3.1.4. Cointégration fractionnaire et processus
ARFIMA
Dans la définition usuelle de la
cointégration, l'ordre d'intégration D du terme d'erreur de la
relation de long terme est nécessairement un entier (1 si les variables
ne sont pas cointégrées, 0 si elles le sont). Cependant,
la restriction au cas de résidu intégré d'ordre 0
(relation stationnaire) et de résidu intégré d'ordre
1 (relation non stationnaire) peut paraître arbitraire. La
cointégration fractionnaire généralise ainsi le concept
usuel de cointégration en permettant à l'ordre
d'intégration du terme à correction d'erreur de prendre une
valeur réelle, et non plus nécessairement entière. En
d'autres termes, le terme d'erreur peut être fractionnairement
intégré, ce qui implique (pour D< 1) l'existence d'une
relation d'équilibre de long terme.
Plus précisément, soit EC
(équivalent à la variable t ) l'écart
du taux de change
réel par rapport à sa valeur fondamentale,
c'est-à-dire le terme d'erreur de la relation statique de long terme
entre le taux de change réel et ses fondamentaux. Le taux de change
réel et les fondamentaux sont fractionnairement
cointégrés si EC suit un processus à mémoire
longue, tel qu'un processus ARFIMA.
t
(L) (1 - L) D EC = (L)
(2.43)
Où (L) et (L) sont les polynômes retards
autorégressif et moyenne mobile,
t est un bruit blanc et :
(1 - L) D = 1 - DL -
D(1 - D) L2
-
2!
D(1 - D)(2 - D) L3
- ... (2.44)
3!
Ainsi, de la même façon que les
processus ARIMA peuvent être généralisés au travers
des processus ARFIMA, il est possible d'étendre le concept de
cointégration au
cas fractionnaire. Cette notion de cointégration
fractionnaire, introduite par Granger (1986), nous paraît
importante d'un point de vue économique puisqu'elle a pour
conséquence l'existence d'une relation d'équilibre de long terme.
En effet, dans ce sac,
les erreurs tendent à retourner vers la moyenne,
même si ce retour ne s'effectue qu'après un temps
relativement long. En ce sens, les alternatives de résidus
intégrés d'ordre 0 (cointégration) et
intégrés d'ordre 1 (absence de cointégration) sont
trop restrictives. Pour que le processus d'erreurs exhibe un
comportement de retour à la moyenne, il n'est pas nécessaire
qu'il soit intégré d'ordre 0 : les processus à
mémoire longue, tels que les processus ARFIMA , affichent
également un tel comportement.
3.1.5. Résultats et commentaires
Pour déterminer l'exposant de
Hurst, il faut que la variable étudiée soit stationnaire.
La variable EC n'est pas stationnaire (voir tableau 2.15) donc on étudie
la stationnarité de la variable DEC (voir annexe20).
D'après l'annexe 22, on constate que
le même résultat est trouvé que se soit pour le
test ADF ou PP, la variable DEC est stationnaire puisque on a la valeur
estimée
de la statistique ADF est égale à -8.54 qui est
inférieur à la valeur critique -1.94et on a aussi la valeur
calculée de la statistique PP est égale -9.11 qui est
inférieur à la valeur critique -1.94.
L'estimation de l'exposant Hurst donne comme
résultat :
H = 0,55649 ; d = H -
1 = 0,55649 -
2
1 = 0,05649.
2
D'après le coefficient Hurst, on peut
déduire la valeur de l'ordre d'intégration à
savoir d (0,05649) qui appartient à l'intervalle]
0,0.5 [. D'après ce résultat, il
est évident que la variable étudiée
est stationnaire et possède un comportement de mémoire
longue. Ses corrélations ainsi que ses corrélations
partielles sont toutes positives et décroissent hyperboliquement vers
zéro lorsque les retards augmentent.
Ainsi, les résultats font ressortit
l'existence d'une relation de cointégration fractionnaire entre le
taux de change et ses fondamentaux.
Conclusion
L'objet de ce chapitre était
d'étudier la dynamique d'ajustement du taux de change réel
EUR/USD vers les fondamentaux. Après avoir mis en
évidence les résultats des tests usuels de cointégration,
nous avons cherché les causes possibles de
ces résultats. Nous nous sommes en particulier
attaché à expliciter la dynamique d'ajustement
linéaire à mémoire longue (processus ARFIMA).
Les résultats obtenus montrent que
la dynamique d'ajustement du taux de change réel peut être
bien décrite par un processus à mémoire longue, mettant
ainsi en évidence la persistance des écarts du taux de change par
rapport à ses fondamentaux.
Chapitre II : Expliquer les déviations du taux
de change : mémoire longue
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