aux déterminants réels des taux de change qui a introduit la
notion de taux de change d'équilibre fondamental
(Fundamental Equilibrium Exchange Rate, FEER).
10 On rappelle que le sentier de croissance
potentielle ou soutenable est tel qu'il n'engendre pas de tensions sur le
système productif.
11 Cette condition définit la relation sur les
élasticités-prix du commerce extérieur qui permet à
une dépréciation
du change d'engendrer à terme un excédent
commercial pour le pays considéré.
lesquelles le compte courant est à un niveau
prédéterminé, qualifié d'équilibre. Cette
droite décrit donc l'influence du change réel sur
le bloc de demande du modèle.
Comme le soulignent Borowski et al.
[1998a], l'endogénéisation de l'équilibre interne12
est plus problématique. Ainsi, de façon
générale, si l'on n'endogénéise pas
l'équilibre interne, ce dernier coïncide avec la
réalisation d'un niveau potentiel ou soutenable de production. En
conséquence, dans le plan (PIB, change réel), l'équilibre
interne est représenté par une courbe verticale, constituant la
courbe d'offre du modèle, indiquant le niveau potentiel
d'activité. Dans ce cadre d'analyse, le taux de change réel
d'équilibre est alors la valeur du change réel qui permet
d'obtenir une cible donnée de compte courant, sachant que
l'activité domestique et l'activité étrangère
sont à leur niveau d'équilibre de moyen terme. Dans ces
conditions, la détermination du taux de
change réel d'équilibre peut être
représentée comme suit :
Taux de change réel
équilibre interne équilibre externe
R*
Y* PIB domestique
Figure 5. Détermination du taux de change
réel d'équilibre
(cas où l'équilibre est
exogène)
Cette détermination graphique du
taux de change réel d'équilibre étant
présentée, intéressons nous à présent
à sa détermination analytique13.
12 Ceci revient à considérer
l'écriture d'une boucle prix-salaires non pas en niveau, mais en taux de
croissance
13 Nous reprenons ici, en raison de sa clarté,
la formulation proposée par Joly et al. [1996].
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