7. 2. La place primordiale
du fils unique dans une famille
Le sexe des enfants est l'un des principaux facteurs de
dislocation des foyers dans le Burundi traditionnel et même moderne. En
effet, les Burundais appréciaient beaucoup le sexe masculin. La
naissance d'une fille n'est pas accompagnée d'une grande joie comme
celle du garçon. On dit qu'une fille n'est pas un enfant de la famille.
Les Burundais préfèrent les garçons aux filles car, ce
sont eux qui assurent la continuité de la famille. Par contre, la fille,
par le mariage, quitte sa famille pour élargir une autre famille qui
n'est pas la sienne. Ainsi, affirme ATH : « Iyo mvuze ko umuhungu
ariwe mwana mfise, abakobwa ndumva bidoga ariko bigaragara. Ndazi ko bagiye
kwubaka bizoba biheze.»
C'est-à-dire :« Les filles se lamentent
quand je dis que le fils est le seul enfant que je possède, alors que
c'est clair. Je sais que lorsqu'elles iront se marier, ce sera
fini.»On constate par là que la raison qui pousse les parents
à accorder peu d'importance aux filles est que ces dernières
quittent leur propre famille en allant se marier. D'autres cas ont
affirmé des raisons de mieux placer le fils unique dans leur famille.
D'abord MET, père de la famille, dit ceci : «Atavyo
kubesha, umuhungu ni we aza imbere mu bandi bana, kuko niwe azosigara asanze
urugo.»
Ce qui se traduit ainsi : « Sans mentir, le fils
vient en premier lieu parmi les autres enfants, car c'est lui qui restera pour
la sécurité de la famille.» Le fils est le plus
aimé parce que c'est lui qui remplace valablement son père dans
la famille. Le rôle du père est celui d'assurer la
sécurité familiale et le fils unique le jouera plus tard et sera
le responsable de la famille après la mort de ses parents. Ensuite,
à part que MET évoquait la raison culturelle fondée sur le
patriarcat, SUZ mère dans le couple a parlé de la question
d'héritage comme raison économique de cette manière :
« Uwo muhungu tumukunda kuko ariwe samuragwa.»
Ce qui veut dire : « Nous aimons ce fils parce
que c'est l'héritier des biens familiaux.»A partir des propos
d'ATH, SUZ, MET, CAN et MUJ, on comprend que si un homme meurt sans laisser
d'héritier mâle, il trouve que son groupe familial s'éteint
et c'est là une contrainte pour son avenir. Donc, l'enfant a non
seulement une valeur économique (aider les parents dans
l'exécution de multiples travaux par exemple), mais aussi, il assure la
continuité de la lignée familiale.En s'appuyant sur une
théorie, dans leur enquête sur la famille et la
fécondité au Burundi, NAVAS J. et son équipe (1977, p.52)
trouvent que certains de leurs enquêtés préfèrent
une famille pauvre avec un enfant unique mâle à une famille riche
avec des filles seulement. Et selon eux, « ce garçon unique
héritera la propriété familiale et pourra engendrer des
garçons et des filles que son père n'a pas eus, assurant ainsi la
continuité de la lignée.»
Nous constatons que l'importance qu'on attache au sexe de
l'enfant dans le Burundi traditionnel n'a pas changé. En effet, parmi
les six cas de famille ayant un seul fils, un seul cas a manifesté un
sentiment d'égalité entre enfants. Nous rappelons les propos de
NIC, mère dans la famille qui dit quetous les enfants sont égaux
et que si on aime l'un plus que l'autre, on sème la mésentente
dans la famille.Nous remarquons plus particulièrement que la culture
influence beaucoup dans les familles burundaises. Les parents éduquent
et considèrent les enfants selon le modèle patrilinéaire
comme le montre, ainsi, BIGANGARA J.B. (1986, p.89) :« Le
père de la famille jouit d'une autorité absolue sur sa femme et
ses enfants. Il est obligé d'assurer la survivance de la lignée
patrilinéaire.» L'idée évoquée ici du
rapport « dominateur-dominé» ou tout simplement
«homme- femme» est un préjugé auquel on
continue à adhérer. Ce préjugé met en avant le sexe
masculin comme dominateur pour le sexe féminin.
Rappelons que les propos d'ATH montrent que la lignée
familiale est assurée par le fils. Le fils est éduqué pour
remplacer son père. En effet, tout cela découle du fait que le
Burundi est caractérisé par le système patriarcal. Et si
nous nous référons aux caractéristiques de la
société burundaise données par NTAHOMVUKIYE J. et al.
(2001, p.4), la société burundaise est caractérisée
par:
« -Un système de domination du
mâle ;
-Un système de contrôle culturel,
économique, social, religieux et politique monopolisé par les
hommes ;
-Un système où les responsabilités
reviennent au genre masculin, le sexe féminin est dominé par le
sexe masculin.»
Dans la société burundaise, c'est le père
qui est le chef de la famille. Le fils unique est, par conséquent,
placé au premier rang, mieux formé pour qu'il puisse diriger et
devenir chef de la famille qu'il aura fondée. C'est ainsi que même
pendant son enfance, il occupe la première place dans la descendance.
Ceci se montre également par un profond attachement que les parents
affichent à l'égard de leur fils unique.
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