4.5.2. Technique du choix des
enquêtés et déroulement de l'enquête
Lorsque le chercheur met en évidence la méthode,
les techniques, le terrain et la population d'enquête qui lui serviront
d'aboutir aux résultats de sa recherche, il lui reste à
décrire comment choisir les enquêtés.Pour choisir nos
sujets d'enquête, nous avons utilisé la technique «boule
de neige.» Ainsi, contrairement à la méthode
probabiliste qui s'inspire directement de la théorie mathématique
des probabilités, nous avons opté pour une technique non
probabiliste ou empirique.
Dans les sciences sociales en
général, on doit souvent avoir recours à cette
méthode, particulièrement lorsque la démarche de recherche
privilégiée est de type qualitatif. L'essentiel recherché
dans l'étude était la nouveauté de l'information. Notre
étude exigeait la méthode non probabiliste, donc une
méthode dont le choix des sujets n'est pas fait selon un tirage
aléatoire. MAYER R. et OUELLET F.(1991, p.387) sont plus explicites
à ce sujet quand ils disent que « Dans les sciences
sociales en général et dans le travail social en particulier, on
doit souvent avoir recours à cette méthode,
particulièrement lorsque la démarche de recherche est de type
qualitatif. »
Parmi les techniques d'échantillonnage non
probabiliste, pour le choix de nos sujets d'enquête, nous avons
privilégié celle que MAYER R. et OUELLET F. (1991, p.390)
appellent échantillon « boule de neige »
qui « (...) est particulièrement utile au chercheur
intéresséàétudier la
problématiquevécue par une population spéciale, de taille
limitée et connue d'une minorité de personnes. Ce sont celles qui
peuvent donner des infos sur d'autres qui, àleur tour feront la
même chose, (...), jusqu'à ce qu'un échantillon suffisant
soit constitué. L'échantillon croît en taille comme une
boule de neige que l'on roule au fur et à mesure que le cycle se
répète.»C'est ainsi que nous avons effectué
notre échantillon à l'aide de cette technique dite
«boule de neige» qui nous a été utile pour
comprendre la place propre d'un fils unique dans une famille comptant une
progéniture à majorité féminine. En effet, cette
technique s'explique par le fait que l'échantillon croît au fur et
à mesure que le(s) premier(s) indique(nt) des informations nouvelles sur
d'autres qui, à leur tour font la même chose jusqu'à ce
qu'un échantillon suffisant soit constitué. L'échantillon
croit alors en taille comme une boule de neige que l'on roule au fur et
à mesure que le cycle se répète.Pratiquement, notre
premier enquêté nous donnait des informations sur d'autres sujets
remplissant les critères établis à l'avance et ces
derniers faisaient la même chose à leur tour et notre
échantillon croissait comme une boule de neige.
Après la préenquête, il nous restait
à faire une enquête. Ainsi, au cours de cette enquête, nous
avons eu recours à l'entretien semi-directif. Avant de nous plonger sur
le terrain de l'enquête nous avons élaboré un guide
d'entretien qui pouvait nous aider à mener notre recherche. La recherche
avait commencé par le choix des enquêtés qui nous
informaient sur les cas connus des familles ayant un seul fils et une
progéniture à majorité féminine. C'est ainsi que
nous avons eu trois familles types à enquêter et en faisant
recours à la technique dite boule de neige, chaque famille a pu
nous orienter sur d'autres familles de mêmes caractéristiques
qu'elle-même. Nous avons alors abouti à six cas,
c'est-à-dire six familles qui faisaient objet de l'enquête.
Avant d'entamer l'entretien, nous commencions par nous
présenter à nos enquêtés et leur préciser
l'objet de notre recherche. Les contacts se passaient de façon simple
dans le but de gagner leur confiance et leur collaboration. S'agissant de
l'entretien avec nos enquêtés, nous les avons rencontré
à leur domicile. Nous avons par après introduit nos thèmes
du guide d'entretien tout en laissant le sujet s'exprimer librement, sans
l'interrompre ni l'influencer par nos comportements verbaux ou non verbaux.
Nous avons donc respecté ces conseils de PINTO R.et GRAWITZ M. (1971,
p.819) :« A partir du moment où l'enquêté
commence à parler, l'enquêteur ne doit pas l'interrompre ou le
questionner mais demeure dans une attitude de compréhension.»
En ce qui concerne la conduite de l'interview, nous avons
préféré nous entretenir avec l'un des parents s'il s'agit
d'un couple parental. Nous tenions en considération la
disponibilité de nos enquêtés, et chaque fois nous nous
fixions un rendez-vous avec nos sujets car les entretiens se déroulaient
à leur domicile.Chaque entretien prenait une durée moyenne
légèrement supérieure à une heure. L'enquête
a duré trois semaines, c'est-à-dire du 23/11/2014 au 13/12/2014.
Le premier sujet nommé CAN a été
enquêté le 23/11/2014 à 16heures. Celle-ci est une veuve
qui a été reconnue sous l'intermédiaire de REM de la
préenquête. CAN vit sur la colline de MWEGERA de la Commune MBUYE.
CAN a répondu sur les thèmes concernant les relations entre les
membres de la famille, les conséquences de l'unicité de son fils
pour celui-ci et sa famille et a pu proposer ses mesures pour avoir une famille
heureuse. CAN nous a aidéà trouver un autre sujet nommé
MUJ.
Le 25/11/2014 à midi, nous nous sommes rendu à
la colline de BUHANGURA, làoù un enquêténommé
ATH vit. Nous avons reconnu ATH grâceà LAZ de la
préenquête, celui qui nous a conduitjusqu'à son domicile.
C'est ainsi que nous avons rencontré ATH chez lui. Celui-ci a surtout
insisté sur les qualités de son fils. ATH a indiqué que
ses filles sont jalouses du fils et s'estime heureux devant son fils qui
continuera la lignée familiale.
Le troisième sujet est nommé SUZ et
enquêtéle 26/11/2014 vers 15heures. SUZ est une femme que nous
connaissons depuis et qui vit sur la colline de MBUYE de la même Commune,
ce qui veut dire que nous l'avons trouvée sans faire recours à
aucun intermédiaire. Les thèmes relatifs aux traitements du fils
unique, aux relations familiales et aux conséquences du fils unique ont
été abordés pendant l'entretien. SUZ accorde une place
importanteà son fils dans tout. Malgré les bons comportements du
fils, SUZ relève que ce dernier s'isole. Après l'entretien avec
SUZ, celle-ci nous aorienté vers deux autres sujets que nous avons
nommés NIC de la colline MBUYE et MET de la colline RWUYA.
Le 29/11/2014 à 14heures, nous avons
enquêté MET vers 15heures. Celui-ci a évoqué les
traitements réservés au fils unique et a indiqué qu'il
entretient bien son fils et que ce dernier est en bons termes avec les autres
membres de la famille. MET prévoit un bon avenir pour son fils
mais,à partir de ses propos, on constate que ses filles sont
discriminées par lui-même.
L'autre sujet NIC que nous avons rencontré par
l'intermédiaire de SUZ a été enquêté le
4/12/2014 à 16heures. L'enquêté a abordé les
relations familiales, les traitements réservés aux enfants et les
comportements du fils unique. NIC a égalementdonné des conseils
aux parents et à l'Etat dans le but d'éviter la
discriminationfondée sur le sexe. En général, pour NIC,
tous les enfants sontégaux et doivent être, par
conséquent,traités de la même manière.
MUJ a été enquêté le 13/12/2014
à 17heures. Le jour de l'entretien avec MUJ, nous avons trouvé ce
dernier chez lui le soir, après le travail du champ. MUJ était
très fatigué. Avant même d'entamer l'interview, il nous a
demandé une bouteille de bière de banane pour qu'il puisse nous
dire tout sans rien nous cacher. Nous l'avons calmé en lui promettant
que nous allions repasser un autre jour. Pendant l'entretien, MUJ a
évoqué les mauvaises relations que son fils tisse avec les autres
membres de la famille et l'entourage à cause de ses mauvais
comportements. MUJ et sa femme n'affichent pas actuellement aucune affection
à leur fils car ils sont désolés de ses comportements
anormaux comme la délinquance et le banditisme. MUJ a fini par donner
des conseils à son fils et aux parents du fils unique.
L'entretien avec MUJ a été clôturé
dans un climat d'entente mais il affichait un visage
désespéré pour ce qui est de l'avenir de son fils en
particulier et de sa famille en général. MUJ nous a
orientéà deux autres cas que nous avons enquêté le
15/12/2014 et le 16/12/2014 et qui ne nous apportaient aucune idée
nouvelle.
Nous avions constaté une certaine saturation des
données de l'enquête. A ce sujet, MAYER R. et OUELLET F. (1991,
p.40) précisent que « (...) dans le cas ou le chercheur
utilise une méthode qualitative de recherche comme l'analyse du contenu,
observation, etc., un autre principe de constitution de l'échantillon
s'applique : celui de saturation (...),l'échantillon est
constitué de façon finale lorsque la collecte d'informations
n'apporte plus aucune idée nouvelle comparativement à celles qui
ont déjà été trouvées.»
C'est ainsi que les deux cas n'ont pas été
enregistrés ici compte tenu des informations fournies. En effet, dans
leurs propos, nous n'avons pas senti aucune nouveauté, il s'agissait des
répétitions, des informations déjà
évoquées par les six premiers enquêtés. Et, à
partir de cette répétition, nous avons constaté qu'il y
avait saturation de données et qu'il fallait mieux arrêter
l'enquête.C'est la raison pour laquelle nous nous sommes
arrêté à six cas d'enquête que nous avons
nommé CAN de la colline de MWEGERA, ATH de la colline de BUHANGURA, SUZ,
NIC et MUJ de la colline de MBUYE et MET de la colline de RWUYA. Ces sujets ont
été trouvés à l'aide d'une technique dite boule de
neige. Cependant, la récolte des informations au cours de notre
recherche s'est déroulée en connaissant l'un ou l'autre obstacle.
C'est ainsi que nous allons les exposer dans le point suivant.
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