Section 2 : Vérification de l'hypothèse
de convergence à long terme entre le taux de change et les
fondamentaux
Afin de tester l'hypothèse de convergence
à long terme entre le taux de change
et les fondamentaux, noux allons étudier les
propriétés statistiques des différentes au moyen des tests
de racine unitaires à savoir le test de Dickey-Fuller, test
Dickey-Fuller augmenté, test Phillips-Perron et le test Kwiotowski,
Phillips, Schmidt, Shin. Ensuite, nous allons tester la relation de convergence
à long terme entre le taux de change et les fondamentaux à
travers deux méthodes à savoir la méthode en deux
étapes de Engle
et Granger et la méthode de Johansen.
2.1. Les tests des racines unitaires
Dans la littérature, la non
stationnarité d'un processus stochastique est souvent définie
à travers la variabilité temporelle de ses moments d'ordre 2.
Afin de donner une définition « plus concrète »
à la notion de la non stationnarité, Newbold et Granger
ont proposé deux types de processus distinguant la nature
de la non stationnarité.
Le premier type, appelé Trend Stationary
(TS) est donné par :
Xt = á0 + á1 t + åt
(2.8)
Le processus TS est non stationnaire en
moyenne, il vérifie le phénomène retour à la
moyenne décrit ci-dessus : E (Xt) = á0 + á1 t
Le deuxième type, appelé
Difference Stationary (DS) :
Xt = á0 + á1 t + Xt-1 + åt
(2.9)
Le processus DS est non stationnaire aussi bien
en moyenne qu'en variance :
E (Xt) = X0 + á1 t ; V (Xt) = t 2
et Cov( Xt, Xs) = min(t, s) 2
avec s t
Il apparaît évident que les
structures DS et TS jouent un rôle important dans le
traitement statistique d'une série. Comment
choisir entre l'une ou l'autre des structures ? Les tests de
recherche de racine unitaire dans les processus
générateurs tentent de répondre à cette question.
Nous présentons tout d'abord le test de Dickey- Fuller simple (1979),
puis le test de Dickey-Fuller augmenté (1981), le test de Phillips-
Perron (1988) et enfin le test test Phillips-Perron et le test
Kwiatkowski, Phillips, Schmidt, Shin qui mettent en évidence le
caractère stationnaire ou non d'une série.
2.1.1. Test de Dickey-Fuller DF
Dickey -Fuller (1979) considèrent
trois modèles de base pour la série Xt,
t = 1,..., T.
Les trois modèles de base
- Modèle (1) : modèle AR (1) sans constante ni
tendance déterministe :
(1 - ñ L) Xt = å t
(2.10)
- Modèle (2) : modèle AR (1) avec constante sans
tendance déterministe :
(1 - ñ L) (Xt - á) = å t
(2.11)
- Modèle (3) : modèle AR (1) avec constante et
tendance déterministe :
(1 - ñ L) (Xt - á - â t) = å t
(2.12)
ó2å).
Dans chacun des trois modèles, on
suppose que å t suit un bruit blanc BB (0,
Si ñ =1, cela signifie qu'une des racines
du polynôme retard est égale à 1. On
dit alors qu'on est en présence d'une racine
unitaire. En d'autres termes, Xt est un
processus non stationnaire et la non stationnarité est de
nature stochastique (processus
DS).
Hypothèses
On teste l'hypothèse nulle de racine
unitaire (Xt est intégrée d'ordre 1, c'est-à- dire non
stationnaire) contre l'hypothèse alternative d'absence de racine
unitaire (Xt
est intégrée d'ordre 0, c'est-à-dire
stationnaire). Ecrivons plus précisément les
hypothèses nulle et alternative pour chacun des trois
modèles considérés :
Modèle (1) :
H0 : ñ = 1 ? Xt = Xt-1 + å t
H1 : | ñ | < 1 ? Xt = ñ Xt-1 + å
t
Ainsi, sous l'hypothèse nulle, il s'agit
d'un modèle DS de marche aléatoire sans
dérive. Sous l'hypothèse alternative, Xt suit un
processus AR (1).
Modèle (2) :
H0 : ñ = 1 ? Xt = Xt-1 + å t
H1 : | ñ | < 1 ? Xt = ñ Xt-1 + ã +
å t avec ã = á (1 - ñ)
L'hypothèse nulle correspond à un
modèle DS de marche aléatoire sans dérive. Sous
l'hypothèse alternative, Xt suit un processus AR (1) avec
dérive.
Modèle (3) :
H0 : ñ = 1 ? Xt = Xt-1 + â + å t
H1 : | ñ | < 1 ? Xt = ñ Xt-1 + ë +
ät + å t
Avec ë = á (1 - ñ) + ñâ et
ä = â (1 - ñ)
Sous l'hypothèse nulle, il s'agit
d'un modèle DS de marche aléatoire avec
dérive. Sous l'hypothèse alternative, Xt est un
processus TS avec erreurs ARMA.
Stratégie séquentielle de
test
En pratique, on estime les modèles sous
la forme suivante :
Modèle (1') :
? Xt = Ö Xt-1 + å t
(2.13)
Modèle (2') :
? Xt = Ö Xt-1 + ã + å t
(2.14)
Modèle (3') :
? Xt = Ö Xt-1 + ë + ät + å t
(2.15)
å
Avec, pour chaque modèle, Ö =
(1 - ñ) et å t suit BB (0, ó2 ). On ne teste
alors
l'hypothèse nulle Ö = 0 (non
stationnarité) contre l'hypothèse alternative Ö < 0
(stationnarité) en se référant aux valeurs tabulées
par Fuller (1976) et Dickey -Fuller (1979, 1981). Dans la mesure
où les valeurs critiques sont négatives, la règle
de décision est la suivante :
- Si la valeur calculée de la t-statistique
associé à Ö est inférieur à la valeur
critique,
on rejette l'hypothèse nulle de non
stationnarité.
- Si la valeur calculée de la t-statistique associé
Ö est supérieur à la valeur critique, on accepte
l'hypothèse nulle de non stationnarité.
Il est fondamental de noter que l'on n'effectue
pas de test sur les trois modèles.
Il convient en effet d'appliquer le test de Dickey-Fuller sur un
seul des trois modèles.
En pratique, on adopte une stratégie séquentielle
en trois grandes étapes.
- Etape 1 :
On estime le modèle (3). On
commence par tester la significativité de la tendance en se
référant aux tables de Dickey-Fuller (voir tableau 2.1).
Deux cas peuvent se présenter :
- si la tendance n'est pas significative, on passe à
l'étape 2.
- si la tendance est significative, on teste l'hypothèse
nulle de racine unitaire en
comparant la t-statistique de Ö aux valeurs tabulées
par Dickey-Fuller. On a alors deux possibilités :
* si l'on accepte l'hypothèse nulle, Xt est non
stationnaire. Dans ce cas, il faut
la différencier et commencer la procédure de test
sur la série en différence première.
* si l'on rejette nulle, Xt est stationnaire. Dans ce
cas, la procédure de test s'arrête et l'on peut directement
travailler sur Xt.
Tableau2.1 Valeurs critiques de la constante et de la
tendance, tests de Dickey- Fuller
T
|
Modèle 2
|
Modèle 3
|
Constante
|
Constante
|
Trend
|
1% 5% 10%
|
1% 5% 10%
|
1% 5% 10%
|
100
|
3.22 2.54 2.17
|
3.78 3.11 2.73
|
3.53 2.79 2.38
|
250
|
3.19 2.53 2.16
|
3.74 3.09 2.73
|
3.49 2.79 2.38
|
500
|
3.18 2.52 2.16
|
3.72 3.08 2.72
|
3.48 2.78 2.38
|
|
3.18 2.52 2.16
|
3.71 3.08 2.72
|
3.46 2.78 2.38
|
- Etape 2 :
Cette étape ne doit être que si la
tendance dans le modèle précédent n'est pas significative.
On estime le modèle (2') et l'on commence par tester la
significativité.
On estime le modèle (2') et l'on commence par tester la
significativité de la constante
en se référant aux tables de Dickey-Fuller :
· si la constante n'est pas significativité, on passe
à l'étape 3.
· si la constante est significative, on teste
l'hypothèse nulle de racine unitaire en comparant la t-statistique
de Ö aux valeurs tabulées par Dickey-Fuller. On a alors deux
possibilités :
* si l'on accepte l'hypothèse nulle, Xt est non
stationnaire. Dans
ce cas, il faut la différencier et recommencer la
procédure de test sur la série en différence
première.
- Etape 3 :
* si l'on rejette l'hypothèse nulle, Xt est stationnaire.
Dans ce cas,
la procédure de test s'arrête et l'on peut
directement travailler sur
Xt.
Cette étape ne doit être
appliquée que si la constante dans le modèle
précédent n'est pas significative. On estime le modèle
(1') et on teste l'hypothèse nulle de racine unitaire :
* si l'on accepte l'hypothèse nulle, Xt est non
stationnaire. Dans ce cas,
il faut la différencier et recommencer la procédure
de test sur la série en différence première.
* si l'on rejette l'hypothése nulle, Xt est
stationnaire. Dans ce cas, la procédure de test s'arrête et
l'on peut directement travailler sur Xt.
Les tests simples de Dickey-Fuller
souffrent de deux limites importantes, à
savoir :
· D'une part, l'apparition quasi-systématique d'une
autocorrélation
des résidus ; et
· D'autre part, l'importance d'une formulation
« adéquate » de la composante déterministe, faute
de quoi les résultats du test pourraient être
systématiquement biaisés.
Deux types de corrections ont été
proposés afin de prendre en compte du problème
d'autoccorélation des erreurs : une correction paramétrique
(le test de Dickey-Fuller augmenté) et une correction non
paramétrique ou semi-paramétriques (test de
Phillips-Perron).
Présentons successivement ces deux
stratégies de tests.
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