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Le train express régional et ses effets sur la ville de Dakar. Les impactés du ter.


par Babacar TANDIAN
Université Paris Diderot - Master 1 Géographie et science des territoires  2019
  

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B. La modernisation du secteur du transport avec le projet TER pour accompagner la croissance urbaine.

- Problématique du transport à Dakar

La région de Dakar est marquée par des aménagements urbains insuffisants comme en témoigne l'inégale répartition des infrastructures de transport (Diakhaté ; 2007). Le système de transport collectif dans la ville est constitué de bus (TATA), de Cars Rapides, de Ndiagua Ndiaye et de taxis. Le site de la presqu'île du cap vert, accompagné d'une forte urbanisation non maîtrisée, cause d'énormes problèmes pour relier le centre-ville et les périphéries.

Or, Dakar concentre la plupart des services de la capitale et les plus fortes densités localisées dans la banlieue. D'importants flux domicile-travail s'effectuent donc en transport commun depuis la banlieue vers le centre-ville de Dakar. Avec un réseau qui a atteint ses limites de capacité, les temps de parcours deviennent de plus en plus longs et incertains malgré les efforts de création et d'aménagement de voies (par exemple l'autoroute à péage, la Voie de Dégagement Nord et la Corniche Ouest qui ont amélioré la situation dans les secteurs concernés).

Graphique 1: flux d'échange intra-départementaux dans la région de Dakar

Source : SITRASS/CUREM 2015

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Ce graphique montre la répartition des flux de déplacements en transports en commun de l'agglomération dakaroise. Ainsi, le graphique montre une disparité en termes de déplacement entre les départements dans la région de Dakar. Le département de Dakar vient en tête en enregistrant le plus grand flux des déplacements intra-département avec 708665 déplacements par jour, ce qui s'explique par la concentration des activités économiques dans cette zone. Après le département de Dakar, s'en suit celui de Pikine (315485), car Pikine enregistre la plus grande démographie de la région. On a ensuite le département de Rufisque (117200) et Guédiawaye (81331). Ce graphique confirme que le département de Dakar est le principal lieu d'activité de la région à côté des deux autres département que sont Pikine-Guédiawaye et Rufisque. Le secteur du transport en commun est composé par différents types d'acteurs et différents modes de transports que nous détaillerons dans la partie qui suit.

- Le secteur du transport structuré par des acteurs semi-informel et informel

Évoquer la ville africaine équivalait à parler du manque d'infrastructures, des bidonvilles, d'urbanisation sauvage ou de pauvreté (Laurence Marfaing, 2019). À Dakar, comme dans la plupart des villes du sud, la mobilité des personnes, des biens et des services est fortement entravée par des problèmes de transports (Diakhaté, 2007). En ce qui concerne les exploitants publics comme Dakar Dem Dikk (DDD) et Petit Train de Banlieue (PTB), leur niveau de performance reste très bas, en particulier pour des motifs techniques, financiers et organisationnels. Les secteurs semi-informels comme l'Association de Financement des Professionnels du Transport Urbain (AFTU) et informel tels que Cars Rapides, Ndiaga Ndiaye et Clando assurent l'essentiel des déplacements motorisés réalisés en transports collectifs, avec une part modale de l'ordre de 90% (CETUD 2018). Pour desservir la Médina et le Plateau jusqu'à la rupture du contrat avec l'État en 1949. En 2001, Dakar Dem Dikk (DDD) a repris les actifs de la SOTRAC (Société de Transport en commun du Cap-Vert) qui a été mise sur place en 1971 et a pris fin en 1999 avec une convention d'exclusivité de 15 ans (Godard, 2002). L'État du Sénégal a très tôt compris que le monopole de la SOTRAC ne parvenait pas à régler la situation déficitaire de l'offre de transport. De leur apparition à 1973, date à laquelle l'État a proposé la coexistence des cars rapides et de la SOTRAC, le secteur informel oeuvrait illégalement dans Dakar à côté de cette dernière (Godard, 2002). Ainsi, les cars rapides passent de la répression à la reconnaissance et, en 1976, l'on assiste au premier renouvellement des vieux cars rapides en circulation puis en 1980 à une opération d'extension. D'après Godard (2002), la part de marché des cars rapides dans le transport

collectif passe, selon diverses estimations, de 18% en 1980 à 66% en 1998 (Sustra), 95% en 2000 (Syscom). Les images suivantes illustrent la pluralité des modes.

Photos 1, 2, 3, 4, 5: pluralité des modes de transport en commun à Dakar

1) Car rapide 2) Clando

3) Ndiagua Ndiaye 4) Bus TATA

5) Petit train de la banlieue

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Source : Babacar Tandian

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Dans ces différentes images, on remarque que plusieurs opérateurs informels et institutionnels coexistent et mettent en oeuvre le service public de transport collectif à Dakar. Néanmoins, le besoin de transport de la population de Dakar est supérieur à l'offre des différents modes de transport qui s'y opère. Certes, les transporteurs informels jouent un grand rôle quant à la couverture de la demande, mais la qualité du service laisse à désirer. Le déficit de l'offre des services de transports est particulièrement apparent aux heures de pointe.

Document 1: Moyens de déplacements utilisés par le dakarois (domicile - travail

Source : CETUD 2017

La part des modes motorisés sur l'ensemble des déplacements réalisés quotidiennement est de seulement de 30%, dont 9% assurée par l'automobile (voiture particulière, taxis, clandos) 19% par les transports collectifs et 2% par les autres modes motorisés. Le faible niveau d'équipement automobile des ménages (40 véhicules pour 1000 habitants) et le faible niveau de performance des transports publics expliquent que 70% des déplacements sont réalisés en marche à pied. Au Sénégal, la gestion urbaine a été longtemps caractérisée par un interventionnisme de l'État. Ainsi, dans le cinquième plan de développement économique et social (1977-1980), les pouvoirs affectent 42,2% des investissements au secteur urbain pour développement des infrastructures. En outre, l'État intervient massivement dans la production

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de l'espace urbain en s'arrogeant le monopole dans l'affection des usages du foncier (Khouma, 2017).

Dès lors, l'on remarque une nette amélioration du réseau de voirie ces dernières années et la réalisation de voies structurantes, comme le prolongement de la Voie de Dégagement Nord qui se poursuit. Cependant, malgré les efforts ainsi réalisés, le réseau routier est fortement mis en tension aux heures de pointe où se réalisent 27% (soit 2 millions de déplacements) de la demande de transport liée aux motifs professionnels et à la formation (CETUD, 2016).

- Un projet ambitieux d'envergure internationale

Classée depuis 2014 par l'UNESCO comme « ville créative », Dakar est désignée comme une ville résolument « moderne » qui, dans la perspective de son développement, tend vers l'accroissement de ses capacités d'innovation. C'est ainsi, en 2014, que le gouvernement du Sénégal retient le projet TER comme solution pour assurer la desserte de la grande banlieue de Dakar vers le centre-ville. Le présent projet figure dans le Plan d'Actions Prioritaires (PAP 2014-2018) du PSE. Le Décret n°2015-298, en date du 5 mars 2015 Art.1, déclare d'utilité publique le projet de TER Dakar - Aéroport International Blaise Diagne (AIBD).

Le projet est lancé en décembre 2016 et le coût est estimé à 568 milliards de francs CFA (866 millions d'euros). La construction est assurée par l'entreprise française Alstom et appuyée par l'Agence de promotion des investissements et des grands travaux (APIX). Toujours en

cours, à terme, le projet TER desservira 14 gares de Dakar à l'AIDB sur 56 km (fiche de projet TER Dakar-AIBD).

L'objectif de ce projet d'après le PAR est de :

- contribuer au réaménagement et rééquilibrage de l'espace urbain dans Dakar pour atteindre

le niveau de croissance du PIB tel que défini dans le Plan Sénégal Émergent (PSE) ; - permettre un développement équilibré de la métropole ;

- désenclaver la capitale, qui représente la majeure partie de l'activité du pays, du reste du Sénégal (le TER est complémentaire à l'autoroute A1 dans cet effort) et s'orienter vers les réseaux de chemins de fer internationaux ;

- améliorer le secteur du transport à Dakar de manière à satisfaire la forte demande de

transport dans les meilleures conditions de performance ;

- créer un effet structurant du tissu urbain par le renouveau du centre-ville ;

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- diminuer la congestion routière par un transfert modal de la voiture vers le BRT ; - poursuivre la politique de développement du réseau de transport collectif. Carte : 1 Tracé du TER sur l'axe Dakar-AIBD

Source : SYSTRA

Sur cette carte figure le tracé tu TER avec les différentes gares qu'il desservira. Le projet suit le tracé initiale du chemin de fer qui existe déjà et viens en appui au projet de l'autoroute A1 qui relie Dakar à l'AIBD. Ainsi, nous allons détailler les enjeux qui tournent autour du projet sur le plan économique, social et politique.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King