2-2 LA GARE ROUTIERE, L'UN DES BAROMETRES DE LA VIE
URBAINE
La gare routière est définie comme un lieu
spécialement aménagé afin d'accueillir, véhicules,
passagers et marchandises. Elle permet aux usagers et opérateurs de se
retrouver facilement. C'est aussi un lieu cosmopolite, d'échanges,
où disputes, discussions, marchandages et éclats de rires,
rythment le quotidien des acteurs et des clients. FAYE, (2013), la
perçoit aussi comme un lieu d'échanges d'information, de flux
monétaires, de partage et de confrontation.
Les gares routières sont en Afrique subsaharienne et
principalement en Côte d'Ivoire, des espaces encombrés, sales et
peu sûrs sur lesquels les dirigeants étatiques et des
collectivités locales interviennent très peu. Ils portent plus
leur intérêt sur les taxes que ces gares
génèrent.
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En un mot sous les tropiques, les gares routières sont
des lieux du laisser-aller. Pour WADE et al., (2010), toutes les
activités économiques et de transport au sein ou au voisinage
immédiat des gares routières impactent véritablement
l'espace. Les gares et leurs proximités sont ainsi victimes d'occupation
anarchique avec comme corollaires: l'encombrement, l'insalubrité et la
pollution. Ces problèmes se sont accentués avec certains
comportements tapageurs de certains chauffeurs (coups de klaxons intempestifs)
et aussi les bruits engendrés par les commerçants qui utilisent
des micros ou des chaînes de musique pour attirer les clients, et les
moteurs des véhicules rendent les gares routières invivables.
Sur le plan de la sécurité, les gares ne sont
pas non plus épargnées par les risques d'agression, de vol et de
bousculades. Aux heures de pointe, les bousculades occasionnées par les
ruées, les courses poursuites vers les cars font l'affaire des
voleurs.
2-2-1 Les gares routières et autres aires de
stationnement dans la ville de Bouaké: des lieux-autos-crées
Dans la ville de Bouaké, nous notons trois types de gares
:
- Les gares internationales; les véhicules et passagers de
ces gares ont pour destination
l'extérieur de la Côte d'Ivoire. Ce sont entre
autre SAMATRANSPORT, MONDIAL TRANSPORT, RIMBO, RAKEITA. Ces gares sont presque
toutes situées au quartier Dar es Salam, et elles permettent de mettre
Bouaké en relation avec la plupart des pays limitrophes de la Côte
d'Ivoire, dont principalement le Burkina Faso et le Mali.
- Les gares interurbaines, elles mettent en contact
Bouaké et les autres villes ivoiriennes.
Ces gares sont dominées par celles dont les flux sont
dirigés en direction de la ville d'Abidjan et les villes se trouvant sur
axe Abidjan?Bouaké. Nous pouvons citer : les gares des compagnies
suivantes; UTB, FFA, A.V.S, etc. À côté d'elles, il faut
noter les petites gares qui relient Bouaké et les
sous-préfectures et villes proches, se trouvant presque toutes dans la
même région que Bouaké. Ces gares sont
généralement les gares des taxis-brousses, qui desservent les
villes comme Sakassou, Béoumi. Mais aussi les communes et
sous-préfectures environnantes comme Botro, Brobo, Diabo et Languibonou.
Dans la ville de Bouaké ces gares des taxis-brousses sont au nombre de
quatre, dont deux situées au quartier Dougouba, une au centre-ville
(quartier commerce) et une autre (pauvre gare) sur l'axe Béoumi?
Bouaké à côté de l'ancien stade municipal au
quartier N'Gattakro (Carte 5).
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Carte n°5 : La répartition des gares de
gbakas et taxis-brousse de Bouaké
- En fin les gares et autres lieux de stationnement qui
desservent les quartiers et villages
environnants de la ville (les gares internes). Ce sont ces
gares qui nous intéressent dans le cadre de cette étude. Ces
gares n'existent véritablement pas quelques soit le mode de transport
utilisé par les populations de Bouaké. Cependant des endroits
sont aménagés provisoirement par la mairie, ou squatter par les
opérateurs eux-mêmes. En ce qui concerne les minicars (gbakas),
ils occupent quatre endroits et qui sont répartis en fonction des lignes
desservies (Carte5). En effet, la grande gare des gbakas qui regroupe à
elle seule 6 des 9lignes de gbakas de la ville, n'est qu'une partie non
aménagée de l'ancien marché. Elle se caractérise
par son état répugnant parce que tous les déchets du grand
marché sont déversés aux en entours de cette gare (Photo
7). A cela, il faut noter l'occupation de la chaussée par les gbakas des
lignes de Dar es Salam et de Belleville. En ce qui concerne les taxis-ville,
ils n'ont même pas un simple lieu fixe de stationnement. Aussi,
l'avènement des motos-taxis, tous les carrefours, espaces verts ou
autres endroits pouvant abriter au moins deux voire trois motos, sont
transformés en gares (Photos 8 et 9). Pourvu que le chauffeur de la moto
ait accès à sa
Photo n°7 : Le carrefour de Nimbo-habitat-fromager
transformé en gares par les taxis-motos
Photo n°9 : Le carrefour de l'école BASSA
à Air-France 2 transformé en gares par les
taxis-motos
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
Photo n°8 : La grande gare des gbakas de
Bouaké au quartier Commerce
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clientèle. Le manque de véritables gares du
transport urbain dans la ville, est à l'origine de tous les
problèmes d'accès aux moyens de transport. En un mot de la
désorganisation du transport collectif dans l'espace urbain de
Bouaké.
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