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Le train express régional et ses effets sur la ville de Dakar. Les impactés du ter.


par Babacar TANDIAN
Université Paris Diderot - Master 1 Géographie et science des territoires  2019
  

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2. Cadre théorique et problématisation

A. État de l'art

Dans le cadre de la recherche documentaire j'ai consulté des documents pertinents accessibles en lien avec mon sujet. Ainsi, j'ai exploré des travaux de recherche (des universitaire, des chercheurs, des étudiants et professionnels du secteur), des mémoires, des thèses, et tout autre document (ouvrage, revue, article) pouvant permettre de collecter les informations nécessaires à la construction de mon travail. Après avoir consulté cette documentation, j'ai pu structurer mon travail sur trois axe principaux, à savoir le cadre

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normatif d'un tel projet, les acteurs qui le composent et enfin l'impact social du projet sur la mobilité quotidienne des personnes affectées.

Concernant le cadre normatif du sujet, il met l'accent sur les normes qui définissent la procédure d'expropriation. Ces normes définissent le cadre juridique de tout projet moyennant l'expropriation pour que la procédure puisse se faire tout en respectant la législation nationale du pays ainsi que les directives de la BM et de la BAD qui traitent des déplacements involontaires.

La législation nationale du Sénégal, relative à l'expropriation du 22 janvier 2001, mise à jour le 07 mars 2008 et le 20 mars 2016, consacre un certain nombre de dispositions applicables au droit de propriété. Il s'agit, entre autres, des dispositions des articles 8 et 15. L'article 8 garantit le droit de propriété au profit des personnes physiques et morales. L'article 15 précise que le droit de propriété, à l'instar des autres libertés et droits consacrés, s'exerce dans les conditions prévues par la loi. En outre, l'article précise : « l'homme et la femme ont également le droit d'accéder à la possession et à la propriété de la terre dans les conditions déterminées par la loi». C'est la loi 76-67 du 02 juillet 1976 relative à l'Expropriation pour Cause d'Utilité Publique qui constitue la base légale pour les procédures d'expropriation pour cause d'utilité publique (ECUP).

L'article premier de ce texte définit l'ECUP comme : « la procédure par laquelle l'Etat peut, dans un but d'utilité publique et sous réserve d'une juste et préalable indemnité, contraindre toute personne à lui céder la propriété d'un immeuble ou d'un droit réel immobilier ». C'est dans ce sens que l'État du Sénégal à travers l'APIX d'éclanche la procédure d'expropriation en 2016 pour que les travaux du TER puissent commencer.

La Banque mondiale utilise le terme déplacement « involontaire » pour parler de l'expropriation. Celle-ci considère que les actions peuvent être entreprises alors que les personnes à déplacer n'ont pas la possibilité de rester sur place, de refuser le déplacement ou de continuer la jouissance de leurs droits et de leurs biens. Dès lors, elle met en place la politique opérationnelle 4.12, relative à la compensation des populations vouées au déplacement et une réinstallation involontaire. Cette politique opérationnelle a trois objectifs majeurs :

- éviter le déplacement des populations ou la limitation de leurs accès aux ressources vitales et minimiser les effets de la réinstallation lorsque le déplacement est inévitable au regard de l'importance comparative des bénéfices globaux du projet ;

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- planifier la réinstallation de façon participative par les populations concernées dans une approche de développement communautaire pris en charge par le projet en ce qui concerne les investissements immédiats ;

- garantir aux personnes affectées des conditions de compensation qui les mettraient dans une situation de qualité de vie équivalente au moins à la situation avant la mise en oeuvre du projet ;

- assurer les bénéfices additionnels globaux du projet pour toute la population devant leur être également accessibles.

La Note d'Orientation de la BAD sur la Réinstallation Involontaire a pour objectif d'étudier la conception du projet pour éviter ou réduire, dans la mesure du possible, les déplacements de population envisageant des conceptions alternatives aux projets ; atténuer les incidences sociales négatives découlant de la perte de biens ou de restrictions liées à l'utilisation des terrains en accordant des compensations.

Le SO2 Réinstallation Involontaire de la BAD vise à assurer que lorsque la réinstallation physique ou économique ne peut être évitée, les populations soient traités équitablement, reçoivent une compensation ou une aide à la réinstallation pour améliorer leur niveau de vie dans le meilleur des cas et garder la même situation d'avant le déplacement dans le pire des cas.

La jurisprudence du Sénégal sur la procédure d'expropriation, la politique opérationnelle 4.12 de la Banque mondiale et la note d'orientation de la BAD m'ont permis de mieux comprendre le cadre normatif de mon étude, ce qui m'amène à m'intéresser sur la question de la mobilité quotidienne.

Dans le cadre d'études sur les transformations urbaines, un grand intérêt est porté à la question de mobilités sous contrainte en ville (Blot et Spire 2014). La mobilité quotidienne peut être définie comme l'ensemble des pratiques de déplacement d'une population dans son cadre habituel. Ce « cadre habituel » est la plupart du temps défini conventionnellement comme un espace centré sur le domicile (moins de 50 km en Allemagne, moins de 80 km en France, moins de 75 miles aux Etats-Unis), où se fait l'essentiel des déplacements (Orfeuil 2003). La mobilité quotidienne se réalise dans un cadre de la vie quotidienne qui est répartie dans le temps contraint et le temps libre et dans les activités rémunérées et non rémunérées, elle est donc associée à des mobilités spatiales spécifiques. Elle constitue les dimensions

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spatialisées de mode de vie, qui intègrent les choix et contraintes en matière de localisation et de mobilité résidentielle en matière d'activités, ainsi que le mode d'insertion sociale préféré : par contiguïté (relation de voisinage) ou par connexité (Mignot 2001).

L'évolution de la mobilité quotidienne des sénégalais a bien sûr à voir avec le phénomène d'urbanisation et de périurbanisation important depuis les indépendances en 1960. Le terme de mobilité est équivoque. Dans le dictionnaire le Petit Larousse (Édition 2001) elle est définie ainsi comme « la facilité à se mouvoir, à changer, à se déplacer ».

Dans les villes du nord comme du sud, la satisfaction des besoins de déplacements et les modalités de réalisation de la mobilité sont soumises à de multiples facteurs (Lourdes, Olvera et Plat, Pochet 2018). Ces facteurs ont notamment trait aux caractéristiques des citadins (âge, genre, statut d'activité ou encore position dans le ménage), de leur ménage (composition, revenus), et à leur environnement quotidien (accessibilité, services de transport collectif, en lien avec la localisation du logement). Les déplacements des personnes, les localisations des activités et des zones résidentielles et la forme des villes sont inextricablement liés.

La prise en compte de la notion de gestion urbaine trouve son sens dans ce projet. Gervais-Lambony et Alii (2007) soulignent combien la notion de gestion urbaine est ambiguë. Selon Osmont (1997, p147) « la notion se rapporte d'un coté à la gestion au quotidien, allant de la tenue de l'état civil à la perception des taxes sur les marchés en passant par l'entretien de la voirie urbaine et la mise sur pied de plan comptable pour le budget communal. Dans un plan plus large, le même terme évoque la gestion entendue comme contrôle de la croissance urbaine. Comme l'on peut remarquer dans la définition d'Osmont, la complexité de la gestion urbaine est liée au caractère qu'elle embrasse. De plus, la gestion urbaine se réalise dans un contexte caractérisé par la pluralité des acteurs parmi lesquels l'État, la Banque mondiale, la société civile et les ONG.

Toute cette littérature m'a permis de comprendre que l'analyse des transformations urbaines est permise par la notion de gouvernance urbaine (Diakhaté 2016). S'agissant de la gouvernance urbaine, elle relève de plusieurs grandes interrogations récurrentes en sciences sociales qui se réfèrent à ce concept (Jouve 2003). Les conséquences socio-politiques, dans le cadre des projets de développement notamment le projet TER, doivent en effet être réellement intégrées au gouvernement des villes. La gouvernance renvoie d'une part à de nouvelles formes de redistribution des responsabilités dans les collectivités locales, de pilotage et de direction de secteurs économiques, face au diagnostic d'une incapacité des

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gouvernements à répondre aux problèmes qui leur sont soumis (Le Galès 2004) ; d'autre part, elle met l'accent sur l'ensemble des processus de coordination d'acteurs, groupes sociaux et institutions visant l'exécution de projets urbains collectivement négociés (Jaglin 1998). La diffusion d'une approche en termes de gouvernance urbaine permet de dépasser le cadre d'action des seuls appareils gouvernementaux étatiques pour s'intéresser à la diversité des acteurs intervenant autour de politiques, programmes et projets urbains (Khouma 2017 ), en mettant en lumière les conflits et les consensus qui émergent.

Une fois sur le terrain je me suis rendu à l'APIX et dans toutes les autres structures en lien avec l'activité du transport public urbain au Sénégal pour trouver de la documentation. J'ai consulté des documents administratifs et juridiques du cadre institutionnel, organisationnel et réglementaire portant sur la mise en oeuvre d'infrastructures de transport et la mobilité quotidienne. J'ai pu ainsi collecter un panel d'information sur l'histoire de l'urbanisation et du secteur du transport de la région de Dakar.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery