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Organisation du transport dans la ville de Bouake.


par Bi Kalou Didier KALOU
Université Alassane Ouattara - Master Géographie Humaine  2013
  

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6-2 LA DECOMPOSITION SPATIALE DE LA VILLE DE BOUAKE

La mauvaise organisation du transport dans les villes ivoiriennes et la mise en oeuvre de stratégies de survie des citadins ont permis le développement des moyens du transport collectif dans ces villes. Spécifiquement à Bouaké, la spatialisation des gares de certains moyens de transport comme les taxis-motos dans les quartiers et l'urbanisation lâche des quartiers ont favorisé la décomposition de l'espace urbain. Le rôle important des transports collectifs ou individuels est reconnu dans l'urbanisation diffuse (KASSI, 2007). Ainsi, les gares spontanées qui se créent dans les quartiers ou en bordure des artères ou encore aux différents carrefours deviennent des pôles d'activités informelles mais aussi des endroits de la décomposition de l'espace naturel de la ville. Si ces gares se sont autant multipliées c'est bien parce qu'elles constituent une manne financière aussi bien pour les collectivités locales que pour une frange importante de la population dont l'activité de transport représente la principale source de revenu.

La croissance urbaine actuelle est le résultat d'un nouveau type de relations entre les divers acteurs sociaux qui modèlent l'espace urbain, dans un contexte où la pression démographique impose de nouveaux choix en matière de transport. Pour leur part, au fur et à mesure que le processus d'étalement urbain progresse, les services collectifs se développent. Les lignes communales se multiplient et viennent chercher leurs passagers dans les secteurs reculés. Aussi, à Bouaké, au niveau des gbakas, on note un dédoublement des lignes. Alors que certaines lignes sont supprimées ou regroupées, d'autres sont créés, ce qui est un facteur de la perpétuelle désorganisation et du dynamisme du circuit des gbakas. Le marquage spatial réalisé par les moyens de transport collectif est ainsi remarquable dans la ville. Bouaké est entièrement recouverte par les moyens de transport. Cependant, le manque d'organisation interne et collective du transport collectif de la ville ne permet toujours pas à la population de bénéficier de ce maillage territorial. Aussi, devant la concurrence et la course à la clientèle, chaque acteur du transport collectif participe à la décomposition de l'espace urbaine de Bouaké sans le vouloir expressément par l'occupation spatiale qu'il fait du territoire.

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6-2-1 Les inconvénients de l'accroissement des activités du transport collectif à Bouaké

La prolifération des acteurs ainsi que l'immobilisme des services de la mairie et l'absence des certaines institutions étatiques (AGETU, OSER etc.) alimentent le désordre dans le secteur du transport collectif urbain de Bouaké. Cette prolifération interroge sur la capacité de gestion et d'organisation des transports locaux par les pouvoirs centraux et décentralisés. En effet, en l'absence d'une volonté politique de prise en compte à la fois des modèles de gestion importés et des pratiques locales, l'occupation spatiale anarchique des villes ivoiriennes par le transport s'est accentuée depuis les années 1990 (KASSI, 2007).

En fait, à Bouaké, les motos-taxis préoccupés par leurs clientèles préfèrent ignorer très souvent les règles d'urbanisme et d'occupation des parcelles pour s'installer avec deux ou trois motos, n'importe où et surtout à des carrefours. L'utilisation anarchique de ces carrefours par les motos-taxis comme gare, cause de graves problèmes de circulation. Ces gares spontanées des motos-taxis sont réputées pour leurs désordres à cause du nombre très élevé de jeunes (l'âge moyen est de 18 voire 20 ans) qui y travaillent. Aussi certaines pratiques des conducteurs de motos-taxis (conduite sans respect du code de la route et la production des bruits de n'importe quel genre pendant des cérémonies « mariage »), font de Bouaké une ville « de désordre ». En plus, du fait de leur stationnement sauvage, ces motos-taxis empêchent une bonne circulation automobile, qui se retrouve très réduite en certains endroits.

L'absence de gares fixes des taxis-ville est aussi source d'obstruction à la fluidité du trafic routier urbain de Bouaké. De même que les stationnements sur les trottoirs des gbakas sont une entrave à la circulation piétonne. Par le manque de véritable gare de gbakas, les lignes de gbakas de Dar es Salam et de Belleville sont obligées d'installer leurs gares sur des trottoirs, notamment le trottoir de la rue qui mène au marché d'oignon « gare de Dar es Salam » (photos 20 et 21), et les abords de l'état civile de la mairie « gare de Belle ville » (photos 22 et 23). Ces implantations désordonnées de ces gares posent de graves problèmes car source d'anarchie au niveau du transport urbain qui s'est répandue dans la ville. En tout état de cause, les règles d'occupation des domaines publiques sont bafouées par les opérateurs du transport urbain collectif. Ces transgressions aboutissent souvent à des dysfonctionnements auxquels les pouvoirs publics se trouvent obligés d'ajouter nécessairement une dose de la régulation et de la réglementation afin de limiter les dérives.

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La gare des gbakas de Dar es Salam au quartier Dougouba

Photo n°20 Photo n°21

Clichés KALOU BI K Didier ,2014

La gare des gbakas de Belleville en face de l'état civil de Bouaké au quartier Commerce

Photo n°22 Photo n°23

Clichés KALOU BI K Didier, 2014

Au terme de ce chapitre, il faut retenir qu'aujourd'hui dans le tout monde entier et particulièrement dans les grandes agglomérations des pays en développement, le transport et principalement le transport terrestre est à un degré non négligeable responsable d'émission de

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gaz polluants. Dans le cas de Bouaké et comme dans presque toutes les villes ivoiriennes, bien que l'on ne dispose pas de données relatives à l'impact de la pollution automobile sur la santé des hommes, force est d'admettre que cette pollution est réelle par les rejets de fumées noires émises par les différents moyens de transport collectif. Ce phénomène s'aggrave de plus en plus avec l'exploitation des véhicules âgés appelés « France au revoir ». Aussi, à Bouaké, en plus des conséquences éventuelles de pollution atmosphérique, s'ajoutent les nuisances sonores et l'occupation anarchique des espaces publics par les moyens de transport (gbakas et taxis-motos). Ici, l'on est à mesure de se demander, s'il existe un droit de regard véritable des autorités sur la régulation du transport urbain de Bouaké.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe