Partie I. Le TER, un projet phare du plan
Sénégal Émergent aux enjeux économiques et
socio-politiques
Cette partie analyse les effets concrets d'un grand projet
dans une ville du sud, plus particulièrement dans la ville de Dakar. Il
s'agit d'observer quels impacts peut avoir ce projet sur le plan
économique, politique et social dans le pays. Nous esquisserons un
tableau des différents acteurs concernés par le projet, le cadre
normatif, la chronologie des événements et tous les conflits
liés à la compensation.
1. La décongestion de Dakar, une
préoccupation du Président de la République
A. Le projet TER comme solution pour la restructuration de
l'espace urbain à Dakar
Avec ses 3 137 196 habitants, soit près du 1/4 de la
population sénégalaise, la région de Dakar est la plus
urbanisée du Sénégal. Elle est aussi la région la
plus densément peuplée avec une densité de 5 704
habitant/km2 (Ba 2012). Les fonctions économiques, politiques
et administratives que la région de Dakar exerce font d'elle une ville
attractive à l'échelle de l'Afrique. La croissance rapide de la
population (3% par an) fait que Dakar est devenue
surpeuplée avec une demande en immobilier explosive. La région de
Dakar est également une ville cosmopolite accueillant des milliers de
migrants ressortissant des pays voisins.
Ses principaux pôles d'attractions comptent :
- le monument de la Renaissance ;
- le palais du Président de la République qui se
dresse au milieu d'un très beau parc face à
l'océan ;
- le musée Théodore Monod d'art africain
consacré aux arts et traditions de l'Afrique de
l'Ouest ;
- le marché couvert de Sandaga à l'architecture
néo-soudanaise ;
- la Grande Mosquée, désignée comme des plus
beaux édifices religieux d'Afrique.
Cette forte concentration urbaine fait qu'aujourd'hui, la
région de Dakar connaît une augmentation croissante en demande de
logement. L'on note un amenuisement des réserves foncières et une
croissance exponentielle des prix du foncier et du logement (Yaya 2014).
Cette croissance urbaine importante accélère le
processus d'étalement urbain, causant un déséquilibre dans
la répartition des fonctions urbaines.
Cartes 2 et 3 : occupations du sol de Dakar de 1978 et de
2014
Source : M Niass 2015
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Ces deux cartes montrent la différence en termes
d'occupation du sol de l'année 1978 et 2014 à Dakar.
L'étalement urbain a fait que presque toutes les zones naturelles ou
encore zones de cultures ont été occupées par l'habitat
pour répondre à la forte demande en logement. Le gouvernement du
Sénégal est de plus en plus confronté à des
problèmes accrus de déplacement par cette expansion urbaine. Pour
essayer de les résoudre, plusieurs plans de développement urbains
(PDU) ont été posés (Lessault et Imbert 2013). Le Plan
Directeur d'Urbanisme 2001 reprenait dans ses grandes lignes celui de 1967,
surtout, pour ce qui concernait les zones de la Commune de Dakar, dont le
bâti était déjà dense et la morphologie quasi
définitive. Du fait des retards enregistrés dans son
élaboration, certaines options et orientations définies ont
été dépassées par le rythme de croissance spatiale
des différentes communes concernées par ledit Plan Directeur
d'Urbanisme. L'un des premiers objectifs du Plan Directeur d'Urbanisme de Dakar
2001 était la création d'une structure urbaine
équilibrée qui intègre les trois pôles de
développement de la région que sont Pikine, Dakar et Rufisque, en
affirmant la vocation de centralité géographique dévolue
à Pikine. Le Plan Directeur d'Urbanisme insistait sur la
nécessité de mettre sur pied un réseau de voies terrestres
en mesure d'intégrer les différents pôles urbains de la
région. Dans cette optique, la réalisation de l'autoroute
Dakar-Thiès, de la Voie de Dégagement Nord (VDN) et le
renforcement du Chemin de Fer furent décidés.
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