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Les pouvoirs du maire au Bénin: réflexion à  l'aune de la récente réforme sur la décentralisation


par Ulrich Yeme Kevin ADANVOESSI
Université d'Abomey-Calavi / Ecole doctorale des sciences juridiques politiques et administratives - Master recherche en droit 2023
  

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Chapitre 2 :Un cadre juridique éprouvé

Les efforts du constituant béninois pour garantir l'autonomie des communes montrèrent que le Bénin avait fait des libertés locales une priorité lorsqu'il fit l'option de la démocratie au début des années 90. Pourtant, bien après cette vague démocratique des années 90 qui balaya l'Afrique, il faudra près d'une décennie pour que la décentralisation béninoise puisse prendre corps et vie. Dans ce processus, il y eut d'abord le vote des lois. Citons pour exemple la loi n° 97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l'administration territoriale de la République du Bénin, la loi n° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin, la loi n° 98-005 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes à statut particulier, la loi n° 98-006 du 9 mars 2000 portant régime électoral communal et municipal en République du Bénin, la loi n° 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime financier des communes en République du Bénin, la loi N° 2007-28 du 23 novembre 2007 fixant les règles particulières applicables aux élections des membres des conseils communaux ou municipaux et des membres des conseils de village ou de quartier de ville en République du Bénin ou encore la loi n° 2009- 17 portant modalités de l'intercommunalité au Bénin. Mais le tournant majeur a été l'installation en 2003 du conseil communal de Ouaké. Par cet acte, la décentralisation béninoise prenait véritablement son envol, mais la lenteur du processus montrait déjà la nature politique des réformes. Ce cadre légal et institutionnel en place, l'expérience durera environ deux décennies avec des prérogatives importantes confiées au maire. Elle sera tintée de difficultés à atteindre les objectifs de cette décentralisation, mais retracera tout autant la ferme volonté des gouvernements successifs de mettre en place un cadre politique, légal et institutionnel suffisamment cohérent ; d'aboutir à une formule qui puisse garantir une administration locale efficace et efficiente. Le pari n'était pas gagné d'avance, car la jeune démocratie, qui sortait d'une forte centralisation avant 1990, faisait face à des défis existentiels dont notamment la faiblesse des institutions ou encore la corruption. A l'instar de l'adoption de la Politique Nationale de Décentralisation et de Déconcentration (PONADEC), plusieurs modulations ont eu lieu pendant ces deux décennies et l'acte ultime fut l'entrée en vigueur du code de l'administration territoriale de 2022. Les liens intrinsèques qui subsistent entre l'environnement juridique et celui politique lorsqu'on en vient à aborder le sujet de la décentralisation et en particulier les pouvoirs du maire ne justifient pas à eux seuls tous les dérapages observés durant ces deux décennies. Mais toujours est-il que les deux décennies d'expérience de la décentralisation ont montré une recrudescence des actes de mauvaise gestion locale (Section 1) contribuant à exacerber le besoin d'un toilettage du cadre légal de la décentralisation (Section 2).

Section 1 :Une recrudescence de la mauvaise gestion locale

Pour des raisons de cohérence, nous irons souvent vers une généralisation des effets au sein des communes lorsque nous présenterons les défis de la décentralisation du début des années 2000 à 2022. Nous savons très bien que la plupart du temps, toutes les communes ne sont pas coupables des mêmes faits incriminés. Mais à l'arrivée, elles ont toutes été soumises à la nouvelle réforme, car les insuffisances relevées touchent pleinement à l'expérience de la décentralisation dans son entièreté au Bénin.

La société civile a souvent reproché aux maires béninois d'outrepasser leurs attributions allant jusqu'à commettre des actes contreproductifs. Ces actes qui ont évolué crescendo ont été les preuves d'une gestion locale insuffisamment efficace (Paragraphe 1) et transparente (Paragraphe 2).

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