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Organisation du transport dans la ville de Bouake.


par Bi Kalou Didier KALOU
Université Alassane Ouattara - Master Géographie Humaine  2013
  

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PREMIERE PARTIE

LES FACTEURS QUI ORGANISENT LE

TRANSPORT ROUTIER DANS LA VILLE DE

BOUAKE

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Introduction

Dans les villes des pays développés, les infrastructures routières et l'automobile sont les principaux outils de diffusion de l'urbanisation périphérique avec des ménages équipés en véhicules individuels, pour lesquels, la distance n'est pas forcément une contrainte. Cependant, la réalité est tout autre en Afrique subsaharienne et surtout dans les grandes villes comme Bouaké, où l'expansion ne s'accompagne toujours pas d'infrastructures nécessaires notamment routières. L'impact du milieu physique est aussi visible sur l'organisation spatiale du transport routier-urbain à Bouaké. L'accroissement urbain se traduisant par l'allongement des distances est beaucoup plus ressenti par les citadins puisque cet étalement urbain se fait très souvent avec l'absence d'infrastructures routières et des moyens de transport.

Dans ce contexte, le transport routier collectif tente de s'adapter aux bourses des catégories sociales modestes. Les taxis-ville, les minicars (Gbakas), les taxis-motos et autres sociétés de transport (SOTUB et STUB), avec l'absence de transport urbain public, et malgré leur offre parfois insuffisante, constituent une réponse à cet étalement urbain. De toute évidence, la morphologie urbaine, la diversité des formes d'urbanisation, les questions d'accessibilité spatiale et la rentabilité économique des moyens de transport orientent d'une certaine manière le choix des opérateurs dudit secteur.

Pour analyser, l'impact du cadre physique et le manque d'infrastructures et d'équipements sur l'organisation du transport routier, surtout de personnes dans la ville de Bouaké, nous nous intéresserons dans cette partie aux interactions entre transport et le cadre urbain (chapitre 1) et aux influences des infrastructures et équipements du transport sur l'organisation du transport routier de la ville de Bouaké (chapitre 2).

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Chapitre 1: L'INTERACTION ENTRE TRANSPORT ROUTIER ET LE CADRE URBAIN

Les différentes formes physiques et plans urbains d'une localité influencent les modes de transports routiers surtout dans un espace où le niveau de vie et les équipements de transports se font désirer. La création d'une ville répond toujours à un objectif particulier. Bouaké, localité de notre étude a été développée par le colon à partir des années 1900 du fait de la position stratégique qu'occupait ce petit village (Gbêkêkro). En effet, comme toutes les villes subsahariennes, Bouaké va connaitre une croissance urbaine et démographique rapide, entrainant un éclatement et l'occupation sauvage de son cadre naturel.

L'urbanisation étant considérée en Côte d'Ivoire et principalement à Bouaké comme un vecteur de développement et un mode d'expression du modernisme. D'ailleurs, elle est vue sous cet angle de la même manière partout en Afrique et dans le monde. Ce qui amène (PAULET, 2000) à dire que, « l'extension des zones urbaines constitue un phénomène mondial touchant depuis quatre décennies l'Afrique subsaharienne ». Cependant, sa montée rapide et incontrôlée en Afrique et symboliquement en Côte d'Ivoire entraîne des bouleversements majeurs de l'économie, de la démographie et une mutation des systèmes sociaux et culturels.

Cette urbanisation dans les grandes agglomérations africaines et particulièrement à Bouaké ressemble à un phénomène non pensé et qui est issu pour une part non négligeable de l'initiative privée. L'organisation de l'espace et les paysages urbains africains traduisent en grande partie l'incapacité des pouvoirs publics dans la plupart des cas à imposer les différentes politiques urbaines. L'extension spatiale urbaine échappe donc à tous les services officiels, qui restent généralement impuissants face à ce rouleau compresseur. Les périphéries deviennent alors synonymes d'éloignement qui joue un rôle primordial dans le choix des moyens de transport.

La ville de Bouaké n'échappe pas à cette réalité où les difficultés du transport collectif ne sont pas seulement le fait d'une urbanisation incontrôlée. Mais aussi, la faiblesse de l'offre des services de transport, la vétusté des infrastructures et le difficile accès aux moyens de transport sont des problèmes récurrents des populations de ladite ville. À ces difficultés, il faut noter aussi, le milieu naturel qui influence et impacte négativement les infrastructures et équipements routiers à Bouaké, comme dans toutes les autres villes de la Côte d'Ivoire.

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De toute évidence, la morphologie urbaine, la diversité des formes d'urbanisation, dense ou diffuse, les questions d'accessibilité spatiale et la rentabilité économique des moyens du transport collectif orientent d'une certaine manière le choix de la desserte par les opérateurs dudit secteur, mais aussi des usagers. Dans ce chapitre nous aborderons en premier lieu, l'influence de la morphologie de la ville sur le transport terrestre et en second lieu la politique du transport terrestre (routier) dans la ville de Bouaké.

Carte n°3 : Le cadre urbain de Bouaké

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1-1 INFLUENCE DE LA MORPHOLOGIE DE LA VILLE SUR LE TRANSPORT TERRESTRE

MERLIN (2009), appréhende la forme urbaine dans le dictionnaire de l'urbanisme et de l'aménagement comme l'ensemble des éléments du cadre urbain qui constituent un tout homogène. La forme urbaine est assimilée à la morphologie urbaine qui fait référence à la combinaison du cadre physique (topographie, site et situation), du plan urbain (la voirie, le parcellaire, les usages du sol), à la structure et à l'organisation de l'espace et des activités. C'est un élément décisif pour les transports, surtout routier et singulièrement de personnes. FAYE (2013) dit ceci à ce propos: « A y regarder de plus près, on note que le contexte géographique à l'instar des déterminants socio-économiques apporte des contraintes sur les transports et les mobilités ». Par là c'est le lieu de comprendre que, le type de plan urbain est aussi un élément déterminant dans l'organisation urbaine, mais aussi dans l'insertion des transports dans les villes.

L'aménagement du territoire et l'organisation du transport terrestre routier restent deux problématiques indissociables. L'occupation d'un lieu par une activité donnée est conditionnée par de multiples facteurs. La question inévitable d'accessibilité aux moyens de transport se pose comme l'un des éléments prédominants dans la prise de décision de l'aménagement urbain qui influence la morphologie des villes.

1-1-1 Le rôle déterminant du cadre physique

Les dessertes d'une localité, où des différents lieux d'une agglomération en moyens et modes de transport (routier) sont en rapport étroits avec le cadre physique qui peut influencer la création et le développement urbain. Dans le cas de la ville de Bouaké, le cadre physique joue un grand rôle dans la mise en place des infrastructures routières. On note des zones dépourvues de routes ou des routes dégradées sous l'effet de la nature, bien que Bouaké bénéfice d'un milieu naturel peu hostile à l'homme.

En effet, située au centre de la Côte d'Ivoire, la ville de Bouaké se trouve sur un relief plat de plateaux dont la particularité essentielle est sa digitation et son altitude moyenne est de 310 m. Ce faisant, la ville est légèrement inclinée de l'Ouest vers l'Est. De 390m à l'Ouest, l'altitude de la ville s'abaisse progressivement pour atteindre 240 m à l'Est. Trois bassins versants se

partagent ce plateau: au Nord, le bassin de la Loka ; au Sud, celui du Kan et à l'Est, celui du Soungourou.

Les lits des différentes rivières sont peu profonds et les pentes également peu prononcées, ce qui favorise la stagnation des eaux entraînant parfois des menaces d'inondation des habitations avoisinantes. Les terrains de pente supérieure à 10% occupent une faible partie du site actuellement urbanisé et se trouvant principalement localisés près du barrage de Kan3 (Houphouët-ville, Assekro, Air-France3 et Broukro2). Aussi, Bouaké est morcelée par des rubans marécageux des rivières Loka et Kan. L'espace urbain de la ville se caractérise donc en partie par l'isolement de certains quartiers, allongeant ainsi les distances.

Par sa situation géographique, entre la latitude 7°69 N et à la longitude 5°03 W, l'espace urbain de Bouaké est recouverte d'une savane arborée, un peu plus « touffu » que celle du nord de la Côte d'Ivoire. Bouaké est dans une zone de climat du nord qui est plus contrasté que celui du sud: l'amplitude thermique est plus élevée (22°C à 35°C). L'ensoleillement est plus constant et l'hygrométrie plus faible qu'au sud. Ce qui se caractérise par deux grandes saisons: la saison des pluies allant de Mai à Novembre et la saison sèche allant de Novembre à Mai. Le Harmattan, vent du Sahara, intervient pendant la saison sèche vers Janvier et Février, transportant du sable et desséchant tout sur son passage. Cet espace peu accidenté est généralement soumis aux effets de l'érosion (photos 1 et 2). Enfaite, l'espace urbain de Bouaké est peu hostile à l'installation de l'homme, ce qui explique en grande partie l'extension rapide de la ville de Bouaké.

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3 Atlas Bouaké 2010

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Photo n°1 : Effet de l'érosion sur une rue d'Houphouët-ville

Clichés KALOU BI K Didier, 2014

Photo n°2 : Effet de l'érosion menaçant une rue au quartier Nimbo (Habitat)

Clichés KALOU BI K Didier, 2014

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Ainsi, la période la plus confortable pour circuler dans toute la ville de Bouaké et dans son paysage environnant est celle de novembre à mars, ou le ciel est bleu, l'air sec, les nuits plus fraîches et où l'on note une absence de pluie et donc les voies non bitumées sont mieux praticables surtout pour rejoindre les différentes quartiers et villages qui sont généralement sous-divisés ou reliés par des routes ou rues non bitumées.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams