1-2-2 Les limites gestionnaires des collectivités
locales: cas de la ville de Bouaké
Quelle que soit sa définition, juridique ou
institutionnelle, l'espace public apparaît pour les acteurs du transport
routier privé comme un lieu de non droit, une solution à la
capacité interne d'adaptation, en d'autres termes, un lieu de dynamisme
et de créativité. Car, selon HOSSARD et JARVIN (2005),
l'appropriation et le détournement des espaces publics incarnent en
quelque sorte la possibilité laissée à chacun d'exprimer
son individualité et c'est ce qui donne, une âme à une
localité. En se les appropriant, ces opérateurs se sentent comme
des acteurs. Ainsi pour eux, l'espace public n'est autre qu'un espace ouvert et
libre, un lieu d'échange et de commerce où la
propriété appartiendrait à tous et à personne
à la fois, autrement dit un espace ni public ni privé et dont
l'usage ne devrait en principe poser de problèmes. C'est ce qui explique
dans la ville de Bouaké l'occupation de presque tous les carrefours par
les motos-taxis, depuis leur apparition.
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La prolifération des entrepreneurs de transports
privés ainsi que la difficile applicabilité des lois
emmènent ces opérateurs à occuper l'espace public sans
crainte. En effet, dans la ville de Bouaké, les taxis-ville, les
motos-taxis et les minicars (gbakas) préoccupés par leurs
clientèles préfèrent ignorer très souvent les
règles d'urbanisme pour leur implantation. Ils sont encouragés
par des décisions municipales (l'occupation par les gbakas et les
taxis-ville des artères de rues de la ville et autres espaces est
accordée provisoirement par la mairie). L'espace urbain ainsi
dérouté et perverti soulève la question de la
responsabilité municipale dans l'assainissement de l'environnement
urbain.
En conclusion, il faut retenir que l'occupation d'un lieu par
une activité donnée est conditionnée par de multiples
facteurs. Ainsi, le transport, l'un des secteurs d'activités qui
participe au développement urbain d'un pays est continuellement
influencé par les effets naturels des sites habités. À
cela, il faut ajouter les effets des actions humaines de l'urbanisation et des
différentes politiques (urbaine, économiques...), qui impactent
directement cette activité. Le transport et le milieu dans lequel il
s'emploi doivent former un ensemble homogène pour qu'y vivre soit
agréable.
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