4.4. Terrain et population
d'enquête
Nous avons choisi comme terrain d'enquête la Commune de
MBUYE qui est l'une des Communes de la Province de MURAMVYA. Elle est
située au nord-est de ladite province. Nous avons opté pour cette
Commune parce que le milieu nous est familier et que nous connaissons
suffisamment les situations géographique, socio-économique et
socioculturelle, ainsi que certaines mentalités des gens, celles de
mettre l'importance à la descendance. Il faut parler de cette Commune
parce qu'on a remarqué qu'il y a des familles où le fils est
unique dans une famille comptant une progéniture à
majorité féminine, ce qui apportera certains comportements chez
les parents qui souhaitent une descendance masculine. Quant à la
population d'enquête, nous savons que le chercheur doit décrire
à l'avance lescaractéristiquesdessujets possédant les
informations nécessaires à la réalisation de sa
recherche. Nous avons effectué l'enquête auprès de
couples,possédant les caractéristiques suivantes :
-Etre de la Commune de MBUYE ;
-Vivre en famille ayant plus de trois enfants dont un seul
fils ;
-Vivant en famille où la femme a atteint la
ménopause ou arrêté les naissances (absence de nouvelles
naissances).
4.5. Travail de terrain
4.5.1. Préenqu?te
Dans une recherche comme celle-ci, la préenqu?te est
une étape nécessaire et très importante dans la mesure
où elle permet de recueillir des informations préliminaires sur
le thème de recherche et d'éprouver la valeur de l'instrument de
recherche. Ainsi, PINTO R. et GRAWITZ M.(1964, p.604) ont affirmé cette
importance en ces termes :«Il convient d'insister sur la
nécessité d'une préenquête, c'est-à-dire un
essai d'enquête sur un petit nombre de sujets permettant de roder le
guide d'enquête et de mieux se rendre compte des
difficultés.»Notre préenquête s'est
déroulée dans la Commune MBUYE sur deux cas de familles
remplissant les critères tenus en considération. En effet, les
deux sujets de la préenquête étaient connus de nous. Nous
nous sommes rencontrés à leur domicile après avoir
fixé un rendez-vous. Les sujets ont été choisis selon le
nombre d'enfants et selon le sexe du sujet, ceci pour vérifier si le
nombre d'enfants ou le sexe du sujet a une influence sur les réponses
données.
Le premier sujet nommé LAZ, mère de famille,
vit en couple sur la colline de MBUYE et a au total sept enfants. Le second
nommé REM est père de cinq enfants et vit en couple sur la
colline de MWEGERA.Cette phase nous a permis de voir que LAZ et REM
répondaient à l'aise à nos questions sauf la
première question qui a nécessité de faire objet de
reformulation. Elle était libellée ainsi :
«Mwotubwira uko imigenderanire iri hagati yanyu, abakobwa banyu
n'umuhungu wanyu yifashe ? »
Ce qui se traduit ainsi: «Parlez-nous comment
sont les relations entre vous, vos filles et votre fils unique?»
LAZ et REM ont insisté sur les relations entre les parents que celles se
trouvant entre enfants. LAZ et REM avaient tendance à se limiter
uniquement aux relations parentales et à parler uniquement de celles-ci
sans montrer leur place dans les relations que tissent les enfants. Cela
était dû au fait qu'elle était une question triplement
posée. REM a répondu ainsi : « Ni mpore
twebwe ngaha iwacu tubanye neza, umugore wanje turumvikana, erega umuntu
mubanye imyaka irenga 30 ntaco muba mugipfa muba mushaje.»
Ce qui signifie : « Chez nous
ça va, nous vivons dans l'entente, je m'entends avec ma femme,
d'ailleurs, il n'y a plus de cause de conflits avec une personne que vous vivez
ensemble il y a plus de 30 ans.»
En réaction à cette réponse, nous lui
avons demandé : « Wewe ubanye gute n'abana bawe
b'abakobwa ? » REM a
répondu : « Ntangorane nyinshi zihari, wewe
urakuze, urazi ko abana bagoye ariko turabahanura iyo bakoze amakosa,
kanatsinda barakuze ntibagikubitwa (...).» Ce qui veut
dire : « Il n'y a pas beaucoup de problèmes,
vous êtes adulte, vous savez que les enfants sont difficiles, mais nous
leur donnons des conseils quand ils commettent des fautes, ce sont d'ailleurs
des adultes, personne ne les bat (...). »
Quand
nous avons vu que REM voulait terminer sans parler de la relation entre fils et
filles, nous lui avons posé la question
suivante : « Hagati y'umuhungu n'abakobwa ho
imigenderanire yifashe gute ? » REM a
répondu : « Abana bo urazi ko batabura ivyo
bapfa, ariko nabone mbona ari sawa. Bose nyene ni uguhanura.»
Pour
dire : «Les enfants ne manquent pas de causes conflictuelles,
mais pour eux aussi ça va. Tous sont à
conseiller.»
LAZ
que nous avons interviewée pendant la préenquête, a aussi
parlé des relations entre les parents et leur fils après notre
deuxième demande, elle s'était limitée uniquement aux
relations qui l'unissent à son mari. Voilà comment LAZ a
répondu : «Twebwe tubanye neza n'uwo twubakanye,
umugabo wanje ntakunda kunshwanira, kiretse iyo yasomye akagwa. »
Ce qui
se traduit ainsi : « Je m'entends bien avec mon
époux, il n'aime pas se disputer avec moi, sauf quand il a bu de la
bière. » En réaction à cette
réponse, nous lui avons
demandé : « Mwotubwira muri make uko mubanye
n'umuhungu wanyu ? »
Pour
dire : « Pouvez-vous nous parler en peu de mots de vos
relations avec votre fils ? » C'est ainsi que LAZ nous a
répondu : «Umwana w'umuhungu ari umwe aragoye,
utegerezwa kumwitaho cane. Ukamuhanura kuko na wene arakora amakosa rimwe
na rimwe. »
Ce qui
se traduit de cette manière : « Un fils unique est
difficile, on doit s'intéresser beaucoup à lui. On le conseille
car lui aussi commet des fautes quelquefois. »
Pour permettre alors à REM et à LAZ de
s'impliquer davantage et de parler des trois relations sans notre insistance,
nous avons fractionné la première question en trois, parce que
celle-ci était posée en bloc et compliquait nos
préenquêtés. Nous l'avons reformulée ainsi :
- Mwotubwira uko imigenderanire iri hagati yanyu
n'abakobwa yifashe?
- Mwotubwira uko imigenderanire iri hagati yanyu
n'umuhungu yifashe?
- Mwotubwira uko imigenderanire iri hagati y'abakobwa
n'umuhungu yifashe?
Ce qui se traduit respectivement de cette
manière :
- Pouvez-vous nous parler de vos relations avec vos
filles?
- Pouvez-vous nous parler de vos relations avec votre
fils?
- Pouvez-vous nous parler des relations entre votre fils
et vos filles?
Cette phase de préenquête nous a aidé
à nous familiariser avec le terrain d'enquête et à nous
assurer de l'intelligibilité de notre guide d'entretien. Ainsi, dit
BOUDON R. (1979, p.33), «la préenquête consiste en une
reconnaissance du terrain en essayant de se (le chercheur)
débarrasser des idées préconçues ou comme le dit
Bacon, de ses prénotions, de manière à faire apparaitre
des facteurs ou des variables explicatives qu'il cherche.» Ici, c'est
le chercheur ou l'enquêteur lui-même qui essaie de se
débarrasser des idées préétablies pendant la
préenquête. Au moment de cette préenquête, le
chercheur découvre de nouvelles réalités en rapport avec
son étude. Il importe, par exemple quand le chercheur constate qu'un
item doit être modifié de procéder à la
rectification comme nous l'avons fait pour la première question.
|