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Le retrait et la nullité du titre foncier au ministère des domaines, du cadastre, et des affaires foncières (mindcaf).


par Ibrahim Moktar POUKO MEKOU
Université de Dschang Cameroun - Master II Professionnel en Droit et Techniques Fonciers et Domaniaux 2014
  

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CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

Au terme de cette seconde partie, il apparait que le retrait et la constatation de nullité du titre foncier sont deux sanctions fréquentes d'anéantissement du titre foncier. Ce titre de propriété dont l'absolutisme devrait être indiscutable voit sa force probante relativisée par l'article 2 du décret de 2005 précité. Cette atteinte est justifiée par des facteurs tels que la corruption et la mal gouvernance. D'autres facteurs accessoires tels que l'ignorance de la loi par les particuliers, et les intentions malveillantes de certains agents et promoteurs immobiliers sont à ne pas négliger. Dans l'optique de réduire le nombre de procès perdus par l'Etat avec les conséquences financières que cela implique, nous avons fait quelques propositions de solutions. Ces dernières vont du renforcement des mesures de lutte contre la corruption jusqu'aux conseils pratiques de méfiance et précautions à prendre par les particuliers en passant par des mesures nouvelles à l'attention de l'administration. Ces mesures protègent à la fois le titre foncier et son propriétaire, et aussi tous les acteurs de la transaction foncière.

CONCLUSION GENERALE

En définitive, il ne fait aucun doute que l'administration fait office de «juge» des litiges fonciers au Cameroun en générale et plus particulièrement de ceux relatifs au retrait et la constatation de nullité du titre foncier. Le chef du département ministériel en charge des affaires foncières a vu ses pouvoirs accrus par la réforme de 2005/481. La nullité des titres fonciers doit désormais être constatée par arrêté du ministre qui produit presque les mêmes effets que celui du retrait. Les deux sanctions ne se distinguent donc que dans leurs cas d'ouverture. La faute de l'administration et la fraude du bénéficiaire pour l'une, et l'arbitraire et l'immatriculation des dépendances du domaine de l'Etat pour l'autre. Mais pour une bonne compréhension par le lecteur, nous avons présenté dans un chapitre préliminaire la procédure d'obtention du titre foncier telle que voulu par le législateur de 1974. Ce mémoire est destiné à éclairer à la fois les professionnels du foncier et les profanes qui se font berner fréquemment par des agents immobiliers malhonnêtes et des prédateurs fonciers. C'est pourquoi nous insistons à titre d'information pour les uns et de rappel pour les autres, sur la consistance des domaines de l'Etat, afin que nul ne l'en ignore et s'en prévale de sa propre turpitude. Car, comme le dit si bien un adage « nul n'est sensé ignorer la loi ».

Nous avons remarqué durant notre stage académique que le contentieux de mise en cause du titre foncier est le plus actuel à la division des affaires juridiques. Les sanctions contre l'acte sont prononcées d'une façon très fréquente. À l'analyse, il en ressort que, dans la mise en oeuvre de ses compétences dans ce sens, le MINDCAF cherche à atteindre les objectifs visés par le législateur foncier. À savoir, sanctionner la faute de l'administration et la fraude du bénéficiaire d'une part, et protéger les domaines de l'Etat d'autres parts. Tout ceci en respectant les règles de justice et d'égalité. Mais nous avons vite fait de remarquer quelques faits ca et la, pouvant entraver l'exercice juste et efficace des compétences juridictionnelles du ministre en la matière. Certains sont dus à la technicité de la notion de « double immatriculation » ou à celle de « même terrain », d'autres sont rattachés aux intentions malveillantes de certains bénéficiaires déterminés à induire l'administration en erreur.

Sur le terrain, il s'avère que la mise en oeuvre pratique des pouvoirs discrétionnaires du MINDCAF dans le prononcé de ces sanctions vise un objectif de politique social et de développement économique. De ce fait, la décision du ministre en charge des affaires foncières vise à restaurer la justice et l'égalité entre les citoyens, et joue un rôle de protecteur des domaines de l'Etat contre toutes atteintes.

D'autres parts, nous remarquons un écart entre la pratique et les textes. Cet écart est dû à l'amoralité des citoyens, à l'ignorance de la loi, à la corruption, l'impunité, à la disparité des textes législatifs et l'incivisme. A tout ceci nous pouvons ajouter la mal gouvernance qui se traduit par l'insuffisance du matériel de travail des services en charge de la procédure d'obtention du titre foncier et l'improportionalité entre le travail abattu par les agents de cette administration et leur traitement. Nous y avons proposé des solutions sans doute efficaces qui ne demandent qu'à être prises en considération.

Il ne fait l'ombre d'aucun doute que l'administration a une ferme intention de réigner en maitre et sans partage dans le contentieux de mise en cause du titre foncier. Elle est à la fois juge et partie dans ce précontentieux. Cette atteinte au principe de la séparation des pouvoirs serait une aussi une atteinte grave au droit de la propriété immobilière dans notre pays. Mais à l'analyse, on comprend que, par la règle du recours gracieux préalable, par la compétence du juge administratif et la création des tribunaux administratifs et les divisions des affaires juridiques régionale, que cette procédure est belle et bien distincte de la procédure judiciaire. Loin d'être la manifestation d'une intention d'évincer le juge administratif, cette procédure sera avec le temps, purement administrative. Elle ne réduit en rien les compétences du juge administratif en matière d'appréciation de la légalité et d'annulation des actes administratifs.

Le débat n'est donc pas dans la guerre des compétences entre le MINDCAF et la justice administrative. Le plus important reste d'adopter les mesures nouvelles que nous proposons dans ce travail, afin de redonner au titre foncier toute sa crédibilité. La grande réforme foncière en cours, lancée par madame le ministre en charge des affaires foncières est porteuse d'un grand enjeux dans l'avenir du titre foncier au Cameroun. Nous estimons que ce mémoire pourra y apporter un sang nouveau. Pas seulement dans le cadre juridique, mais dans un sens beaucoup plus large. Car, en vérité, l'ampleur des litiges fonciers dans notre pays est plus un problème d'hommes et de mentalités qu'un problème d'insuffisance de textes en la matière.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille