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La répression d’infractions d’affaires en droit pénal de l’Ohada.


par Roger Bokungu
Université Catholique du Congo - Licence en droit 2018
  

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SECTION 2. CRITIQUES ET PERSPECTIVES DE LA REPRESSION EN DROIT PENAL DE L'OHADA

Les États membres de l'OHADA ne sont pas en dehors, mais à l'intérieur du processus d'intégration juridique de l'OHADA. Ils y expriment leur souveraineté, cela est perceptible à travers le souci de sauvegarde de la souveraineté des États parties, par les organes étatiques de l'intégration juridique et la centralité des États dans les instruments d'intégration juridique de l'OHADA.

Cependant, cette sauvegarde de souveraineté est susceptible de faire l'objet des critiques (§1), à l'issu desquelles il faudrait proposer des perspectives (§2) à la répression efficace des infractions d'affaires en droit pénal de l'ohada.

§1. CRITIQUES

Les États Parties au traité de l'OHADA ont sans nul doute, consenti d'abandonner une partie de leur souveraineté pour donner une chance à l'intégration juridique, prélude de l'intégration économique des pays signataires. La mise en place du droit communautaire constituait un pari à gagner par nos États, le problème n'a pas présenté de complexité particulière, lorsqu'il s'est agi d'harmoniser ou d'uniformiser les Droit Commercial Général, le Droit des Sociétés Commerciales et du G.I.E., les Sûretés, les Voies d'exécution, les Procédures Collectives, l'Arbitrage, le Droit Comptable ainsi que le Droit du Transport.148

Les États Parties au traité ont même fait de leur latitude d'incrimination des comportements antiéconomiques, une simple faculté: «Les Actes Uniformes peuvent inclure

146 MEYER P., Op ; cit, p. 9

147 Cour Suprême du Niger, arrêt 16 août 2001, RBD, 2002, p. 121 et S.

148 SOCKENG R., op. cit, p.3

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des dispositions d'incrimination pénale...».149 Il n'a donc pas été consacré clairement un acte uniforme portant droit pénal de l'OHADA.

En effet, les États, ont de tout temps refusé le transfert de cet attribut essentiel de la souveraineté qu'est l'exercice de la répression, c'est ce qui explique le triomphe du principe de la territorialité.

Il semble que le législateur de l'OHADA a par moment hésité entre deux hypothèses, élaborer un droit pénal pour assainir le droit communautaire en sapant la souveraineté des États, ou alors sauvegarder la souveraineté et éloigner le droit pénal du champ du Droit Communautaire.

En effet, l'exercice direct de la souveraineté répressive par chaque État membre de l'OHADA fragilise l'uniformisation juridique. Ceci peut se justifier de par la nature et l'esprit du droit pénal; qui est l'expression de la puissance publique étroitement liée à la souveraineté de chaque État.150 En fait, le droit pénal général est au coeur du sanctuaire de la souveraineté des États. Les États se montrent jaloux de leurs prérogatives en ce domaine et sont réticents à abandonner des parcelles de souveraineté. Chacun entend conserver une large indépendance dans la définition de sa politique criminelle nationale. Il s'impose en conséquence une solution consécutive à la relativisation de l'uniformisation pénale du système de l'OHADA par certains écueils, alors que les objectifs de l'OHADA devraient conduire à la construction d'un véritable droit uniforme pour tous les États membres.

Mais, la nécessité d'adopter une démarche progressive et de prendre en considération certaines spécificités relatives au droit pénal conduira à ne pas effacer totalement les législations internes. Il y a ainsi un concours entre le droit de l'OHADA et les législations internes. Ce concours relativise l'harmonisation pénale du système de l'OHADA et conduit à des nombreuses critiques. Certaines sont relatives à une insuffisante de la délimitation du domaine du droit pénal de l'ohada d'une part (A), et à une existence séparée des constituants de l'infraction d'autre part (B).

149 Art. 5 al. 2 du traité de l'Ohada, in code vert : traité et actes uniformes commentés, Paris, Juriscope, 2014, p.80

150 VIRALLY M., cité par M. MAHOUVE, «Le système pénal OHADA ou l'uniformisation à mi-chemin», in Penant, n° 846, Niamey, 2004, p.87-96

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A. Une insuffisante délimitation du domaine du droit pénal de l'ohada

En effet, l'article 2 du Traité OHADA a retenu comme relevant du droit des affaires, toutes les matières relatives au «droit des sociétés et au statut juridique des commerçants, au recouvrement des créances, aux commerçants, aux sûretés et aux voies d'exécution, au régime de redressement des entreprises et de la liquidation judiciaire, au droit de l'arbitrage, au droit du travail, au droit comptable, au droit de la vente et des transports, et tout autre matière que le conseil des Ministres déciderait à l'unanimité d'y inclure, conformément à l'objet du Traité OHADA».151

Il y a lieu de relever un effort de délimitation du droit des affaires, l'objet du droit pénal de l'OHADA serait ainsi la prévision des incriminations qui encadrent ces matières. Or le droit pénal des affaires ne concerne pas seulement les sociétés commerciales.

En réalité, le droit pénal des affaires est à la fois le droit pénal de l'activité économique et le droit pénal de l'activité commerciale ou individuelle. Les protagonistes de ce droit sont tous ceux qui, de près ou de loin, participent à ces activités : le notaire qui certifie les apports, le gérant qui fait des faux en écriture de commerce ou qui distribue des dividendes fictives, les salariés qui empêchent le fonctionnement de l'entreprise, l'expert-comptable qui ne dénonce pas les infractions constatées lors de son contrôle, le directeur général de société qui dépose des produits nocifs dans une zone habitée et qui nuisent à l'environnement, le chef de service de vente qui fait distribuer des produits abîmés, l'associé ou l'employé qui vend à un concurrent des secrets de fabrique.

Tous ces protagonistes précités ne font pas partie directement de l'entreprise commerciale. Certains font partie des structures de la société, d'autres sont des collaborateurs occasionnels, des concurrents, d'autres enfin une population voisine ou lointaine.

Le législateur de l'OHADA ne couvrant pas ce vaste et riche domaine, la latitude est laissée aux États de prévoir d'autres infractions. Ce qui ouvre la voie à une diversité de législations pénales au sein d'un espace, qui se veut uniforme. Les difficultés d'uniformisation des législations pénales compromettent la finalité d'intégration juridique. Cette compromission est amplifiée par une existence séparée des constituants de l'infraction.

151 Art. 2 du Traité de l'ohada, in code vert : traité et actes uniformes commentés, Paris, Juriscope, 2014, p.3

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry