ASSISTANCE HUMANITAIRE LIMITEE DANS LES
CONFLITS IVOIRIEN ET CONGOLAIS.
La guerre est un déchaînement sans merci
d'atrocité104. Pendant longtemps, la personne
humaine a été et continue jusqu'à nos jours
d'être affectée de manière croissante par les effets de
ces conflits armés, plus particulièrement des
conflits internes.
Dans son souci de protéger les droits de la personne
humaine ainsi que sa dignité contre
les atrocités qu'entraînent ces conflits internes,
le DIH a, plus spécifiquement à l'alinéa 2 de
l'article 3 commun aux quatre conventions de 1949,
institué un principe permettant d'aider et
104 V. Patricia Buirette, Droit international humanitaire
précité p 17.
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d'assister toutes les personnes humaines, sans discrimination
aucune, dans des situations
d'urgence par des organismes humanitaires à l'instant du
CICR105 : L'assistance humanitaire.
Ainsi, pour ce qui est des conflits ivoirien et congolais ayant
occasionné moult atrocités à
la personne humaine, l'action des organismes humanitaires
impartiaux s'appert d'une nécessité et
d'une utilité importante de par les aides et assistances
fournies.
Parlant de conflit ivoirien, le déclenchement du conflit
en septembre 2002 a entraîné la
mise sur pied d'un mécanisme d'assistance humanitaire
accru. Plusieurs organismes
humanitaires106 sont présents sur le terrain et, en
collaboration avec la croix rouge de la Côte
d'Ivoire et du CICR coordonnateur des activités, ont
assurer leurs opérations en faveur des
victimes de conflit tant dans les zones occupées par les
rebelles que dans celles aux mains des
forces gouvernementales107.
Ainsi, des opérations d'aides et d'assistances
alimentaires et/ou non alimentaires ont été
lancées dans les zones insurgées où la
nécessite se faisait sentir ; à des personnes
vulnérables,
des déplacés et à la population civile. En
conformité avec son mandat, et ceci avec quitus à cet
effet, le CICR a accès à tous les lieux de
détention sous le contrôle des ministères de la Justice,
de
la défense et de l'intérieur, ceci afin d'assurer
le respect de l'intégrité physique et morale des
personnes détenues. Aussi, les personnes
séparées de leur famille en raison du conflit en côte
d'ivoire bénéficient d'un système de
distribution de messages mis sur pied par le CICR ; les
enfants séparées en raison du conflit sont
identifiés et recueillis dans les zones d `accueil de
déplacés par les équipes de la croix rouge
de côte d'Ivoire, qui avec le CICR traite des demandes
de protection des personnes âgées et malades seules
en zone de conflit. Mais il est à noter que
l'évolution conflictuelle en côte d'Ivoire ou mieux
son intensification a entraîné une incidence
sur l'assistance humanitaire de ces personnes en état
d'urgence, bref l'assistance se trouve réduite
et limité dans certaines zones, à cause du
problème d'insécurité.
Concernant le conflit congolais, la guerre qui éclate en
1998 a imposé une nécessité
urgente des organismes humanitaires impartiaux pour assister les
personnes en situation d'urgente
nécessité, en situation critique. Ainsi assiste
t-on à une multitude d'actions menées sur le terrain
105 Voir Marion HarroffTavel
; l'action du CICR face aux situations de conflits internes RICR
n° 801 p 218 ;
Cf. aussi alinégnant2 article 3 commun aux quatre
conventions de Genève de 1949.
106 Il s'agit de certaines institutions de l'ONU telles que le
PAM, l'UNHCR et l'ONG MSFFrance.
107 Rappelons que le déclenchement des hostilités a
coupé le pays en deux ; Le Nord entre les mains des rebelles et le
Sud sous le contrôle des forces gouvernementales.
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par divers organismes humanitaires à l'instar des
MSFFrance,
le UNHCR, PAM, ONUSIDA,
sans oublier évidemment le CICR qui à la
coordination des activités sur le terrain. Ceuxci
vont
faire face aux conséquences de ce conflit le plus
meurtrier d'Afrique108.Des assistances ont ainsi
été données aux personnes
réfugiés, au détenus et à la population civile dans
les zones où la
nécessité l'imposait en l'occurrence la
région de Kivu, Katanga, Kinshasa, Bunia,Goma109.
Aussi fautil
rappeler que la prolongation de conflit suivit de son
intensification n'a
poussé les organismes humanitaires à offrir leurs
services que dans certaines zones, limitant par
ce fait même le champ d'application spatiale de
l'assistance humanitaire dans ces conflits.
En revanche, bien qu'au début des conflits ivoirien et
congolais, une assistance
humanitaire soit octroyée de manière satisfaisante,
on note avec l'évolution de ces deux conflits,
que celleci
s'opère de manière partiale à cause de
problème d'insécurité et du blocus de l'aide
alimentaire dans certaines zones par certains groupes
armés. Ainsi face à cette situation, on ne
peut que déplorer les conditions de vie des personnes des
situations d'urgence abandonnées à
ellesmêmes
; et se demander s'il est nécessaire de laisser des
centaines de millions de personnes
en situations d'urgence périr sous prétexte
d'insécurité dans la région. La dignité de la
personne
humaine étant précieuse et sacrée,
mérite une protection en tous temps et en tout lieu sans
discrimination aucune ; laisser les victimes d'une situation
d'urgence sans assistance humanitaire
représente une menace à la vie humaine et une
atteinte à la dignité de l'homme ; c'est à dire
à
peu près une sorte de violation de ses droits
fondamentaux.
Mais neanmoins, il existe un seuil d'insécurité
où il serait illusoire, impossible de
s'hasarder à effectuer une mission d'assistance
humanitaire, car en tant que représentants ou
personnels des organismes humanitaires, ceuxci
ont eux aussi besoin d'être protégé dans
l'exercice de leur mission. En tant qu'être humain, ils
doivent s'assurer de leur protection avant de
protéger leur alter ego. N'aton
pas déjà assisté à la
perpétration des actes de violence,
intimidation, emprisonnement et expulsion, dans la région
d'Ituri en RDC, des travailleurs
humanitaires et au meurtre à l'encontre de ces derniers
dans certaines des régions en conflits ?
Mais, quoiqu'il en soit, la solidarité humaine faisant que
l'homme doit être secouru, parce
qu'il est une fin en soi, l'on ne saurait le laisser en
péril dans de telles situations ; d'où la
108 Car on note environ plus de 3 millions de morts, des
violations abominables et massives des droits de la personne
humaine.
109 Voir ICRC Annual Report 2000 précité
pp5354
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nécessité d'une prise de certaines dispositions
pour faciliter l'acheminement de l'aide
humanitaire aux personnes en situation de besoin. L'acheminement
de l'aide humanitaire sous la
protection d'une force multinationale de l'ONU nous paraît
un peu meilleur et plus pratique.
En effet, parlant de l'assistance humanitaire dans le conflit
ivoirien et congolais, on assiste
plutôt à une assistance humanitaire restreinte de la
personne humaine; alors que la population
devrait en toutes circonstances être secouru et
assisté. En effet, l'ONU devra mobiliser ses forces
de maintien de la paix pour assurer et protéger
l'acheminement de l'assistance humanitaire dans
les zones d'insécurité afin de secourir les
personnes en situation de détresse. De ce fait, on se
trouve là alors au coeur même de la
problématique du droit ou du devoir d'assistance humanitaire.
L'humanité étant individuelle et la souffrance
humaine n'ayant pas de couleur ou de race,
l'action de l'ONU à travers ses forces de maintien de la
paix en vue de faciliter l'assistance
humanitaire devrait s'imposer partout où elle est
nécessaire110. L'assistance humanitaire restreinte
qu'on a pu remarquer dans les deux conflits, justifié par
la politique sélective d'intervention et
d'action tardive de l'ONU pour faciliter les secours et
assistances humanitaires, témoignent ici de
la timide application des règles du D.I.H dans les
conflits internes. Qu'en estil
du principe de
traitement humain ?
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