3.1.2. Définition du processus ARFIMA
Les modèles ARFIMA sont des
processus à mémoire longue, et permettent donc d'identifier
les phénomènes de persistance. Ces modèles ont
été développés par Granger et Joyeux (1980) et
Hosking (1981) et constituent une généralisation des
processus ARIMA de Box et Jenkins dans lesquels l'exposant de
différenciation d était
un entier. Dans le cas des processus ARFIMA, d peut prendre
des valeurs réelles. Une série fractionnairement
intégrée a pour caractéristique une dépendance
entre des observations éloignées comme on peut le voir
dans la fonction d'autocovariance ou dans la fonction de densité
spectrale.
Un processus à mémoire longue
peut toujours être approximé par un processus ARMA (p, q), mais
les ordres p et q nécessaires pour obtenir une approximation
relativement bonne peuvent être trop grands et rendre
l'estimation précise des paramètres très difficile.
L'approche ARFIMA permet en ce sens
d'atténuer les contraintes pesant sur les paramètres du
modèle qui devaient modéliser le comportement à la fois de
court terme
et de long terme de la série. Avec les processus
ARFIMA, le comportement de court terme des séries peut être saisi
par les paramètres ARMA et le comportement de court terme de long terme
par le paramètre d'intégration fractionnaire.
Processus ARFIMA (0, d, 0)
L'analogue en temps discret du mouvement
brownien est la marche aléatoire,
ou ARIMA (0, 1, 0) :
(1 - L) Xt = ut (2.38)
où ut est une variable aléatoire iid.
Ainsi, la différence première de
{Xt} est le bruit blanc {ut} en temps discret.
Par analogie, on définit le bruit blanc
discret fractionnaire de paramètre d :
(1 - L) d Xt = ut (2.39)
où est un bruit blanc.
Avec le développement binominal :
d = (1 - L) d
= 1 - dL -
d (1 - d ) L2 -
2!
d (1 - d )(2 - d ) L3
- ..... =
3!
j
j L
j =0
( j - d )
k - 1 - d
où j =
( j + 1)(-d )
=
0<k j k
j= 0,1,...
où correspond à la fonction gamma :
t x -1e-t
dt
si x > 0
0
t = si x = 0
x-1 (1 + x) si x < 0
Les fonctions de densité spectrale (f
(.)), d'autocovariance ( (.)),
d'autocorrélation ( (.)) et d'autocorrélation
partielle ( (.)) sont respectivement :
-2 d 2
-2 d
2
f (ë) =
1 - e -i
= 2 sin
0<
(h) =
2
(1 - 2d )(h + d )
2 2
(d )(1 - d )(h + 1 - d )
(h) = ( ) ( )
=
h = 1, 2, ...
h + d 1 - d
k - 1 - d
(h) =
(h - d + 1)(d )
d
h - d
0< k h k
h = 1, 2, ...
Le processus ainsi défini est le
processus ARFIMA (0, d, 0). Les propriétés de
ce processus sont largement développées dans
Hosking (1981), nous n'en reprendrons
ici que les caractéristiques essentielles.
Soit {Xt} un processus ARFIMA (0, d, 0).
· Quand d< 1/2, {Xt} est stationnaire.
· Quand d > 1/2, {Xt} est inversible.
On voit donc que lorsque -1/2 < d <1/2
la série {Xt} est stationnaire et inversible. Les
autocorrélations diminuent à un taux hyperbolique, donc nettement
plus lentement que les autocorrélations des processus ARMA (qui
décroissent à un taux géométrique).
Généralisation : Processus ARFIMA (p, d,
q)
Le processus ARFIMA (0, d, 0) est un cas
particulier des processus ARFIMA
(p, d, q) où d ]
- 1 , 1 [qui peuvent être
définis comme suit :
(L)X t
2 2
= (L) t
(2.40)
t
où t
= - d u
ut : BB (0, 2 )
(L) et (L) sont des polynômes retard de
degré p et q respectivement.
Soit donc :
Xt - 1Xt-1 - ... -
p Xt-p = t
+ 1 t -1
+ ... + q1 t
-q
(2.41)
avec
t = ut + dut-1 +
d (d + 1)
2
-2
ut-2 +
d (d + 1)(d + 2)
6
ut-3 + ...
Bien entendu, comme dans le cas du processus
ARFIMA (0, d, 0), les processus
ARFIMA (p, d, q) sont des processus à mémoire
longue lorsque d ]
- 1 , 1 [et d 0.
2 2
La fonction d'autocorrélation (
(.)), et la densité spectrale (f (.))
de la série
{Xt} satisfont, pour d 0 :
(h) ~ Ch2d-1 où C 0 et
f(h) =
(e
-ih ) 2
1 - e
-i
-2 d 2
~
(1)
2
-2 d
quand tend vers zéro .
(e -ih ) 2
2 (1) 2
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