1.2.
Progéniture
Nous ne pouvons pas parler de la famille sans toutefois
évoquer de ses composantes dont la progéniture est d'une
importance primordiale. En effet, comme nous avons déjà
défini le sens dans lequel nous avons utilisé le concept
famille; le terme progéniture, à son tour a
été utilisé comme une des composantes de la famille. La
progéniture, dans notre contexte, est l'ensemble des enfants
mis au monde par un couple conjugal. Celle-ci est constituée par les
filles et les fils. Que veut dire le terme
« progéniture » ? Du latin
« genitura » qui veut dire
« engendrer », le terme est explicité dans
l'Encyclopædia Universalis (1975, p.1013) comme :
« l'ensemble des enfants d'un homme ou d'une femme ; c'est
le nombre d'enfants que possède un homme ou une femme exclus ceux
adoptés. » En nous référant à cette
définition, nous pouvons dire que la progéniture est la
descendance directe des parents. La progéniture s'ajoute au couple et
constitue, dans ce cas, une famille restreinte et, si la descendance continue,
on arrive à une parentèle.
Le désir de procréer, dans la
société burundaise, est un aspect fondamental du couple. L'enfant
qui est le produit et le résultat du mariage constituent pratiquement un
triomphe sur la mort, il est une projection en dehors de soi. Comme le souligne
A. NTABONA (1986, p.114): « mettre au monde des
enfants, c'est se multiplier, s'élargir, projeter sa personnalité
en dehors et au-delà de soi. » Notons cependant que dans
cette société burundaise les fils sont les seuls à garder
le nom de leur père à travers le clan. Quant aux filles, elles
vont appartenir au clan de leur mari. D'où les drames en famille en cas
d'une progéniture uniquement féminine. C'est ce qu'affirme
BIGANGARA J.B. (1986, p.23) de cette manière: « Feront
partie du même clan les descendants des mâles et
théoriquement la fille fait partie du clan de ses parents mais
pratiquement elle fait partie du clan de son mari.» Selon la
mentalité traditionnelle burundaise, les enfants n'ont pas la même
valeur. La fille est moins considérée du fait qu'elle quittera sa
famille pour s'intégrer une autre famille.
La descendance du couple, fruit de son union, est prise ici
comme progéniture au sens général. C'est donc l'une des
attentes du fondement d'un foyer. Cette attente procréatrice est
quelquefois absente chez certains couples lorsqu'on n'obtient pas d'enfants. Au
Burundi, le résultat de cette absence d'enfants est souvent une
dissociation familiale car chacun des conjoints accuse la
stérilité à son partenaire. BIGANGARA J.B. (1986, p.113)
indique que « l'enfant offre un plaisir pour la famille, tandis que
son absence constitue une pomme de discorde, voire même l'origine de la
dislocation de la famille.» Ainsi, dans la vie du couple, l'enfant
est souhaité et est considéré comme un facteur de sa
cohésion. La progéniture est donc constituée de filles et
fils en nombre égal ou inégal. Dans notre étude, nous nous
sommes penché sur la famille dans laquelle l'inégalité
entre les filles et les garçons est considérable,
c'est-à-dire le cas du fils unique dans une progéniture quasiment
féminine. Nous avons utilisé le concept de
progéniture comme l'ensemble des frères et soeurs issus
d'une même famille restreinte.
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