1-1-3-2--Approches plurielles et plurilingues
1-1-3-2-1- la prise en compte de la complexité des
langues
La question qui surgit est celle de savoir pourquoi cette
allusion aux approches plurilingues ? Loin d'être un effet de mode,
l'aspect plurilingue ici, s'inscrit dans un désir d'aller plus loin dans
la prise en compte de la complexité de l'apprenant, dans une
société pluri et multi lingues. Comme le souligne Simon Diana Lee
dans les cours Enfants et apprentissage des langues en citant le CECR
(2001, p.11), «l'approche plurilingue met l'accent sur le fait que, au fur
et à mesure que l'expérience langagière d'un individu dans
son contexte culturel s'étend [...] il ne classe pas les langues et les
cultures dans des compartiments séparés, mais construit
plutôt une compétence communicative à laquelle contribuent
toute connaissance et toute expérience des langues». Cette approche
définitionnelle du CECR décrit la réalité qui est
celle des jeunes d'aujourd'hui : ils baignent dans plusieurs
réalités linguistiques et la langue dans laquelle ils
s'expriment, présente plusieurs variantes qui ne constituent, chez eux
qu'un seul et même répertoire. Les recherches sur les approches
plurielles ont permis de décliner celles-ci en plusieurs branches.
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ENSEIGNEMENT/ APPRENTISSAGE DE L'ANGLAIS AU COLLEGE ET LA
QUESTION DU SPEAKING
1-1-3-2-Intercompréhension et respect de la
diversité linguistique
C'est une pratique qui privilégie des liens et des
rapprochements entre plusieurs codes. L'intercompréhension est une
pratique qui amène le locuteur à concentrer ses efforts de
communication dans la réception (lire, écouter) d'une autre
langue que celle qu'il pratique. Elle peut se résumer en ceci : «je
comprends la langue des autres et je leur parle ma langue». Tout
comme l'alternance codique, l'intercompréhension entre langues peut
développer chez le locuteur des valeurs plus constructives par rapport
aux relations à l'autre, puisque chacun peut s'exprimer dans sa langue.
Elle stimule l'apprenant, laisse libre cours à son imagination,
c'est-à-dire qu'il ne sera pas puni s'il n'accorde pas correctement les
verbes.
L'accent est mis sur le sens et facilite l'accueil de la
différence. L'intercompréhension est en quelque sorte, comme le
relève Simon Diana Lee dans «Enfant et apprentissage des
langues», un des moyens qui permet «d'inscrire l'enfant et son
apprentissage des langues dans l'optique plus sociologique de la
pluralité». C'est un moyen pour l'apprenant de déployer ses
capacités en tant que plurilingues. Bien que rester sur la
déduction ou la compréhension globale présente des
risques, l'intercompréhension permet aux langues d'atteindre leur
rôle vital pour l'humanité. Ce sont presque les mêmes
attributs qu'on peut reconnaître à l'alternance codique..
1-1-3-2-3-Eveil aux langues et accueil de la
diversité culturelle
L'éveil aux langues est une démarche
expérimentée en France depuis plus d'une vingtaine
d'années. Il émane des réflexions menées, au
départ, en Angleterre, puis en France et dans d'autres pays
européens, visant à offrir à l'apprenant une
éducation langagière plurielle, en l'exposant à plusieurs
langues et cultures. Il fait l'objet aussi des programmes européens
Evlang (Socrates Lingua) et Jaling (CELV à Graz). Dans
un extrait du projet d'Evlang (1997) Candelier relève qu'
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QUESTION DU SPEAKING
« il y a éveil aux langues lorsqu'une part des
activités porte sur les langues que l'école n'a pas l'ambition
d'enseigner (qui peuvent être ou non des langues maternelles de certains
élèves) [...] il doit s'agir normalement d'un travail global, le
plus souvent comparatif, qui porte à la fois sur ces langues, sur la ou
les langues de l'école et sur l'éventuelle langue
étrangère, (ou autre langue apprise) ».
L'éveil aux langues est une sensibilisation d'abord
culturelle puisqu'il ne vise pas explicitement l'apprentissage de ces langues.
Il envisage plutôt la modification, le changement des
représentations qu'un apprenant pourrait avoir des autres cultures.
L'éveil aux langues développe l'attitude d'accueil de l'autre
sans laquelle, les enfants réagiraient comme «l'homme barbare»
auquel Lévis Strauss fait allusion quand il parle de l'attitude qui
repose en chacun de nous. Ce comportement «barbare», selon lui (1968,
p.19), «consiste à répudier purement et simplement les
formes culturelles [...] qui sont les plus éloignées de celles
auxquelles nous nous identifions». Cet homme rejette l'autre parce qu'il
n'a jamais été exposé à autre chose que ce qu'il
connait.
L'enseignant de langue, pour atteindre ses objectifs ne peut
s'enfermer dans une seule pratique méthodologique. Il a besoin
d'associer à la fois des pratiques behavioristes, constructivistes et
bien sûr des approches plurielles. Ce qui importe, c'est de permettre aux
apprenants d'acquérir progressivement des pratiques, pour accroitre
leurs compétences. On appelle compétence un ensemble de
connaissances, d'habiletés et de dispositions qui permettent d'agir.
C'est aider les élèves par exemple, à améliorer
leur niveau linguistique : lexique, morphologie, structure des phrases. Pour ce
faire, il est nécessaire de prendre appui sur les acquis qu'ils ont
déjà reçus en cours classique, de leur permettre de
développer ces acquis, de résoudre les difficultés
auxquelles ils font face et
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QUESTION DU SPEAKING
d'identifier celles qui les empêchent de s'approprier la
langue et d'être à l'aise avec elle.
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