Chapitre II - Expliquer les déviations du taux
de change: mémoire longue
Introduction
Les approches du taux de change
d'équilibre sont fondées sur l'idée que le prix relatif de
deux monnaies doit refléter les différences de structures
économiques entre deux pays à un moment donné du temps.
Cette définition du taux de
change d'équilibre a donné lieu à deux types de
travaux. D'un côté, certains auteurs cherchent à
étudier les trajectoires des taux de change vers un
équilibre de long terme que le théoricien définit au
regard de critères normatifs. Le plus connu de ces critères
est la soutenabilité des équilibres internes
et externe à la Williamson (1994). Cette approche
conduit à définir le taux de change comme un "taux de change
d'équilibre fondamental". D'un autre côté, il est possible
d'avoir une approche plus empirique, basée sur l'estimation formes
réduites. Dans ce cas, les cibles de long terme ne sont pas
fixées a priori, mais déterminées suivant
une relation de long terme entre le taux de change et ses fondamentaux
économiques.
Ce chapitre s'inscrit dans la seconde
optique. Notre but est d'expliquer les écarts persistants du
taux de change euro/dollar par rapport à leurs valeurs
fondamentales durant la période 1990-2004.
Ce chapitre est organisé de la
manière suivante. La section 1 présente le cadre théorique
de base retenu et les séries utilisées. La section 2
est consacrée à une première étude de la
cointégration entre le taux de change et leurs fondamentaux.
Et une section 3 qui met en évidence le caractère
persistant des déviations du taux de change du taux de change
réel à travers le processus de mémoire longue ARFIMA.
Section 1 : Le cadre théorique
1.1. Le modèle théorique
Les modèles monétaristes avec
ses différentes versions sont les plus utilisés dans les
études empiriques afin d'évaluer les propriétés
dynamiques de la relation liant
le taux de change aux fondamentaux.
L'équilibre monétaire dans le
pays domestique et étranger21 peut être
donné
par :
mt - pt = 1 it + 2 yt
(2.1)
mt* - pt* = 1 it* + 2
yt* (2.2)
Où mt, pt,
it et yt sont respectivement les encaisses
monétaires, le niveau de
prix, le taux d'intérêt et le revenu. Tous les
variables sont exprimés en logarithme à l'exception du taux
d'intérêt.
Avec 1, 2 sont les paramètres du demande
de monnaie avec 1 < 0, 2 > 0
et tous les deux sont identiques pour le pays domestique22
et étranger.
L'équilibre sur le marché des
biens marchands s'établit lorsqu'il n'y a plus
d'opportunités d'arbitrages, en d'autres termes, si la PPA est
vérifiée, il s'ensuit que :
et = pt* - pt
(2.3)
Où et désigne le logarithme du
taux de change nominal (le nombre d'unité de monnaie
étrangère par unité de monnaie domestique).
Formellement, en substituant les
équations (1) et (2) dans l'équation (3) et en
réarrangeant les termes, nous aurons l'équation de base du
modèle monétaire :
et = (mt - mt* ) - 1 (it - it* )
- 2 (yt -yt* ) (2.4)
En supposant la validité de
l'hypothèse de la PTINC23 :
it - it* = Et ( et+1)
(2.5)
21 L'astérisque dénote les variables
étrangères
22 Dans notre étude empirique, on suppose que
la zone euro est le pays domestique
23 La parité de taux
d'intérêt Non Couvert PTINC est un équilibre
provenant d'une spéculation entre taux d'intérêt, avec
prise de risques de change (en supposant une concurrence parfaite dans des
marchés financiers
internationaux intégrés, donc sans contrôle
ni taxe de change). Cette parité peut être utilisée en
conjonction avec l'hypothèse d'anticipations rationnelles pour tester
l'efficience des marchés du change.
en t .
Où Et est
l'espérance mathématique conditionnelle à
l'information disponible
*
cas :
Dans le cas où et+1 = 0
(hypothèse de stationnarité), on a alors it
= it. Dans ce
et = (mt - mt*) - 2 (yt -yt*)
(2.6)
Mark (1995) et Mark et Sul (2001) ont
validé une autre hypothèse à travers des études
empiriques à savoir 2 = 1, d'où l'équation devient :
et = (mt - mt*) - (yt -yt*)
(2.7)
Suivant cette relation, le taux de change est
déterminé par les différentiels des encaisses
monétaires et des revenus.
La relation 2.7 stipule qu'un excès dans
l'accroissement de la demande locale
de monnaie par rapport à la demande
étrangère entraîne une augmentation de et, signalant
ainsi, la détérioration de la valeur de la monnaie
locale en terme de son homologue étrangère.
Aussi, la relation stipule que, toutes
choses étant égales par ailleurs, qu'une augmentation du
revenu local entraîne souvent une appréciation de la monnaie
locale
(et baisse).
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