1.7. Relations
familiales
L'étude des relations familiales est complexe
de façon qu'on ne puisse pas ignorer l'éclaircissement de ce
concept dans ledit travail. Les relations familiales sont indépendantes
de l'éducation des enfants puisque le rôle de la famille est avant
tout éducatif. C'est pour cette raison que l'éclaircissement du
concept «relations familiales » a
été nécessaire. Pour définir ce concept, il
convient de partir du sens de chaque terme qui le compose. La relation
veut dire lien, rapport entre des choses ou des personnes. Le lien c'est ce qui
sert à attacher, ce qui unit des personnes. La famille, ensuite
c'est l'ensemble des personnes d'un même sang vivant sous le même
toit et plus particulièrement le père, la mère et les
enfants. Il y a donc deux critères précis du lien familial:
même sang et toit commun. En fait, c'est la coexistence de deux groupes
d'êtres humains (les parents et les enfants) ayant entre eux un rapport
de géniteurs à descendants qui définit le mieux ce groupe
social si particulier qu'est la famille. La coexistence sous le même toit
et le lien du sang qui définissent la famille ne suffit pas à en
unir les membres. Le véritable ciment de toute cellule familiale c'est
l'amour réciproque de ceux qui sont appelés à vivre
ensemble. C'est à partir alors de cet amour réciproque que vont
naitre les relations familiales.
On peut, en gros, comme nous venons de le faire en haut,
distinguer deux groupes dans la famille : les parents et les enfants,
c'est la structure des relations qui s'établissent entre eux et à
l'intérieur de chacun d'eux, entre les éléments qui les
constituent que nous avons étudiée ici. Cette structure et la
qualité des relations familiales varient en fonction du caractère
et de l'équilibre de ces éléments constituants. Cette
idée est soutenue par POROT M. (1979, p.9) pour
qui : « que l'un de ces deux groupes ne soit pas
équilibré, parce qu'un ou plusieurs de ceux qui le composent en
fausse l'harmonie interne, et tout sera troublé. »La
complexité des actions, des réactions et des interactions
à l'intérieur d'une cellule familiale interdit d'envisager des
relations familiales-types, idéales ou parfaites, que l'on pourrait
étudier dans l'absolu, disséquer pour ensuite en étudier
de façon quasi expérimentale les variations possibles.
Selon POROT M. (1979, p. 10), c'est dans les relations
familiales que l'enfant va construire sa personnalité à partir
des échecs et des succès. En plus, « les
petites blessures subies en familles, les renoncements nécessaires
à des exigences affectives excessives, les minimes injustices, les
limitations obligatoires de son égoïsme, prépareront
l'enfant aux exigences analogues et moins tempérées de sa vie
d'adulte.» En réalité, le drame familial semble se
jouer entre trois personnages essentiels : le père, la mère
et l'enfant et quelques figures comme les grands-parents, les domestiques, les
oncles, les tantes, etc. Mais un quatrième personnage n'en a pas moins
d'importance que les trois premiers : c'est le foyer. Selon
également POROT M. (1979, p.11), le foyer est explicité comme
suit : « Le foyer, avant tout fondé sur le
couple parental est un être spirituel, vivant avec le passé, le
présent et un avenir qui influencent profondément les relations
qui s'établissent entre seséléments
constituants. » Il reste à préciser le rôle
joué par chacun des quatre personnages qui composent la
société familiale, donc les relations qui les unissent. Comme il
n'y a pas de société viable sans équilibre permanent entre
l'amour et l'autorité, entre la rivalitéet la solidarité,
ces quatre rôles sont respectivement tenus par ces quatre
personnages : la mère, le père, les enfants et le foyer. En
effet, le père doit incarner l'autorité, la mère incarne
l'affection (amour), les frères et soeurs la rivalité et le foyer
la solidarité.
Cependant, le rôle essentiel de chacun n'est pas un
rôle exclusif. La mère doit avoir aussi autorité sur ses
enfants et le père les aimer. Mais les enfants n'ont pas
l'autorité sur leurs parents, ils doivent seulement leur obéir et
les respecter. Nous avons insisté sur le rôle essentiel et
primordial de chacun des membres de la société familiale parce
que, souvent, les problèmes affectifs et familiaux trouvent leurs
sources dans la méconnaissance des rôles joués par chacun
des membres de la famille.
A la base de beaucoup de troubles affectifs infantiles ou
adultes, il n'y a souvent pas autre chose que l'insuffisance, l'excès
ou la méconnaissance des rôles de chacun, dont les
conséquences sont plus ou moins bien tolérées et
compensées par les enfants. Ceci est affirmé par POROT M (1979,
p.11) de cette manière :« Quand la mère doit
prendre dans la famille des décisions désagréables devant
lesquelles recule la veulerie du père, quand le père doit
consoler en secret l'enfant désespéré par
l'indifférence d'une mère qu'il aime, quand le foyer
dissocié se révèle à l'enfant, non plus comme
l'école de la solidarité affectueuse, mais celle de la haine
larvée ou ouverte, quand la rivalité des frères et soeurs
devient tyrannie et injustice, avec ou sans complicité parentale, alors
on peut dire que les rôles étant intervertis, personne ne remplit
le sien et chacun remplit mal celui de l'autre. »
Parler des relations humaines, c'est évoquer des
rapports au sein d'un groupe. Il existe alors des relations dites horizontales,
d'échanges, de dialogues ou de réciprocités. Retenons,
à toutes fins utiles, que dans ce genre de relations, tout le monde est
sur le même pied d'égalité et que chacun des membres
amène sa contribution pour la mise en commun. Selon POROT M (1954,
p.235), «la qualité des relations familiales détermine
pratiquement l'avenir de l'enfant. Saines, elles atténuent les
traumatismes psychologiques les plus douloureux ; médiocres, elles
amplifient les minimes entre eux.» Ce sont des relations de
collaboration et d'aide qui s'avèrent fondamentales dans
l'intégration psychoaffective des enfants en général et du
fils unique en particulier.
En gros, nous avons utilisé ce concept pour mieux
caractériser la famille aux relations normales et harmonieuses, en
tenant compte d'une unicité du fils dans une famille comptant une
progéniture à majorité féminine et en prenant
d'office les rôles joués par chacun des membres de la
société familiale.
En définitive, les concepts, une fois
élucidés permettent au chercheur et aux lecteurs de comprendre le
travail. En effet, les concepts sont tous élucidés en donnant des
significations appropriées à chacun d'eux. Ainsi, des
définitions opérationnelles ont été données
à ceux-ci pour montrer le sens dans lequel nous les avons
utilisés. Puisque ces concepts tournent autour de la famille, il s'est
avéré nécessaire d'évoquer quelques
généralités sur la famille burundaise telles que ses
attentes, sa structure, les rôles de l'enfant et ceux des parents.
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