CHAPITRE VIII : LE
FILS UNIQUE, SES PARENTS ET LES PERSPECTIVES
Dans ce chapitre, nous avons relevé quelques
conséquences du fait de fils unique sur l'enfant lui-même et sur
ses parents et qui peuvent bloquer une existence équilibrée d'un
fils unique dans une famille. . Les traitements subis par le fils unique
peuvent engendrer chez l'enfant de lourdes conséquences comme le manque
d'autonomie, de responsabilité et autres.Nous avons également
donné quelques perspectives pouvant aider les parents et le fils unique
dans sa conduite vers le développement harmonieux de ses relations et de
sa personnalité.
8.1. Les
conséquences néfastes rencontrées par le fils unique dans
une famille
Chaque enfant a, son hérédité, son
histoire, ses qualités et ses défauts. Il est évident que
la situation qu'il vit dans sa famille est différente de celle des
autres, mais la façon dont le fils unique l'exploitera dépend de
deux grands facteurs à savoir les parents et l'environnement familial.
Toutefois, le fils unique peut avoir des problèmes qui lui sont
spécifiques et qui peuvent avoir des retombées négatives
sur lui et la famille elle-même si les parents n'y prennent pas garde.Les
parents hyper-protecteurs vont à l'encontre du bien-être de leur
fils unique puisqu'ils l'empêchent de devenir autonome. Ceux-ci veulent
agir toujours à sa place. Il n'y a aucun secteur de sa vie dans lequel
ils n'interviennent pas en voulant l'orienter chaque fois, même dans le
choix des amis. Ainsi, dit CAN:« Ntawomureka ngo yigire ivyo
yishakiye. Wewe ntabona ko abangamiwe. Ntegerezwa kumucunga kugira ntagire
ingorane. »
Ce qui se traduit par : « On ne peut pas le
laisser faire tout ce qu'il veut. Lui, il ne voit pas qu'il est exposé
aux dangers. Je dois le surveiller pour qu'il ne rencontre pas de
problèmes.»Pour que l'enfant développe mieux son
autonomie, il faut qu'il ait une certaine liberté dans ses
activités. Le choix des amis ne doit pas être guidé par
quelqu'un d'autre. Cette indépendance va s'accroître au fur et
à mesure qu'il grandit et aura une importance vers l'âge adulte
lorsque l'enfant se détachera de ses parents pour fonder sa propre
famille. Nous nous appuyons sur les propos de WINNICOTT D.W. cité par
KUBWIMANA J.D. (2005, p.3) pour affirmer que « chez l'enfant, le
développement affectif intervient si des conditions suffisamment bonnes
lui sont offertes. Les forces vers la vie, vers l'intégration de la
personnalité, vers l'indépendance, sont extrêmement
puissantes et si les conditions sont suffisamment bonnes, l'enfant progresse.
Lorsque ces conditions ne sont pas remplies, ces forces sont retenues dans
l'enfant et d'une façon ou d'une autre tendent à le
détruire. »
C'est ainsi que l'absence d'autonomie dès le jeune
âge aura des effets importants à l'âge adulte comme celui de
ne plus satisfaire ses propres besoins sans l'intervention.
Un fils unique élevé avec autant de
précautions ne peut pas manquer de difficultés dans sa vie
ultérieure. Même s'il grandit physiquement, il peut rester
psychologiquement enfant parce qu'il n'a jamais pris de responsabilités.
En voulant trop le protéger, ses parents créent, chez le fils
unique, des attitudes de dépendance. De cette façon, ils peuvent
gâcher sa vie alors qu'ils se croyaient entrain de lui faire du bien.
Dans les familles à fils unique, les parents pensent souvent à sa
liberté. C'est le cas de MUJ qui a fait gâter son fils en lui
privant des travaux dès son enfance, et qui, par après, est
devenu un enfant très difficile. Finalement, MUJ a constaté qu'il
faut battre le fer tant qu'il est chaud.DODSON F. (1979, p.226) suggère
que « si vous donnez à manger à votre
bébé quand il a faim, si vous le cajolez beaucoup, si vous ne le
laissez pas crier sans intervenir, il éprouvera un sentiment de
satisfaction à l'égard de lui-même et du monde qui
l'entoure et pourra acquérir un point de vue résolument optimiste
sur sa vie. » L'enfance est une période la plus
importante de la vie car c'est làoù l'enfant va
acquérir son attitude fondamentale à l'égard de
lui-même et du monde qui l'entoure. Il est nécessaire que l'enfant
obtienne en même temps des moments de frustration et d'ambiance.Lorsque
l'enfant est laissé avec beaucoup de liberté, il est
automatiquement gâté et irresponsable dans tout. Il faut donc que
les parents entraînent leurs enfants dès le bas âge à
exercer des travaux domestiques, en lui confiant plus des
responsabilités.
La solitude est un phénomène où
l'individu se sent seul et éprouve des difficultés de
communication. L'absence de l'un et de l'autre avec qui on peut dialoguer
laisse une blessure chez l'enfant qui évolue jusqu'à sa vie
d'adulte.En effet, la communication s'établit chez l'enfant à
partir de la communication familiale et évolue à travers des
phases très différentes qui continuent d'exiger l'investissement
à la satisfaction des besoins de l'individu. Ces propos de SUZ montre
que le fils unique est beaucoup touché par la solitude : «
Ingorane afise ni irungu kuko ahora ambwira ko nari kuvyara abandi
bahungu.»
Ce qui se traduit ainsi : « Le seul
problème qu'il a c'est la solitude car quelquefois, il me disait que je
devrais engendrer d'autre fils.» Le fils unique reste seul même
s'il est avec ses soeurs. Le fait qu'il se voit comme le seul garçon
dans la famille ne le satisfait pas. Il veut encore établir une
communication avec les garçons. La solitude qui le limite dans ses
interactions le rend associable car la solitude diminue la communication avec
les autres personnes.
En nous référant à cette théorie
de SILLAMY N. (1980, p. 241), nous comprenons l'importance de la communication.
Pour l'auteur, « la communication est un élément
fondamental et complexe de la vie sociale qui rend possible l'interaction des
personnes.» Selon SUZ, le fils unique n'est satisfait dans sa
fratrie. Souvent, il reste calme parce que le dialogue de ses soeurs ne le
satisfait pas. C'est le cas qui est arrivé chez CAN quand il dit ceci:
« Ndabona ko umuhungu wanje afise ingorane kuko kenshi aguma ahoze.
Sinzi ko ari kubera abura abo bikina, na bashikiwe ntibaganira, kuko baba
bibereye muvyabo.»
Ce qui veut dire: « Je vois que mon fils ades
problèmes car il reste souvent impossible. Je ne sais pas si c'est parce
qu'il manque d'autres avec qui il peut jouer. Il ne joue pas avec ses soeurs,
car celles-ci s'occupent de leurs propres affaires.»Il faut toutefois
souligner que la solitude est un comportement qui handicape la vie de chaque
personne. Pour le fils unique, c'est également un handicap
éternel, car le dialogue est nécessaire dans la vie de
l'individu. Ainsi, dit POURTOIS J.P. (2000, p.31), «si l'acte de
communication est essentiel dans le développement social de tout enfant,
il reste d'une extrême importance durant toute la vie d'un
individu.» Ainsi, de nombreux auteurs insistent sur le fait que plus
l'enfant grandit plus le dialogue devient nécessaire. Egalement, plus
l'enfant échange avec ses amis, plus sa personnalité devient
mûre afin de s'adapter à la vie sociale.
Si le fils unique constate que ses parents se montrent
toujours tolérants envers ses manquements, qu'ils se sacrifient pour
répondre favorablement à toutes ses sollicitations et qu'ils se
soumettent à toutes ses caprices, celui-ci peut développer un
caractère bizarre. Nous nous référons aux propos de MUJ
qui, dès l'enfance de son fils, s'est sacrifié en satisfaisant
toutes ses sollicitations. A l'âge adulte, son fils a adopté de
mauvaises attitudes en se livrant dans la délinquance, le banditisme et
l'ivresse.Partout où il se trouve et dans n'importe quelle situation, il
continue à manifester ce type de comportement. Il aime battre d'autres
enfants. Ces parents, en se montrant faibles devant le fils unique, l'exposent
à de nombreux dangers. Au sujet de cette faiblesse d'autorité
parentale, voici ce que dit LERICHE A. M. (1975, p.45) :«
Certains parents, pour épargner à leurs enfants peurs et
complexes, abdiquent toute autorité et font apparemment preuve d'une
compréhension infinie. Ils ne sont pas mécontents de voir leur
progéniture en visite chez les amis, grimper et sauter partout,
déranger toutes les affaires, réclamer sans arrêt à
boire et à manger, vouloir qu'on s'occupe d'eux.»Le fils
unique, élevé avec trop de tolérance, se comporte comme il
veut devant n'importe qui. Comme il est le seul être cher en famille et
vers qui se dirigent toutes les attentions, celui-ciest traité
d'intouchable. Il est adulé et il règne sur son territoire
familial. Ainsi, toutes les bêtises sont acceptées et il continue
à les faire même à l'extérieur de la cellule
familiale.Aux yeux des parents, tout est tolérable. Donc, lorsqu'il y a
relâchement total au niveau de l'éducation d'un fils unique ou
tout simplement de n'importe quel enfant, celui-ci peut en outre
développer des attitudes de domination, ceci parce que ses parents ne
font que s'incliner devant ses exigences, ce qui peut sans doute le rendre
insupportable. Voici les propos de MUJ à ce sujet : « Iyo
umwana utamureze neza hakiri kare, akuze ntaba akigondwa. Abavyeyi bakwiye rero
gukarira abana babo bakabaha indero runtu bakiri bato.»
Ce qui signifie : « Lorsque l'enfant n'est pas
bien élevé dès son bas âge, il devient insupportable
à l'âge adulte. Les parents devraient donc montrer leur
autorité en donnant une éducation civique à leurs enfants
depuis leur jeunesse.»En définitive, il faudrait que les
parents inculquent à leurs enfants le sens du respect dès le
jeune âge ou tout simplement les bonnes manières. A part que les
fils uniques connaissent des conséquences liées à leur
unicité, leurs parents aussi en connaissent.
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