7. 3. La profonde
affection entre parents et fils unique
Quand l'homme décide de se marier, il porte en lui des
sentiments de procréation, c'est-à-dire avoir une descendance.
Mais pour les parents, la descendance masculine vient en premier lieu, parce
que c'est le garçon qui est chargé de suivre les biens de sa
famille quand ses parents ne seront plus. Donc, le fils, s'il est unique dans
une fratrie nombreuse, importe beaucoup. Dans ses propos, ATH montre
l'importance du fils dans la famille.Pour ATH, le fils a une valeur comme
celle de son père. En l'absence de ce dernier, on comprend bien que
c'est le fils qui va prendre le pouvoir familial après la mort de son
père. MET a également appuyé l'idée de cette
manière : « Umuhungu ni we atorana, ni we uraga amatungo.
Utavyaye agahungu na kamwe umuryango uca usambuka.»
Ce qui se traduit ainsi : « C'est le fils qui
hérite la richesse familiale, quand on n'a pas procréé au
moins un seul fils, la famille disparaît.» Ceci montre que le
Burundi attache une importance capitale sur la descendance masculine. Celle-ci
perpétue le nom de la famille et garde les biens familiaux selon ATH,
MET, SUZ, et CAN. L'absence des fils peut être à la base de la
mésentente familiale même si cette famille est bien nantie
matériellement.Les attitudes que les parents d'un fils unique adoptent
dépendent de la personnalité de chacun des parents ou des
relations qui les unissent. Il y a des parents hyperprotecteurs qui veulent
surprotéger leur fils unique. Dans ses propos, CAN sécurise son
fils unique comme son unique richesse. Elle a peur de le perdre et le prive de
circuler sans but. Ainsi, dit POROT M. (1979, p.106),« parfois un
petit camarade jugé acceptable par le tamisage maternel lui permet de
satisfaire tant bien que mal son désir de contact social.»
D'autres parents comme SUZ, ATH et MET épargnent leur fils unique de
tout effort. Ils veulent le faire vivre dans un univers où tout est
rassurant et facile. Selon ces parents, le fils unique est
surprotégé et ne connaît pas de frustration. On satisfait
même ses plus petits désirs et quand il demande quelque chose, il
l'obtient immédiatement. Donc, un fils unique suscite trop de soucis
pour ses parents qui s'inquiètent pour lui. A ce moment, il leur devient
difficile d'ignorer ses demandes.
Comme pour les hommes, ne pas avoir de garçon dans une
progéniture est une situation aussi douloureuse pour la femme. Et si,
par chance, il naît un seul fils, il devient précieux pour la
famille. C'est pourquoi on lui donne une affection aussi profonde qu'elle soit.
Ainsi, dit ATH : « Ndetse ko ndamubungabunga, ntakindi
ndamugirira kuko ivyo mfise vyose ni ivyiwe.»
Cequi se traduit de cette manière: « A part
que je l'entretiens, je ne lui offre rien de spécial car tout ce que je
possède lui appartient.» La richesse familiale devrait
être partagée par tous les enfants. Mais, pour ATH, le fils unique
est le seul héritier et les filles bénéficient
l'héritage de leurs époux. A cette idée, ajoute Madame
SUZ : « Iyo ansavye ikintu mba nshaka ko aca akironka. Atakironse
nca numva umengo ni jewe mbabaye. Numva ikigumbagumba bigatuma ntashobora
kwihoza ico ansavye kuko simba nipfuza kumushavuza.»
Cela veut dire : « Quand il me demande une
chose, je souhaite qu'il l'obtienne immédiatement. Lorsqu'il ne
l'obtient, je me sens moi-même touchée. Je ressens
spontanément une profonde affection et cela m'empêche de faire la
sourde oreille car je ne veux pas qu'il se fâche contre moi.»
On comprend que les parents du fils unique ont peur de perdre l'affection de
leur fils et c'est la raison pour laquelle ils affichent une très grande
sollicitude envers ce fils. Ils ne veulent pas le perdre de vue. Cependant, les
comportements affichés par les parents provoqueront, plus tard, une
sorte de rivalité dans la fratrie.
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