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La place du fils unique dans une famille comptant une progéniture à  majorité féminine. étude menée auprès des parents de la commune Mbuye.


par Cyriaque CIZEROCIMANA
Université du Burundi - Licence 2015
  

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7.4. Les comportements des parents comme source de rivalités fraternelles

Le sexe des enfants influence toujours les relations familiales et fraternelles. Suivant que tel parent privilégie les enfants de tel sexe, ceci peut provoquer des conflits au sein de la fratrie.En effet, pour notre étude, nous avons constaté que nos enquêtés privilégient le sexe masculin. Par exemple, MET privilégiait son fils unique dans tout. Ainsi, il dit : « Hize umuhungu, abakobwa n'aho batokwiga ntaco

Ce qui veut dire : « Si le fils est scolarisé, alors que les filles ne le sont pas, il n'y aurait pas de problèmes.»Par conséquent, si le fils unique est privilégié au détriment des filles, ces dernières peuvent devenir jalouses à l'égard de ce fils et les conflits fraternels y trouvent dès lors leur origine. Dans ses propos ATH montre la jalousie de ses filles envers le fils unique car ce dernier est beaucoup privilégié.Cette situation montre que les parents doivent tenir compte des conséquences qui découlent de la façon dont ils considèrent les enfants. Le but serait ici d'éviter sinon limiter les conflits entre frères et soeurs pouvant affecter tous les membres de la famille. Il convient alors ici de donner des conseils aux fils uniques et aux parents démissionnaires de leurs rôles éducatifs pour qu'ils puissent eux-mêmes harmoniser les relations familiales et la réussite éducative de leurs enfants.

7.5. La maltraitance faite au sexe féminin

Au Burundi, les filles sont négligées et maltraitées de différentesfaçons. Certaines filles peuvent êtremaltraitées psychologiquement, c'est-à-dire qu'elles sont victimes d'une attitude parentale négative. Par exemple, la fille est dénigrée sans cesse, ridiculisée, ses succès sont méprisés, elle est privée de contacts sociaux. Une fille est égalementnégligée psychologiquement et émotionnellement lorsqu'elle ne reçoit pas assez d'attention, d'affection et de sécurité. Rappelons que MUJ maltraite les filles et son épouseparce que celle-ci n'a pas engendré des garçons. Aux yeux de MUJ, le sexe féminin n'a pas de valeur comme lui-même l'a révélé. MUJ maltraite sa femme parce que cette dernière a engendré les filles. La maltraitance a pris fin avec la naissance du fils. Pour dire que les garçons et les filles n'ont pas la même valeur chez lui. La maltraitance faite à la femme de MUJ touche psychologiquement ses filles car elles voient qu'elles sont la cause de celle-ci. Les filles remarquent,à ce moment-là, que le sexe féminin occupe la deuxième place en famille et joue également le rôle secondaire dans la famille car le sexe masculin domine dans tout. Les filles sont alors angoissées comme le souligne HAYEZ J.Y. (1982, p. 224) en ces termes : « Il est des enfants angoissés parce que le parent de leur sexe joue lui-même un rôle secondaire dans l'économie familiale : plus timide, plus inconsistant, dominé par son partenaire ; dans ces conditions, l'enfant ne se sent pas protégé par lui et il est culpabilisé à l'idée - plus ou moins illusoire - de triompher de lui et de l'abattre au détour de son mouvement oedipien. »Lorsque les filles remarquent que leur mère est limitée dans la prise des décisions, elles sont angoissées de plus. Elles voient réellement que leur place en famille est secondaire et acceptent, de ce fait, la domination de leur frère.

La négligence des enfants plus particulièrement celle des filles peut êtrematérielle. La négligencematérielleest caractérisée par un manque de soins des enfants (manque d'habits,de temps de repos, insuffisance des conditions sanitaires...). Comme le souligne TOURIGNY cité par NDAYISABA J. et DE GRANDMONT N. (1999, p.347), «  la négligence est le refus de la part de la personne chargée d'éduquer l'enfant, d'administrer à celui-ci les soins nécessaires et de répondreà son besoin d'affection. Elle peut être physique comme refus de nourrir l'enfant, refus de l'habiller ou affective comme l'enfant rejeté,ignoré, l'enfant traité comme simple objet. » Les filles sont, à cause de la tradition culturelle burundaise, moins considérées. Elles ne sont pas envoyées à l'école au même rythme que les garçons comme MET le souligne dans ses propos.

Les filles donc sont appelées à se soumettre aux hommes tout en affichant respect et obéissance. Devenues femmes, les filles gardent cette même valeur en famille. Ainsi, ATH dit ceci : «  Abakobwa kuva kera ntibigeze batorana, turabarera kugira bagire indero runtu yo kubaha, kugira ntibazodutukishe nibaja kubaka, bazokubahe abagabo babo. »

Ce qui veut dire : «  Depuis longtemps, les filles n'héritent pas, on les éduque pour qu'elles aient une éducation d'obéissance, pour qu'elles ne nous déshonorent pas après le mariage, pour qu'elles obéissent à leurs époux. » La tradition est à la cause de cette problématique de déconsidérer les filles. Les filles sont éduquées pour la vie à une autre famille, pour le respect de leurs futurs époux. Les filles sont privées de l'héritage de leurs parents, elles héritent chez leurs époux.

En clair, il s'agit d'une injustice commise à l'égard de la femme comme le souligne, ainsi, le PNUD (1999, p.21) : «  Juridiquement, sous certains aspects, les femmes burundaises ne jouissent pas pleinement des mêmes droits que les hommes. Le code des personnes et de la famille accuse encore des insuffisances en matière d'héritage et de succession. » Nonobstant, la femme ne devrait pas être écartée lors de la succession dans la mesure où elle participe beaucoup à la production familiale et au bien-être familial.Le statut de la femme en général est en rapport avec le contexte socioculturel. Son image, aux yeux de la société burundaise, n'a pas encore évolué bien qu'on prône son émancipation. Etant donné que les femmes participent à peine aux décisions politiques, on continue à ignorer de façon délibérée leurs droits et les aspirations légitimes.Selon BEAUVOIR S. (1979, p.25),«  il est plus facile d'accuser un sexe que d'excuser l'autre(...). Le code romain, pour limiter les droits de la femme, invoque l'imbécilité, la fragilité du sexe. » Même si les femmes n'ont pas eu cette occasion de participer massivementà toutes les activités que les hommes, elles sont aussi courageuses que ces derniers quand on les confie un travail.

Dans cette optique, on peut se poser la question de savoir dans quelle condition et comment les femmes doivent élaborer des alternatives susceptibles de leur faire sortir de leur situation défavorable. Pour promouvoir la condition de la femme, BOURGUIBA M. (1962, p.73) pense que «  la société ne peut progresser et aspirer à une vie réellement digne que lorsque l'homme et la femme modifient leur comportement et leur optique l'un vis-à-vis de l'autre. » Le fils unique est placé au premier rang dans la famille car il va remplacer son père, chef de famille après la disparition de ce dernier. Nous pensons que cet état de choses résulte, dans la société burundaise, du fait que la domination masculine constituait l'idéal culturel. A ce sujet, NEWLAND K. (1981, p.160) écrit ceci: «  lorsque la domination masculine constitue l'idéal culturel, un garçon de douze ans sera qualifié ou se qualifiera même personnellement de chef de la famille dans un foyer dépourvu d'homme adulte. »Il faut donc, pour que les femmes sortent de cetétat de choses, que les hommes sachent bien que les femmes sont aussi courageuses. Les femmes doivent elles-mêmesparticiper dans toutes les décisions prises à leur égard et participent dans la vie socio-politico-économique du pays.

Nous avons évoqué dans ce chapitre les traitements réservés au fils unique, la place du fils unique dans la famille, les attitudes des parents comme source de rivalités fraternelles et la maltraitance faite au sexe féminin. Nous pouvons conclure toute en disant que les garçons et les filles sont traitésdifféremment. Mais les traitements réservés au fils unique comportent de lourdesconséquences pour ce dernier.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand