2-5 Les enjeux du transport routier
En parlant d'enjeux, nous voulons montrer les gains, mais
aussi les pertes, en un mot l'importance des appétits qu'aiguise le
transport, surtout routier. En d'autres termes son importance
économique, et surtout dans les pays en développement.
C'est ainsi, KONAN (2012) révèle des conflits de
compétences entre des structures étatiques de gestion du
transport routier et des entités décentralisées. Ainsi,
selon lui, depuis le démarrage des activités de l'Agence des
Transports Urbains (AGETU) dans la délivrance des titres de transport,
cette structure est confrontée à des conflits qui l'opposent au
District d'Abidjan, mais aussi aux différentes communes de son
périmètre de compétences. Ces conflits se sont même
radicalisés avec les communes qui, au mépris des lois de finances
en vigueur, procèdent à la perception de taxes de stationnement
auprès des opérateurs de taxis communaux. Cette situation
contribue à fragiliser cette autorité de régulation
(AGETU), plombant ainsi ses tentatives d'assainissement du secteur et
hypothèque sa stabilité financière.
Pour SAMNA (2010), l'organisation du transport et le
fonctionnement des entreprises dudit secteur à l'aune de la
mondialisation et de la modernisation laissent encore à désirer.
Nombreuses sont les difficultés recensées à divers niveaux
du système entravant ainsi le développement économique du
secteur. Le transport des voyageurs est désormais confronté au
défi de la concurrence sur les marchés tant intérieurs que
sous régionaux des voyageurs. La modernisation du secteur et son
développement ultérieur impliquent des adaptations des
entreprises artisanales, des changements dans l'organisation et les conditions
de fonctionnement de cette activité. SAMNA relève que la
libéralisation du secteur des transports au Niger en 1997 a permis
l'arrivée d'opérateurs privés, et de manière encore
plus significative pour les transports collectifs urbains. Les artisans
transporteurs organisent leurs activités suivant un système de
tour de rôle dans des gares publiques avec des véhicules de petite
capacité. Les sociétés de transport offrent des services
réguliers de transports nationaux
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et sous régionaux, dans des gares leur appartenant avec
des autocars en bon état et de grande capacité. Les politiques
économiques des pays Africains ont favorisé la transformation de
ce secteur, le marché des transports de voyageurs, l'apparition
d'entreprises artisanales dynamiques qui renouvellent leur parc de
véhicules et gèrent leur activité de façon plus
« moderne ».
L'évolution économique des pays d'Afrique
subsaharienne, s'est accompagnée d'une forte intervention de l'Etat dans
presque tous les domaines de cette économie, dont le secteur du
transport routier. En effet, au lendemain des Indépendances de ces
jeunes Etats, ils devraient se substituer à la métropole pour
mettre en place les infrastructures de base et subvenir aux besoins sociaux de
leurs populations surtout dans le domaine du transport. C'est dans cette
optique que l'Etat ivoirien a créé en décembre 1960, la
Société des Transports Abidjanais (SOTRA). Aujourd'hui, avec les
reformes territoriales, le contrôle de la SOTRA est devenu un
problème de politique publique entre les différentes
entités territoriales et administratives du district d'Abidjan. Aussi,
étant, une société de création d'emplois, et donc
un facteur de cohésion sociale, chaque entité veut se tailler sa
responsabilité (BAMBA, 2010)
Pour LOMBARD (2006), la privatisation de l'espace public
interroge la capacité des pouvoirs centraux à mieux organiser le
transport urbain. La prolifération des transporteurs artisanaux, ainsi
que les conflits entre collectivités locales alimentent le
désordre dans le secteur. Pour lui, les espaces des gares
routières sont objet de conflits de compétence à cause des
ressources qu'engendre ce secteur. La gare d'Adjamé qui est devenue un
lieu conflictuel entre la mairie et le district d'Abidjan en est une
illustration. LOMBARD révèle qu'en effet, les rapports
conflictuels entre la ville d'Abidjan et la mairie d'Adjamé à
propos des transports urbains et interurbains ne sont pas nouveaux, ils datent
des années 1973. Ainsi, le transport, surtout routier est un secteur qui
aiguise les appétits. On y note de façon régulière
des conflits d'intérêt entre les différentes entités
(pouvoir central, pouvoir communal, les syndicats etc.) Tout cela
témoigne de l'importance du transport sur le plan économique.
ECHUI (1993), dans son étude sur les enjeux du
développement du transport des produits vivriers en Côte d'Ivoire,
révèle que l'enjeu d'une bonne organisation du secteur n'est pas
seulement d'assurer la rentabilité des prestations des transporteurs.
Mais aussi de permettre aux producteurs d'écouler
régulièrement leurs récoltes et d'améliorer leurs
revenus. Ce faisant, le transport est considéré comme une
condition permissive pour atteindre l'autosuffisance alimentaire.
L'intérêt du transport routier, est qu'il participe dans de
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meilleures conditions à l'approvisionnement des zones
non productrices (les centres urbains, principaux débouchés de
l'agriculture vivrière ; mais aussi les zones rurales
déficitaires). Une bonne organisation des transports a une influence
décisive sur le niveau de la production. Ici, les enjeux sont
énormes tant au niveau des engins roulants qu'au niveau des
infrastructures de transport. En effet, l'organisation de l'affrètement
met en jeu quatre principaux acteurs qui animent le transport routier
intérieur de marchandises en Côte d'Ivoire. Ces types d'acteurs
sont: les chargeurs, les transporteurs, les affréteurs et les syndicats
des transporteurs.
En un mot, le transport quel que soit sa branche, connait des
difficultés, mais ce secteur au vu des nombreux enjeux qu'il
représente progresse de façon significative dans les pays en
développement en général et en particulier dans les pays
d'Afrique subsaharienne. Toutes les formes de transport évoluent partout
dans le monde, mais le cas des pays africains et surtout de la Côte
d'Ivoire depuis ces dernières décennies n'est pas à
négliger. Aussi, faut-il noter que la plupart des documents que nous
avons utilisé n'abordent pas le problème du manque des
sociétés de transport public dans les villes de
l'intérieures des pays en développement en général,
et de la Côte d'Ivoire en particulier.
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