2-3 Les difficultés du transport dans les villes du
sud
Plusieurs auteurs ont révélé à
travers leurs différentes recherches les maux dont souffre le transport
routier des pays pauvres. Malgré ces difficultés, ce secteur
d'activité, demeure très vivace et s'amplifie de plus en plus.
Pour YONLIHINZA (2011), en Afrique, la faiblesse de l'offre
des services de transport, la vétusté des infrastructures et le
difficile accès aux moyens de transport, sont des problèmes
récurrents pour les populations. Toujours pour étayer son
argumentation, YONLIHINZA donne les statistiques de la Commission
Économique Africaine (CEA, 2004) qui montrent qu'en Afrique les routes
qui permettent une mobilité permanente (qu'on soit en milieu urbain ou
rural) représentent 1 500 000 km, soit une densité
routière de 6,84 km/100 km2 contre 12 km/100 km2
pour l'Amérique Latine et 18 km/100 km2 en Asie. En ce qui
concerne la France cette densité est de 177 km/100 km2, 69
km/100 km2 aux USA et de 311 km/100 km2 au Japon. De ces
chiffres, il apparaît que le réseau routier africain est l'un des
plus faibles au monde. Ainsi, l'insuffisance d'infrastructures et de services
de transport demeure un obstacle majeur au développement de l'Afrique.
Le manque d'infrastructures de transport figure désormais parmi les
principaux indicateurs de la pauvreté du continent.
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HASSAN (2009), dans son étude réalisée
sur « Les besoins de formation en transport dans les pays de la
méditerranée occidentale: cas des pays du Maghreb », a
montré que les pays d'Afrique du Nord au même titre que ceux
d'Afrique subsaharienne, sont aussi confrontés à la même
réalité du transport. L'un des problèmes majeurs du
transport dans cette partie d'Afrique est la non qualification associée
à une méconnaissance totale de la réglementation du
transport par la majorité des opérateurs dudit secteur. Vue
l'ampleur de la situation, l'Algérie par exemple a été
obligée en 2008 de créer 734 centres de formation professionnelle
et d'apprentissage (CFPA), qui seront chargés d'assurer la formation des
ouvriers et des techniciens du secteur de Transport.
Quant à TOURE (2008), lui, il touche l'un des
problèmes graves du transport routier en Côte d'Ivoire en
générale, et en particulier du transport urbain ivoirien:
le racket. Le racket est défini comme une extorsion de
fonds par l'intimidation, la terreur ou le chantage. Il est l'un des obstacles
majeurs au développement du transport en Côte d'Ivoire. Surtout
à la faveur de la crise politico-militaire de Septembre de 2002, le
racket est devenu le premier obstacle à la libre circulation des
personnes et des biens. Qu'on soit en milieu urbain où sur les routes
internationales, on assistait sur les barrages routiers à des rackets de
tout genre. L'impact indirect de ce phénomène se traduit souvent
au niveau des transports par une augmentation des prix de location ou du tarif
communiqué aux usagers des véhicules de transport en commun de
voyageurs. Pour ces opérateurs, ils sont contraints d'agir ainsi pour
compenser les montants payés au titre du racket.
PLAT (2002), dans la revue de Godard X (éd),
relève l'un des problèmes dont souffrent le transport et la
mobilité en Afrique sud Saharienne : la cherté des
véhicules, mais aussi le coût d'entretien au quotidien. Il en
donne pour exemple, qu'une voiture achetée à 8000 F
Français d'occasion dans un pays du Nord, est revendue jusqu'à
trois fois plus que le prix d'achat en Côte d'Ivoire ou au Cameroun.
Aussi, une fois acquise, son entretien impose au propriétaire de
débourser au moins 50 000F CFA par mois. Tout cela entraine la
rareté de voitures et surtout neuves. PLAT se base sur les chiffres
cités par [GODARD, TEURNIER, 1992] pour prouver qu'à Abidjan,
l'équipement en voiture qui était pendant le miracle
économique des années 1960 le double de certains pays a
chuté de 16% entre 1977 et 1988. Cette tendance continue, et s'est
même accélérée avec des moments troubles qu'a connus
ce pays (coup d'Etat de 1999 et la crise militaire de 2002 à 2010). On
pourrait retenir de sa réflexion, que, quelle que soit l'échelle
d'observation, le continent africain paraît à l'écart du
mouvement général de motorisation des ménages.
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