CONCLUSION
Il serait biaisé de prétendre conclure à
un travail scientifique, surtout dans un domaine tentaculaire comme le Droit
humanitaire, car nous-même, avons fait un plaidoyer en vue de la mise
à jour de ce droit en rapport avec son adaptation à certains
types de conflits non classiques, et certaines suggestions en vue de sa mise en
oeuvre surtout au niveau provincial.
Les conflits Kamuina Nsapu qui ont commencé depuis 2016
et ont pris fin en 2018 comptent parmi les conflits les plus meurtriers de
l'histoire du grand Kasaï, laissant plusieurs retombées
néfastes dont des déplacés internes, des
réfugiés en Angola, des milliers des morts, des viols des femmes
et enfants, l'utilisation des enfants dans la milice... et une crise
humanitaire de grande taille. Bref, une situation qui a préoccupé
plus d'un.
Or, l'on sait que des telles situations sont un moment de
prédilection pour ceux qui aiment fouler les lois aux pieds. Et comme
l'on ne peut se hasarder de prétendre à l'affirmation du
non-respect du DIH en pareilles situations, nous nous sommes posé la
question de savoir si le DIH était respecté avant tout examen au
fond. C'est donc tout ceci qui a motivé notre penchant vers la
présente recherche dont nous avons exposé le contenu dans plus de
50 pages de notre dissertation.
En vue de rendre efficace la mise en oeuvre du Droit
humanitaire, il serait aussi important de traiter de la notion
d'ingérence humanitaire, notion non traitée dans le
présent travail.
En effet, l'ingérence humanitaire en politique
internationale
est apparue durant la guerre du Biafra (1967-1970).
Ce conflit a créé une crise épouvantable, crise qui fut
largement couverte par médias occidentaux mais totalement ignorée
par les chefs d'Etats et des gouvernements au nom de la neutralité et de
la non-ingérence.106
Cette situation a entrainé la création d'ONG
telle que Médecins sans frontières qui défendent
l'idée que certaines situations de crise, qui mettent en jeu la vie
humaine, peuvent justifier la mise en cause de la souveraineté d'un
Etat, et cela en cas des violations graves comme les crimes de guerre, les
crimes contre l'humanité, les crimes de génocide, etc. Alors, le
concept fut théorisé à la fin des années 1980 par
le professeur de Droit Mario Bettati et l'homme politique Bernard Kouchner.
106 FERNANDO T. et Bas Van der Vossen, Debating
humanitarian intervention. Should we try to save strangers ?, Oxford
University Press, 2007.
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Mais la doctrine ne fit pas l'unanimité. Ses
défenseurs la
justifient principalement au nom d'une morale d'urgence :
« on ne peut pas laisser les gens mourir.» Elle puise son fondement
de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948.
«L'ingérence n'est donc légitime que lorsqu'elle est
motivée par une violation massive des droits de l'homme et qu'elle est
encadrée par une instance supranationale et principalement le Conseil de
sécurité des nations unies.»107 Les
négateurs de cette théorie mettent en avant la
souveraineté de l'Etat qui implique la non-ingérence dans les
affaires intérieures d'un Etat.
Cette notion a donné naissance à deux situations
: le droit d'ingérence et le devoir
d'ingérence.
Le droit d'ingérence est donc à comprendre comme
une
reconnaissance du droit qu'ont une ou plusieurs nations de
violer la souveraineté nationale d'un Etat dans le cadre du mandat
accordé par le Conseil de sécurité, au nom de l'urgence
humanitaire.
Quant au devoir d'ingérence, il est une obligation faite
aux
à tout Etat de veiller à faire respecter le DIH.
C'est une façon d'interdire aux Etats l'indifférence. Chaque Etat
est responsable de la protection de l'humanité.
Pour clore, par ce travail, nous souhaitons donc une
diffusion des grands principes du DIH, car nous pensons qu'il
a aussi un caractère pédagogique. Nous souhaitons l'implication
de tous les acteurs sociaux de protection des droits de l'homme dans la
vulgarisation du DIH. Cela aiderait efficacement à implanter la culture
humanitaire dans la mentalité congolaise et Kasaïenne.
Une oeuvre scientifique n'est jamais achevée, l'on peut
l'actualiser, la compléter et même l'approfondir.
Voilà pourquoi, ce travail restera ouvert à toutes remarques et
critiques des lecteurs.
107 FERNANDO T. et Bas Van der, Op.cit., p. 19.
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