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La place du fils unique dans une famille comptant une progéniture à  majorité féminine. étude menée auprès des parents de la commune Mbuye.


par Cyriaque CIZEROCIMANA
Université du Burundi - Licence 2015
  

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8.2. Conséquences pour les parents à fils unique

Le phénomène de fils unique suscite diverses attitudes chez ses parents. Ces attitudes peuvent avoir des influences sur l'éducation de ce fils. Les parents pourront également avoir des difficultés qui découlent de l'unicité du fils telles que la culpabilité et l'autorité faible. Nous avons donc noté une sorte de culpabilité chez les parents du fils unique quand celui-ci n'est pas visible à leur égard. Ainsi, nous rappelons les propos de CAN qui se trouve dans l'insécurité, de crainte que la mort puisse emporter son fils unique. Les parents à fils unique sont plus craintifs car ils prévoient l'avenir de leur famille à leur fils. Et si, par malheur, la mort emporte ce fils, la famille disparaît. Le fait que le fils continue la lignée familiale, les parents essayent de le protéger à toute difficulté.

A propos de la culpabilité que ressentent les parents hyperprotecteurs, LERICHE A. M. (1975, p. 24) signale que « les parents sont eux-mêmes très anxieux et malheureux. Ils se sentent, souvent inconsciemment, coupables à l'égard de leurs enfants et c'est pour réparer ou expier cette faute imaginaire et inconsciente.» Parfois les parents d'un seul fils affichent une anxiété liée au fait que leur fils peut être perdu d`un moment à l'autre et que ces parents restent avec une progéniture seulement féminine.

Dans la mentalité burundaise traditionnelle, un seul fils est considéré comme un seul enfant ne fait pas la famille. Souvent, on dit : « Umwana umwe ntagira umuryango », ce qui veut dire: « Avoir un seul enfant n'est pas encore avoir de la famille.» Et l'enquêté CAN le confirme aussi en se montrant insatisfait de son unique fils. Au Burundi, celui qui a un seul enfant est considéré presque comme s'il n'en avait pas. D'une part, le couple est heureux de l'unique enfant et, d'autre part, le couple tombe dans l'anxiété, hanté par la peur de perdre l'enfant. Le fils unique est aussi considéré comme le seul enfant, car unique garçon dans la famille. Ces propos ont été également répétés par un enquêté de NAVAS J. et al. (1977, p.52) en disant que : « Avoir un seul enfant, c'est comme avoir un seul oeil : s'il se ferme, on devenait aveugle.»Ces propos montrent que les Burundais avaient peur de la mort et particulièrement celui qui a un seul fils ne pouvait pas être tranquille. Le fils unique ne confère pas à la famille le sentiment de satisfaction. Il restait plus un objet d'anxiété et d'angoisse que de joie.

Dans le but d'éviter à leur fils unique peines et frustrations, certains parents abdiquent leurs responsabilités et font preuve d'une compréhension infinie. A ce moment, les conséquences au niveau de l'éducation du fils unique ne sont pas du tout bonnes.En effet, le respect et la discipline semblent être relâchés et il y a risque de déviation au niveau du comportement du fils unique. Voici ce qu'a raconté MUJ sur les comportements de son fils : « Urya muhungu aragoye cane, arakunda gushwana na bashikiwe. Ugize uravuga hari igihe aca agutuka. Urumva indero sinziza.»

Ce qui signifie : « Ce fils-là est très difficile, il aime disputer avec ses soeurs. Si nous essayons de lui donner des conseils, il arrive qu'il nous insulte. Donc, on comprend bien qu'il n'est pas bien éduqué.»Depuis son enfance, le fils de MUJ a été bien traité. Ses demandes ont été immédiatement fournies. Il n'est pas puni dans son enfance, ce qui l'a poussé à avoir un comportement asocial. C'est ce que dit encore MUJ en ces mots : « Umwana umureze adahanwa ni bibi, kuko aca akura ari umunyamafuti. Ubu twararengewe yarabaye umuhimbiri ntakivayo.»

Ce qui se traduit ainsi : « Si un enfant est traité sans subir des punitions, c'est très mauvais, car il grandit étant fautif. Aujourd'hui, nous sommes dépassés par sa délinquance, il ne peut plus être corrigé.» L'absence de l'autorité parentale chez l'enfant lui permet d'avoir une personnalité faible. Si l'enfant devient associable, il peut devenir incapable de résoudre les problèmes qui pourraient lui arriver. MUJ comprend maintenant qu'un seul fils a besoin d'un traitement un peu sévère dès son enfance, car, comme l'écrit SILLAMY N. (1980, p.39), «l'autorité est aussi nécessaire que l'affection. Au moment de l'adolescence, elle devient plus importante. Sans autorité, l'éducation se fait mal.»En voulant trop protéger le fils unique, dit MUJ, on l'expose sans le savoir à de nombreux dangers. A ce sujet, LESCURE M. (1978, p.110) trouve qu'«élever l'enfant sans contrainte aucune sous le fallacieux prétexte de respecter la liberté, c'est le livrer à sa propre fantaisie à un âge où celle-ci risque d'être tyrannique et mal le préparer aux contraintes de la vie sociale.» Il faut donc noter que les parents doivent êtreun peu sévères en équilibrant sévérité et affection.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry