4-2 DES SOCIETES DE TRANSPORT À BOUAKE
La normalisation de la situation politique en Côte
d'Ivoire (accords d'Ouagadougou de 2007) conduit des sociétés
formelles à s'introduire dans le marché du transport urbain de
Bouaké. Ces sociétés s'inscrivent dans la logique de
résolution des problèmes de déplacement que connaît
la population après la crise.
En effet, en dépit de sa très forte
démographie et sa dynamique économique (deuxième ville
économique), la ville de Bouaké n'a pu bénéficier
d'un système de transport collectif de masse (public comme privé)
depuis l'Indépendance du pays. La politique de l'Etat ivoirien dans le
domaine du transport urbain a été destinée à la
métropole abidjanaise. En effet, au lendemain de l'indépendance,
toutes les attentions étaient portées sur la ville capitale en
plein boom économique et démographique. La croissance urbaine
rapide d'Abidjan a nécessité, dès 1960, la mise en oeuvre
d'une politique de transport urbain privilégiant les autobus (SOTRA) au
détriment des transports artisanaux inadaptés aux structures
urbaines et à la demande en transport. Les transports artisanaux n'ont
été tolérés que dans les villes secondaires dont
les pouvoirs locaux auraient souhaité bénéficier d'autobus
modernes. Ainsi, pour rattraper ce retard dans ce domaine, des
sociétés privées de transport (STUB et SOTUB), tentent de
s'implanter dans le paysage urbain de Bouaké, surtout avec l'absence de
l'Etat dans ce secteur.
4-2-1 La Société de Transport Urbain de
Bouaké (STUB), une entreprise à la traine
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Mise en circulation à initiative du maire Fanny
Ibrahima en octobre 2009, les véhicules du stub avaient pourtant
suscité de l'espoir chez les populations de Bouaké
confrontées à de graves problèmes de transport. La plupart
d'entre elles qui avaient l'habitude de se déplacer en gbakas
(minicars), en taxis et surtout à motos-taxis avec le risque qu'elles
encouraient, voyaient désormais des bus un moyen sûr. Un
soulagement qui n'a duré qu'un an à peine. En effet, depuis
quelque temps, ces mastodontes aux couleurs rouge et blanc (photo17) ont
pratiquement disparu des voies de la capitale du centre au grand dam de ses
usagers. Cette disparition est en partie liée aux effets de la crise
dite «crise des listes électorales de 2010», mais aussi
à cause de la non rentabilité de la société.
Photo n°17 : Un bus de la STUB
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
4-2-1-1 Le parc auto et le fonctionnement de la
STUB
Démarrée avec 15 bus, la STUB ne compte
aujourd'hui que 03 bus. Née dans un environnement dominé par les
gbakas, taxis et motos-taxis, la concurrence est très rude avec ces
moyens de transport surtout avec les taxis-motos. La STUB se positionne comme
un concurrent redoutable sur les circuits de desserte du fait de la
capacité de ces bus à transporter un grand nombre d'usagers.
Cette concurrence, installe une situation de face à-face des
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autobus avec les taxis-motos qui sortent perdants à
cause de leur faible capacité de charge. Son tarif de 100 F. CFA sur les
lignes urbaines et de 250 à 300 F.CFA sur les itinéraires
interurbains est largement inférieur à celui des taxis-motos
lequel varie de 150 F. CFA (négociable) à 200 F. CFA pour la
desserte urbaine et qui va jusqu'à 500 F. CFA pour la desserte
interurbaine.
Le conflit né de cette concurrence s'est traduit par la
destruction du matériel roulant de la STUB. En effet, à la faveur
des manifestations politiques de février 2010 suite à la
dissolution du gouvernement et au débarquement du président de la
Commission Electorale Indépendante (CEI) par le chef d'Etat. Des
manifestants incontrôlés en profitent pour piller et saccager le
dépôt de la STUB.
En dehors de cette situation, selon le gérant de la
société, Sékou TOURE, la société est aussi
confrontée à des problèmes de trésorerie. Dans la
même veine, il souligne que la société a du mal à
faire face à ses charges à cause du manque de rendement. La STUB
n'arrivait plus à rentrer dans ses fonds pour payer le carburant. Si au
début, il y avait de l'engouement et une sorte d'euphorie, au fil du
temps, les clients ont préféré recourir à leurs
anciennes habitudes (moto taxis) pour éviter les longues heures
d'attente aux différents arrêts de bus par le fait qu'il n'y a
plus assez de bus. Aussi, Il faut noter qu'en dépit de cette situation
matérielle et financière très difficile, certains
chauffeurs de l'entreprise manifestaient leur mécontentement quant au
traitement dont ils sont l'objet dans la société. « On n'est
ni embauchés ni déclarés à la caisse nationale de
prévoyance sociale (CNPS). Il n'y a pas de contrats qui nous lient
à la société. Des conditions bien réunies afin
qu'on soit sous-payés », s'offusque l'un des chauffeurs
interrogés.
Aujourd'hui, la STUB n'a qu'une seule véritable ligne
fonctionnelle, celle qui part de la Cathédrale à l'usine d'olam
à cause du contrat qu'elle a passé avec cette
société pour le ramassage de ses employés (3 000 F. CFA
par passagers et par mois). La STUB relie aussi de temps à autre la
commune de Djébonoua à la ville de Bouaké, le tarif de ce
trajet est à 300 F. CFA par passager (Carte 7). Elle ramasse en moyenne
100 à 300 personnes (TOURE).
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Carte n°7 : Les lignes des sociétés
de transport (STUB et SOTUB)
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