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La réglementation des déchets biomédicaux.


par Saa Pascal TENGUIANO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 droit de l'environnement et de la santé 2009
  

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Première partie : Le cadre juridique de la réglementation des déchets biomédicaux

Les DBM sont devenus, avec l'accroissement des établissements de santé humaine et vétérinaire, un réel problème dans nos villes. Ces activités de soin génèrent des centaines de tonnes de déchets toxiques, potentiellement dangereux pour la nature, les animaux et les hommes.

Cependant, malgré ce constat et malgré le danger que présentent les DBM, nos Etats ne disposent pas de réglementation fiable c'est-à-dire qu'on constate une « absence » de réglementations nationales solides (Chap. I). Il se présente dès lors une urgence pour l'élaboration d'un cadre réglementaire solide (Chap. II).

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Chapitre I : L' « absence » de réglementations nationales solides

La bonne réglementation des DMB ne peut pas se faire sur des textes inadaptés, incomplets, épars et quelques fois incohérents. C'est malheureusement le constat sur la réglementation des DBM dans l'espace CEDEAO. Cette « absence » de réglementations nationales s'explique par le fait que la gestion des DBM est souvent laissée à la seule charge des établissements biomédicaux et des établissements de santé (section II).

Face à cette faiblesse, il est donc nécessaire de présenter un exposé explicite des lacunes législatives et réglementaires nationales (section I) avant de plaider pour une réglementation adéquate.

Section I : Une réglementation lacunaire des DBM

Pendant longtemps, les Etats de la CEDEAO en général ont défini la notion de la santé au sens strict et limité et l'environnement n'était pas un objectif spécifique des administrations. C'est ce désintéressement qui a d'ailleurs conduit à une « absence » de législation efficace (paragraphe I) qui n'est pas sans conséquences néfastes sur la santé publique mais aussi sur l'environnement (paragraphe II)

Paragraphe I : L « absence » de législation

En général, les Etats francophones de la CEDEAO ne sont pas totalement dépourvus de législation en matière de DBM même si les textes qu'ils disposent sont souvent épars et inappliqués comme il est noté plus haut.

Ainsi, nous examinerons dans ce paragraphe la législation de certains pays de la CEDEAO considérés comme modèles en la matière. Il s'agit d'examiner la législation du Sénégal (A) avant de voir les dispositions juridiques prises par le Burkina Faso (B).

A- Le cas du Sénégal

La législation nationale est le pilier pour une bonne gestion des DBM. Elle permet d'établir un contrôle légal et confère aux services chargés du traitement de ces dits déchets, l'autorité de faire respecter les différents statuts établis.

Ainsi, contrairement à de nombreux Etats de la sous-région ouest africaine ou nous constatons une « absence totale » de la réglementation des DBM, le Sénégal n'a pas un vide juridique total en la matière. Le pays a manifesté très « tôt » une certaine volonté de lutter contre ce fléau en s'engageant à travers sa constitution à « assurer à tout citoyen un droit à la santé et à un environnement sain »12. Cette volonté s'est traduite par la prise d'un décret réglementant les DBM. Cette loi

12. Voir l'art.8 de la constitution sénégalaise de 2001 adopté par référendum et promulgué par la loi 2001-03 du 31 Janvier 2001.

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détermine désormais la volonté qu'affichent les autorités sénégalaises à préserver non seulement la santé de l'homme mais aussi celle de l'environnement en notant dans le rapport de présentation que « les déchets générés par les activités de soins (médicaux et vétérinaires), les activités de recherche, ainsi que certaines activités industrielles liées aux produits biomédicaux peuvent entraîner de nombreuses nuisances pour la santé et l'environnement 13 ». Le décret n° 20081007 du 18 Août 2008 portant réglementation de la gestion des déchets biomédicaux fixe entre autre les obligations des producteurs et opérateurs de DBM ainsi que les activités liées à la gestion de ces produits. Il comprend cinq titres à savoir: les dispositions générales, la gestion des déchets, les obligations des acteurs, les sanctions administratives et les dispositions finales. Au delà de cette vue superficielle, il est nécessaire de faire une analyse approfondie pour ainsi ressortir les forces et les faiblesses de cet décret.

En effet, il faut reconnaître que ce décret a le mérite d'être simple, précis et claire. L'article 3 définie certaines notions telles que: les déchets biomédicaux, la collecte, la gestion des DBM, l'élimination de ces déchets, la gestion écologiquement rationnelle etc. Ce décret fait également la distinction entre les déchets ménagers et assimilés et les déchets infectieux, les déchets anatomiques et les déchets piquants et tranchants, les déchets pharmaceutiques et les déchets spéciaux. Il s'agit selon ce décret de la classification des DBM au Sénégal. Quant à la gestion, elle est réglementée depuis la base c'est-à-dire au lieu de production sans ignorer le système de transport et de traitement.

Cependant, ce décret souffre de certaines insuffisances. Il s'agit tout d'abord des sanctions. On constate que le texte ne définie pas largement les sanctions administratives. Les sanctions administratives annoncées par l'art.21 sont très limitées et vagues. D'ailleurs le texte n'évoque aucune possibilité de sanctions pénales et ne mentionne également aucune possibilité de réparation en cas de dommage. Cette loi trouve également ses limites dans la mise en oeuvre car pour le moment, il existe un grand fossé entre cette réglementation et les différentes pratiques. Les acteurs continuent à ignorer l'existence d'une telle réglementation.

Cela voudrait dire qu'il est tant pour l'Etat Sénégalais de se doter des mesures d'accompagnement pour éviter que cette loi ne soit qu'une qu'une simple littérature.

Il faut toute fois noter qu'il existe des cas isolés de gestion rationnelle des DBM dans certaines villes ouest africaines. Dans les quatre villes où les études de cas ont été menées, les seuls exemples de gestion intégrée des DBM par une structure hospitalière, planifiée du début à la fin et ayant pour objectif l'élimination totale de la

13. Voir décret No 2008-1007 du 18 Août 2008 portant réglementation de la gestion des déchets biomédicaux.

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catégorie comportant des risques, ont été notés au Centre National Hospitalier Universitaire (CNHU) de Cotonou et à l'hôpital Principal de Dakar14.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote