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Organisation du transport dans la ville de Bouake.


par Bi Kalou Didier KALOU
Université Alassane Ouattara - Master Géographie Humaine  2013
  

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Chapitre 4: L'EMERGENCE DE NOUVEAUX MOYENS DU TRANSPORT COLLECTIF URBAIN A BOUAKE

L'évolution démographique, politique et économique de la ville de Bouaké depuis les années 2002, a fait émerger d'autres moyens du transport collectif de personnes. Ces moyens viennent comme tout autre moyen de transport en réponse à une situation à laquelle les moyens usuels ne pouvaient plus pallier. Pour ADOLEHOUME et ZORO (2002), l'essor d'un moyen de transport dans un paysage urbain s'explique par la crise économique, ainsi que par la déficience de l'offre de transport habituel. Ainsi, on note le développement du système de motos-taxis et l'arrivé des sociétés d'autobus (STUB et SOTUB) dans le paysage urbain de Bouaké. Dans ce chapitre, nous allons en un (1) parler des taxis-motos comme des moyens de transport de secours et en deux (2) parler des sociétés de transport.

4-1 LES TAXIS-MOTOS, DES MOYENS DE TRANSPORT DE SECOURS

Les motos-taxis sont actuellement, sinon la plus originale, de l'offre de transport collectif qui connaît un fort dynamisme dans les grandes villes d'Afrique sub-saharienne. Depuis une quinzaine d'années, ils se sont rapidement développés dans de nombreuses villes comme: zémidjan béninois, oléyia togolais, okada nigérian, kabu-kabu nigérien, boda-boda ougandais ou kenyans, kupapatas angolais, bendskin camerounais, etc.

Dans certains cas, les motos-taxis sont considérés comme des transports des périodes de crises. En effet, les programmes d'ajustement structurel (PAS) imposés aux pays Africain, ont conduit une frange importante des populations à la rue surtout les jeunes. Aussi pour survivre, certains « déflatés » se sont insérés dans l'activité des motos-taxis dans la plupart de ces pays. Dans l'exemple Béninois, l'un des pays africains pionniers dans le transport des motos-taxis. Les taxis-motos ont fait leur apparition à Cotonou, suite au rapatriement massif des Béninois du Nigeria en 1977. A eux, se sont ajoutés les rapatriés du Congo Brazzaville et du Gabon de 1978. Certains rappariés, confrontés au chômage, ce sont mis à exploiter dans la ville de Cotonou des motos qu'ils ont ramenées avec eux (AGOSSOU, 2004).

Aussi, à Douala (capitale du Cameroun), l'émergence de ce mode de transport s'est faite à la suite de l'arrêt de travail des moyens de transport collectifs habituels, lors de l'opération « villes-mortes » initiée par l'opposition pour obtenir le multipartisme et des élections

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démocratiques au début des années 1990, de sorte que ne pouvaient circuler que les piétons et les deux-roues. Quant à Lomé (capitale du Togo), le processus s'est enclenché dans cette ville, en novembre 1990 puis en juin 1991 à l'occasion des grèves généralisées (KASSI, 2013).

À Bouaké, (deuxième ville de la Côte d'Ivoire), c'est à l'occasion de la crise militaro-politique que ce mode de transport collectif est apparu dans le paysage urbain de la ville, ainsi que dans les grandes villes du nord et dans certaines villes de l'ouest du pays. Ils sont apparus comme une alternative à la crise des transports. Ils ont été d'utilité publique pendant la guerre au moment où les autres modes traditionnels de locomotion étaient quasi inexistants. Ce moyen de transport de crise a émergé de façon spontanée dans le paysage urbain des zones CNO, pour répondre à la demande individuelle puis collective. La disparition des moyens habituels a amené les propriétaires de ces engins à deux roues à les utiliser pour répondre aux besoins de déplacements des populations.

4-1-1 La genèse des motos-taxis à Bouaké

La confiscation des véhicules de transport collectif par les forces rebelles a entrainé l'apparition des taxis motos. En effet, suspectés de transporter des infiltrés, les transporteurs des véhicules collectifs ont dû garer leurs engins pour se préserver de toute attaque. Aussi, pour renforcer leur parc de véhicules de combats, les insurgés n'hésitaient pas à confisquer les véhicules personnels et ceux des transports collectifs qui, pour la plupart, ne sont plus jamais revenus à leurs propriétaires. Ainsi, la confiscation des véhicules dans les zones rebelles était une pratique très courante lors des crises militaires en Côte d'Ivoire (KASSI ,2013). Ce qui contraint les automobilistes à garer au risque de se faire déposséder de leur bien. De plus, les transporteurs de ces véhicules qui le pouvaient se sont délocalisés dans les villes sous contrôle gouvernemental qui offrent de meilleures opportunités.

Ce départ massif a sonné le glas de l'activité de transport collectif à Bouaké. Ainsi, sur la trentaine de lignes (taxis et gbakas confondus) qui constituaient le réseau de transport de la ville, aucune n'a pu résister à la crise. Toutes ont cessé de fonctionner, ce d'autant plus que la demande était quasi nul. Les déplacements des populations, très limités se faisaient à pied ou au mieux avec les deux-roues. De cette absence des moyens de transport habituels va naître et proliférer un autre type de transport avec un fort impact sur le paysage urbain (les motos-

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taxis). Les quelques dizaines de motoristes ont d'abord commencé par transporter les voyageurs sur les lignes interurbaines notamment entre Bouaké et la ville de Djébonoua. Sur cet itinéraire, le tarif appliqué était de 2 500 FCFA par usager et par voyage. Les revenus que généraient ce mode de locomotion font prendre conscience aux jeunes déscolarisés et ceux au chômage de l'opportunité à s'insérer dans cet emploi, fût-il informel. Peu à peu, ces taxis à deux roues se positionnent dans la ville pour répondre à la demande urbaine non satisfaite. Ils desservent dans un premier temps les lignes en direction du marché central et par la suite vers tous les secteurs de la ville. Ils tissent un réseau de lignes à la fois urbaines et interurbaines pour capter le plus grand nombre d'usagers. Aujourd'hui, avec un nombre estimé à 2 5689, les motos-taxis sont devenus l'un des moyens de transport les plus prisés par la population de Bouaké et donc incontournables.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld