CHAPITRE VI: LA TRIPLE
RELATION ENTRE PARENTS, FILLES ET FILS UNIQUE
Les parents tissent des relations étroites entre eux
et avec leurs enfants. Lorsqu'il s'agit d'un seul fils, l'affection parentale
est orientée vers celui-ci. Par conséquent, il survient une
mésentente entre les parents et leurs filles. Ceci est dû au fait
que certains parents, à partir de leurs préjugés, ont
démissionné dans leur rôle éducatif. Il faudrait
alors, pour aboutir à une entente familiale, développer
harmonieusement les relations entre les membres de la famille.
6. 1. Les relations
affectives centrées sur le fils unique
La naissance des enfants est accompagnée par une grande
joie pour les parents et ces derniers donnent une affection à leur
descendance. Cette affection se manifeste à partir des relations que les
parents tissent avec leurs enfants. Dans une famille à fils unique,
certains parents surinvestissent sur leur fils en mettant à
l'écart les filles.Au sujet des relations des parents avec leurs enfants
dans une famille à fils unique, les parents ne voulaient pas montrer
qu'ils aimaient particulièrement leur fils. Dans le but de ne pas
créer la jalousie fraternelle, SUZ et CAN aiment secrètement leur
fils. Ecoutons les propos de SUZ à ce sujet : «
N'abakobwa turabakunda, ariko bisanzwe atari ku rugero rumwe
n'umuhungu.»
Ce qui veut dire : « Nous aimons
également les filles, mais pas au même degré que le
fils.» En fait, les parents aiment tous les enfants. La seule
différence réside dans le degré d'affection qu'ils
affichent vis-à-vis de chacun des enfants.Les parents sont, en effet, au
courant du danger qui survient quand un parent oppose sa descendance.
Rappelons ici les propos de NIC qui montrent que, dans sa famille, les filles
et le fils unique sont au même pied d'égalité. Cette
attitude de NIC de prendre au même pied d'égalité tous les
enfants apaise les conflits fraternels si l'ambiance entre les enfants n'est
pas bonne car, les filles qui ont déjà acquis la capacité
de jugement gardent un air jaloux à l'endroit de leur petit-frère
à cause de l'attitude de leur mère ou père. Par contre,ATH
souligne ceci: « Umuhungu ari umwe, bashikiwe baramugirira ishari
kubera urukundo uba umufitiye.»
Ce qui veut dire: « Si le fils est unique,
ses soeurs sont jalouses à cause de l'affection qu'on lui
donne.» Les filles sont jalouses de la façon dont les parents
privilégient le frère, ce qui est à la base de divers
conflits qui peuvent surgir dans la fratrie.
La présence des enfants de deux sexes dans la famille
peut alléger certaines difficultés relationnelles entre les
conjoints pouvant, à leur tour, engendrer les conséquences
telles que la polygamie, la répudiation de la femme,
l'insécurité chez les enfants et la culpabilité chez la
mère. L'on peut dire que ces difficultés peuvent survenir dans
la famille ayant les enfants de même sexe surtout de sexe féminin.
Les données recueillies chez MET l'affirment lorsqu'il dit qu'une bonne
progéniture est constituée de plusieurs garçons et filles.
En fait, la présence des garçons dans la fratrie, même si
ceux-ci sont minoritaires contribue beaucoup au maintien de bonnes relations
dans la famille, malgré que la plupart des parents accordent une
importance particulière à ces garçons.Il arrive aussi que
les parents cachent aux enfants les problèmes relationnels qu'ils
connaissent. Mais finalement, ces enfants finissent par les découvrir
eux-mêmes et réagissent généralement de façon
négative. Voici les propos de ATH à ce sujet : «
Abakobwa barabona ko dukunda uwo muhungu gusumba, ntivyokunda ko
tubibahisha kuko umwana iyo akuze aramenya amabanga yo mu nzu
yose.»
Ce qui signifie : «Les filles constatent que
nous aimons particulièrement ce fils, il est impossible de cacher cet
amour car l'enfant, devenu adulte, connaît tous les secrets
familiaux.» Les enfants découvrent eux-mêmes les faits
familiaux et les gardent secrètement en eux-mêmes. Ils
réagissent positivement ou négativement selon le fait. Par
exemple les difficultés économiques ou l'atmosphère
familiale exercent une influence sur les enfants lorsqu'ils les
découvrent. Ainsi, écrit BICHTER H.E. (1971, p.36), «
les enfants en savent bien plus sur les parents et leurs difficultés que
ceux-ci n'oseraient soupçonner. Souvent, ils prévoient les
difficultés que connaît le père dans l'exercice de sa
profession. Ils pressentent les angoisses financières ou les
problèmes de rivalité qui pèsent sur l'atmosphère
familiale. Souvent les parents ne cachent leurs problèmes aux enfants
que par crainte d'être jugés par ces derniers.» Les
parents croient que leurs enfants ne savent pas ou ne perçoivent pas ce
qui se passe dans le ménage alors que ce sont des observateurs
avisés surtout quand ce sont ces derniers qui sont au centre du
conflit.Dans la société burundaise, ceux qui se marient veulent
en premier lieu avoir des enfants. En plus, la majorité de couples
préfèrent la présence de deux sexes dans la descendance
comme le dit CAN : « Kuvyara abakobwa gusa canke abahungu gusa si
vyiza. Uruvyaro rwiza ni urucanze.»
Ce qui se traduit ainsi : « Il n'est pas bon de
procréer seulement les filles ou les garçons. Une bonne
progéniture est celle qui est constituée de deux
sexes.» La présence des garçons et des filles dans la
descendance se présente alors comme nécessaire pour garder
l'harmonie familiale. Dans le cas contraire, l'absence de l'un ou de l'autre
sexe peut occasionner des conflits relationnels au niveau de la famille. Ces
conflits vont commencer au niveau du couple conjugal pour affecter plus tard
les relations entre parents et leurs enfants.
Ainsi, comme le disait POROT M. (1979, p.14) :«
La stabilité et pourtant la sécurité dépendent
avant tout de la conduite des parents.» Ainsi, si les relations
parentales ne sont pas harmonieuses, les enfants ne seront pas non plus
stables. La présence des filles seulement a été à
la base de conflits relationnels entre les conjoints.
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