2. Portée économique du projet
Le système du transport, sous ses différents
modes, est un secteur clé du développement dans un pays. Il
permet et facilite la mobilité des personnes et des biens dans le cadre
de leurs activités économiques et sociales (Olievsch 2013).
Dans le contexte des métropoles du Sud, à
l'exemple de la métropole dakaroise où le dynamisme
démographique, l'urbanisation croissante ainsi que la transformation des
pratiques de mobilité interrogent fortement les conditions du
développement urbain, le développement de ce genre de projet est
crucial avec une portée économique importante pour un avenir
durable.
Le système ferroviaire sénégalais est
jusqu'à présent peu performant pour espérer jouer un grand
rôle dans le développement du pays. La situation politique et
économique du pays n'a pas permis le développement de
systèmes de logistique modernes qui stimulent le commerce et la
croissance économique. Selon l'Indice de performance logistique de la
Banque mondiale (LPI), les pays africains, à l'exception de l'Afrique du
Sud, ont des infrastructures en très mauvais état et connaissent
d'énormes difficultés en matière de logistique (Courson,
Gaudron, Oudin 2013).
Avec le projet TER, le chemin de fer contribuera à
l'amélioration du secteur du transport à Dakar tout en conservant
un rôle dominant dans le transport des marchandises et des voyageurs
à faible coût. Ce qui dès lors, permettra aux voyageurs et
aux chargeurs des services d'être beaucoup plus compétitifs car le
temps de parcours sera plus rapide contrairement aux autres modes de transports
(TATA, Car rapide ou encore Ndiagua Ndiaye), sur l'axe
Dakar-Diamniadio-AIBD.
Le projet est en train de créer de l'emploi au
Sénégal car les entreprises qui y travaillent ont favorisé
la main d'oeuvre locale. Il y a entre autre une école de formation en
ingénierie ferroviaire qui est mis en place à Dakar dans le but
de permettre aux Sénégalais d'acquérir des
compétences nécessaires pour travailler dans le TER.
D'après l'État du Sénégal, le
projet TER contribuera aussi à la réduction des
inégalités sociales et territoriales en assurant la
mobilité de toutes les classes sociales avec un faible
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coût. Mais force est d'admettre que le prix du transport
estimé à 1500 FCFA demeure inaccessible pour toutes les classes
sociales car cette somme peut représenter une journée de travail
pour la plupart des dakarois. Cependant, d'après toutes ces
considérations, la question qui se pose est de savoir si le Projet TER
n'a pas vu le jour pour assurer la desserte de la nouvelle ville de Diamniadio,
une ville futuriste inaccessible à certaines classes sociales ?
A. Rôle des gares du TER sur le plan
économique et social
Les gares sont des lieux forts de l'organisation des
transports au coeur du système urbain et territorial. En effet, en tant
que lieux de connexion, les gares voient aujourd'hui leur rôle
s'accroître de plus en plus. Elles sont des lieux carrefours où se
développent plusieurs activités économiques et
sociales.
Dans un contexte de population et de mobilité
croissante dans les villes des pays du Sud, les enjeux liés au
développement des gares sont multiples : politiques, urbains,
économiques, sociaux, symboliques, sanitaires, ou encore
sécuritaires (Courson et Gaudron 2013).
Dans le cadre de ce projet, il est prévu le
développement de plusieurs activités économiques dans les
grandes gares. Dès lors, la construction des gares a
nécessité la prise en compte de l'installation d'entreprise au
sein des gares pour faciliter l'exploitation commerciale et le
développement du commerce dans ces villes. Ce qui permettra aux
voyageurs et même aux habitants de la ville d'avoir de nouveaux commerces
dans leurs territoires.
À cet effet, l'on peut constater que la relation entre
la gare et son environnement urbain ne se base pas tout simplement sur le lieu
de transit mais un endroit au sein duquel se développent des
activités économiques et sociales déployées dans la
gare ou aux environs, qu'elles soient formelles ou informelles.
Désormais; en tant que lieu de rencontre et non
seulement de passage, la gare assume alors pleinement sa fonction sociale
dépassant largement les frontières du transport (Arafer 2018).
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Image 3 : Plan de la gare de Keur Mbaye Fall
Photo 7 : Gare de KMF en construction
Source : Babacar Tandian
Comme l'on peut le voir dans sur la première photo, il
est prévu dans le plan la construction de plusieurs bâtiments
pouvant servir à la création d'activités
économiques. Sur la deuxième photo, la construction est toujours
en cours. D'après le responsable des travaux, la gare sera
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prête en fin juin 2019, ce qui m'a paru ambitieux au vu
du manque de matériel et le nombre réduit de travailleurs comme
on peut le voir sur la deuxième photo.
Pouvant être considérées à la fois
comme porte d'entrée et de sortie des villes, les gares peuvent
être des endroits privilégiés pour le développement
économique et social d'une ville. En effet, plus que des lieux de
passage, elles sont des lieux de rassemblement, d'échanges et de
mixité, dont la gestion peut être parfois délicate et
source de nombreux conflits. C'est dans ce contexte que la prise en compte de
l'aspect sécuritaire par la mairie de chaque commune desservie par le
train trouve son importance pour réguler tout ce qui relève de la
violence au sein de ces gares.
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