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Organisation du transport dans la ville de Bouake.


par Bi Kalou Didier KALOU
Université Alassane Ouattara - Master Géographie Humaine  2013
  

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1-2 LA POLITIQUE DU TRANSPORT TERRESTRE (ROUTIER)

Le transport, l'un des outils de l'aménagement d'un territoire, et aussi l'un des domaines d'affirmation de soi, constitue l'objet de toutes convoitises. L'expansion des villes d'un pays étant à la mesure du développement de ce pays, les transports sont aussi touchés directement ou indirectement par les différentes décisions politiques nationales ou internationales.

Les crises économiques qui frappent depuis les années 1980 les pays africains, les ont poussés à privatiser tous les secteurs d'activité. Aujourd'hui, la configuration privée vers laquelle évolue le transport surtout le transport routier-urbain dans les villes ivoiriennes est de plus en plus ressenti. Parce que de nombreux entrepreneurs privés s'investissent massivement dans ce secteur. Cette privatisation pose la question cruciale de la desserte et de l'accessibilité de tous aux moyens de transport. Elle interroge la capacité des pouvoirs centraux et décentralisés à combiner modèles importés d'organisation des transports et pratiques locales.

En Côte d'Ivoire, les ajustements structurels des économies des années 1980 ont provoqué un changement dans le mode de gouvernance des secteurs d'activités économiques. L'évolution

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des financements a été symptomatique. L'arrivée de la Banque Mondiale dans le secteur du transport des pays Africains, a contribué à renforcer la prééminence des logiques économiques libérales. Les programmes d'ajustement structurel des transports (PAST), initiés au début des années 1990 en Afrique subsaharienne, puis les programmes sectoriels des transports (PST) qui leur ont succédés, ont cherché à remodeler ce secteur dans chaque pays. Ils ont poussé à la privatisation de la gestion de nombreux services de transport national ou international tels que les lignes ferroviaires ou des terminaux à conteneurs. Ces privatisations ont permis aussi l'insertion des pays africains dans le commerce mondial. Ces pays vont alors généraliser l'entrée dans l'entretien routier d'opérateurs privés nationaux.

En Côte d'Ivoire, ce libéralisme de l'économie a d'abord été marqué par la privatisation des entreprises publiques (CONTAMIN, 1997). Le retrait de l'État du domaine du transport terrestre, tout comme d'autres secteurs d'activité s'est produit au moment même où la situation économique de ce pays se dégradait et où ces ajustements structurels comprimaient les dépenses étatiques. La valorisation de l'entrepreneuriat privé entrait dans le vocabulaire gouvernemental. Dans l'espace urbain, la place qu'occupaient les compagnies publiques de transport (elles n'existent pas dans la ville de Bouaké) a alors été rapidement investie par les transporteurs du secteur privé.

1-2-1 Les effets de la politique libérale sur l'organisation du transport

En Afrique de l'Ouest francophone, de la période coloniale à nos jours, les relations entre autorité publique et opérateurs de transport résultent des rapports de complémentarité. Ces rapports sont en fonction des politiques étatiques mises en oeuvre, de la puissance des acteurs économiques et des intérêts économiques en jeu. Avant leurs indépendances (en 1960 pour la plupart d'entre eux), le rôle du secteur privé dans les économies locales était important et les grands opérateurs industriels, commerciaux et bancaires étaient des sociétés françaises. Avec ces indépendances, la création de sociétés nationales signe l'étatisation des économies. Mais ces sociétés privées, souvent étrangères (françaises dans la majeure partie des cas), sont restées influentes au sein de ces filières commerciales étatisées ou dans des sociétés à économie mixte telles-que : la Société des Transports du Cap-Vert ou la SOTRAC au Sénégal, ou encore la Société des Transports d'Abidjan (SOTRA) en Côte d'Ivoire.

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La libéralisation économique des années 1980 a eu raison de ces entreprises étatiques de transport qui étaient en piteux état et a impulsé l'apparition d'acteurs jusque-là déconsidérés, voire ignorés; les artisans transporteurs. En Côte d'Ivoire, dans les années 1990, la privatisation des sociétés publiques a entrainé l'omniprésent du secteur privé dans le demain du transport routier, surtout dans les villes comme Bouaké où le transport interurbain public n'existait pas. La croissance du secteur privé dans ce domaine, résulte des faibles coûts d'acquisition des véhicules importés (ADOLEHOUME et ZORO, 2002). Le transport routier est l'un des secteurs où les nationaux (Ivoiriens) s'imposent de plus en plus.

La politique de libéralisation économique va bouleverser profondément le secteur des transports urbains, dont l'essentiel du parc se compose majoritairement de véhicules d'occasions. En effet, l'acquisition de véhicules à bas prix a favorisé l'entrée massive des petits propriétaires dans l'activité de transport routier. Avec la possibilité d'importation de véhicules âgés, ce secteur a connu un regain d'activité. A Bouaké tous les engins de transport collectif en circulation appartiennent aux tierces personnes. L'Etat est absent dans le transport de personnes, contrairement à Abidjan où, il existe la SOTRA. Cette domination toute azimute des privés dans le domaine du transport dans toutes les villes de l'intérieur de la Côte d'Ivoire comme Bouaké, est à l'origine du désordre observé dans ce secteur.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard