Chapitre 5: IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DU TRANSPORT DANS
LA VILLE DE BOUAKE
Le transport, un des facteurs du développement,
à des impacts socio-économiques sur l'espace dans lequel il
s'emploie. La Côte d'Ivoire, dès son accession à la
souveraineté nationale a adopté une politique économique
libérale. Cependant, avec la crise économique qu'a connue ce pays
dans les années 80 et les Programmes d'Ajustement Structurels qui en ont
suivi, ont accélérés le retrait de l'État du
domaine du transport urbain surtout dans les villes de l'intérieur comme
Bouaké où il était naturellement absent. La configuration
privée vers laquelle le transport urbain a évolué de plus
en plus a ouvert de nouveaux champs d'investissement pour les entrepreneurs
privés, ce qui a provoqué l'inondation du secteur de
véhicules et autres engins d'occasion. En effet, au plan local, le
transport collectif est une activité lucrative parce qu'il garantit aux
trésoreries locales des ressources colossales par la collecte des
différentes taxes.
Ce transport garantit l'accessibilité de la population
en tout lieu et à tout moment aux équipements
socio-économiques de la ville de Bouaké, bien que l'accès
à tous les quartiers ne soit pas aisé. Mais, la multitude des
moyens de transport collectif compense ces difficultés de
mobilité dans la ville de Bouaké. Service d'accompagnement des
personnes et des biens dans leur mobilité dans les grandes villes, le
transport collectif constitue aussi l'un des éléments
déterminants de l'évolution de la ville. En ce sens que, sa
pratique participe à la satisfaction des besoins économiques et
sociaux. Dans la ville de Bouaké, ce transport s'inscrit dans cette
optique. Mieux, il remplit une fonction de représentation en tant
qu'usage éminemment socio-économique. Ce chapitre (5), abordera
en un (1), les impacts économiques du transport urbain pour la ville de
Bouaké et en deux (2) les impacts sociaux du transport collectif de
Bouaké.
5-1 IMPACTS ECONOMIQUES DU TRANSPORT URBAIN
Le secteur du transport routier en général et du
transport urbain collectif en particulier, constitue un enjeu majeur pour de
nombreux acteurs, allant de l'Etat aux collectivités locales, en passant
par les opérateurs privés. En première ligne l'Etat
chargé de réguler et de contrôler le secteur en
délivrant les autorisations et les licences d'exploitation. Il construit
des infrastructures de transport et facilite le renouvellement du parc auto.
Sur le plan financier, il
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capte aussi d'importantes taxes fiscales sur les importations
des engins, du carburant et les formalités administratives payantes.
Dans le même sillage que l'Etat, les
collectivités urbaines ivoiriennes sont concernées, à
l'échelle locale, par le secteur du transport urbain à travers
les compétences qui leurs sont accordées. Elles sont
chargées dans leurs prérogatives de la construction et de
l'entretien des gares routières, de l'organisation de la circulation et
du stationnement urbains, même si la réalité est toute
autre. Enfaite, elles sont beaucoup plus intéressées par la
collecte des recettes venant des tickets de stationnement et autres taxes
journalières qu'à l'organisation véritable du secteur.
À Bouaké, à l'instar de toutes les villes
de l'intérieure, le libéralisme du secteur du transport urbain a
facilité l'accaparement total de ce secteur par les privés
(Bouaké n'a jamais eu une entreprise publique de transport comme
Abidjan). En fait, devant la demande toujours croissante en moyens de
mobilité, et à la faveur de la politique de libéralisation
de l'importation des véhicules et engins d'occasion afin de pallier
à l'insuffisance des moyens de transport. Plusieurs acteurs
socio-économiques vont s'investir massivement sur le marché du
transport collectif urbain. En témoigne, la multiplicité des
origines socio-professionnels des investisseurs du dit secteur à
Bouaké (commerçants, planteurs, cadre etc.).
5-1-1 La vitalité économique de Bouaké
dans le domaine du transport collectif
L'ensemble des activités du transport constitue une
source de revenus considérable pour les collectivités
décentralisées en l'occurrence la ville de Bouaké. Il est
démontré un lien entre le transport et l'essor économique
d'un territoire. Les activités découlant du secteur de transport
sont sources d'emplois directs et indirects. Le transport va de pair avec un
ensemble d'activités économiques: les ateliers d'entretien et de
réparation, la vente des engins de transport, de pièces
détachées, de carburant et autres. Ces activités
permettent le bon fonctionnement et la vitalité économique de la
ville.
Le transport routier urbain de personnes apparaît
à Bouaké comme une source d'approvisionnement non
négligeable de l'économie municipale. Les différentes
taxes que payent les différents moyens de transport collectif sont
réparties de la manière suivante, (Tableau 17). Ces taxes,
constituent des ressources très importantes pour la ville, vu que le
secteur du transport collectif de Bouaké est en pleine
évolution.
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Tableau n°17 : Répartition des
différentes taxes communales en fonction des moyens de
transport
Nature du paiement Type de moyens
|
Abonnement
|
Ticket de stationnement à payer par mois
|
Montant annuel/ engin (francs CFA)
|
Gbakas
|
15000
|
350/jour, soit 10500
|
141 000
|
Taxis
|
4000
|
3000
|
40 000
|
Motos-taxis
|
23000
|
5000
|
83 000
|
Source: Mairie, 2014
En effet, ces moyens de transport ont fournie à la
mairie de Bouaké (secteur gbakas et taxis) au titre des
différentes taxes en 2012, une somme de 55 632 000 F. CFA10.
A cela, il faut noter que tous les moyens de transport collectif réunis,
ont contribué en 2013 au budget de la mairie à une hauteur de 166
628 000 F. CFA, ce qui a été une véritable bouffée
d'oxygène pour le trésor public national et la caisse communale
de Bouaké. La contribution fiscale de chaque moyen est donnée
dans le tableau 18 ci-dessous.
Tableau n°18 : Contribution financière des
différents moyens de transport au cours de
l'année 2013
Nature d'engins
|
Nombre
|
Montants annuels payés (francs CFA)
|
Montants estimé pour 2014 (F.CFA)
|
Gbakas
|
253
|
35 673 000
|
33 699 000
|
Taxis-villes
|
625
|
51 875 000
|
27 480 000
|
Motos-taxis
|
1977
|
79 080 000
|
213 144 000
|
Total
|
2855
|
166 628 000
|
274 323 000
|
Source: Mairie, 2014 plus nos calculs
À cela, il faut ajouter la grande contribution des
différents corridors11. Les données obtenues de nos
observations sur les corridors Nord et Sud de Bouaké, témoignent
de leurs importantes contributions financières dans le fonctionnement de
la mairie. C'est en moyenne 827 voitures de transport collectif et de
marchandises qui rentrent et sortent par jour de la ville, or 90% de ces
voitures payent des tickets de stationnement répartis comme suit :
10 Service du transport de la mairie
11 Observations des corridors Nord et Sud de
Bouaké les 17 et 18 Juillet de 9heures à 18heures
98
? Les véhicules de 5 à 18 places 500 F. CFA
? Les véhicules de 18 à 32 places 750 F. CFA
? Les véhicules de plus de 32places et les poids lourds
1000 F. CFA L'apport financier moyen des corridors (Nord et Sud) se voit
à travers ce tableau 19. Tableau n°19 : Nombre de
véhicules entrants et sortants par les corridors Nord et Sud
Nombre de véhicules Catégories de
paiement
|
Nombre moyen de véhicules rentrants
|
Nombre moyen de véhicules sortants
|
Total
|
500 F. CFA
|
103
|
139
|
242
|
750 F. CFA
|
185
|
185
|
370
|
1000 F. CFA
|
554
|
489
|
1043
|
Total
|
842
|
813
|
1655
|
Source: Nos enquêtes, 2014
Il aussi faut noter que l'avènement des taxis-motos a
redynamisé à sa manière l'économie locale pendant
et après la crise. La disponibilité de ces motos permet à
une frange importante de la population quelques facilités de
déplacement. Ces motos constituent ainsi des secteurs pourvoyeurs
d'emplois, parce qu'une moto peut être conduite par deux, voire trois,
personnes. Il est incontestablement prouvé que cette activité
participe à résoudre le problème de l'emploi qui s'est
davantage aggravé dans la zone avec la crise.
|